Antoine Joseph Lemarchant de Gomicourt

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Antoine Joseph
Lemarchant de Gomicourt
Fonctions
Député de la Somme (Conseil des Cinq-Cents), (Corps législatif), (Chambre introuvable)
sénateur (Sénat)
conseiller général et maire d'Albert
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Albert (Somme)
Date de décès (à 64 ans)
Lieu de décès Paris
Nationalité Drapeau de la France France
Parti politique courants : monarchiste puis bonapartiste puis légitimiste ultra
Profession Négociant

Antoine Joseph, chevalier Lemarchant de Gomicourt et de l'Empire né le ( à Albert décédé le à Paris), était un homme politique français des XVIIIe et XIXe siècles.

Biographie[modifier | modifier le code]

Partisan de l'Ancien Régime[modifier | modifier le code]

Antoine Joseph Lemarchant était le fils de Noël-Antoine Lemarchant et de Marie-Josèphe Audouart. Il fit ses études au collège de Juilly, et devint président au bureau des finances de la généralité d'Amiens.

Il occupait encore ces fonctions quand la Révolution éclata. M. Lemarchant de Gomicourt, opposé aux principes de la Révolution, émigra en 1792. Rentré en France l'année suivante, il fut arrêté et incarcéré : il resta en prison pendant la Terreur, et ne dut sa liberté qu'à la chute de Robespierre. Conservateur dans l'âme, il poursuivit sous le Directoire, le Consulat, l'Empire et la Restauration une carrière d'élu local et national, recevant des distinctions et remplissant des fonctions honorifiques jusqu'à sa mort.

Carrière politique[modifier | modifier le code]

Sous le Directoire, député au Conseil des Cinq Cents[modifier | modifier le code]

Il revint dans son pays et, peu après, fut élu[1] député de la Somme au Conseil des Cinq-Cents, le 20 vendémiaire an IV (1795). Il réussit dès son arrivée par faire annuler la nomination de Barère.

Sa coopération aux travaux du Conseil fut, jusqu'au , à peu près inaperçue ; mais dans la séance de ce jour, il fixa sur lui l'attention publique. À la même période, les clichiens, contrariés par l'établissement du cercle constitutionnel, ne pouvaient contenir l'expression de leur mécontentement.

Lemarchant de Gomicourt, ennemi déclaré des principes du jacobinisme, saisissant l'à-propos du message du Directoire relatif aux primes à accorder aux chasseurs-louvetiers, fit un rapport sur la destruction des loups. Il trouva plaisant de mettre, dans son rapport dont l'originalité égaya l'assemblée, en parallèle ces animaux dévorants avec les membres des sociétés populaires :

« Avant-hier, dit M. Lemarchant de Gomicourt, on vous a fait sentir la nécessité de remettre sous vos yeux le message du directoire relatif aux sociétés populaires ; aujourd'hui je viens prier le conseil de statuer sur un autre message, relatifs la destruction des loups. Là, c'est une discussion qui intéresse les amis de l'ordre et du gouvernement ; ici, vous aurez à prononcer en faveur des moutons, contre une race justement abhorrée, celle des loups. Des renseignemens postérieurs au premier rapport que je vous ai soumis, ont instruit votre commission que ces animaux féroces commencent à donner de justes inquiétudes ; que voyant, sans doute, quelques moutons (ndlr : les clichiens) se réunir, ils ont cru devoir en faire autant. Mais, citoyens, vous saurez protéger les porteurs de laine, et peut-être pour anéantir leurs ennemis adopterez-vous le projet de résolution que je présente à la discussion. »

L'allusion aux clubs politiques, des Jacobins notamment, plut fort aux clichiens, fit sourire de pitié ceux qui n'étaient pas de ce parti et fut même taxée de « fade plaisanterie déplacée et de mauvais goût »[2]. Le discours ne produisit pas tout l'effet que M. Lemarchant de Gomicourt s'était promis, et l'orateur ne jugea pas utile, dans les séances subséquentes, de répéter cet essai d'éloquence parlementaire. Malgré tout, sa plaisanterie ingénieuse excita la haine et la vengeance des Jacobins.

Le proscrit[modifier | modifier le code]

La lutte qui s'établit deux mois après entre les conseils et le directoire exécutif ne fut pas favorable à M. de Gomicourt, qui se trouva atteint avec plusieurs de ses collègues par la Révolution du 18 fructidor an V ( ). Suspecté de royalisme, il fut déporté, parvint à s'évader et resta quelque temps en Prusse, puis se rendit à l'île d'Oléron, où Bonaparte lui rendit la liberté ().

Un dirigeant local et national sous le Consulat et l'Empire[modifier | modifier le code]

Entièrement dévoué au Premier Consul, Lemarchant de Gomicourt devint, après le 18 brumaire, conseiller général de la Somme et maire d’Albert.

Le maire d’Albert fut présent aux cérémonies du sacre de Napoléon Ier[3].

