Despacha, que dispiértan
Dépêche-toi, qu'ils se réveillent
L'eau-forte Despacha, que dispiértan[1] (en français Dépêche-toi, qu'ils se réveillent) est une gravure de la série Los caprichos du peintre espagnol Francisco de Goya. Elle porte le numéro 78 dans la série des 80 gravures. Elle a été publiée en 1799.
Interprétations de la gravure[modifier | modifier le code]
Il existe divers manuscrits contemporains qui expliquent les planches des Caprichos. Celui qui se trouve au musée du Prado est considéré comme un autographe de Goya, mais semble plutôt chercher à dissimuler et à trouver un sens moralisateur qui masque le sens plus risqué pour l'auteur. Deux autres, celui qui appartient à Ayala et celui qui se trouve à la Bibliothèque nationale, soulignent la signification plus décapante des planches[2].
- Explication de cette gravure dans le manuscrit du musée du Prado :
Los duendecitos[3] son la gente más hacendosa y servicial que puede hallarse: como la criada los tenga contentos, espuman la olla, cuecen la verdura, friegan, barren y callan al niño; mucho se ha disputado si son Diablos o no; desengañémonos, los diablos son los que se ocupan de hacer el mal, o en estorbar que otros hagan el bien, o en no hacer nada.
(Les petits lutins sont les gents les plus habiles et serviables que l'on puisse trouver : comme la servante les satisfait, ils écument la marmite, cuisent les légumes, récurent, balaient et font taire l'enfant ; on a beaucoup discuté pour savoir si ce sont des Diables ou non ; ne nous trompons pas, les diables sont ceux qui s'occupent de faire le mal, ou d'empêcher que les autres fassent le bien, ou poussent à ne rien faire )[4].
- Manuscrit de Ayala :
Los frailes y monjas tienen francachelas[5] de noche para cantar bien de día.
(Les frères et sœurs font dans banquets la nuit pour bien chanter le jour)[4].
- Manuscrit de la Bibliothèque nationale :
Los frailes tienen sus comilonas a solas de noche con las monjas; ellos friegan los platos y ellas soplan la lumbre.
(Les frères font leurs gueuletons seuls la nuit avec les sœurs ; ils lavent les plats et elles soufflent la lumière)[4].
Goya dessine encore une satire des religieux, représentés comme des lutins.
Technique de la gravure[modifier | modifier le code]
L'estampe mesure 212 × 150 mm sur une feuille de papier de 306 × 201 mm. Goya a utilisé l'eau-forte et l'aquatinte brunie. Dans l'angle supérieur droit : “78”.
Le dessin préparatoire est à la sanguine. Dans l'angle supérieur droit, au crayon : “6”. Dans l'angle inférieur gauche, au crayon : “55”. Le dessin préparatoire mesure 204 × 144 mm.
Catalogue[modifier | modifier le code]
- Numéro de catalogue G02166 de l'estampe au Musée du Prado.
- Numéro de catalogue D04367(r) du dessin préparatoire au Musée du Prado.
- Numéro de catalogue 51-1-10-78 de l'estampe au Musée Goya de Castres.
- Numéros de catalogue ark:/12148/btv1b8451897t et ark:/12148/btv1b8451896d de l'estampe chez Gallica.
Notes et références[modifier | modifier le code]
- (es) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en espagnol intitulé « Despacha, que despiertan » (voir la liste des auteurs).
- Dispiértan est une forme ancienne de « despiertan ».
- Helman, op. cit., p. 54.
- Duende: “Esprit qui pour le peuple, infeste les maisons et fait des espiègleries, causant en elles des bruits” (Academia Española, Diccionario de la lengua castellana, Madrid, 1791). Le mot « duende » apparaît fréquemment comme synonyme de « frère » dans la littérature satirique de la seconde moitié du XVIIIe siècle.
- Helman, op. cit., p. 228.
- Francachela : “Fête, banquet, repas” (Esteban Terreros y Pando, Diccionario castellano con las voces de ciencias y artes, Madrid, 1786-1793).
Annexes[modifier | modifier le code]
Bibliographie[modifier | modifier le code]
- (es) José Camon Aznar, Francisco de Goya, t. III, Saragosse, Caja de Ahorros de Zaragoza, Aragón y Rioja. Instituto Camon Aznar, , 371 p. (ISBN 978-84-500-5016-5).
- (es) Juan Carrete Parrondo, Goya. Los Caprichos. Dibujos y Aguafuertes, Madrid, Central Hispano. R.A.de Bellas Artes de San Fernando. Calcografía Nacional, (ISBN 84-604-9323-7), « Francisco de Goya. Los Caprichos ».
- (es) Rafael Casariego, Francisco de Goya, Los Caprichos, Madrid, Ediciones de arte y bibliofilia, (ISBN 84-86630-11-8).
- (es) Gabinete de Estudios de la Calcografía., Clemente Barrena, Javier Blas, José Manuel Matilla, José Luís Villar et Elvira Villena, Goya. Los Caprichos. Dibujos y Aguafuertes, Central Hispano. R.A.de Bellas Artes de San Fernando. Calcografía Nacional, (ISBN 84-604-9323-7), « Dibujos y Estampas ».
- (es) Edith Helman, Transmundo de Goya, Madrid, Alianza Editorial, , 238 p. (ISBN 84-206-7032-4).
- Pierre Gassier et Juliet Wilson, Vie et Œuvre de Francisco Goya, Fribourg, Office du Livre, .
- (es) F.J. Sánchez Catón, Goya Los Caprichos, Barcelone, Instituto Amatller de Arte Hispánico, .
Articles connexes[modifier | modifier le code]
Liens externes[modifier | modifier le code]
- Le Caprice nº 78 en grand format à la Bibliothèque virtuelle Miguel de Cervantes (recto-verso - exemplaire de la Biblioteca de Catalunya)
- Le Caprice nº 78 au Musée du Prado
- Dessin préparatoire à la sanguine du Caprice nº 78 au Musée du Prado
- Les Caprices au Musée Goya de Castres
- Le Caprice nº 78 au Musée Goya de Castres
- Le Caprice nº 78 chez Gallica (un des deux exemplaires)
- (es) Brève analyse sur chaque Caprice (Miguel Moliné)