Édouard Righetti

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Édouard Righetti
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Tombe d'Édouard Righetti au cimetière du Montparnasse (division 13).

Édouard Righetti né le à Menton et mort le à Paris 14e, est un graveur, dessinateur et peintre français.

Biographie[modifier | modifier le code]

Édouard Righetti naît le à Menton[1],[2], issu d'une famille d'origine tessinoise installée dans les Alpes-Maritimes à la fin du XIXe siècle. L'art de la fresque était mis à l'honneur dans sa famille : son père et son grand-père maternel peignait des fresques ensemble. Il commence à dessiner dès l'âge de 6 ans (ou en 1932[3])[4]: voiture, croquis de la rue, personnages typiques, portraits, etc[3]. Il commence à peindre à l'âge de 13 ans, il évoque cette histoire dans un entretien : son père rentre du marché et pose les tomates devant une soupière, Édouard emprunte des couleurs à son père et peint une toile représentant donc cette nature morte, son père décide d'exposer cette toile qui sera achetée par un collectionneur américain. Il poursuit avec ses premières toiles en 1941 : portraits de sa mère, paysages, natures mortes[3].

En 1941, Menton est évacuée en raison de la guerre, et il se réfugie alors avec ses parents dans les Pyrénées-Orientales. Il effectue ses études secondaires au Lycée de Perpignan puis entre à l'école des Beaux-Arts de Montpellier la même année. Il suit les cours d'anatomie sur écorchés du professeur Delmas à la Faculté de médecine de Montpellier. Il étudie également la botanique du Pérou au jardin des plantes. Il rejoint l'École des arts décoratifs de Nice[5] de 1942 à 1946 où il remporte le prix Ziem de peinture (Nice) en 1947. Dans cette dernière école, il travaille la peinture avec M. Maillardi et le dessin avec Jules Henri Lengrand.

En 1947, il part deux mois en Haute Savoie. En 1949, il part pour Paris et Georges Arnulf le présente à Edouard Goerg[5], qui, à la vue de ses dessins, lui déclare : « Vous avez l'âme d'un graveur. ». Il est admis la même année à l'École des Beaux-Arts de Paris et rejoint l'atelier de Goerg jusqu'en 1954 : il s’intéresse essentiellement aux techniques de l'estampe (cuivre, aquatinte, eau-forte à la taille, pointe-sèche). Il suit également des cours de burin. Pendant son temps libre, il va au zoo et y dessine des biches, des singes, des fauves, des oiseaux.

En 1950, sa vie est difficile : il habite un logement misérable, il est peu rémunéré et devient moniteur de colonie pendant deux mois à l'Ile d'Oléron. Entre 1951 et 1953, il loge rue du bac à Paris et l'hiver y est si froid qu'il brûle plus de 200 dessins chiffonnés en pelote. Par ailleurs, il gratte ses toiles pour y effectuer de nouvelles compositions. En 1952 et 1953, il effectue plusieurs déplacements sur les côtes de la Manche et se rend à Dieppe, Étretat, aux îles Chauseyetc.

En 1953, il part en voyage à Rome, Florence et Pise. En 1953, il recrée les fresques de Lascaux et d'Altamira en grandeur nature, sous le patronage de l'abbé Breuil, pour l'exposition 40 000 Ans d'Art moderne au Musée d'Art moderne de la Ville de Paris. Quand il quitte l'atelier d'Edouard Goerg en 1954, il a déjà réalisé de nombreuses huiles, dessins, aquarelles, environ 200 gravures (aquatintes, eaux-fortes, pointes sèches, burins) et décide de s'installer à Fontenay-sous-Bois. La même année, il effectue un séjour en Corse où il compose des études de paysans, d'animaux, de paysages. En 1954, il reçoit une bourse de la Maison Descartes (nl) d'Amsterdam pour l'année 1955 lui permettant de séjourner dix mois à Amsterdam avec son épouse, Andrée Saunier. A son retour d'Amsterdam en 1955, il installe une presse à Fontenay-sous-Bois sur laquelle il effectuera la majorité des tirages d'essais et des épreuves d'artistes.

