Andrée Bordeaux-Le Pecq

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Andrée Bordeaux-Le Pecq
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Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Andrée Simone Gabrielle Le PecqVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Formation
Maître
Fratrie
Distinction

Andrée Bordeaux-Le Pecq ( à Laval - à Paris[1]) est une artiste française, peintre, graveur et cartonnier de tapisseries.

Biographie[modifier | modifier le code]

Famille[modifier | modifier le code]

Originaire d'une famille angevine et bretonne, fille de Michel Le Pecq, née à Laval, Andrée Le Pecq termine ses études secondaires en Angleterre, d'où elle revient diplômée de l'université d'Oxford. Elle épouse en 1935 un jeune avocat originaire de Fougères et Saint-Malo, Jacques Bordeaux de Noyant, et vient habiter à Mayenne où elle crée un cours de dessin et de peinture. Son fils, Jean-Luc, naît en à Laval.

La Seconde Guerre mondiale la frappe durement[2] : exécution de son frère, le pilote de chasse Bernard Le Pecq, résistant entre Londres et la France, emprisonné par la Gestapo, puis fusillé à Paris en  ; captivité de son mari, Jacques Bordeaux de Noyant, parti à la guerre en comme officier du Cadre noir de Saumur, blessé et prisonnier pendant cinq années, et, en 1944, soumis aux expériences des « médecins » nazis.

Sa jeune sœur, Françoise, elle aussi résistante[3], épousera plus tard le comte Stanislas de Villèle qui fit une belle carrière diplomatique dans diverses ambassades[4], dont celles de Rome, Le Caire et Mexico.

L'artiste[modifier | modifier le code]

En 1940, élève d'Othon Friesz à l'Académie de la Grande Chaumière, Andrée Bordeaux-Le Pecq est influencée par Jacques Villon, Léopold Survage et surtout, plus tard, Jean Bazaine.

Elle participe après guerre à de nombreuses expositions, et obtient ses premières récompenses en qualité de peintre, graveur sur cuivre et cartonnier. Sa carrière artistique s'affirme et de nombreuses expositions, tant à Paris qu'à l'étranger (Bruxelles, Munich, Vienne, Genève, Florence, Rome, Ankara, Madrid, Barcelone, Dublin, Mexico, Rio de Janeiro, Belo Horizonte, Sao Paulo, Bangkok, Tokyo, et près d'une dizaine de villes des États-Unis dont New York) consacrent le talent d'une artiste délicate et sensible, bien que virile par la force de l'expression. Elle est inspirée tout d'abord par le sud-est de la France, la Provence, mais surtout par les côtes de la Bretagne et de la Normandie. Elle participe au Salon des artistes français, au Salon d'automne et au salon de Nika-Kaï à Tokyo. On distingue trois périodes dans sa production : une période réaliste, une période géométrique-cubiste et une période « peintre de la mer » légèrement abstraite et très colorée.

On note à son actif de nombreuses décorations murales de groupes scolaires (laves volcaniques émaillées et tapisserie d'Aubusson), à Laval, Tours, Blois, Caen, Lisieux et Saint-Brieuc. Elle fonde le premier musée français d'art naïf (musée du Vieux-Château) à Laval, ville natale du Douanier Rousseau. Elle a aussi travaillé pour le mobilier national (manufacture de Beauvais), exécuté de nombreux cartons de tapisserie pour Felletin à Aubusson et illustré de nombreux livres. Pierre Restany, Henry Galy-Carles, Raymond Cogniat, Jean-Jacques Lévêque, René Deroudille, Jean-Clarence Lambert et Jean Cassou ont écrit sur elle.

Parmi ses œuvres peintes les plus marquantes, on peut citer de nombreuses natures mortes, des scènes portuaires, des scènes très colorées de pêche côtière, des paysages mexicains, des scènes de neige, des portraits, des vues de Saint-Tropez, de Saint-Malo, de Paris, etc. Ses œuvres sont présentes dans de nombreux musées, à Paris, Vienne, São Paulo, Téhéran, Reykjavik, Tel Aviv, Phoenix (Arizona), Mexico, Rio de Janeiro, Djakarta et Tokyo.

Le salon "Comparaisons"[modifier | modifier le code]

Elle devient sociétaire du salon de mai à Paris, et chargée de mission auprès de Jean Cassou, un des écrivains les plus influents sur l'art de l'époque, conservateur en chef du musée national d'art moderne et fondateur du musée d'art moderne de la ville de Paris (palais de Tokyo).