Il fut candidat au Corps législatif en 1805, et fut élu par le Sénat conservateur, le , député de la Somme au Corps législatif, dont il fut secrétaire en 1813.

Fonctions honorifiques[modifier | modifier le code]

Nommé conservateur des forêts, fonctions qu'il occupa jusqu'à sa mort, membre de l'Académie des sciences d'Amiens en 1812, il fut créé chevalier de l'Empire et de l'Ordre de la Réunion le .

Sous la Restauration, député de la Chambre introuvable[modifier | modifier le code]

Lemarchant de Gomicourt adhéra cependant à la déchéance de Napoléon Ier et au rappel des Bourbons. Louis XVIII lui accorda, à la première Restauration des lettres de noblesse, la croix de chevalier de la Légion d'honneur le , et celle d'officier le suivant.

Rallié aux légitimistes, il fut élu, le , député du collège du département de la Somme, le [4]. Il fit partie de la majorité de la Chambre introuvable, fut nommé président de son collège électoral (1816), et fut réélu par le même collège, le 4 octobre[5], et le [6]. Il vota constamment avec les ultraroyalistes pour les lois d'exception, pour le nouveau système électoral, etc. Il ne fut pas réélu en 1824.

Lemarchant de Gomicourt dans la littérature[modifier | modifier le code]

Victor Hugo cite Lemarchant de Gomicourt dans le tome III des Misérables :

« Ces récits tragiques abondaient dans le salon de madame de T. ; et à force d'y maudire Marat, on y applaudissait Trestaillon. Quelques députés du genre introuvable y faisaient leur whist, M. Thibord du Chalard, M. Lemarchant de Gomicourt, et le célèbre railleur de la droite, M. Cornet-Dincourt. »

.

Fonctions, titres, distinctions[modifier | modifier le code]

Fonctions[modifier | modifier le code]

Titres[modifier | modifier le code]

Distinctions[modifier | modifier le code]

Décorations[modifier | modifier le code]

Règlement d'armoiries[modifier | modifier le code]

« De sable, au vaisseau à trois mâts d'argent, soutenu d'une mer de sinople; bordure d'azur du tiers de l'écu, chargée au deuxième point en chef du signe des chevaliers de l'Ordre impérial de la Réunion.[7] »

Pour approfondir[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Louis Gabriel Michaud, Biographie des hommes vivants : ou, Histoire par ordre alphabétique de la vie publique de tous les hommes qui se sont fait remarquer par leurs actions ou leurs écrits, vol. 4, L.G. Michaud, (lire en ligne) ;
  • Jean Chas, Biographie spéciale des pairs et des députés du royaume, session de 1818-1819 : contenant la vie politique de chacun d'eux jusqu'à ce jour. On y a joint, sous le titre de Supplément, une notice historique sur les nouveaux députés élus, Beaucé, , 580 p. (lire en ligne) ;
  • P.P, Biographie des députés composant la représentation nationale : pendant les sessions de 1820 à 1822, Plancher, , 338 p. (lire en ligne) ;
  • Jacques-Antoine Dulaure, Esquisses historiques des principaux évènements de la Révolution française : depuis la convocation des Etats-Généraux jusqu'au rétablissement de la maison de Bourbon, vol. 4, Éditions Baudouin, (lire en ligne) ;
  • Antoine Jay, Étienne de Jouy et Antoine-Vincent Arnault, Biographie nouvelle des contemporains : ou Dictionnaire historique et raisonné de tous les hommes qui, depuis la révolution française, ont acquis de la célébrité par leurs actions, leurs écrits, leurs erreurs ou leurs crimes, soit en France, soit dans les pays étrangers; précédée d'un tableau par ..., vol. 11, Librairie historique, (lire en ligne) ;
  • « Antoine Joseph Lemarchant de Gomicourt », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition], passage LELEU DE LA VILLE-AU-BOIS_LEMERER ;

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Par 153 voix sur 268 votants.
  2. Jacques-Antoine Dulaure, Esquisses historiques des principaux évènements de la Révolution française : depuis la convocation des Etats-Généraux jusqu'au rétablissement de la maison de Bourbon, vol. 4, Éditions Baudouin, (lire en ligne)
  3. Le Couronnement de Napoléon Premier, Empereur des Français : ou, Relation historique des cérémonies fêtes et réjouissances publiques que ont eu lieu à l'occasion du sacre et du couronnement de Leurs Mejestés Impériales, avec la liste nominative des fonctionnaires présents à cette solemnité, Guerin, , 438 p. (lire en ligne)
  4. Par 108 voix sur 183 votants et 259 inscrits
  5. Par 106 voix sur 186 votants et 252 inscrits.
  6. Par 248 voix sur 275 votants.
  7. Source : Armorial des Chevaliers de l'Ordre Impérial de la Réunion créés par Napoléon Ier en 1813 et 1814 - par M. Alcide Georgel - 1869. Texte téléchargé depuis le site de la Bibliothèque Nationale de France.