Discussion:Fondation Calvet

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Bapti 10 juillet 2009 à 08:06 (CEST)[répondre]

Les bibliothèques de la Fondation Calvet[modifier le code]

Présentation des bibliothèques[modifier le code]

Depuis 1826, il n'y a plus de bibliothèque municipale à Avignon.

Les deux grands établissements de la ville, la Bibliothèque Calvet et la Bibliothèque du Musée Requien, appartiennent à la Fondation Calvet, créé par Esprit Calvet par testament du 10 janvier 1810, autorisé par Napoléon Ier par le décret du 9 avril 1811 et organisé par le Conseil d'Etat qui a dressé son règlement par délibération du 19 mars 1823. Ce règlement fut approuvé par le Ministre de l'Intérieur le 25 avril 1823.

A la demande du Conseil municipal qui venait de lui donner la Bibliothèque municipale et son cabinet d'histoire naturelle, la Fondation fut dénommée à partir de 1826 Muséum Calvet. (cf. séance du 8 avril 1826 )

Cet établissement, doté de la personnalité morale depuis son origine, peut recevoir directement des dons et des legs.

La Bibliothèque municipale d'Avignon n'a existé que du 28 janvier 1804, date à laquelle l'Etat céda à la ville d'Avignon les collections, les ouvrages et les manuscrits provenant des confiscations révolutionnaires, au 20 juillet 1826, date à laquelle le ministre de l'intérieur approuva la décision du Conseil municipal du 12 mars 1826 qui confirmait sa délibération du 31 juillet 1820 , faisant don de la bibliothèque municipale et du cabinet d'histoire naturelle de la ville au Musée calvet.

Cette seconde délibération fut approuvée par le Ministre de l'Intérieur le 20 juillet 1826.

Les pères fondateurs[modifier le code]

Esprit calvet[modifier le code]

Esprit-Claude-François CALVET naquit à Avignon, le 24 novembre 1728, d'une vieille famille fixée dans cette ville depuis le XVème siècle.

Il y fit toutes ses études, d'abord au Collège des Jésuites, puis à la Faculté de médecine dans laquelle il prit tous ses grades, baccalauréat, licence, doctorat et même l'agrégation qui était « fort au-dessus du simple doctorat ». Il alla cependant compléter sa formation médicale à Montpellier, puis à Paris. Il revint ensuite s'établir dans la vieille maison familiale de la rue Pugelle (appelée plus tard rue CALVET). Il y fut nommé professeur d'anatomie à la Faculté de médecine ; le succès de ses leçons lui valut, en 1756, la chaire de premier professeur de médecine, puis le titre de médecin en chef des hôpitaux de Sainte-Marthe et de Saint-Bénézet.

Mais il ne se laissait pas absorber par son métier et sa curiosité était universelle. Il s'intéressait à la médecine et à l'histoire naturelle, comme à la philosophie et à la poésie. La diversité de ses travaux apparaît par les six gros volumes de ses œuvres complètes transcrites de sa main d'une écriture menue et pressée, en double exemplaire, l'un conservé dans sa bibliothèque, l'autre confié par cet homme précautionneux et défiant à un autre dépôt public, la Bibliothèque de Marseille.

De bonne heure il s'était attaché à recueillir les monnaies anciennes ; à sa mort il en possédait 12.000 dont un grand nombre de pièces d'or. Ses cabinets d'antiquités et d'histoire naturelle s'étaient formés en même temps.

Son immense correspondance fit aussi beaucoup pour sa réputation scientifique. Nous n'avons qu'une faible partie de ses lettres ; quelques-unes adressées au comte de Caylus ont été imprimées dans un recueil des Lettres inédites d'Henri IV et de plusieurs personnages célèbres ; d'autres, adressées au Marquis de Cambis-Velleron et au président de Vérone, ont pu être recueillies par le Musée CALVET. Par contre, celles de ses correspondants soigneusement conservées et classées par lui forment dix-sept volumes reliés et plusieurs dossiers ; elles émanent des savants les plus notables de son temps, le comte de Caylus, Lebeau, secrétaire de l'Académie des Inscriptions, le président de Vérone, le président Séguier, de Nîmes, le président de Saint-Vincens, d'Aix, l'helléniste Ansse de Villoison, d'Ennery, l'abbé Barthélémy, Mariette, le marquis de Calvière, etc. Grâce à l'appui du comte de Caylus et de l'abbé Barthélémy, il fut nommé correspondant de l'Académie des Inscriptions.

