Discussion:Beembe (peuple de la république du Congo)

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Section "Historique" enlevée, mais conservée ici, elle pourrait servir à la réécrire[modifier le code]

J'ai enlevée toute la section "historique", qui était hors sujet et pas encyclopédique, mais je la conserve ici, elle pourrait servir à la réécrire, il y certainement des choses à garder

Historique[modifier le code]

Bayari[modifier le code]

À la suite de la publication sur les « Minkeenge » et vu les nombreuses réactions, je me trouve dans l’obligation de fustiger certaines appellations qui relèvent d’une ignorance profonde, les « bayari ».

J’utilise ce terme anglo-américain de « melting pot », pour mieux faire comprendre la métaphore : dans l’industrie on utilise des hauts fourneaux ou des creusets pour fondre un métal pour obtenir un alliage en mélangeant ce métal en fusion avec un ou d’autres éléments. Un alliage (par exemple l’acier) est la combinaison d'un élément métallique avec un ou plusieurs métaux par fusion. Le terme est venu ensuite à désigner le brassage des personnes d’origines et de cultures variées.

Guy Armand Mampassi dans les réactions que j’ai reçues, s’indigne devant les personnes qui pensent que les bayari seraient des personnes venues d’un autre monde. Cela relève d’un mépris et d’une profonde ignorance sans fond. Les « bayari », je fais exprès d’écrire le mot avec un b minuscule, ne sont ni un peuple, ni un groupe ethnique, ni un lignage. Bayari veut dire « habitants des rives du fleuve, le fleuve étant la Bouenza que les Beembe désignent comme un fleuve. L’oreille exercée peut distinguer dans le mot bayari le nom nyari, le fleuve.

Les bayari comptent parmi les premiers Beembe à s’installer sur les terres des pays de Mouyondzi, sur la rive droite de la Bouenza, en amont et en aval du barrage. Leurs principaux lignages sont les Mimaandu, les Mibwaansa, les Minyaangi, tous très répandus ailleurs dans le district de Mouyondzi. Comment peut-on croire que les Mimaandu soient bayari sur la rive droite de la Bouenza et Babeembe sur la rive gauche de la même rivière ? Ouvrez les yeux de l’entendement! Et pour le problème de l’accent, personne n’a jamais déclaré que les Marseillais n’étaient pas français! En plus, il est important de connaître notre histoire avant d’apporter des jugements.

Au début du XXe siècle, l’implantation des Français dans les Pays de Mouyondzi commence à MADOUROU, dans l’actuel district de MABOMBO. C’est de Madourou qu’ils comptaient faire la conquête des pays de Mouyondzi. Ils y installèrent un poste militaire alors qu’ils voulaient construire un plus grand poste à SOULOU, mais le lieu était réputé très instable, comme tout l’Est de cette région. Quand éclate la première Guerre Mondiale, les Français décidèrent de pacifier le coin pour continuer la conquête du pays : ils envoyèrent 3 armées différentes pour conquérir la zone dont la population était réputée très armée : une par le Sud, une par la zone de Loulombo et une par l’Est. La stratégie française était de laisser un grand couloir en direction de l’Ouest où ils avaient le poste de Madourou, la grande zone forestière, pour permettre à la population civile de trouver refuge dans les forêts. Ce déplacement forcé des populations obligea les populations des Hauts Babeembe, herboisés, à apprendre à vivre dans les forêts, de Madourou à la zone de Sibiti. Voilà l’origine de l’implantation des Beembe de la Lékoumou.

Ceux donc qu’on appelle bayari sont non seulement les Beembe installés là de longue date, mais aussi les Beembe venus de l’Est. Les affrontements, commencés du côté de Soulou dura une semaine pour atteindre Mouyondzi, le dernier bastion de la résistance : 3 jours de guerre sans répit à l’actuel emplacement de Mouyondzi, impliquant les villages de Moukala, Nkila, Manguembo, Moubombo, Mouyondzi village et Nsangou. Les combats cessèrent lorsque les Beembe n’eurent plus munitions. Mouyondzi était vaincu et l’implantation française commença. Les Français organisèrent l’opération de récupération des armes : chaque chef de village devait déposer les armes de son village, en échange d’un drapeau blanc, signe de soumission. Les armes furent cassées et enfouies dans une fosse (bulu dya kyiti) situé sur la piste allant de Nkosso à Mouleke.

La colonisation française, par ses guerres meurtrières, et par le regroupement des villages, a déplacé beaucoup de populations civiles. La population sur la rive droite de la Bouenza n’a pas qu’une origine, mais ils sont tous Beembe.

Minkeenge[modifier le code]

Il y a une logique du point de vue du fonctionnement des langues koongo, et il y a aussi ce que les personnes qui portent ce nom « Minkeenge » disent qu’ils sont. Dans les langues koongo, les noms des groupes ethniques ou des sous-groupes commencent par le préfixe « Ba » : Bakoongo, Basuundi, Babeembe, Badoondo, Bakaamba, Bateke, etc.

Les noms des lignages ou sous-lignages commencent par le préfixe « Mu » au singulier et « Mi au pluriel : Mibwaansa, Minyaangi, Mimaandu, Mimbuundi, Mimpele, Mipeeni, etc. Certains de ces noms sont dérivés du nom d’un lieu appartenant au lignage.

