Coalition barbare de 368 en Bretagne

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Carte du nord de la province de Bretagne, entre 350 et 400.

La coalition barbare de 368 en Bretagne, ou « Grande conspiration » (Great Conspiracy en anglais), est une alliance formée par les Pictes de Calédonie (actuelle Écosse), les Scots et Attacotti d'Irlande et peut-être[1] les Saxons, peuple du nord de la Germanie, et/ou Francs, en vue d'envahir la province romaine de Bretagne[2],[3].

Éléments historiques[modifier | modifier le code]

La Grande-Bretagne romaine vers 410.
Illustration de Péronet Lamy des forteresses des 'comtes des côtes saxonnes par La (Grande) Bretagne' selon la Notitia Dignitatum.

Selon le récit d'Ammien Marcellin, l'administration romaine en Grande-Bretagne est désorganisée par l'assassinat du comte Nectaridus, gouverneur de la défense côtière 'maritimi tractus[2],' interprété comme Litus Saxonicum[4],[5](Côte saxonne), et du duc Fallofaude, commandant des troupes de l'île[6], et la défection d'un corps de soldats romains, les areani (en), ce qui peut être une erreur de copiste pour arcani (secrets) : une des tablettes de Vindolanda mentionne un miles arcanus qui pourrait être un soldat chargé de missions spéciales. Les envahisseurs saccagent plusieurs cités du nord et de l'ouest de la Bretagne avant d'être repoussés par le comte Théodose. Celui-ci confie la garde de la frontière calédonienne à un peuple britonnique fidèle à Rome, les Votadini[7],[8].

Cette période est marquée par plusieurs incursions des Francs/Saxons en Gaule (et peut-être aussi en Grande-Bretagne[1]), notamment en 360 et 364[2]. L'archéologie indique que dans la seconde moitié du IVe siècle, l'armée romaine construit plusieurs nouveaux fortins le long des côtes et, dans une moindre mesure, le long des voies romaines, et remet en état des fortifications plus anciennes[8]. Symonds parle ainsi d’un éventuel malaise romain concernant les découvertes archéologiques sur les côtes du Yorkshire (P203)[9], mais celles-ci ne correspondent pas aux comes litoris Saxonici per Britanniam du notitia dignitatum[5](XXVIII), dont la huitième forteresse (Anderidos) tombera finalement aux saxons en 491[10].

Il est possible qu'Ammien Marcellin ait exagéré l'importance du raid de 367 pour faire sa cour à l'empereur régnant, Théodose Ier, fils du comte du même nom[8]. L'expédition du comte Théodose est également relatée par le poète Claudien dans son panégyrique De Quarto Consulatu Honorii Augusti composé en l'honneur de l'empereur Honorius, fils de Théodose Ier[11].

Fiction[modifier | modifier le code]

Ces événements historiques sont évoqués dans plusieurs romans britanniques dont L'Aigle dans la neige de Wallace Breem, paru en 1970, et Taliesin de Stephen R. Lawhead , paru en 1987.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Barthélemy Pont, Histoire de la ville de Caen: ses origines, Caen sous les ducs de Normandie, E. Alliot, (lire en ligne)
  2. a b et c « Ammianus: Liber XXVII », sur www.thelatinlibrary.com (consulté le )
  3. « Eutropius: Abridgement of Roman History, Book 9 », sur www.forumromanum.org (consulté le )
  4. (la) Gottfried Wilhelm Leibniz, G. G. L. De Origine Francorum Disquisitio, Foerster, (lire en ligne)
  5. a et b « Notitia Dignitatum », sur www.thelatinlibrary.com (consulté le )
  6. Ammien Marcellin, 27.8.
  7. Ammien Marcellin, 28.3.
  8. a b et c Symonds 2018, p. 193.
  9. (en) Matthew Symonds, Protecting the Roman Empire: Fortlets, Frontiers, and the Quest for Post-Conquest Security, Cambridge University Press, (ISBN 978-1-108-38193-2, lire en ligne)
  10. (en) Anne Savage, The Anglo-saxon chronicles, London, Bramley Books, (ISBN 1-85833-478-0), P35
  11. Claudien, De Quarto Consulatu Honorii Augusti, v. 25-35.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Matthew Symonds, Protecting the Roman Empire, Cambridge University, (lire en ligne).