Esprit CALVET testa à plusieurs reprises en faveur de la ville d’Avignon. « II est juste, disait-il, que je rende au public ce qu'il m'a donné ». Son premier testament datait de 1771 ; il le refit en 1785, en 1788, en 1790, puis, à partir de 1804, tous les ans. Dans chacun de ses textes. il exprimait sa volonté de laisser sa bibliothèque à sa ville natale, en insistant toujours de plus en plus sur les précautions à prendre pour assurer l'autonomie et la pérennité de son œuvre.

Son dernier testament olographe (cf. DMC 1) porte la date du 10 janvier 1810. Couronnement d'une longue élaboration et de multiples essais, c'est un chef d'œuvre d'organisation prévoyante et minutieuse.

« Je lègue, stipule-t-il, laisse et donne à cette dite ville d'Avignon ma bibliothèque pour la rendre publique avec ses manuscrits ..., sous la condition expresse que les livres et manuscrits de ma collection ne seront... jamais confondus et mêlés avec ceux de la bibliothèque établie par le Gouvernement... « Ma bibliothèque sera organisée en détail par huit citoyens gens de lettres, parmi lesquels seront constamment admis mes exécuteurs testamentaires et leurs successeurs, tandis que le Conseil de ville désignera les cinq autres ».

CALVET annexait à sa bibliothèque ses cabinets de médailles, ses « monuments antiques et modernes », sa collection d'histoire naturelle. Il la dotait en outre de la presque totalité de ses biens, sans toutefois, insistait-il, « que la ville puisse s'approprier aucun de mes fonds ou revenus ni par emprunt ni autrement dans aucun cas » Pour recevoir sa bibliothèque, CALVET demandait à la ville de « fournir sans frais » un immeuble, tel qu'un couvent, où logeraient « le directeur ou bibliothécaire » et les gens de service, et de prendre à sa charge le traitement du personnel de la conservation.

CALVET mourut le 25 juillet 1810, à l'âge de 82 ans, et fut selon sa volonté inhumé dans le cimetière qui existait alors sur le Rocher des Doms. Il fut mis en terre, selon son désir, dans un simple sac, « sans caisse ni tombeau ». Dès le 4 août 1810, c'est-à-dire dix jours après le décès de ce grand bienfaiteur de la ville, le Conseil municipal, réuni en séance extraordinaire sous la présidence de M. de Bertrand (cf. Ibid), maire, décidait à l'unanimité d'accepter « les dispositions renfermées dans le dernier testament de CALVET ». Moins d'un an après, le 9 avril 1811, un décret impérial (cf. Ibid) intervenait autorisant la ville à accepter «le legs universel fait à son profit par le sieur Esprit CALVET, suivant son testament olographe en date du 10 janvier 1810 dont l'extrait sera joint au présent décret, aux charges et conditions y apposées ». Le nouvel établissement reçut ainsi, suivant la volonté de son fondateur, la pleine autonomie administrative. On lui conféra dès son origine l’appellation MUSEUM CALVET. Un jugement du tribunal civil d’Avignon en date du 23 janvier 1893 confirma que « le Musée CALVET a été considéré de tout temps par l’Etat, par les particuliers, par la ville elle-même, comme formant une personnalité entièrement distincte de celle de la ville d’Avignon ». La personnalité civile de l’institution a été constamment reconnue tant par les juridictions judiciaires que par le conseil d’état et par les autorités administratives.

Le 16 décembre 2003 le tribunal administratif de Marseille a condamné, la commune d’Avignon à respecter l’existence et l’indépendance de l’institution. Ce jugement demeura sans appel.

Entre temps, M. de Bertrand avait cessé d'être maire et avait été remplacé par le célèbre Guillaume Puy, investi pour la troisième fois de la fonction municipale le 19 mai 1811. C'est ce dernier, qualifié par Napoléon de « maire modèle », qui assura l'exécution du legs et présida aux commencements du Musée CALVET. Le décret impérial autorisant l'acceptation du legs avait été notifié le 25 juin 1811. Quelques jours plus tard, le 8 juillet, le Conseil municipal nommait les cinq administrateurs qui devaient, avec les exécuteurs testamentaires, former le Conseil des huit.

