Agathe Dyvrande-Thévenin

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Agathe Dyvrande-Thévenin
Fonction
Présidente
Fédération internationale des femmes des métiers juridiques (d)
-
Biographie
Naissance
Décès
Père
Ernest Dyvrande (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Agathe Dyvrande-Thévenin, née le à Baugé et morte le à Fontenay-aux-Roses, est une des premières avocates françaises. Elle défend les droits des femmes, en particulier leur accès aux carrières juridiques et au droit de vote. En 1928, elle est l’une des fondatrices de la Fédération internationale des femmes magistrats et avocats.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse et formation[modifier | modifier le code]

Agathe Dyvrande est née le 2 décembre 1885 à Baugé[1]. Son père, Ernest Dyvandre, est avocat puis procureur de la République[2].

Elle fait des études à la faculté de droit de Paris où elle obtient une licence en juillet 1907[2].

Elle épouse Henri Thévenin, ingénieur civil inspecteur au chemin de fer du Nord[3].

Accès à la profession d'avocate[modifier | modifier le code]

Depuis le 1er décembre 1900, les femmes sont autorisées à être avocates et Agathe Dyvrande-Thévenin prête serment au Barreau de Paris le 6 novembre 1907[2],[4]. Elle est, avec Maria Vérone et Suzanne Grinberg, une des premières à s'engager dans cette voie ouverte par Jeanne Chauvin. Cependant la loi de 1900 établit une inégalité entre les avocats des deux sexes, les femmes n'étant pas autorisées à accéder à la magistrature[5]. D'autre part, le parcours des premières femmes avocates n'est pas simple : « Je me réjouis de voir le Palais, faire aux femmes la place qu’elles méritent. Au temps béni de mon stage, elles avaient de graves difficultés à vaincre : vous en souvient-il, Maria Vérone, Agathe Dyvrande, Suzanne Grinberg (Jean Python) »[4],[6].

En décembre 1910, elle obtient son doctorat, avec une mention très bien et les félicitations du jury, pour sa thèse intitulée « Le Bien de famille, étude juridique de la loi du 12 juillet 1909"[2] .

En 1918, elle défend l'institutrice Hélène Brion qui comparaît devant le Conseil de guerre, accusée de trahison et de faire du pacifisme sous couvert de féminisme et son co-accusé, le soldat Mouffard, suspecté d’avoir fait circuler de la propagande pacifiste au front[2],[7]. Hélène Brion est condamnée à 3 ans de prison et Mouffard à 6 mois[2],[8].

En 1911, alors qu'elle est avocate et secrétaire d'un magistrat de la Cour de cassation, sa demande d'admission au stage lui est refusée par le Conseil de l’ordre des avocats à la Cour de Cassation et au Conseil d’Etat[2].

Droits des femmes[modifier | modifier le code]

Agathe Dyvrande-Thévenin se déclare féministe, dès sa prestation de serment, « Je suis féministe comme toutes les femmes le sont ou devraient l’être, c’est-à-dire pour l’accession de toutes les femmes aux carrières compatibles avec les conditions de leur sexe »[2]. Elle défend les droits des femmes en général ainsi que leur droit de vote. Elle avance également des revendications juridiques pour la reconnaissance du travail non rémunéré effectué par les femmes au sein du foyer et pour une protection internationale de la maternité[9].

En 1926, elle prend la présidence du groupement amical des avocates de France[2] et, en 1928, elle participe à la fondation de la Fédération internationale des femmes magistrats et avocats (FIFCJ) avec Vera Poska-Grünthal, Clara Campoamor, Marcelle Kraemer- Bach (France) et Margarete Berent. La FIFCJ a pour objectif de favoriser l'accès des femmes aux carrières et aux études juridiques et de défendre les droits des femmes de façon générale par la voie juridique. Agathe Dyvrande-Thévenin en est la première présidente et son rôle est salué par ses paires pour son efficacité dans la construction d'une solidarité au-delà des frontières[9].

