Belinda Cannone

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Belinda Cannone
Rencontre lors de la nuit de la lecture 2020, autour de son livre "S'émerveiller", à la Médiathèque Olympe de Gouges à Strasbourg.
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Naissance
Voir et modifier les données sur Wikidata (65 ans)
TunisieVoir et modifier les données sur Wikidata
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Francis Claudon (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Belinda Cannone, née en Tunisie le , est une romancière, essayiste et maîtresse de conférences française.

Elle a enseigné la littérature comparée à l'université Caen-Normandie de 1998 à 2020 [1],[2].

Biographie[modifier | modifier le code]

Elle est diplômée en littérature comparée de l'université de Bourgogne grâce à une thèse intitulée Les Hommes de lettres et la musique en France dans la seconde moitié du XVIIIe siècle[3], qu'elle reprend en partie pour la publication de Musique et littérature au XVIIIe siècle, dans la collection Que sais-je ? en 1998.

Sa production romanesque s'amorce en 1990 avec Dernières promenades à Petrópolis (réédité en poche, en 2013, sous le titre L'Adieu à Stefan Zweig), roman inaugural dans lequel elle pose, à partir du problématique suicide de l'écrivain autrichien Stefan Zweig, la question de « l’humanité en nous »[4] : « Nous ne sommes pas bornés à n’être que nous-mêmes au sens le plus étroit, car nous vivons à équidistance de nous-mêmes et des autres, et notre bonheur peut être compromis par le malheur du monde. »

En 1992, L'Île au nadir s’inspire vaguement de l’affaire Seznec pour s’interroger sur l’héritage et la transmission de l’opprobre.

Trois nuits d’un personnage, en 1994, met en scène le désir à travers un personnage de roman qui accède pour trois nuits à l’existence, désir de vivre et désir amoureux, comme énergie vitale et possibilité de la joie. Ce roman marque le début d’une utilisation accrue des moyens de la fable afin de restituer le monde contemporain dans ses réalités les plus directes. En 1998, Lent Delta, en imaginant le dernier jour d’une dame de 104 ans dans un univers d’anticipation, explore ce qu’il advient du désir de vivre à la fin de l’existence, dans ce moment du « passage » vers le delta de la vie. En 2006, L'Homme qui jeûne, variation sur le désir dans la négativité, met en scène un homme qui dit non à la vie en se privant du minimum vital. En 2009, Entre les bruits explore, à partir de deux personnages hyperacousiques de naissance, notre situation dans un monde cacophonique, où les informations et la rumeur du monde nous assaillent[5].

À partir de l’année 2000, elle commence à écrire des essais. Dans L’Écriture du désir (Prix de l’essai de l’Académie française 2001), l'auteure interroge à la fois le désir en général et son lien avec la pratique littéraire. Le Sentiment d’imposture (Grand Prix de l’essai de la Société des Gens de lettres 2005) est la première exploration d’un sentiment jusqu’alors non identifié bien que très partagé : le fantasme de n’être pas légitime à la place qu’on occupe[4].

Si La Bêtise s’améliore, publié en 2007, explore les conformismes de la pensée contemporaine[6] et lance un appel à la réflexion comme moteur de la responsabilité intellectuelle, La Tentation de Pénélope, en 2010, lance plusieurs propositions inédites pour renouveler le féminisme et sortir de la guerre des sexes, tout en s’interrogeant sur la féminité. Dans cet essai, elle témoigne d'un féminisme revisité, revendiquant l'héritage du Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir. Elle discute en particulier la notion de différence des sexes, soutient que, dans de nombreuses situations, le genre (homme/femme) est en suspens[7]. Elle affirme par ailleurs lors d'une matinale sur France Culture que l'avortement reste un droit fondamental des femmes.

En 2011, elle inaugure la collection Pabloïd, chez Alma éditeur, avec Le Baiser peut-être, où elle décrit le baiser, qu'elle qualifie de «plus beau geste du désir», comme une célébration de l'altérité et la manifestation de l'inventivité amoureuse[8].

Écrivant depuis une vingtaine d'années sur le désir, elle est contactée en par Sarah Chiche pour signer la tribune sur la «liberté d'importuner». Belinda Cannone refuse de la signer ne souhaitant pas être associée aux discours de Catherine Millet et Catherine Robbe-Grillet[7]. Elle publie le même jour une autre tribune intitulée « Le jour où les femmes se sentiront autorisées à exprimer leur désir, elles ne seront plus des proies »[9]. Elle est proche des thèses défendues par Elisabeth Badinter et de la philosophie universaliste[7].

