Attentat à la garderie de Laval

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Attaque à la garderie de Laval
Localisation 2, Terrasse Dufferin, Laval, Québec, Canada
Cible Civils
Coordonnées 45° 37′ 42″ nord, 73° 46′ 55″ ouest
Date
h 30 (HNE)
Type Attaque à la voiture-bélier
Armes Autobus
Morts 2
Blessés 6
Auteurs Pierre Ny St-Amand
Participants 1

Carte

L'attaque à la garderie de Laval a lieu le où un chauffeur d'autobus a foncé volontairement sur une garderie à Laval, Canada[1]. Le suspect a percuté une garderie avec un autobus de la Société de transport de Laval (STL), tuant deux enfants et en blessant six autres[2]. Le suspect, qui est considéré comme ayant agi seul[3], a été inculpé de meurtre au premier degré, de tentative de meurtre[4], et de conduite dangereuse[5].

Incident[modifier | modifier le code]

Le matin du mercredi 8 février 2023, des parents déposaient leurs enfants à la Garderie Éducative de Sainte-Rose sur la Terrasse Dufferin, un cul-de-sac du quartier Sainte-Rose à Laval. Des autobus de la ligne 151 de la Société de Transport de Laval circulent régulièrement sur cette route, faisant demi-tour au rond-point au bout de la route pour se rendre à l'arrêt d'autobus près de la garderie[6].

Vers 8 h 30 HNE, des témoins ont entendu pour la première fois un autobus conduit par le chauffeur Pierre Ny St-Amand faire tourner son moteur. L'autobus a tourné brusquement dans l'allée de la garderie et s'est dirigé à 30 ou 40 kilomètres à l'heure droit vers la partie du bâtiment où se rassemblent les enfants de quatre et cinq ans. L'autobus a fracassé le mur extérieur de la garderie au moment de l'impact et a presque renversé des parties du toit[6].

Le conducteur est sorti du véhicule après l'accident et a commencé à se déshabiller en criant. Des témoins et des parents ont rapidement maîtrisé l'homme, tandis que d'autres se sont précipités dans le bâtiment pour sortir les enfants blessés alors que des morceaux du plafond tombaient au sol. La police et l'ambulance sont arrivées en quelques minutes. Le conducteur a été menotté et traîné nu et hystérique jusqu'à la voiture de police. Des témoins l'ont décrit comme n'étant pas dans son bon sens[6],[7],[8].

Conséquences[modifier | modifier le code]

Deux garçons et deux filles ont été transportés à l'hôpital pour enfants Sainte-Justine à Montréal; trois autres ont été transportés à l'hôpital de la Cité-de-la-Santé à Laval. Les enfants indemnes ont été emmenés à l'école primaire voisine où la police et les travailleurs de la garderie ont calmé les enfants. Les parents paniqués qui se sont présentés sur le site de l'accident bloqué ont été dirigés vers l'école et ont dû attendre deux heures pour que les identités soient confirmées. Les parents des enfants blessés ont été sortis de la pièce et informés de l'état de leurs enfants, et les autres parents ont dit que leurs enfants étaient en sécurité[6].

À midi, la police a annoncé qu'un enfant avait été déclaré mort sur les lieux, tandis qu'un autre est mort à l'hôpital. Les victimes ont ensuite été identifiées comme étant Jacob Gauthier, 4 ans, et Maëva David, 5 ans[9],[10],[11],[3].

Deux des quatre enfants âgés de trois à cinq ans accueillis à l'hôpital Sainte-Justine sont sortis le lendemain. L’autobus a été remorqué tard dans la soirée[12].

Un mémorial spontané avec des fleurs et des peluches est apparu le soir[6]. Les habitants se sont réunis en soirée pour se consoler à l'église paroissiale Sainte-Rose-de-Lima. Le lendemain matin, le premier ministre du Québec François Legault et les chefs des partis d'opposition provinciaux ont déposé des fleurs et exprimé leurs condoléances sur les lieux. Une minute de silence a été observée à l'Assemblée nationale du Québec et à la Chambre des communes du Canada. Des garderies partout au Québec ont arboré des drapeaux blancs en solidarité avec les sinistrés[12]. Dans la soirée, le premier ministre canadien Justin Trudeau et le maire de Laval Stéphane Boyer ont rendu hommage à la veillée avec des dizaines de personnes rassemblées devant l'église[13].

Accusé[modifier | modifier le code]

Contexte[modifier | modifier le code]

Le chauffeur de l'autobus a été identifié comme étant Pierre Ny St-Amand, âgé de 51 ans. Né au Cambodge, il a été adopté comme orphelin au lendemain du génocide cambodgien par une famille québécoise originaire du Nouveau-Brunswick. Il a grandi à Sept-Îles, sur la Côte-Nord[14]. Il travaillait pour le STL depuis 10 ans et n'avait aucune condamnation pénale antérieure[8]. L'association québécoise représentant les garderies privées a confirmé qu'il n'avait aucun lien avec la garderie[6]. Selon les autorités sanitaires, St-Amand n'était pas sur une liste d'attente pour les services de santé mentale[12].