On remarquera qu'on avait donné le nom de Museum et non de Bibliothèque à l'institution créée par CALVET. C'était en effet l'appellation en usage à l'époque pour les établissements de ce genre ; il en existe un exemple illustre, le British Museum, Musée britannique de Londres, qui était aussi à l'origine une bibliothèque avant de devenir un des plus grands Musées du Monde.

En même temps que l'Administration du Musée CALVET procédait à la mise en marche de l'établissement, elle se préoccupait de mettre au point son statut. Mais le Préfet l'avait devancée : un projet préfectoral arrêté le 10 septembre 1821 fut adressé au Ministre de l’Intérieur qui le soumit au Conseil d'Etat. Le Comité de l'Intérieur de la haute assemblée, par un « avis » du 19 mars 1823, donna son approbation au texte proposé « sauf quelques modifications tendantes à écarter l'intervention du Gouvernement, conformément aux volontés expresses du testateur ». Bien qu'ils aient été tenus en dehors de la rédaction de ce règlement, les administrateurs du Musée CALVET s'y soumirent « par déférence pour l'autorité ». Mais ils proposèrent quelques amendements qui furent acceptés par la suite (avis du Conseil d'Etat des 26 août 1831 et 7 mars 1832). C'est ce règlement de 1823, modifié en 1831-1832(cf. Ibid), calqué sur les dispositions de CALVET, qui est aujourd'hui encore la charte de l'établissement.


Les articles l à IV (cf. Ibid) règlent la composition de la Commission du Musée qui comprendra :

1°) le Maire d'Avignon, président, - innovation introduite par le règlement, car CALVET n'avait pas prévu cette présidence ; 2°) trois exécuteurs testamentaires nommés à vie et se recrutant par cooptation ; en cas de décès ou de démission de l'un d'eux, les deux autres désignant le successeur ; 3°) cinq administrateurs nommés par le Conseil municipal, chacun pour une période de dix ans, et renouvelés par cinquième de deux ans en deux ans. A l'origine, la nomination des exécuteurs testamentaires, aussi bien que celle des administrateurs, devait être soumise à l'approbation préfectorale ; en 1832, cette obligation fut supprimée pour les exécuteurs testamentaires comme contraire à la volonté de CALVET. Enfin, l'année précédente, on avait introduit un article IV obligeant les administrateurs à être domiciliés à Avignon et à y résider. Cet ensemble de dispositions relatif à la composition de la Commission du Musée CALVET est, on le sait, unique dans l'organisation des Musées français et n'a d'analogue que la constitution des Conseils de trustees des Musées d'Angleterre.

L'art. VI règle les attributions du Conservateur qui aura « la garde » des collections « sous sa responsabilité personnelle ».


Les art. VII et VIII (cf. Ibid) fixent le fonctionnement du Conseil. D'après le règlement de 1823, le maire absent devait être suppléé par un exécuteur testamentaire désigné à chaque séance ; mais en pratique, un vice-président avait été élu ; en 1832, le Conseil d'Etat régularisa cette institution d'un vice-président, choisi parmi les exécuteurs testamentaires, élu pour cinq ans et suppléant dans toutes ses attributions le maire-président empêché. L'art. IX du règlement (cf. Ibid) dit que : « Le Conseil aura la direction générale de toutes les parties de l'établissement » ; il administrera les biens et règlera les dépenses selon les volontés du fondateur et « les formes voulues par les lois pour les établissements publics ». Un membre sera désigné « pour surveiller la comptabilité et signer les mandats ». Le règlement traite ensuite de l'administration des biens (art.X à XIII cf. Ibid ), des catalogues ou inventaires des objets d'art et des livres (art. XIVcf. Ibid ), des distinctions honorifiques à décerner aux bienfaiteurs (art. XVcf. Ibid ), du buste de CALVET à placer dans la principale salle du Musée (art. XVI cf. Ibid). Il termine par cette disposition (art. XX cf. Ibid) : « Pour tout ce qui n'est pas exprimé dans le présent règlement, le Conseil aura soin de se conformer aux volontés du testateur ».