Dans un entretien de [10], elle synthétise elle-même ainsi le fil rouge de son œuvre :

« ... nous ne sommes pas que des individus, chacun isolé dans son « moi », séparés. Nous vivons aussi à mi-distance entre « moi » et les autres, « moi » et le cosmos, de sorte que nous sommes constamment pris dans une relation avec eux. [...] Chaque fois, j’interroge notre nature d’êtres en relation. »

Carrière universitaire[modifier | modifier le code]

Docteure et maîtresse de conférences en littérature comparée, elle a enseigné neuf ans à l’université de Corse-Pascal-Paoli à Corte, et, de 1998 à 2020, à l’université Caen-Normandie. Elle a publié plusieurs ouvrages sur les liens de la littérature avec la musique, et des études littéraires, notamment sur le roman L'Œuvre d'Émile Zola[11].

Les revues[modifier | modifier le code]

À partir des années 1990, elle écrit régulièrement des articles pour diverses revues, notamment Quai Voltaire Revue littéraire, Verso – Arts et lettres, L’Atelier du roman et Le Magazine littéraire.

Œuvres[modifier | modifier le code]

Romans[modifier | modifier le code]

Essais[modifier | modifier le code]

  • L'Écriture du désir, Calmann-Lévy, 2000 ; réédition, Gallimard, coll. « Folio Essais » no 566, 2012
prix de l'essai de l'Académie française 2001
  • Le Sentiment d'imposture, Calmann-Lévy, 2005 ; réédition, Gallimard, coll. « Folio essais » no 515, 2009
grand prix de l'essai de la Société des gens de lettres

Récits, poèmes, nouvelles[modifier | modifier le code]

Collaboration avec des plasticiens[modifier | modifier le code]

Esthétique et critique littéraire[modifier | modifier le code]

  • Philosophies de la musique, 1752-1789, Klincksieck, 1990 (ISBN 2-87841-050-5)
  • La Réception des opéras de Mozart, 1793-1829, Klincksieck, 1991 (ISBN 2-252-02800-9)
  • Musique et littérature au XVIIIe siècle, PUF, coll. « Que sais-je ? » no 3336, 1998 (ISBN 2-13-048884-6)
  • Narrations de la vie intérieure, PUF, coll. « Perspectives littéraires », 2001 (ISBN 2-13-052264-5)
  • "L'Œuvre" de Zola (étude critique), Gallimard, coll. « Foliothèque » no 104, 2002 (ISBN 2-07-041409-4)

Éditions[modifier | modifier le code]

  • Dictionnaire des mots manquants, Belinda Cannone & Christian Doumet (dir.), éd. Thierry Marchaisse, 2016 (ISBN 978-2-36280-094-8)
  • Dictionnaire des mots en trop, Belinda Cannone & Christian Doumet (dir.), éd. Thierry Marchaisse, 2017 (ISBN 978-2-36280-193-8)
  • Dictionnaire des mots parfaits, Belinda Cannone & Christian Doumet (dir.), éd. Thierry Marchaisse, 2019

Distinction[modifier | modifier le code]

Le , Belinda Cannone est nommée chevalier de l'ordre national de la Légion d'honneur[12].

Références[modifier | modifier le code]

  1. Page personnelle de Belinda Cannone.
  2. « Conférence "Quel féminisme pour aujourd'hui ?" · Université de Caen Normandie », sur Université de Caen Normandie (consulté le )
  3. (en) « These in HISTOIRE MUSICALE : 18e siècle », sur diffusiontheses.fr
  4. a et b Catherine Vincent, « L’écrivaine Belinda Cannone, un bel appétit d’égalité », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  5. Raphaëlle Rérolle, « Belinda Cannone : "On entend trop" », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  6. Buata B. Malela, « De la bêtise et du conformisme comme forme de stéréotype dans la littérature de Belinda Cannone », dans d’Aleksandra Komandera, Andrzej Rabsztyn et Magdalena Zdrada-Cok (dir.), Stéréotypes, idées reçues et lieux communs dans les littératures d’expression française, Romanica Silesiana, no 2 (16), 2019, p. 262-272.
  7. a b et c Eve Beauvallet, « Belinda Cannone, précieuse pas ridicule », Libération,‎ (lire en ligne, consulté le )
  8. Alma éditeur.
  9. « « Le jour où les femmes se sentiront autorisées à exprimer leur désir, elles ne seront plus des proies » », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  10. « « L’amour est bouleversé par la nouvelle place du désir dans nos existences » », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  11. Thèse de Belinda Cannone sur le catalogue du SUDOC
  12. « Portrait de la semaine : Belinda Canonne reçoit la Légion d'honneur ».

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]