Poursuite judiciaire[modifier | modifier le code]

St-Amand a été arrêté sur les lieux et a été accusé de deux chefs de meurtre au premier degré, de tentative de meurtre, de deux chefs de voies de fait graves et de quatre chefs de voies de fait avec une arme causant des lésions corporelles[3],[5].

La Sûreté du Québec a menotté et arrêté l'accusé à son arrivée, le traînant nu jusqu'à la voiture de police. Des témoins ont déclaré que St-Amand criait de manière inintelligible avec ses yeux exorbités, et qu'il "n'était pas dans son bon sens" et "était dans un monde différent"[12]. Il a été transporté à l'hôpital du Sacré-Cœur de Montréal pour soigner ses blessures.

Dans la soirée, St-Amand a comparu devant un juge depuis son lit d'hôpital par visioconférence sous contrôle policier, refusant de s'exprimer. Il a été condamné à subir une évaluation psychiatrique[12]. St-Amand aurait frappé un policier lors de l'audience[15].

Le 17 février 2023, le juge de la Cour supérieure du Québec Carol Richer a ordonné une nouvelle évaluation psychiatrique par l'Institut Philippe-Pinel, afin de voir si l'accusé comprend les procédures judiciaires et s’il est ainsi apte à subir son procès. St-Amand s'est présenté échevelé au palais de justice de Laval, accompagné de quatre constables spéciaux qui lui ont tenu les bras pendant les débats. Son avocat, Me Julien Lespérance Hudon, a affirmé qu'il ne pouvait parler qu'occasionnellement avec son client, car il retombait dans un état d'incommunicabilité[16].

Le 24 février 2023, l'accusé a été jugé apte à subir son procès[17]. St-Amand s'est montré beaucoup plus alerte et réactif que lors de l'audience précédente[18]. Cependant, alors que la poursuite et la défense sont convenus que le rapport psychiatrique indiquait que St-Amand était en mesure de comprendre la procédure, ils ont également noté des éléments de preuve dans le rapport justifiant une autre évaluation psychiatrique pour déterminer s'il souffrait d'un trouble mental au moment du crash[19]. Le juge Marc-André Dagenais a ordonné une deuxième évaluation psychiatrique pour déterminer si l'accusé était criminellement responsable au moment de l'accident et a ordonné que le rapport psychiatrique soit scellé. La prochaine date d'audience a été fixée au 28 mars.

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Two children dead, 6 others seriously injured after city bus crashes into a daycare north of Montreal | The Star », Toronto Star (consulté le )
  2. (en-CA) « Two children dead after city bus crashes into Quebec daycare, driver charged », National Post (consulté le )
  3. a b et c (en) Luca Caruso-Moro, « 2 children dead, 6 injured after city bus crashes into daycare in Montreal suburb Laval, driver arrested », CTV News (consulté le )
  4. « CityNews », montreal.citynews.ca (consulté le )
  5. a et b (en) Morgan Lowrie, Stephane Blais, « Driver charged with homicide after two children killed when bus crashed into Quebec daycare », Canada's National Observer, (consulté le )
  6. a b c d e et f (en) « Witnesses describe how the Quebec daycare bus crash unfolded, moment by moment » [archive du ], CTV News Montreal, (consulté le )
  7. (en) Matthew Lapierre, « Questions swirl after Laval, Que. bus crash. Here's what we know so far », CBC, (consulté le )
  8. a et b (en) « Quebec bus driver ‘stripped naked’ after daycare crash that killed two kids – live », The Independent, (consulté le )
  9. « Jacob Gauthier avis de décès - Rosemère, QC », Dignity Memorial (consulté le )
  10. « Drame de Laval: Lettre des parents de Maëva David », La Presse,‎ (lire en ligne, consulté le )
  11. (en) Nancy Wood, « 2nd victim of Laval daycare crash remembered as 'ray of sunshine' by her family », CBC.ca, (consulté le )
  12. a b c d et e (en) Luca Caruso-Moro, « White flags, stuffed animals mark deadly bus crash site at Laval daycare, premier offers condolences » [archive du ], CTV News Montreal, (consulté le )
  13. (en) « 'It's unimaginable': Trudeau meets with grieving families at Laval vigil » [archive du ], sur CTV News Montreal, (consulté le )
  14. Lila Dussault et Mayssa Ferah, « Drame à Laval: Le voisinage sous le choc », La Presse,‎ (lire en ligne, consulté le )
  15. « Tragédie à Laval: le suspect frappe un policier lors de sa comparution », TVA Nouvelles (consulté le )
  16. (en) Matthew Lapierre, « Bus driver accused of intentionally crashing into Laval, Que., daycare will undergo psychiatric evaluation » [archive du ], CBC News, (consulté le )
  17. (en) Mathew Lapierre, « Bus driver who crashed into Laval, Que., daycare found fit to stand trial » [archive du ], (consulté le )
  18. (en) Kalina Laframboise et Timothy Sargeant, « Laval bus driver charged in fatal daycare crash found fit to stand trial », Global News,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  19. (en) Daniel J. Rowe, « Laval bus driver deemed fit to stand trial, to undergo another psych exam » [archive du ], (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]