Château de Cerisy-la-Salle

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Château de Cerisy-la-Salle
Présentation
Type
Fondation
XVIIe siècleVoir et modifier les données sur Wikidata
Style
Occupant
Propriétaire initial
Jean Richier
Patrimonialité
Localisation
Localisation
Coordonnées
Carte

Le château de Cerisy-la-Salle est une demeure, du début du XVIIe siècle, qui se dresse sur le territoire de la commune française de Cerisy-la-Salle, dans le département de la Manche, en région Normandie.

Le château est protégé en totalité aux monuments historiques.

Localisation[modifier | modifier le code]

Le château est situé, au cœur d'une campagne vallonnée et verdoyante, sur une éminence dominant la vallée de la Soulles, à 500 mètres au sud-ouest de l'église Saint-Pierre-et-Saint-Paul, sur la commune de Cerisy-la-Salle, dans le département français de la Manche.

Historique[modifier | modifier le code]

À l'origine la seigneurie de Cerisy, qui s'étendait sur les paroisses de Montpinchon et de Cerisy, est la possession des Pirou. À leur extinction, le fief passe à la famille de Grimouville, puis aux Richier, qui le conserveront jusqu'à la Révolution[1].

Le château actuel est construit, sous Louis XIII, entre 1613 et 1625[2], après l’édit de Nantes et les guerres de religion, par Jean Richier, fervent huguenot qui craignait les persécutions religieuses. C'est à lui que l'on doit la création du marché hebdomadaire, le samedi, et l'établissement de deux foires annuelles, à la Saint-Martin. Les Richier était une famille de la noblesse protestante. Un Jacques Richier, pasteur protestant, sieur de la Hutière (Cerisy-la-Salle), sera expulsé de France pour ses convictions. Un autre membre de cette famille dut abjurer le protestantisme afin de pouvoir hériter des biens de la seigneurie de Cerisy. Cependant, un Jacques Richier (1708-1771) sera évêque catholique de Lombez[1]. Il a laissé ses armoiries sur le portail d'entrée du château[3].

Élisabeth Le Loup de Hiesville, veuve de Jean Richier, le bâtisseur du château, eut à héberger 80 dragons, qui se livrèrent à de nombreuses dragonnades[1]. Le château était le siège de l'une des 20 paroisses protestantes du département[4]. Le château est agrandi en 1756[2].

Gédéon Richier (1752-1807)[1], alors seigneur du lieu au moment de la Révolution et qui en était entré en possession en 1781, verra la confiscation et la vente de tous ses meubles à la suite de son émigration. Officier et chef d'escadron de cavalerie aux chasseurs du Hainaut, il avait rejoint l'armée des princes. Le 18 germinal an II ()[1], le district de Coutances vend le château comme bien national qui finit par échouer en 1819, pour la somme de 40 000 francs, entre les mains de Joseph Savary (1774-1854), né à Notre-Dame-de-Cenilly ancêtre des propriétaires actuels[1],[note 1].

Le château est occupé par les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale et en font leur Kommandantur et un hôpital après le Débarquement. Le , Cerisy est détruit mais le château épargné. Après-guerre, seules 8 pièces sont habitables, le château ayant beaucoup souffert. La bibliothèque héberge l'école municipale. Anne Heurgon-Desjardins (1899-1977), le restaure pendant 25 ans, et en 1970, une soixantaine de chambres sont déjà habitables[6].

Le château accueille depuis 1952 le Centre culturel international[2], fondée par une descendante de Joseph Savary, Anne Heurgon-Desjardins (1899-1977), dans le prolongement des « Décades de Pontigny » (1910-1939) créées par son père Paul Desjardins. Ainsi le château a accueilli des « rencontres » sur Barbey d'Aurevilly, l'Humour Normand, la Contre-Réforme, les Normands en Sicile, l'Architecture normande médiévale, les manuscrits et enluminures, etc. Ont notamment participé à ses rencontres : Raymond Aron, Jean-Marie Domenach, Jean Follain, Alain Robbe-Grillet, Clara Malraux, Eugène Ionesco, Roland Barthes, Jacques Derrida, Elie Wiesel, Michel Tournier, Umberto Eco, Carlo Ginzburg etc. Le château était en 2018 la possession d'Édith Heurgon, la petite-fille de Paul Desjardins.