En 1954, Andrée Bordeaux-le-Pecq est l'une des deux fondatrices du salon Comparaisons dont elle est élue présidente l'année suivante. Elle y est entourée d'un comité constitué d'artistes : Jacques de la Villegle, Rodolphe Caillaux, un vice-président, Robert G. Schmidt, François Baboulet comme trésorier, André Sablé, Paul Braig, Jean-Pierre Alaux, Maurice Boitel, Henri Cadiou, Bernard Mougin, Isidore Isou, Georges Delplanque, Jean Feugereux, un autre vice-président.

Pour contrebalancer l'art officiel institutionnalisé par André Malraux, elle élabore une véritable politique internationale des arts plastiques libres en invitant notamment des groupes de peintres d'Allemagne fédérale, d'Autriche, du Japon, du Mexique, d'Iran à exposer au musée d'art moderne avec les peintres français. Obtenant une totale réciprocité, elle permet à des peintres figuratifs, abstraits lyriques et géométriques de se faire connaître et de vendre un grand nombre d'œuvres peintes en France, au Japon, au Mexique et aux États-Unis, notamment en étendant les « prix Air France » dans ces pays.

En 1964, pour fêter les dix ans du salon, elle organise une grande exposition présentant les tendances du moment au musée d'art moderne. L'exposition est introduite par Jean Cassou. Pierre Restany et Michel Seuphor sont invités à présenter une sélection d'artistes d'avant-garde parmi les plus significatifs du moment (nouveau réalisme, art expérimental, etc.). Christo, Yves Klein, Martial Raysse, Niki de Saint Phalle, Armand, Daniel Spoerri, Aristide Caillaud, Leonor Fini, Max Ernst, Vasarely, Seuphor, Serge Poliakoff, Henri Michaux, Yaacov Agam, etc. y exposent leurs œuvres. Pendant deux ou trois semaines, des files de visiteurs s'étirent jusqu'à la place d'Iéna — du jamais vu à cette époque à Paris.

Décès[modifier | modifier le code]

Andrée Bordeaux-le-Pecq meurt en à Paris après un long combat contre des déficiences cardiaques.

Elle est inhumée au Cimetière de Vaufleury à Laval.

Expositions[modifier | modifier le code]

Expositions personnelles[modifier | modifier le code]

  • Galerie Stiebel, 30 rue de Seine, Paris, novembre-[5],[6].
  • Galerie Paul Ambroise, Paris[7].
  • Claude Robert, commissaire-priseur à Paris, Hommage à Andrée Bordeaux-Le Pecq, Hôtel Drouot, Paris, [8].

Expositions collectives[modifier | modifier le code]

Réception critique[modifier | modifier le code]

« Voilà de l'art complet, je veux dire que ces paysages de Bretagne, où le figuratif voisine souvent l'abstrait, sont à la fois solidement charpentés et profondément sentis. Et quelle hardiesse dans ne choix des tons rares ne versant jamais dans la préciosité. Ces toiles, lentement, patiemment amenées à leur point de tendre épanouissement, sont un enchantement constant. »

— Henri Héraut[5]

« Sa perspective linéaire est classique, mais elle morcelle les formes de manière à donner l'impression d'un échafaudage entourant un édifice achevé. La variété des couleurs, dans ses tableaux, évoque plus un sentiment de bigarrure que de gaieté. Les objets sont parfois difficiles à identifier. Elle peint à l'atelier en s'inspirant d'aquarelles exécutées sur nature. »

— Revue Connaissance des arts[6]

« A la suite d'Othon Friesz, cette Bretonne très attachée à son terroir celte s'initia à l'art classique et réaliste. Première période raisonnable et studieuse. Puis la découverte de Jacques Villon entraîna Andrée Bordeaux-Le Pecq dans l'aventure cubiste : elle se plia à une rigoureuse construction géométrique, fractionnant les formes, sans jamais abandonner le sens du réel ni le dessin figuratif. Loin de dévier vers l'abstraction, la manière de l'artiste s'est ensuite transformée dans une synthèse de coloriste qui devait dominer les dernières années de son œuvre. »

— Françoise de Perthuis[8]

« À l'inverse de la plus grande partie des peintres de sa génération qui ont livré du cubisme une leçon qui aboutirait à une abstraction froide et rituelle, Bordeaux-Le Pecq a médité le cubisme et y a cherché une ouverture qui l'amènerait à une nouvelle conception de la figuration. C'est cette prise de conscience qui l'a conduite à imposer à son œuvre le souci d'une construction à la fois rigoureuse et sensible. »

