Boys' club

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Un boys' club est un réseau informel privé largement ou exclusivement masculin dont les membres, socialement homogènes, sont choisis par cooptation afin de s'entraider dans le domaine professionnel en usant de leur influence. D'autres désignations synonymes sont old boys' club, good old boys' clubs (club de vieux copains), old boys' network (club des vieux potes).

Dénominations[modifier | modifier le code]

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En Angleterre, le terme good old boys’ club est utilisé pour décrire un réseau d'alumni issus d'écoles privées pour garçons[1]. Les réseaux d'alumni et de mentorat existent depuis longtemps, par exemple dans les fraternités et sororités étudiantes[2].

L'expression boys' club a évolué sur le plan sémantique pour désigner la « culture boys' club », réseau informel dont les membres, majoritairement voire exclusivement masculins, s'entraident et se cooptent tout en excluant les femmes de ces cercles décisionnels. Certains y voient le reflet d'un schéma patriarcal présent dans la société[3],[4]. Si les médias français emploient largement le terme boys' club ou boys club, des variantes existent telle old boys network pour « club des vieux potes ».

Histoire[modifier | modifier le code]

La notion de gentlemen's club apparaît en Angleterre au XVIIIe siècle pour désigner des sociétés informelles et privées où les hommes se retrouvent pour bavarder et boire selon leurs affinités socio-culturelles[5]. Au XIXe siècle, ces cercles deviennent plus sélectifs et privatisent des lieux où se retrouvent des membres influents de la société afin de nouer ou entretenir des relations avec leurs homologues, dans une logique où les femmes sont exclues de ces cercles de pouvoir et cantonnées à la sphère domestique[5]. Au tournant du XXe siècle, la Grande-Bretagne compte ainsi plus de deux cents clubs masculins privés. Il s'agit de « groupes d'hommes qui tirent leur pouvoir des liens qui les unissent »[5]. Martine Delvaux, romancière, essayiste et professeure en études féministes à l'Université du Québec à Montréal[6] définit un old boys' club comme « groupe d’hommes âgés, fortunés et blancs qui détiennent un pouvoir politique », groupe dont les femmes sont exclues[1].

Depuis plusieurs années, dans des médias anglophones ou francophones du Canada, la culture boys' club est étudiée en tant que milieu favorisant la misogynie et le harcèlement moral ou sexuel envers les femmes ou les minorités, par des hommes en position de pouvoir[5],[2]. La culture boys' club renvoie à des réseaux informels d'hommes socialement homogènes (blanc, hétérosexuel et de classe moyenne) qui se cooptent pour étendre leur influence et améliorer leur carrière tout en excluant les personnes ne correspondant pas au profil : femmes, minorités, homosexuels, etc.[7]. La présence de quelques femmes dans le réseau ne modifie pas les mécanismes sexistes fondamentaux à l'œuvre[6]. En 2018, le livre Brotopia : Breaking Up the Boys' Club of Silicon Valley d’Emily Chang (journaliste chez Bloomberg TV) analyse ces mécanismes[8],[9]. En mars 2021, Le Parisien décrit des clubs parisiens dont les femmes sont exclues, comme le Travellers Club ou l'Automobile Club de France[10].

Pour se défendre contre cette culture de boys' club dont les femmes sont exclues, certains auteurs invitent les professionnelles à fonder et animer leurs propres réseaux féminins d'entraide[11].

Cas de la « Ligue du LOL »[modifier | modifier le code]

En février 2019, un article publié dans Libération signale l'existence d'un groupe d'influenceurs (communicants, rédacteurs de presse) jeunes, presque exclusivement masculins, qui aurait mené de nombreux faits de harcèlement envers des femmes ou des membres de minorités (homosexuels, personnes dites racisées)[6],[12]. À cette occasion, ce groupe surnommé la ligue du LOL est à plusieurs reprises appelé un boys' club, au sens où des membres influents des réseaux sociaux se cooptaient et manifestaient leur solidarité dans une logique d'exclusion envers les personnes différentes de leurs stéréotypes[6].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Delvaux 2017.
  2. a et b Beaudonnet 2019.
  3. Daulon 2019.
  4. Sanghani 2014.
  5. a b c et d Joignot 2019.
  6. a b c et d Greusard, Delvaux et Ward 2019.
  7. Bonte 2019.
  8. L.B. 2018.
  9. Hanoun 2018.
  10. Brice Perrier, « A Paris, plongée dans des clubs au genre très masculin », Le Parisien,‎ (lire en ligne).
  11. Dor 2019.
  12. Bucci 2019.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]