Discussion:Insurrectionnalisme

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--- Quelques remarques sur le terme "militaire" et autres critiques historiques et sémantiques ---

Je pense qu'il y a une confusion dans les termes concernant la qualification "militaire" de l'insurrectionnalisme. Certains types d'insurrectionnalismes peuvent clairement être qualifiés de militaires, comme celui de Blanqui ou des brigate rosse (les brigades rouges italiennes) parce que leur conception de l'organisation et de l'action est militaire.

En revanche, il suffit de lire Carlos Marighela par exemple pour comprendre qu'une conception même communiste de l'insurrection n'est pas nécessairement militaire. Son modèle des "cellules" ou groupes de feux, par définition autonomes et clandestins ne repose pas nécessairement sur un fonctionnement militaire, c'est à dire avec des dirigeants et une organisation pyramidale. Par ailleurs, en dehors de conception organisationnelles, le terme de militaire renvoi sémantiquement à l'idée d'armée régulière.

A partir d'une conception anarchiste, là le terme est clairement inapproprié et même erroné. Il existe une profonde tradition anti-militariste dans les diverses conceptions anarchistes de l'insurrection. Que ce soit aussi chez Malatesta que Cafiero, ou plus tard lors de la guerre d'Espagne à partir de 1936 avec les milices anarchistes de la FAI, et les groupes armés qui formaient la "Colonne Durruti" ou "Colonne de Fer". Les conceptions de tout ces anarchistes, bien que prônant et pratiquant la lutte armée, était radicalement opposé à une organisation de type militaire, avec ses ordres, ses grades, sa structure hiérarchique, etc. Il existe une contraverse historique à ce sujet, résumé dans le livre "Protestation d'un libertaire sur les capitulations de 1937" (lisible ici : http://infokiosques.net/lire.php?id_article=420 ).

Le seul pour qui à la rigueur, cette qualification de "conception militaire" pourrait s'appliquer est l'armée insurrectionnelle makhnoviste, encore que son fonctionnement était plutôt communal et reposait aussi sur l'autonomie d'initiative de ses membres et de ses "garnisons". Quant au rôle que lui prête Makhno, il est on ne peut plus clair, ce n'est pas celui d'une armée militaire au sens traditionnel, c'est à dire relié à un Etat, avec un rôle social dirigeant, etc. Au contraire, Makhno considérait que :

" L'armée makhnoviste n'est pas une armée anarchiste, elle n'est pas formée par des anarchistes. L'idéal anarchiste de bonheur et d'égalité générale ne peut être atteint à travers l'effort d'une armée, quelle qu'elle soit, même si elle était formée exclusivement par des anarchistes. L'armée révolutionnaire, dans le meilleur des cas, pourrait servir à la destruction du vieux régime abhorré; pour le travail constructif, l'édification et la création, n'importe quelle armée, qui, logiquement, ne peut s'appuyer que sur la force et le commandement, serait complètement impuissante et même néfaste." (http://fr.wikipedia.org/wiki/Arm%C3%A9e_r%C3%A9volutionnaire_insurrectionnelle_ukrainienne#cite_note-22)

Quant à des conceptions plus contemporaines, il faut lire par exemple ce qu'écrit Alfredo Bonanno (souvent considéré comme l'un des principaux théoriciens modernes de "l'anarchisme insurrectionnaliste") à propos de la lutte anti-militariste. C'est à dire qu'une conception insurrectionnelle de la lutte anti-militariste implique nécessairement une critique du militarisme dans la perspective insurrectionnelle. Voir ici : http://tempscritiques.free.fr/spip.php?article33

Je crois que c'est Clemenceau qui disait qu'il « suffit d'ajouter "militaire" à un mot pour lui faire perdre sa signification. Ainsi la justice militaire n'est pas la justice, la musique militaire n'est pas la musique. »

Je pense que ça indique sufisament pourquoi l'usage de ce terme est inapproprié.

En outre, je pense qu'il est également faux d'opposer systématiquement conseillisme, et syndicalisme révolutionnaire d'un coté, et insurrectionnalisme ou insurrection de l'autre. A travers l'histoire, que ce soit du coté des soulevements armés en 1919 en Allemagne, dite insurrection des conseils de bavière, ou des troubles révolutionnaires à la même époque en Italie, ou même encore lors de la révolution russe, les conseillistes aussi bien que les syndicalistes révolutionnaires ont pu épouser ou synthétiser avec leurs propres idées des conceptions insurrectionnalistes.

En fait, il existe dans quasiment toutes les tendances politiques (et pas seulement d'extrême gauche ou anarchiste) des conceptions insurrectionnalistes qui ne partagent en commun que ce terme. Puisque ses protagonistes et divers théories n'entendent pas la même chose par le terme d'insurrection en fonction des buts visés. Aussi bien en termes de contenu que des méthodes et de la conception de l'organisation. Comme on l'a vu plus haut.

82.247.131.241 (discuter) 18 juin 2014 à 05:35 (CEST)[répondre]