De 1956 à 1957, il devient pensionnaire à la Casa de Velázquez pendant deux ans (27e promotion Beaux-Arts)[6] pour son travail à l'exposition 40 000 Ans d'Art moderne. Son ami Jacques Reverchon était dans la 26e promotion Beaux-Arts[7]. En 1958, il est de retour à Fontenay-sous-Bois, il y peint et grave la tristesse de la banlieue. En 1959, il s'installe à Sannois avec sa famille.

Il participe au salon du Trait[8] en 1958, 1959 et de 1961 à 1965. En 1961, il reçoit le prix Eugène Carrière. En 1963, il devient sociétaire de la Société de Peintres Graveurs et lithographes indépendants. En 1964, il participe à la 47e expositions des Peintres-Graveurs français. En mai de la même année, il quitte Sannois et s'installe à Paris dans son atelier au n°5 de la rue Léon-Dierx.

En 1968, il participe à la 46e exposition du Trait.

Le , Édouard Righetti participe à l'émission À l'heure du pop sur France Inter. Le , il participe à l'émission L'art et la manière sur Radio Bleue.

En 1998, il reçoit le premier prix d'artiste animalier.

Il meurt en d'une leucémie. Le , José Artur dans son émission Le Pop-Club sur France Inter présente une introduction nécrologique de Righetti : Édouard Righetti était un « graveur de grand talent », un « être exceptionnel », « extraordinaire », il avait une « technique colossale » avec une « richesse de couleurs », il était également un ami de César. Une émission du Pop-Club lui est consacrée le .

Son fonds d'atelier est dispersé le par l'étude Vermot et Associés à Pantin sur autorité de justice.

Vie privée[modifier | modifier le code]

Le , il se marie à Andrée Saunier (artiste peintre) à la mairie de Menton (dont la salle des mariages est décorée par Jean Cocteau). Ils ont trois filles : Pascale (née le ) est mosaïste ; Paule (née en ) est peintre ; et Patricia (née en 1966) travaille la pointe sèche, compagne de José Artur durant 27 ans[9].

Œuvre[modifier | modifier le code]

Édouard Righetti est très vite affilié aux 'tendances figuratives'[10]. Son œuvre est saluée par Pierre Seghers, Maurice Utrillo, ou encore Jacqueline Picasso très intéressée par une de ses peintures de corrida.

Estampes[modifier | modifier le code]

En 1950, il réalise ses premières gravures : Nature morte au Pichet d’Étain, des scènes bibliques gravées sur zinc, plusieurs lavis, des dessins et une sculpture sur pierre. Il réalise aux Beaux-Arts de Paris ses 25 premières gravures sur cuivre.

En 1963, il présente des gravures en taille-douce, notamment des bouquets de fleurs. La même année, le Cabinet des estampes de la Bibliothèque nationale reçoit Le Quai de la Râpée (eau-forte et aquatinte), Ma fille Pascale (eau-forte et aquatinte) et les Chevaux sauvages (eau-forte et aquatinte).

En 1967, le Cabinet des estampes reçoit le Port d'Amsterdam (eau-forte).

Selon Jean Dalevèze : « Cet homme inquiet, nerveux parfois, sait trouver des trésors de patience consciencieuse, de calme méticuleux, de volonté ferme dans son travail »[11].

En 1969, avec d'autres graveurs, il décide d'envoyer des cartes de vœux gravées au Cabinet des estampes.

À travers son utilisation de l'eau-forte, Édouard Righetti sait « traduire la mélancolique vérité d'une nature hivernale »[12]. Au cours de sa carrière, il grave près de deux milles plaques. Le Département des estampes et de la photographie de la Bibliothèque nationale de France conserve plus de 200 de ses œuvres (plaques et estampes)[5].

