Abri Anton

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Abri Anton
Image illustrative de l’article Abri Anton
Coquillage décoré découvert dans l'abri Anton
Localisation
Pays Drapeau de l'Espagne Espagne
Communauté autonome Région de Murcie
Municipalité Mula
Coordonnées 38° 03′ 52″ nord, 1° 29′ 47″ ouest
Géolocalisation sur la carte : région de Murcie
(Voir situation sur carte : région de Murcie)
Abri Anton
Abri Anton
Géolocalisation sur la carte : Espagne
(Voir situation sur carte : Espagne)
Abri Anton
Abri Anton
Histoire
Époque Paléolithique moyen et supérieur

L'abri Anton est un abri sous roche et un site préhistorique situé dans la municipalité de Mula, dans la région de Murcie, en Espagne. Il a livré une occupation moustérienne allant jusqu'à 37 000 ans avant le présent, l'une des plus récentes connues à ce jour.

Situation[modifier | modifier le code]

L'abri Anton est situé à environ 60 km de la côte méditerranéenne, au pied d'une falaise de 25 m de haut, sur la rive droite de la rivière Mula (es), un affluent de la Segura. Il se trouve sur la rive actuelle du lac de retenue de Cierva[1],[2].

Historique[modifier | modifier le code]

Les premières fouilles, en 1991, ont mis au jour les traces d’une occupation humaine préhistorique. Lors de nouvelles fouilles en 2007 et 2008, un coquillage coloré artificiellement a été découvert.

Description[modifier | modifier le code]

L'abri Anton est un grand abri sous roche creusé par la rivière Mula. Il présente une séquence stratigraphique moustérienne de plus de 4 mètres d'épaisseur, constituée de sédiments déposés par la rivière. Les vestiges archéologiques sont toutefois peu nombreux avant d'arriver à la couche supérieure, ce qui reflète une occupation humaine probablement sporadique.

Datation[modifier | modifier le code]

La couche la plus haute (niveau I-k) a été datée en 2010 par le chercheur portugais João Zilhão, par datation par le carbone 14 de charbons de bois, de 37,4 ka calibrés avant le présent (calAP)[3].

Selon une autre datation réalisée en 2017 par João Zilhão, la couche I-k est âgée de 37,1 ka calAP tout au plus, ce qui fait de l'abri Anton l'un des sites connus les plus récents à avoir livré des traces de l'Homme de Néandertal[4].

Industrie lithique[modifier | modifier le code]

L'abri a livré une industrie lithique moustérienne[5].

Coquillage[modifier | modifier le code]

On a trouvé dans la couche I-k de l'abri Anton un coquillage de pecten, perforé d'un trou de 6 mm de diamètre, coloré sur sa face externe avec un pigment orange, mélange de goethite jaune et d'hématite rouge, tandis que sa face interne portait sa couleur rouge naturelle. Ce coquillage a dû être rapporté de la côte, éloignée d'environ 60 km[3].

Analyse[modifier | modifier le code]

João Zilhão et son équipe ont interprété le coquillage coloré comme un probable ornement corporel, et donc comme la trace d'un usage « esthétique et probablement symbolique ». Cette découverte et une autre similaire faite à l'abri des Avions (es), aussi dans la région de Murcie, ont conduit João Zilhão et son équipe à suggérer en 2010 l'existence d'une pensée symbolique chez l'Homme de Néandertal, comparable à celle d'Homo sapiens[3].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (es) « Yacimientos de Mula: Prehistoria: El medio natural », sur regmurcia.com (consulté le )
  2. (es) « Reportajes:Tres investigadoras de la UM participan en un estudio que asemeja la capacidad intelectual de los Neandertales con los primeros humanos », sur um.es (consulté le )
  3. a b et c Zilhão et al. 2010.
  4. Zilhão et al. 2017.
  5. (es) « Yacimientos de Mula: Prehistoria: Industria lítica », sur regmurcia.com (consulté le ).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Michael Balter, « Neandertal Jewelry Shows Their Symbolic Smarts », Science, vol. 327,‎ , p. 255-256 (lire en ligne)
  • (en) João Zilhão, Diego E. Angelucci, Ernestina Badal-García, F. D'Errico, F. Daniel, L. Dayet, K. Douka, T. F. G. Higham, M. J. Martínez-Sánchez et R. Montes-Bernárdez, « Symbolic Use of Marine Shells and Mineral Pigments by Iberian Neandertals », Proceedings of the National Academy of Sciences USA, vol. 107,‎ , p. 1023-1028 (lire en ligne).
  • (en) João Zilhão, Daniela Anesin, Thierry Aubry, Ernestina Badal, Dan Cabanes, Martin Kehl, Nicole Klasen, Armando Lucena, Ignacio Martín-Lerma et Susana Martínez, « Precise dating of the Middle-to-Upper Paleolithic transition in Murcia (Spain) supports late Neandertal persistence in Iberia », Heliyon, vol. 3, no 11,‎ (lire en ligne).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]