Discussion:Georges Lapassade

Le contenu de la page n’est pas pris en charge dans d’autres langues.
Une page de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Autres discussions [liste]
  • Admissibilité
  • Neutralité
  • Droit d'auteur
  • Article de qualité
  • Bon article
  • Lumière sur
  • À faire
  • Archives
  • Commons

Lucette Colin[modifier le code]

Commentaire d'un lecteur : Merci madame pour votre excellent article. Je crois qu'il a sa place dans un ch. Introductif de l'article concernant M. Georges Lapassade.

GEORGES LAPASSADE

Né le 10 mai 1924 à Arbus (près de Pau), Georges Lapassade s'est éteint le 30 juillet 2008 à Stains. Avec lui, c'est une des grandes figures de la psychosociologie, de l'ethnologie et de la pédagogie qui disparaît. Son action en milieu étudiant dans les années 1958-1968 a eu un rôle non négligeable dans le surgissement des évènements de Mai 1968. Inventeur à côté de Félix Guattari , du mouvement de l'analyse institutionnelle, qu'il fonde ensuite avec l'aide de René Lourau, puis de Remi Hess, il se donne corps et âme au développement de Vincennes, puis de l'université de Saint-Denis.

Enfant, Georges Lapassade a fréquenté le mouvement des Auberges de jeunesse où il développe ses talents de musicien : il joue de la guitare, du piano, de l'accordéon, chante le répertoire de Trenet, Mariano. Il devient instituteur béarnais, puis poursuit des études de philosophie qui lui donnent l'occasion de vivre de l'intérieur l'existentialisme, la phénoménologie. Il participe aux mouvements d'avant-garde des années 1950-60 à Saint-Germain des Prés. Agrégé de l'Université, docteur ès lettres (1962), il a été maître-assistant de sociologie à Tours à partir de 1966, puis professeur de sciences de l'éducation à l'Université de Paris VIII à partir de 1971. G. Lapassade a été élu professeur à Vincennes par une assemblée générale d'étudiants !


Lorsqu'il prend sa retraite, en 1992, il quitte son petit appartement de l'île Saint-Louis pour s'installer à Saint-Denis dans une maison en face de l'université où il a enseigné plus de vingt ans. A une époque où l'université ne dispose pas encore de cité étudiante, il héberge chez lui de nombreux étudiants sans abri et souvent sans papier. Il stimule, à la mesure de ses moyens, l'activité universitaire en aidant les étudiants à mettre en forme leurs travaux de recherche, comme il l'avait déjà fait dans les années 1950, lorsqu'il était animateur de la cité étudiante d'Antony.


Sur le plan de la recherche, son nom est associé à de nombreux domaines, tant sur le front philosophique que sociologique, ethnologique ou pédagogique. Son premier livre, L'Entrée dans la vie (nouvelle édition, Anthropos, 1997) est une image de l'homme et de la vie. Il dit l'inachèvement de l'homme. Il montre que l'éducation est un processus tout au long de la vie. Il critique le « mythe de l'adulte ». C'est pourquoi ce livre, paru en 1963, a une importance philosophique certaine. Il a joué un rôle dans l'émergence de la loi de 1971 sur l'éducation permanente. Ce livre reflète aussi l'étrangeté de tout l'itinéraire de G. Lapassade. Au moment où l'institution universitaire tente de l'écarter à cause de ses happenings (il fut exclu de Royaumont, du Living Theatre.)., où sa réputation de non-sérieux, d'émeutier et de marginal est un fait acquis (il obtient cependant les palmes académiques le 10 mai 1968), ses thèses trouvent auprès des jeunes générations - les étudiants en particulier - une audience grandissante. En 1965, G. Lapassade a publié Groupes, organisations, institutions (5° édition, Anthropos, 2006), qui s'inscrit dans le « mouvement des groupes » qui se développe alors en France. C'est un livre qui oppose à la montée du phénomène bureaucratique une alternative : celle du mouvement des groupes et l'autogestion pédagogique. Ce livre a une dimension « pédagogique ». Il critique les relations bureaucratiques qui se développent au sein de l'école. Ce livre a sa place à l'origine du mouvement de la pédagogie institutionnelle.


Après 1968, les recherches de G. Lapassade s'organisent autour de quatre axes qui constituent des moments de sa « personnalité multiple » : le psychosociologique, l'ethnologique, le sociologique et la question de l'implication. Reprenons ces quatre champs de recherche.


Le psychosociologique, c'est le domaine de l'intervention pédagogique ou socianalytique dans des groupes. A partir de 1973, cet intérêt le conduit à se pencher sur le « mouvement du potentiel humain » qui arrive des Etats-Unis et qui a des origines dans la dernière période de W. Reich. A partir de 1984, G. Lapassade découvre l'ethnométhodologie américaine, l'ethnographie de l'école, les nouveaux courants de la recherche-action anglaise. Pour faire connaître ces nouveaux courants, il se met à l'étude de l'anglais à 60 ans et il traduit de nombreux textes qu'il synthétise.