Les Mibwaansa tirent leur nom des rives de la Bouenza qu’ils peuplent, les Mimandu de leur terre, Kimandu, les Mimpele de leur terre Kimpele. La grande majorité des autres noms de lignages sont tirés des noms des matriarches (matrilinéaire oblige) :

Les Minyaangi tirent leur nom de la matriarche Nyaangi, les Mimboombi de Mboombi, les Minzuumba de Nzuumba, les Minkoso de Nkoso, etc.

Les Minkeenge tireraient-ils leur nom de leur terre (Kinkeenge) ou de leur matriarche (Nkeenge). Qui était Nkeenge ? Nous retrouvons ce personnage surtout dans les contes des pays koongo. Elle est décrite dans les contes comme une jeune fille très belle, très intelligente, très éclairée, mais très capricieuse, qui refuse de se soumettre à la tradition, particulièrement au mariage arrangé. Elle n’est pas attirée par les bijoux et tous les biens matériels qu’on lui propose, mais par la beauté physique, ce qui la conduit à accepter en mariage des personnages comme le boa (qui veut l’avaler la nuit avec sa sœur cadette), ou le fantôme (qui l’entraine dans le monde, dans le village abandonné des morts). Mais grâce à son intelligence, Nkeenge arrive toujours à s’en sortir. Dans les contes, Nkeenge ne meurt jamais, parce qu’elle est la vie, elle est la terre.

Dans le monde beembe, la semaine avait quatre jours (Bukoonso, Mpika, Mukila et Nkooyi) et Nkooyi était le jour du marché. Mais ailleurs en Afrique Centrale, particulièrement en RDC, le jour du marché était appelé Nkeenge et toutes les localités qui portent le nom de Nkeenge étaient ou sont des marchés. Le prénom Nkeenge, donné aux jeunes filles uniquement, existe même aux Etats-Unis, mais il est probable qu’il y ait été apporté par l’immigration et non par l’esclavage.

Si les Minkeenge tirent leur nom d’une femme nommée Nkeenge, ils seraient un lignage et non un groupe ethnique, selon les normes koongo. Mais là où les choses se compliquent, c’est qu’il existe un parler kinkeenge, si légèrement différent du kibeembe qu’il pourrait être considéré comme un accent régional : il n’y a pas besoin d’interprète ou de traducteur entre un locuteur du kinkeenge et celui du kibeembe.

J’ai passé mon enfance dans un quartier cosmopolite de Mouyondzi, Songamerika où se côtoyaient des Beembe, des Minkeenge, des Laalis et des Tékés. Nous jouions dans le même club de football. Pour une meilleure compréhension sur le terrain, les Laalis et les Tékés devaient apprendre à s’exprimer en kibeembe, mais pas les Minkeenge qui employaient leur parler.

Les Beembe et les Minkeenge partagent les mêmes coutumes, le même registre culturel : les contes et les proverbes circulent tel le sang dans le même corps ; les instruments de musique (ngoomfi, nduunga, ngomo, mukoonsi, kitsaatsa), les genres musicaux, les danses ne laissent aucune place pour une aiguille entre Beembe et Minkeenge; le mufweete, le balka, le kiyaangi surnommé maintenant muntuuta, rythment les clairs de lune ou les bars dancing de nos jours. Les unions maritales entre Beembe et Minkeenge font légion ; autrefois, le mariage entre un homme de Mbounou et une femme de Yamba, en raison de la distance qui sépare les deux localités, pouvait être refusé, mais les moyens de transport modernes ont réduit la durée du voyage; et la plupart des unions, l’exode rural aidant, se contactent en ville.

Autre situation insolite, tous les Minkeenge n’appartiennent pas à un même lignage, c’est-à-dire n’ont pas tous des liens de sang. De manière générale, les Minyaangi, les Minzuumba, les Mimboombi auraient un ancêtre commun, mais ce n’est pas le cas des Minkeenge chez qui on retrouve les mêmes lignages que les Beembe : mon lignage paternel par exemple, les Mibwaansa (appelés aussi Minkoso du nom de leur matriarche commune, Nkoso) existent chez les Mikeenge, sur les bords de la Bouenza, puis sur les deux rives de la Bouenza jusqu’en amont du barrage, puis au niveau de Nguiri sur la route Mouyondzi -Soulou, dans les hauts plateaux babeembe. Le fait est connu de plusieurs, j’ai des oncles, tantes, cousins et cousines mikeenge, quoique habitant Bwaansa Barrage à 10 km du barrage. Les Minyaangi sont installés dans les cinq districts des Pays de Mouyondzi. A Kinyaangi, district de Yamba, ils sont minkeenge et ailleurs, Beembe ailleurs.

Il ne faut pas non plus oublier le rôle de l’esclavage domestique dans le brassage des populations qui a fait des pays de Mouyondzi un véritable melting pot.

Alors, Beembe ou Minkeenge, ne perdons pas notre temps à chercher le sexe des anges.

Référence: Michel MOUKOUYOU KIMBOUALA. Farialima (discuter) 21 juin 2022 à 14:26 (CEST)[répondre]