Grâce aux charges et conditions stipulées dans son testament, Esprit CALVET donnait à sa ville beaucoup plus que sa bibliothèque et ses cabinets de curiosités. Il fondait une institution unique en France, que ses contemporains nommèrent MUSEUM CALVET, bien que lui-même la désignait sous le nom de ma bibliothèque : « Mes cabinets de médailles [...] appartiendront à ma bibliothèque [...]. Ma nombreuse collection d'histoire naturelle appartiendra aussi à ma bibliothèque et y sera logée [...]. Je lègue à ma bibliothèque 1° mon buste de marbre [...], etc.. » Le décret impérial du 9 avril 1811 (cf. Ibid ) ayant « donné force et vie aux volontés de CALVET, impuissantes par elles seules à créer une personnalité juridique distincte de la personnalité communale » (Cour d'Appel de Nîmes, arrêt du 16 décembre 1903), l'établissement voulu par CALVET « constitue une personne civile capable de recevoir par donation ou testament ». (Ibid.) La pleine autonomie administrative du MUSEUM CALVET (que l'on appelle aujourd'hui FONDATION CALVET) inspira une grande confiance parmi les artistes, les collectionneurs et les chercheurs, surtout ceux originaires d'Avignon. Leurs très nombreuses libéralités, ajoutées aux achats effectués par l'administration de l'institution, firent de la bibliothèque CALVET une des plus riches bibliothèques provinciales.

Esprit Requien[modifier le code]

Esprit Requien, né à Avignon, le 6 mai 1788, et mort à Bonifacio le 30 mai 1851, fut un des savants les plus distingués de la première moitié du XIXème siècle. Sa réputation comme naturaliste, et surtout comme botaniste, était universelle. Une quantité considérable de genres et d'espèces, dans la flore et dans la faune, portent son nom, soit qu'il les ait lui-même découverts, soit qu'ils lui aient été dédiés par d'autres savants. A plusieurs reprises, le gouvernement l'avait chargé de missions scientifiques, et ce fut dans un second voyage qu'il avait accepté de faire en Corse, pour dresser le catalogue des plantes et des coquilles de cette île, qu'il mourut en laissant à son savant ami, Moquin-Tandon, le soin de publier ce double travail.

Bien que les sciences naturelles fussent le principal objet de ses études, il s'était aussi adonné à l'histoire, surtout à l'histoire locale, ainsi qu'à la numismatique et à la sigillographie. Il a laissé sur ces sujets plusieurs ouvrages. Sa maison était modestement située à Avignon dans la rue de l'Ombre, qu'avait déjà habitée, en 1696, une autre illustration avignonaise, Pierre Parrocel, membre de l'Académie royale de peinture, et dont le beau-père, Jean Saisson, exerçait, comme le père de Requien, le commerce de la peausserie. C'était le rendez-vous de toutes les illustrations locales : de Cambis d'Orsan, pair de France, Castil Blaze, le célèbre critique musical, Armand de Pontmartin, l'éminent littérateur, Hyacinthe Morel, le spirituel ancêtre des félibres, le colonel Chantron, aquarelliste et dessinateur distingué, le docteur Guérin, savant botaniste et physicien, le peintre versaillais Bigand, qui s'était épris du séjour d'Avignon, et dont le Musée Calvet possède , entre autres œuvres, un superbe portrait de la mère de Requien, dans son ancien costume avignonais. Il avait pour amis et pour correspondants tous les savants de l'époque, qui ne manquaient jamais de lui rendre visite, en passant à Avignon. Horace Vernet et Mérimée étaient ses commensaux. Les nombreuses lettres que ce dernier lui adressait ont été éditées en partie, sous le titre de Lettres de Mérimée à Requien, dans la Revue de Paris, n° du 15 avril 1898.