— Jean-Clarence Lambert[12]

« Ce qui frappe dès le prime abord dans le tempérament de Bordeaux-Le Pecq, c'est un air de franchise et de liberté. Cette artiste est ouverte aux impressions de la nature, toujours disposée à en accueillir l'immédiate et simple véhémence. Et comme elle est très peintre, très coloriste, elle sait qu'aux impressions directes doivent succéder les élaborations sur la toile, et c'est alors que commence ce qui pour sa conscience d'artiste est l'essentiel : la mise en œuvre de ces impressions, leur organisation ou désorganisation pour obtenir une image neuve singulière, et si distante du spectacle initial qu'elle rejoint les confins de l'abstrait. »

— Jean Cassou[12]

« Une œuvre de coloriste sachant trier et organiser ses impressions pour aboutir à une composition qui, sous l'ordonnance, garde fraîche la sensation éprouvée devant un coin de nature. »

— Gérald Schurr[13]

Collections publiques[modifier | modifier le code]

Collections privées[modifier | modifier le code]

Livres illustrés[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Relevé des fichiers de l'Insee
  2. « notice LE PECQ Bernard, Michel, Aubert par Jean-Pierre Besse, Dominique Tantin , version mise en ligne le 4 novembre 2015, dernière modification le 2 octobre 2022. »
  3. « Françoise Marie Thérèse Le Pecq épouse de Villèle - Les Français Libres », sur www.francaislibres.net (consulté le )
  4. « Stanislas Villele de », sur Le Monde diplomatique (consulté le )
  5. a et b Hanri Héraut, « Bordeaux-Le Pecq », Journal de l'amateur d'art, n°200, 25 novembre 1957, p. 9.
  6. a et b « Les peintres dans les galeries contemporaines - Les re-constructions de Bordeaux-Le Pecq », Connaissance des arts, n° 70, décembre 1957, p. 157.
  7. Andrée Bordeaux-Le Pecq, « interview à propos de son exposition à la galerie Ambroise », émission Arts d'aujourd'hui, France Culture, 3 décembre 1966.
  8. a et b Françoise de Perthuis, « Hommage à Andrée Bordeaux-Le Pecq », La Gazette de l'Hôtel Drouot, n°20, 16 mai 1980, page 8.
  9. Le pétrole vu par cent peintres, Éditions du Musée de la mode de la ville de Paris, 1959.
  10. Musée San Telmo, Premier Salon Biarrite - San Sebastian : École de Paris, peinture, sculpture, présentation de l'exposition, 1965
  11. Centre Cristel éditeur d'art, Bateaux ivres, bateaux bleus, présentation de l'exposition, 2018
  12. a et b Cité par Claude Robert, Catalogue de la vente de l'atelier André Bordeaux-Le Pecq, Hôtel Drouot, 9 juin 1980.
  13. Gérald Schurr, Le guidargus de la peinture, Les Éditions de l'Amateur, 1981, p. 69.
  14. Chalot et Associés, Fécamp, catalogue collection et succession Jef Friboulet, 3 juillet 2021.
  15. Avec un portrait de l'auteur par Jean Cocteau. Illustrations originales de Edy Legrand, Walter Spitzer, Yvette Alde, Cassigneul et Bordeaux le Pecq, reproduites en couleurs et en pleine page.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Yves Sjoberg, Bordeaux Le Pecq. Paris, Éditions Chassard, 1961.
  • René Barotte, Andrée Bordeaux-Le Pecq. Les Cahiers d'Art - Documents 233, Éditions Pierre Cailler, Genève, 1966.
  • René Huyghe et Jean Rudel, L'Art et le monde moderne, Larousse, 1970.
  • Bordeaux Le Pecq. Catalogue de la vente de l'atelier de l'artiste le lundi à l'Hôtel Drouot par Me Claude Robert, commissaire-priseur, 5 avenue d'Eylau à Paris XVIe.
  • Gérald Schurr, Le Guidargus de la peinture. Les Éditions de l'Amateur, 1981.
  • Patrick-F. Barrer, L'Histoire du Salon d'Automne de 1903 à nos jours, Les éditions Arts et Images du Monde, Paris 1992.
  • Lydia Harambourg, L'École de Paris, 1945-1985, Dictionnaire des peintres, Ides et Calendes, 1993.
  • Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, Gründ, 1999, vol.2.
  • Jean-Pierre Delarge, Dictionnaire des arts plastiques modernes et contemporains, Gründ, 2001 (voir p. 148).

Liens externes[modifier | modifier le code]