Au qualificatif de graveur, il répond qu'il est avant tout un peintre et préfère donc la dénomination de peintre-graveur. Il ajoute que pour lui, la gravure du peintre est plus chaude, plus colorée : il évoque ainsi la diversité des tons de gris pour illustrer son propos.

Peintures[modifier | modifier le code]

Dans ses peintures, aquarelles et gouaches, il privilégie la couleur. Il aborde avec bonheur la nature morte et les scènes animalières. Ses tableaux sont aussi inspirés de paysages d'Espagne, de Normandie, de la Côte d'Azur.

Les tableaux de Righetti sont diffusés dans l'émission Le Cercle de minuit du 10 novembre 1993 sur France 2 en évocation de son exposition à la Galerie de Nesle. Le 8 décembre 1996, sa toile El Torro (32 x 40cm) est vendue 5000 francs aux enchères.

Il réalise durant sa carrière plus de 1000 peintures.

Médailles[modifier | modifier le code]

Il a gravé plusieurs médailles, notamment pour la Monnaie de Paris[13]. Il a réalisé par exemple : Goeland en 1983, une médaille sur Lascaux en 1985 et La corrida en 1987.

Collections publiques[modifier | modifier le code]

Expositions[modifier | modifier le code]

Expositions personnelles[modifier | modifier le code]

  • 1951 : Menton (dessins, aquarelles, gravures).
  • 1952 : Maison des Beaux-Arts de Paris.
  • 1953 : Galerie Eliane Norbert, Paris[13].
  • 1955 : Exposition de gravures à Amsterdam.
  • 1er - 12 septembre 1955 : Gravures et dessins, Palais des arts, Menton, sous la présidence d'honneur de Francis Palmero, maire de Menton.
  • 1957-1958 : Galerie Macaron, Madrid.
  • 1959 : Galerie la Gravure, Paris (gravures, dessins, gouaches).
  • 1960 : Exposition de gravures et gouaches, Menton.
  • 5 - 20 mai 1961 : Galerie Bonaparte (gouaches et dessins)[13].
  • 27 septembre - 19 octobre 1963 : Galerie Le Nouvel Essor, sous la présidence de Jean Adhémar (gouaches, 32 pièces exposées)[18].
  • 28 février - 21 mars 1964 : Hollande, Galerie Le Nouvel Essor (gouaches, dessins, aquarelles)[13].
  • juin 1964 : Au Grenier à Sel de Pérouges (gravures, gouaches et dessins).
  • 7 mai - 5 juin 1965 : Galerie Bernier, Paris (Peintures).
  • 1965 : Galerie la Gravure, Pully-Lausanne (gravures).
  • 19 septembre - 7 octobre 1972 : Bestiaire, Galerie Vendôme (gravures).
  • 1er - 15 mars 1974 : Salle Sicard, Viroflay (gravures, aquarelles et dessins).
  • 7 - 20 mai 1974 : Galerie André Weil.
  • Février - avril 1977 : Musée Denon, Chalon-sur-Saône (55 gravures exposées)[19].
  • 3 mars - 22 avril 1979 : Trente ans de peinture, gravure et dessin d'Édouard Righetti, Palais de l'Europe, Menton[13].
  • 20 janvier - 6 mars 1982 : Galerie La Tempera.
  • 17 avril - 15 mai 1982 : Centre de formation E.D.F., Les Mureaux (plus de 100 œuvres).
  • 30 mai - 18 juin 1985 : Gravures, Galerie Guiot - Galerie Marcel Bernheim, Paris[13].
  • jusqu'au 31 août 1992 : Office de tourisme de Buxy (72 œuvres dont une quinzaine sur le thème de l'Espagne).
  • 5 novembre - 11 décembre 1993 : Édouard Righetti - Quinze années de peintures et gouaches : le cirque, la corrida, les fleurs, les paysages, Galerie de Nesle[20],[21].
  • mars 1994 : permanence à la Galerie Bréheret, Paris.
  • 27 octobre 1995 - 8 janvier 1996 : Rétrospective 1952-1993 (aquarelles, dessins, gravures), Musée des Beaux-Arts - Palais Carnolès, Menton.
  • 4 - 28 juin 1997 : 150 gravures, Espace Nesle, Paris.
  • 5 - 18 mars 2001 : Bestiaire, Espace Nesle, Paris.