Au commencement du siècle, les collectionneurs pouvaient acheter, à bas prix, de précieuses épaves des dilapidations révolutionnaires. C'est ainsi que Requien put acquérir un ensemble unique de manuscrits et d'imprimés relatifs à l'histoire locale, dont la valeur se trouve aujourd'hui centuplée, et qu'il serait impossible de réunir, même au prix d'excessives dépenses. Il n'attendit pas son décès pour en faire bénéficier ses concitoyens. Voici en quels termes, le 5 janvier 1839, il offrait sa collection historique aux administrateurs du Musée Calvet : « Messieurs et chers collègues, Convaincu qu'une des choses les plus utiles à un pays est le recueil des documents qui le concernent, depuis trente ans je travaille à former une bibliothèque de livres imprimés ou manuscrits relatifs à Avignon, au département de Vaucluse et aux trois provinces qui l'entourent et dont l'histoire se lie si intimement à la nôtre. Je suis parvenu, non sans peine et non sans dépense, à recueillir au moins trois mille volumes imprimés, parmi lesquels beaucoup de très rares, je dirai même presque uniques ; je me bornerai à citer le Recueil que j'ai formé de pièces imprimées ou manuscrites sur l'histoire ou les événements d'Avignon depuis le seizième siècle jusqu'à nos jours, recueil qui forme plus de cent volumes de tous les formats, et qui contient plus de dix mille pièces diverses... Parmi plus de 200 manuscrits précieux, je ne citerai que les Statuts de la République d'Avignon en 1243, l'Histoire des guerres du Comtat de Pérussis, un Concile inédit de Benoit XIII, l'Histoire d'Avignon par de Cambis-Velleron, le monument le plus considérable sur nos annales, un cartulaire qui commence en 1322, etc... Croyant cette collection historique la plus complète qui existe, soit dans les établissements publics, soit chez des particuliers, mon intention était d'en faire jouir mon pays après moi, sous la condition qu'une salle particulière serait affectée au don que je faisais ; que le petit nombre d'ouvrages de ce genre que possède le Musée, ainsi que ceux qu'il acquerra à l'avenir, seraient réunis aux miens ; qu'enfin ce serait une salle spéciale destinée aux documents sur l'histoire d'Avignon et du Midi de la France. » Mais Requien ajoutait que, pour encourager l'étude de l'histoire locale, il offrait de donner immédiatement sa bibliothèque à la condition « sine qua non » que le Conseil municipal voterait de son côté les fonds nécessaires pour ajouter une salle spéciale aux bâtiments du Musée Calvet, « dépense médiocre, disait-il, que la valeur de trois à quatre de mes manuscrits compenserait et au delà. » Un arrêté préfectoral, du 15 mars 1839 accorda l'autorisation nécessaire, ainsi motivée : « Attendu que la donation dont il s'agit est d'un grand prix pour le Musée Calvet, pour la ville d’Avignon, pour le département de Vaucluse et pour l'histoire nationale ; Attendu que le Conseil municipal d'Avignon a voté en principe la construction d'une salle particulière pour recueillir les documents historiques offerts en donation...Il y a lieu d'autoriser l’administration du Musée Calvet à accepter l'offre de donation faite à cet établissement sous la condition imposée par M. Requien ». Dans son testament, Requien confirma cette donation et y ajouta une précieuse collection de manuscrits et d'autographes: «...Je confirme, si besoin est, les dons que j'ai faits au Musée Calvet de mon vivant, savoir: Ma bibliothèque relative aux provinces méridionales de la France et surtout à Avignon, à laquelle on a bien voulu donner mon nom. Il n'en existe pas d'aussi complète. ...Je donne aussi au même Musée mes albums et ma précieuse collection d'autographes..., ma volumineuse correspondance des naturalistes... et ce qui concerne les grands personnages historiques, littéraires, artistiques, etc.


Requien, était entré de bonne heure dans le Conseil du Musée comme administrateur nommé par le Conseil municipal le 8 juin 1819 ; il fut ensuite, après la liquidation de sa tannerie, nommé exécuteur testamentaire, le 25 mai 1838 ; il deviendra enfin, directeur du Musée de 1849 à 1851. Mais depuis plus de vingt-cinq ans, il exerçait les fonctions de directeur sans en avoir le titre. Tout le monde s'effaçait devant lui ; sa grande expérience, son savoir, ses relations, lui assuraient une autorité indiscutée. Aurait-il d'ailleurs souffert d'une contradiction? « Le Musée, c'est moi ! » dira-t-il un jour. Rien ne se faisait donc sans lui au Musée. Il inspirait notamment toutes les acquisitions et n'avait pas son pareil pour provoquer des libéralités. « Vous faites arriver les dons de tous côtés, voire même de l'argent pour des achats, lui écrivait Artaud. Vous avez si bonne grâce en demandant qu'on ne saurait vous payer d'un refus ». Il obtenait beaucoup parce qu'il donnait beaucoup lui-même. Il déploya une activité considérable pendant les années fécondes qui suivent le transfert du Musée Calvet dans l'hôtel de Villeneuve. Pendant cette période, l'institution, suivant l'expression de Louis Gillet, conserva « l'élan de la nouveauté » ; elle fut transformée et développée dans de telles proportions qu'il ne paraît pas exagéré de considérer Requien comme le second fondateur du Museum Calvet.

