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Discussion:Diabolus in musica

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Bonjour, serait-il possible d'avoir une référence concernant l'interdiction du triton au Moyen-Âge ? Dans le cas contraire, je pense que cette information serait à mettre au conditionnel (si tenté qu'une information au conditionnel ait sa place dans une encyclopédie). Cordialement, --82.67.178.21 (discuter) 13 février 2015 à 00:52 (CET)[répondre]

Interdiction au Moyen-Âge et autres considérations[modifier le code]

Bonjour, il y a quelques années j'avais ajouté une petite marque qui réclamait la nécessité de référencer l'affirmation selon laquelle le triton était interdit au Moyen-Âge. Cette marque a été retirée, avec l'ajout d'une citation du musicologue Denis Arnold. Je me suis permis de remettre la marque, en ce que la citation ne permet pas d'éclaircir ce point. Denis Arnold dit : « Il semble avoir été envisagé comme un "intervalle dangereux" ». Ce n'est qu'une supposition sur le fait qu'elle ait été envisagée dangereuse. On est donc loin d'une preuve d'interdiction ! Par ailleurs, elle a été utilisée à de nombreuses reprises dans la musique de cette époque, aussi bien profane que religieuse. Je peux vous en trouver très facilement chez J.-S. Bach par exemple. Dans ces conditions, où était l'interdiction ? Quel décret, quelle arrestation, quelle censure vient appuyer cette affirmation ? À mon avis, tout cela suggère fortement une refonte de cette page, et par la même occasion une reconsidération des préjugés qui l'ont engendrée. Je recopie ici le message très pertinent d'un internaute, posté en réponse à mon précédent commentaire, tout est dit et même plus :

"La notice sur la quarte augmentée ou triton est truffée d'erreurs et d'approximations. J'ai recherché (grâce à la recherche plein texte) dans les traités de musique du XIIIe au XVIe siècle l'expression "diabolus in musica" sans jamais la trouver. Les auteurs modernes qui la citent à satiété se gardent bien d'en donner l'origine. Je finis donc par douter qu'elle ait jamais existé. Le triton aurait été interdit mélodiquement parce que le gosier humain ne serait pas capable de le chanter. Cela n'empêche pas Guillaume de Machaut (XIVe siècle) de l'utiliser, par exemple, dès le début de sa très belle ballade "Amours me fait désirer". Loin de chercher à déstabiliser les auditeurs, nous pouvons supposer qu'avec cet intervalle, qui génère une grande tension mélodique, le poète-compositeur a cherché à évoquer la puissance du désir amoureux. Il est vrai que le triton était interdit dans l'ancien contrepoint mais ni plus ni moins que les autres dissonances et tout autant employé qu'elles en tant que notes ornementales. J'ajouterai que le triton - qui, comme son nom l'indique, est composé de trois tons - n'est pas du tout la même chose que son renversement la quinte diminuée - qui contient deux tons et deux demi-tons. Il ne faut donc pas écrire : "le triton ou quinte diminuée" comme nous le lisons trop souvent. Bien entendu, l'accord de triton n'était pas interdit dans la musique religieuse baroque puisque cet accord figure dans les traités de basse continue de cette époque. Pour les harmonistes, je rappellerai qu'il est le troisième renversement de l'accord de 7e de dominante. Mieux encore, le triton, au même titre que les autres intervalles augmentés et diminués, est de plus en plus utilisé dès le XVIIe siècle pour exprimer avec force des sentiments poignants. Dans ce domaine, la musique française reste en retrait par rapport à la musique italienne et allemande. Par exemple, le choral luthérien Es is genug, composé au XVIIe siècle par Ahle et repris, entre autres, par J. S. Bach, commence avec un triton. Quant au fameux accord de Tristan, s'il contient bien le triton fa-si, il n'est pas perçu comme tel puisque Wagner utilise justement les appogiatures (ré#-sol#) pour qu'on l'entende enharmoniquement comme l'accord fa-dob-mib-lab (écrit fa-si-ré#-sol#), un accord appartenant à mi b mineur mais se résolvant sur la dominante de... la mineur. On n'y a vu, en effet, les prémisses de l'atonalité mais ce point de vue me paraît tout à fait faux parce que Wagner joue sur des attractions harmoniques totalement disparues dans la musique atonale."