Expositions de groupes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Righetti, Édouard », sur ledelarge.fr.
  2. Insee, « Extrait de l'acte de décès d’Édouard Raoul Righetti », sur MatchID
  3. a b et c Cailler 1967, p. 4.
  4. Les sources divergent quant à sa date de commencement.
  5. a b et c Laure Beaumont-Maillet, Hommage à Edouard Righetti (1924-2001), Nouvelles de l'estampe, , p. 46.
  6. « Annuaire des membres et des anciens membres », sur Casa de Velázquez, (consulté le ).
  7. Édouard Righetti a réalisé des portraits de Jacques Reverchon (dont une pointe-sèche) et possédait des toiles de Jacques Reverchon, notamment deux portraits des filles d'Édouard Righetti réalisés par Reverchon : un portrait de Paule Righetti et un autre de Pascale Righetti.
  8. « Expositions », Les nouvelles de l'estampe,‎
  9. Patricia Righetti réalisera d'ailleurs les dessins de l'ouvrage de José Artur Les pensées, publié en 2015.
  10. « Expositions », Les nouvelles de l'estampe, no 4,‎
  11. Cailler 1967.
  12. « Expositions », Les nouvelles de l'estampe,‎ 1963-1968
  13. a b c d e f g h et i Dictionnaire Bénézit, Gründ, 1999, vol.11, p. 703.
  14. a et b Françoise Woimant, Marie-Cécile Miessner et Anne Mœglin-Delcroix, De Bonnard à Baselitz - Estampes et livres d'artistes, B.N.F., Paris, 1992.
  15. Musée d'art moderne de la ville de Paris, Édouard Righetti dans les collections
  16. Centre national des arts plastiques, "Les chardons bleus" dans les collections
  17. Centre national des arts plastiques, "Les chardons en noir" dans les collections
  18. L'émission Les expositions sur la Première chaîne de la RTF en date du 6 octobre 1963 évoque cette exposition.
  19. Le journal télévisé de FR3 Bourgogne en date du évoque cette exposition à 19h28.
  20. Le Cercle de minuit, émission du 10 novembre 1993.
  21. « Expositions », Histoire de l'art, n°23, 1993, p. 102
  22. Françoise Woimant, Anne Joly et Marcelle Elgriski, La gravure contemporaine à la Bibliothèque nationale, B.N.F., Paris, 1973.
  23. .Musée d'art de Pully, De Cuno Amiet à Zao Wou-Ki - Le fonds d'estampes Pierre Cailler, dossier de presse, 2013

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Nane Cailler, « Edouard Righetti », Cahier d'art-documents, Genève, Éditions Pierre Cailler, no 245,‎ .
  • Françoise Woimant, Anne Joly et Marcelle Elgriski (préface d'Étienne Demery), La gravure contemporaine à la Bibliothèque nationale, B.N.F., 1973.
  • Ed. Righetti : 55 gravures (février-avril 1977) (préf. Jean Dalevèze), Chalon-sur-Saône, Musée Denon, , 16 p..
  • Françoise Woimant, Marie-Cécile Miessner et Anne Mœglin-Delcroix, De Bonnard à Baselitz - Estampes et livres d'artistes, B.N.F., Paris, 1992.
  • Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, vol.11, Gründ, 1999.
  • Jean-Pierre Frediani, « Édouard Righetti, un maître du dessin », Ou Païs Mentounasc, n°175, .

Médiagraphie[modifier | modifier le code]

Radiophonie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]