Donateurs et testateurs[modifier le code]

En dehors de la donation de l'ancienne bibliothèque municipale à la Fondation Calvet, la bibliothèque Calvet bénéficia d'environ 2 300 libéralités de particuliers. Ces dons et legs enrichirent considérablement la bibliothèque Calvet, qui devint l'une des plus importantes bibliothèques publiques provinciales.

L'ancienne bibliothèque municipale d'Avignon, constituée à partir des confiscations révolutionnaires, fut donnée purement et simplement au Museum Calvet par le Conseil municipal d'Avignon, par sa délibération du 31 juillet 1820, renouvelée le 12 mars 1826 et autorisée par un arrêté du Ministre de l'Intérieur le 20 juillet 1826 .

Cette bibliothèque municipale, établie par le gouvernement, avait été formée par les anciennes collections des établissements religieux par application, après la réunion d'Avignon et du Comté Venaissin à la France le 14 septembre 1791, des lois françaises relatives à la confiscation des biens du clergé. Il serait injuste de ne pas mentionner le nom de ces donateurs involontaires.

Confiscations révolutionnaires[modifier le code]

Avignon et le comté Venaissin furent réunis à la France par décret de l'Assemblée nationale, en date du 14 septembre 1791. Dès ce moment, il fallut donc pourvoir à l'application des lois françaises. Celle du 18 août 1792 supprimait les anciennes communautés religieuses et réunissait leurs biens au domaine de la nation. Ce fut l'origine de la Bibliothèque et du Musée d'Avignon. Duhamel in Origine du Musée d'Avignon a démontré que la circulaire du ministre Rolland, du 3 novembre 1792, relative au triage, à l'inventaire et à la conservation des objets précieux, fut exécutée dans notre ville. Le décret de la Convention nationale du 8 pluviôse an II vint la compléter : il exigea que les administrations de district fissent dresser le récolement des inventaires qui avaient dû être faits des livres et manuscrits des communautés ecclésiastiques, des émigrés et des condamnés ; il leur demanda de proposer, parmi les édifices nationaux un emplacement convenable pour la Bibliothèque publique, avec l'indication des dépenses urgentes, lesquelles propositions seraient transmises au Comité d'instruction publique. Ce fut l'architecte Bondon qui fut chargé d'examiner quel local pourrait être affecté à l'établissement de la Bibliothèque. Sur son rapport, l'administration du district proposa, le 24 messidor an II, au directeur du département de Vaucluse l'immeuble national de Saint-Martial. Du 15 vendémiaire an III est le devis des dépenses nécessaires à la mise en état des bâtiments ; il s'élevait à la somme de 55,458 livres 10 sous. Il fut envoyé au Ministère de l'intérieur, avec des observations sur l'établissement de la Bibliothèque et du Musée publics « du département de Vaucluse d'Avignon... dans la maison nationale du couvent des cy-devant Bénédictins ».

Malgré le rapport de Bondon et les résolutions prises en l'an III, les différentes collections qui composaient la Bibliothèque d'Avignon restaient séparées et enfermées dans trois dépôts différents : à l'archevêché, dans le couvent des Célestins et dans la maison de Seytres-Caumont. Pourtant, depuis le 5 messidor an IV, les bâtiments de l'archevêché étaient vendus au sieur Durourc, qui devait entrer en possession après évacuation de l'immeuble. Mais les choses restèrent en cet état jusqu'en l'an XII : c'était en vain que le « conservateur du Museum et du dépôt littéraire » d'Avignon, tel était le titre officiel que portait le citoyen Meynet, demandait que tous les objets fussent réunis dans un même local, où ils seraient visités par le public, à des jours déterminés ; l'argent manquait pour réaliser ces desiderata et surtout pour remettre en état convenable les bâtiments de Saint-Martial.

