Abderrahmane Taleb

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Abderrahmane Taleb
Biographie
Naissance
Décès
(à 28 ans)
Alger (Algérie)
Pseudonyme
Mohand AkliVoir et modifier les données sur Wikidata
Allégeance
Formation
Activité
Autres informations
Unité
Conflit
Vue de la sépulture.

Abderrahmane Taleb (en kabyle : ⵎoⵀⴰⵏⴷ ⴰⴽⵍⵉ), aussi connu sous son pseudonyme de guerre Mohand Akli[1], né le dans la Casbah d'Alger, était l’artificier de la Zone autonome d'Alger durant la bataille d'Alger. Il est guillotiné le à la prison de Barberousse (actuelle prison de Serkadji) à Alger.

Biographie[modifier | modifier le code]

Né à Sidi Ramdane dans la casbah d'Alger d'une famille originaire de Port-Gueydon en Kabylie, Taleb Abderrahmane a fréquenté l'école Fateh, puis l'école Sarrouy à Soustara où il a entre autres comme maître Mohand Lechani avant de rejoindre le collège Guillemin, actuellement lycée Okba, à Bab El Oued où la discrimination raciale ambiante l'oblige à quitter l'établissement et à continuer ses études dans des institutions privées.

Il se présente en candidat libre à l'université d'Alger. Reçu, il s'inscrit à la faculté des sciences afin de poursuivre des études en chimie.

À l'appel du FLN, il quitte les bancs de la faculté pour se consacrer à la cause nationale et rejoint le maquis en 1956, dans la wilaya III.

Puis, à la suite de l'attentat de la rue de Thèbes perpétré le 10 août 1956 par l'ORAF (groupe terroriste anti-indépendantiste) contre les populations civiles algériennes de la casbah, l’étudiant en chimie est affecté à la Zone autonome d'Alger pour fabriquer des explosifs dans des laboratoires de fortune.

En compagnie de Rachid Kouache, il va monter un atelier clandestin à l'impasse de la grenade dans la Casbah puis un autre à la villa des Roses à El Biar. Mais le , une étincelle va provoquer une explosion qui tue accidentellement son ami et attire l'attention des militaires français sur ses activités. Il trouve alors refuge auprès de ses frères de combat dans les montagnes de Chréa.

Arrestation, condamnations à mort et exécution[modifier | modifier le code]

Activement recherché, il est appréhendé en [2] au sud de Blida par le 3e RPC. Considéré comme l'artificier du « réseau bombes » de Yacef Saâdi, il est condamné à la peine de mort par le tribunal permanent des forces armées d'Alger à trois reprises : le 15 juillet (en même temps que Djamila Bouhired, Djamila Bouazza et Abdelghani Marsali), le 19 octobre et le 7 décembre 1957 (en même temps qu'Abdelkader et Jacqueline Guerroudj). En dépit de la mobilisation de nombreuses personnalités (Jean-Paul Sartre, François Mauriac, Henri Lévy-Bruhl, Francisque Gay, Maurice Duverger, Henri Laugier, Pierre Emmanuel etc.) en sa faveur, le président René Coty refuse de le gracier et il est guillotiné le 24 avril 1958, avant le lever de l'aube, dans la cour de la prison de Barberousse. À l'imam désigné par l'administration coloniale pour lui lire la Fatiha en ce jour fatidique, il dit : « Prends une arme et rejoins le maquis! » ou, selon une autre version, « Pose ce livre, prend un fusil et va rejoindre le FLN »[3],[4]. L'imam, resté bouche bée devant de telles paroles, finira par rejoindre le maquis quelques mois plus tard et mourut martyr (chahid) au champ d'honneur[5].

Suites[modifier | modifier le code]

Représailles[modifier | modifier le code]

Le , dans l'après-midi, le FLN fait publier à Tunis le communiqué suivant : « Le , le tribunal spécial de l'Armée de libération nationale siégeant sur le territoire algérien a condamné à mort, pour tortures, viols et assassinats, perpétrés contre la population civile de la mechta de Ram-El-Souk (région de La Calle), les militaires français dont les noms suivent : Decourtreix René du 23e régiment d'infanterie, Richomme Robert du 23e régiment d'infanterie, Feuillebois Jacques du 2e spahis algériens. La sentence a été exécutée le au matin »[6]. Le Monde voit dans ces exécutions de soldats français datées du lendemain de celle d'Abderrahmane Taleb « une vengeance »[7] tandis que Sylvie Thénault notent le « parfait mimétisme » entre les deux évènements : « accusation criminelle, traduction devant un tribunal, sentence de mort, exécution ». Raphaëlle Branche, qu'elle cite, émet pour sa part l'hypothèse que les soldats français seraient peut-être morts auparavant, d'une autre façon et que le communiqué reveterait donc un caractère purement opportun. Quoi qu'il en soit, une cérémonie funèbre en leur honneur est organisée le 13 mai 1958 devant le monument aux morts d'Alger. Une fois la cérémonie terminée, la foule, arranguée par le leader étudiant Pierre Lagaillarde et Robert Martel, se dirige jusqu'au gouvernement général (abandonné depuis trois jours par le ministre résident, Robert Lacoste) et le prend d'assaut. Ce coup d'État, rapidement récupéré par les gaullistes et les militaires, précipite la chute de la IVe république française et l'établissement de la Ve[8].

Lunettes d'Abderrahmane Taleb[modifier | modifier le code]

Ses lunettes, si caractéristiques, confisquées peu de temps avant son exécution par l'adjoint et fils du bourreau Maurice Meyssonnier, Fernand Meyssonnier, sont conservées « en souvenir » par ce dernier jusqu'à sa mort en 2008. Avant cette date, le neveu d'Abderrahmane Taleb s'est toujours refusé à les récupérer pour ne pas avoir à serrer la main qui avait tenu la tête tranchée de son oncle quelques décennies auparavant[5].

Le , à l'occasion d'une cérémonie organisée par le journal El Moudjahid et l'association Machaâl Echahid pour le 63e anniversaire de l'exécution d'Abderrahmane Taleb, l'avocate Fatma-Zohra Benbraham demande que ses lunettes soient restituées à l'Algérie afin qu'elles puissent y être exposées dans un musée[9].

Références[modifier | modifier le code]

  1. Erwan Bergot, Paras Bigeard : Indochine 1952-1954, Algérie 1955-1958, , 192 p. (ISBN 978-2-258-12569-8, lire en ligne), p. 144.
  2. la Dépêche quotidienne d’Algérie, 28 avril 1957
  3. « Cela s’est passé un 24 avril 1958, exécution du chimisite de la bataille d’Alger : Taleb Abderrahmane », sur algerie360.com, (consulté le )
  4. Abdelaziz Boucherit, « Taleb Abderrahmane, le chimiste de la Révolution qui a terrorisé la France coloniale », Le Jeune Indépendant, (consulté le )
  5. a et b « Taleb Abderrahmane, le chimiste de la Révolution qui a terrorisé la France coloniale », Algérie Presse Service, (consulté le )
  6. « L'exécution par le F.L.N. de trois militaires français », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  7. « L'EXÉCUTION PAR LE F.L.N. de trois prisonniers français est un pas de plus vers une " guerre totale " », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  8. Jean-Pierre Guichard, De Gaulle face aux crises, 1940-1968, Paris, FeniXX, , 474 p. (EAN 9782749162928, lire en ligne), chap. 2 (« Mai 1958 »)
  9. Samira Sidhoum, « Benbraham plaide pour la restitution des lunettes du chahid Taleb Abderrahmane », Horizons, (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]