La recherche ethnologique prend ses racines dans l'enseignement que G. Lapassade assura à Tunis avant 1966. Dès cette époque, il s'intéresse aux phénomènes de transe et aux rites de possession. Cette recherche se poursuit ensuite au Maroc, en Italie du Sud, au Brésil. puis à nouveau au Maroc. Ce pays est conscient de l'apport de G. Lapassade, pour réconcilier le pays avec sa contre-culture gnaoua, puisque le Roi du Maroc l'a félicité de son travail pour faire connaître la ville d'Essaouira où il a organisé tant de festivals et manifestations durant vingt ans, faisant sortir cette magnifique ville de l'oubli. Aujourd'hui, c'est une cité à la mode.


L'ouvre sociologique de G. Lapassade, c'est d'abord une recherche sur les institutions. Une des institutions que G. Lapassade a étudié en profondeur, c'est l'Université. À partir de 1976, la recherche de G. Lapassade a pris la forme d'une analyse interne qu'il développe à l'Université de Paris VIII. Ce chantier conduit G. Lapassade à devenir doyen de l'UFR de droit pour créer de nouvelles formations ; n'ayant pas de bureau, il colle une étiquette « bureau du doyen » sur une armoire à balais : ce qui lui permet de créer L'administration économique et sociale que personne ne veut assumer alors dans l'université. Parce qu'il vit au milieu des étudiants de l'université, G. Lapassade est le conseiller privilégié des différents présidents (Claude Frioux, Pierre Merlin, Francine Demichel, Irère Sokologowski), toujours attentifs à ses suggestions. Il écrit un journal de la réforme des DEUG en 1984. Cet engagement pour l'analyse interne le conduira à travailler à l'analyse interne de l'Ecole institutionnaliste qu'il a créé !


Quatrième axe de recherche de G. Lapassade, la question de l'implication. En même temps qu'il tente son « autobiographie », l'autobiographe découvre l'impossibilité de ce projet. En fait, la question qui hante G. Lapassade, c'est la fragmentation de son identité. Il aurait peut-être désiré posséder une identité unifiée. Or, elle lui échappe. S'il se reconstruit dans l'écriture, Georges Lapassade invente une théorie de la dissociation du sujet qui rompt avec la perspective pathologique. Il fait l'éloge de la dissociation comme ressource (notamment dans Le mythe de l'identité, éloge de la dissociation, Anthropos, 2006, écrit en collaboration avec Patrick Boumard et Michel Lobrot).


G. Lapassade fut surtout un grand pédagogue. Il a été l'« arpenteur »de l'université ! L'Université de Paris 8 lui a rendu hommage dans un colloque qui lui fut consacré en 2002 (ainsi qu'à René Schérer). Son engagement permanent pour comprendre les jeunes a été l'occasion de nombreux ouvrages. Il fut le premier en France à publier sur le rap, par exemple. Son engagement dans la banlieue date de 1980, année du déménagement de Vincennes à Saint-Denis. Il fut le premier sociologue français à publier sur les jeunes de banlieue.


A 84 ans, il avait toujours son bureau en sciences de l'éducation, à l'université. Il fréquentait le restau-U, la pratique de tango du jeudi soir où il venait écouter les rythmes de musique de bal de son enfance, la bibliothèque universitaire, les séminaires de master et enfin les réunions de comité de rédaction des irrAIductibles du vendredi après-midi, revue qu'il avait créée en 2002 avec ses disciples de l'analyse institutionnelle, et qui a publié depuis 350 auteurs venant de 60 pays... Il participait aussi régulièrement à la revue Pratiques de formation depuis sa création en 1980.


Dans son dernier entretien « De l'entrée dans la vie à une éducation tout au long de la vie » (in L Colin et J.-L. Le Grand, L'éducation tout au long de la vie, Anthropos, 2008), il revient sur son itinéraire et sur ses fondements philosophiques.


Son ouvre rassemble une quarantaine d'ouvrages. G. Lapassade a été beaucoup traduit, notamment en Italie où tous ses livres ont été édités. Ces dix dernières années, les éditions Anthropos ont réédité ses ouvrages classiques et édité dix de ses derniers livres. Ses inédits, ses ouvrages épuisés sont mis ou seront mis en ligne sur le site de l'UFR8 de l'université de Paris 8.


Lucette Colin[1]


[1] Maître de conférence de sciences de l'éducation à l'université de Paris 8, Lucette Colin dirige des collections aux éditions Anthropos où ont été édités les ouvrages de G. Lapassade.

Une mauvaise page wikipedia et un bon article dans cette page de discussion ![modifier le code]

Triste article sur Lapassade, qui donne moins d'informations sur l'oeuvre de ce penseur que sur les insultes dont quelques situationnistes l'abreuvèrent. Dont on ne sait pas s'ils l'avaient lue puisqu'à part affirmer que "c'est un con", ils ne disent rien. Typique d'un certain positionnement, aussi méprisable dans son genre que le positionnement universitaire méprisant auquel ça croit répondre.

Merci à Lucette Colin pour son article : c'est celui-ci qui mériterait la page wikipedia ! Dommage qu'il faille aller le chercher dans la page "discussion" !

Quelqu'un aurait-il le temps de lui proposer de le retravailler avec elle pour enrichir la page wikipedia avec ? Si je peux filer un coup de main... — Le message qui précède, non signé, a été déposé par l'IP 90.3.53.57 (discuter), le 2 janvier 2020 à 13:41 (CET)[répondre]