L'État résolut donc de donner à la ville d'Avignon la jouissance des Bibliothèque et Musée nationaux, en même temps que de l'ancien couvent des Bénédictins. Cette jouissance, spécifiée dans la dépêche ministérielle du 13 thermidor an XI, fut définitivement concédée par un arrêté du ministre Chaptal du 4 pluviôse an XII et par un arrêté dn premier consul, en date du 7 du même mois. Le 20 ventôse suivant, le conseil municipal d'Avignon l'accepta et s'engagea à acquitter tous les frais d'installation et d'entretien du nouvel établissement. Dès lors, la réunion s'opéra très rapidement : le 28 prairial an XIII la Bibliothèque et le Musée étaient transférés à Saint-Martial, et, le 22 thermidor suivant, Calvet (petit parent d'Esprit Calvet) bibliothécaire de la ville, pouvait écrire au préfet de Vaucluse que tous les livres de l'archevêché, jusqu'à la plus petite feuille, avaient été apportés dans le nouveau local. Plusieurs années furent consacrées au rangement des volumes et au catalogue. Enfin, le 11 janvier 1810, le Ministre de l'intérieur donna l'accusé de réception des trois volumes du catalogue de la Bibliothèque; ce sont très probablement ceux qui forment aujourd'hui les n° 5285-5288 des nouvelles acquisitions du fonds français des manuscrits de la Bibliothèque nationale. Quand tout fut en ordre, une salle de lecture fut ouverte au public; dans une lettre du 24 décembre 1812, le bibliothécaire Calvet annonce qu'elle était fréquentée par une dizaine de personnes en moyenne chaque jour. La bibliothèque d’Avignon, on le sait maintenant par tout ce que précède, avait été formée principalement par les anciennes collections des établissements religieux. Malheureusement les librairies des couvents et communautés supprimés ne demeurent pas intactes : les transferts qu’on leur fit subir furent la cause de la perte de nombreux volumes ; l’encombrement qui résulta des premières opérations plus ou moins bien dirigées, facilita les vols et les détournements. Mais en général on peut dire que les dilapidations pendant la Révolution furent beaucoup moins sérieuses qu’on a cru devoir l’affirmer ; car il faut observer qu’avant la réunion à la France certains couvent avaient déjà aliéné ou perdu de leurs collections. Malgré cela pourtant, la plupart des ouvrages qui sont signalés au XVIIIème siècle comme se trouvant en la possession de telle ou telle communauté, sont aujourd’hui conservés en la Bibliothèque d’Avignon. Le fait le plus grave qu’on ait pu contrôler officiellement, est l’enlèvement de la Bible de l’antipape Clément VII et des Commentaires d’Augustin Trionfo sur S.Mathieu, qui furent volés avec effraction dans l’ancienne librairie des Célestins, où ils étaient restés. Le Missel du même pontife aussi disparut : par bonheur, il fut racheté, quoique mutilé, au prix de 30 francs, par le bibliothécaire Calvet, avec l’agrément du préfet ; les Commentaires d’Augustin Trionfo et la Bible rentrèrent également (sauf le tome III de la Bible) à la Bibliothèque d’Avignon à une époque indéterminée.

La bibliothèque municipale d’Avignon a été principalement constituée par les confiscations révolutionnaires. Les donateurs involontaires qui sont à l’origine de l’éphémère bibliothèque municipale sont, par ordre d’importance bibliographique :

Les célestins Les dominicains ou frères prêcheurs Le chapitre métropolitain Les Carmes Les Franciscains Les Doctrinaires Les Recollets Les Oratiens Les bénédictins de Saint-Martial Collège d’Annecy Les Célestins de Gentilly (à Sorgues) Les Chartreux de Bonpas Les Chartreux de Villeneuve-lès-Avignon Les Bénédictins de Villeneuve-lès-Avignon Les Capucins de Montfavet


Les principaux donateurs et testateurs[modifier le code]

Donation de la Bibliothèque Municipale au Musée Calvet en 1826 Donation Requien de sa bibliothèque du midi de la France en 1839 Donation Xavier Moutte en 1841 Donation d’Horace Vernet en 1847 Donation du docteur Ravoux arrière petit-neveu de Charles Cottier en 1906, d’une partie des papiers de son grand-oncle. Donation Paul Dauvergne Donations mensuelles de Frédéric Mistral de 1900 à 1914 Legs de Paul Marieton en 1911 Donation de Pierre Pansier des fiches de Pierre-Henri Requin en 1920 Legs Edouard Raynolt en 1922 Legs Pierre Pansier en 1929 Donation de Madame L.-H Labande en 1939

Les grandes acquisitions[modifier le code]

Par sa structure juridique unique en France, la Fondation Calvet, établissement public communal, a une personnalité civile entièrement distincte de celle de la ville d'Avignon, ce qui lui permet de recevoir des dons et des legs.