Description[modifier | modifier le code]

Le château, de style classique, entre place forte et demeure de plaisance, adopte le plan bastionné des manoirs de la fin du XVIe siècle. L'imposant corps de logis central, haut d'un étage sur rez-de-chaussée, édifié en schiste et granit, flanqué de quatre pavillons d’angle à plan légèrement losangé, est protégé sur trois côtés par des douves sèches. Un cinquième pavillon, contenant l'escalier, placé au centre du logis, est coiffé d'un clocheton. L'étage est surmonté par les combles avec un toit en forte pente et éclairés par une unique lucarne centrale. L’alignement de la façade nord et les ponts datent de 1756. D’un style grave et noble, les éléments décoratifs se limitent aux lucarnes des pavillons, aux bandeaux horizontaux et à la polychromie des matériaux (grès rouge et granit). Les nombreuses fenêtres par lesquelles le château s'éclaire ont été ajoutées à partir du XIXe siècle[6],[note 2].

À l’intérieur, on note l’escalier monumental, les cheminées en granit, l’ancienne salle basse avec son plafond peint style Louis XIII, ainsi que le salon de boiserie, le grand salon, l’ancienne cuisine, les combles.

La ferme, contemporaine du château, avec quelques éléments antérieurs, adopte un plan en « L », tandis que d’autres bâtiments (les écuries, l’orangerie, les serres) sont postérieurs.

À l’ouest et au nord, les ruines du manoir précédent, avec une échauguette, ainsi que le platane bicentenaire dominent un étang remplaçant d’anciens viviers et ayant servi de déversoir au moulin.

Protection aux monuments historiques[modifier | modifier le code]

La ferme.

Au titre des monuments historiques[8] :

  • les dépendances, sauf celles classées, sont inscrites par arrêté du  ;
  • le château avec ses décors peints ; les terrasses, les fossés et leurs ponts, les vestiges de l'ancien château, notamment la barbacane, et la ferme à l'exclusion des écuries situées au nord-est du château, sont classés par arrêté du .

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Monsieur Anicet Levavasseur d'Hiesville ( 1818), écuyer, est seigneur-patron d'Hiesville et de Cerisy[5].
  2. Pour Jean Barros, le manoir de Graffard, qui est le plus ancien, serait le modèle d'une série de manoir qui comporte au moins, Chiffrevast (1618), Sotteville (1610), Crosville et Cerisy-la-Salle[7].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e et f Hébert et Gervaise 2003, p. 150.
  2. a b et c René Gautier et al. (préf. Jean-François Le Grand, postface Danièle Polvé-Montmasson), 601 communes et lieux de vie de la Manche : Le dictionnaire incontournable de notre patrimoine, Bayeux, Éditions Eurocibles, coll. « Inédits & Introuvables », , 704 p. (ISBN 978-2-35458-036-0), p. 143.
  3. Daniel Delattre et Emmanuel Delattre, La Manche les 602 communes, Grandvilliers, Éditions Delattre, , 280 p. (ISBN 978-2-9159-0709-4), p. 51.
  4. Hébert et Gervaise 2003, p. 84.
  5. Sébastien Fautrat, Digosville : D'autrefois à nos jours, Valognes, Imprimerie Icl Graphic, , 358 p. (ISBN 979-10-91566-14-8), p. 11.
  6. a et b « Secrets de châteaux et manoirs - Cotentin - Saint-Lô - Coutances », La Presse de la Manche, no Hors-série,‎ , p. 97 (ISBN 979-1-0937-0115-8).
  7. Jean Barros, Le canton de Barneville-Carteret (Côte des Isles) : Le patrimoine, t. 1, Valognes, Éditions de la Côte des Isles, , 391 p. (ISBN 2-9505339-1-4), p. 53.
  8. « Château de Cerisy », notice no PA00110360, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]