Très rapidement, en 1929, avec Marcelle Kraemer-Bach, Agathe Dyvrande-Thévenin demande au Ministre de la justice que les femmes puissent être juges dans les tribunaux pour enfants en France, se basant sur un cas en Pologne, demande soutenue par le député Pierre Cathala[10],[2]. Les tribunaux pour enfants existent depuis 1912 et les féministes considèrent qu'ils pourraient être une étape vers d'autres fonctions dans la magistrature[5]. Il faudra cependant attendre 1946 pour que les femmes puissent accéder à la magistrature[10].

En 1948, son nom est évoqué, avec ceux d'Aimé Borrel, Marie-Thérèse Moreau, Hélène Campinchi et Lucile Tinayre-Grenaudier pour être la première femme à siéger au Conseil de l'Ordre des avocats[11].

En 1947, elle est la doyenne des avocats, dans l’ordre d’inscription du barreau (44 ans de barreau)[2]

Elle décède le 22 décembre 1977 à Fontenay-aux-Roses[1].

Honneurs[modifier | modifier le code]

Agathe Dyvrande-Thévenin est nommée chevalier de la Légion d’Honneur en 1934[2].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b « Acte de naissance no 54 (vue 51/155) de Agathe Berthe Sophie Dyvrande du registre des naissances de la décennie 1883-1892 de la commune de Baugé (Maine-et-Loire) », sur Archives départementales de Maine-et-Loire, (consulté le ) - Note. Acte de naissance rédigé le 3 décembre 1885 et elle est née hier. Avec mention marginale de son décès le 22 décembre 1977 à Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine).
  2. a b c d e f g h i j k et l Musée du Barreau de Paris, « Zoom sur Me Agathe Dyvrande », sur Musée du Barreau de Paris (consulté le )
  3. Cindy Geracy, « Agathe Dyvrande-Thevenin », sur memoire.avocatparis.org (consulté le )
  4. a et b Anne Laure Catinat, « La féminisation du barreau de Paris de 1900 à 1939 », dans Femmes et justice pénale : XIXe – XXe siècles, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », , 353–361 p. (ISBN 978-2-7535-2488-0, lire en ligne)
  5. a et b (en) Sara L. Kimble et Marion Röwekamp, New Perspectives on European Women's Legal History, Routledge, (ISBN 978-1-317-57715-7, lire en ligne)
  6. Hélène Duffuler-Vialle, « [Le point sur...] Numéro spécial "Femmes Avocates : Égalité et sororité" - La dévirilisation de l’office d’avocat : la loi du 1er décembre 1900 », La lettre juridique, mars 2023,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. « Avrane (C.), Hélène Brion, une institutrice féministe | Archives du Féminisme », sur www.archivesdufeminisme.fr (consulté le )
  8. Claude Mesmin et Sonia Bressler, 100 ans de luttes pour l'égalité: Diplômées 272-273, BoD - Books on Demand, (ISBN 979-10-97042-55-4, lire en ligne)
  9. a et b (en) Sara L. Kimble, « Political Engagement by ‘apolitical’ Female European Lawyers: The International Federation of Women Judges and Lawyers, 1928 – 1956 », Clio@Themis. Revue électronique d'histoire du droit, no 25,‎ (ISSN 2105-0929, DOI 10.4000/cliothemis.4358, lire en ligne, consulté le )
  10. a et b Sara L. Kimble, « "For the Family, France, and Humanity": Authority and Maternity in the Tribunaux pour Enfants », Proceedings of the Western Society for French History, vol. 31,‎ (ISSN 2573-5012, lire en ligne, consulté le )
  11. « Elections au Palais », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  12. Société d'histoire littéraire de la France, « Souvenirs de Parisiennes en temps de guerre... », sur Gallica, Revue d'histoire littéraire de la France, (consulté le ), p. 691