La composition de son Conseil d'administration : cinq membres élus par la municipalité pour dix ans et trois exécuteurs testamentaires, particuliers représentant Esprit Calvet le fondateur, se renouvelant entre eux par cooptation, est un modèle d'équilibre et garantit l'indépendance de l'institution. Cette indépendance reconnue et appréciée depuis deux cents ans a permis à l'institution de recevoir une quantité considérable de libéralités de particuliers ayant pour objet des biens culturels, des immeubles ou des sommes d'argent.

Esprit Calvet ayant déjà doté sa bibliothèque d'immeubles de rapport dont les revenus - malgré de nombreuses expropriations, au profit de la ville, de terrains ruraux rendus rapidement constructibles - étaient très importants, les innombrables dons et legs, à l'exception des biens culturels, multiplièrent les ressources de la Fondation. Comme Esprit Calvet a mis à la charge de la ville le traitement du personnel de la conservation, « le logement » de sa bibliothèque et l'entretien des collections, la presque totalité des revenus de la Fondation a toujours servi aux acquisitions. D'après un état dressé par Clauseau, administrateur (1842-1850), les achats de livres s'élevèrent du 19 avril 1823 au 30 novembre 1847 à 42 526 francs, somme considérable à une époque où la spéculation sur les biens culturels était insignifiante.


Parmi les acquisitions significatives, l'on peut citer :

1819 : Achat de la bibliothèque Fléchier 1823 : Achat du voyage de Messieurs Humboldt et Bonpland au prix de 7560 francs or, somme considérable pour l'époque. C'est un des plus beaux livres de voyages jamais publiés. 1850 : Achat de la bibliothèque de Charles-Dominique Chambaud, conservateur de la bibliothèque Calvet de 1841 à 1849, contenant une magnifique collection de manuscrits sur Avignon et l'ancien Comté Venaissin, un très grand nombre de livres, brochures et placards, concernant l'histoire d'Avignon, surtout durant la période révolutionnaire. Cette bibliothèque est après les collections Requien et Moutte, la plus importante du fonds vauclusien de la bibliothèque Calvet. 1854 : Achat de 12 manuscrits de l'ancienne chartreuse de Villeneuve, dont la Constitution des Chartreux (XVme siècle), la Chronique du pseudo-Trupin (XIIme siècle). 1863 : Achat à M. Lagrange de sa collection d'estampes gravées d'après Joseph Vernet. Cette collection qui renferme 268 pièces est la plus complète qui existe. Le Docteur Pierre Arlaud considère que « le Musée Calvet peut [...] s'enorguellir de posséder, quoique incomplet, le seul recueil important des estampes gravées d'après Joseph Vernet. » 1870 : Acquisition de la collection de portraits gravés de personnages historiques formés par Joseph-Balthazar Silvestre (plus de 12 000 pièces pour la somme de 3 000 francs). 1892 : Achat des estampes, des livres et des manuscrits du chanoine Joseph-Magne Corenson (1807 - 1892), consacrés presque exclusivement à Avignon et au Comtat Venaissin. 1936 : Achat des manuscrits d'Adrien Marcel. Adrien Marcel était né à Marseille en 1848 ; après avoir fait une carrière de fonctionnaire à la Préfecture de la Seine, il avait pris sa retraite comme chef de bureau en 1909 et était venu se fixer à Avignon. Il avait été collaborateur à Paris de la Bibliothèque d'art et d'archéologie fondée par Camille Doucet. A Avignon, il se fit l'émule et le continuateur du Chanoine Requin ; vingt ans d'un travail régulier et assidu lui permirent d'accumuler une masse énorme de notes plus abondantes encore et plus détaillées que celles de Requin. Il mourut à Avignon en 1929, laissant, outre plusieurs études publiées dans les Mémoires de l'Académie de Vaucluse, une trentaine d'épais recueils comprenant un dictionnaire des artistes d'Avignon et du Comtat, des notices sur les Mignard, les Péru, les Franque et les Parrocel, un copieux dictionnaire des rues d'Avignon, des notices sur les hôtels de cette ville, des notes sur des sujets divers. Ce qui prouve l'intérêt de ces manuscrits acquis par le Musée en 1936, c'est qu'ils sont consultés presque quotidiennement par les érudits locaux.