Édouard Renaudin

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Édouard Renaudin
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Édouard Renaudin, né le 5 mars 1890 à Paris et mort le 5 novembre 1980 à Villeneuve-Saint-Georges, est un dessinateur et peintre français qui a également signé ses œuvres sous le monogramme « E R » ou les pseudonymes « Naudy » et « d’Esbly ». Auteur de plus de 700 créations originales entre 1907 et 1957, son œuvre protéiforme et variée est très souvent teintée d’humour et empreinte d’une certaine poésie. Bien connues, ses nombreuses impressions en cartes postales se retrouvent aujourd’hui dans la plupart des salons de collectionneurs.

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance et formation[modifier | modifier le code]

Édouard Adrien Renaudin naît le dans le 8e arrondissement de Paris[1], au domicile de ses parents situé au 252, rue du Faubourg-Saint-Honoré[2]. Il passe ses premières années entre ce faubourg et le quartier de la rue de la Chapelle.

De 1900 à 1905, il est élève à l’école communale de garçons du 101, rue de Saussure dans le 17e arrondissement de Paris, obtenant son certificat d’études primaires, sans doute en juin 1905. Suivant des cours de dessin, il semble déjà avoir été doté de quelques talents puisqu’il reçoit deux médailles en 1904 et 1905[3].

Puis il s’inscrit à l’École nationale des arts décoratifs située au 5, rue de l’École-de-Médecine dans le 6e arrondissement de Paris. Il y est élève du 12 mars 1906 au 11 juillet 1908[3][4]. Il suit des cours d’arithmétique-géométrie, de perspective élémentaire, de dessin d’après l’antique et d’après nature, de croquis du dessin, de composition et dessin d’ornement, de dessin de figure et dessin d’ornement d’après la bosse. En cours d’Applications Peinture, ses maîtres semblent avoir été Marcel Rouillard (1859-1907), puis Félix Aubert (1866-1940)[3].

En 1904, son père s’était retiré des affaires et avait fait construire un pavillon à Esbly, en Seine-et-Marne, au 5, rue Gambetta[5]. À l’âge de vingt ans, lorsqu’il passe devant le conseil de révision en 1910[6], Renaudin est dit dessinateur industriel et publicitaire. Sur le recensement de la commune d’Esbly de 1911[7], il est indiqué qu’il travaille pour l’atelier de Robert Ruepp, l’un des plus grands fournisseurs de modèles pour l’industrie du papier peint et du textile[8].

Mais, du 9 octobre 1911 au 8 novembre 1913, Renaudin doit effectuer son service militaire au sein du 25e régiment d’artillerie. S’ensuit sa mobilisation pour le premier conflit mondial à Châlons-sur-Marne dès le 2 août 1914. Maréchal des logis dans la 2e Batterie du 25e régiment d’artillerie de campagne, il participe à la bataille de la Woëvre, à l’offensive Meuse-Argonne, notamment au combat de Vaux-Marie en septembre 1914, puis à la bataille des Éparges de janvier à mai 1915[9]. Il contracte alors une bronchite aiguë et le 11 mai 1915[10], il est transporté en train du champ de bataille jusqu’à l’hôpital annexe no 2, le Grand Hôtel de Briançon. Trop malade, il est déclaré réformé le 29 mai 1915 et renvoyé dans ses foyers à Esbly. Ce qui lui permet d’épouser Renée, une couturière, le 14 septembre 1915 à Lagny[11], avant de s’installer dans le 11e arrondissement de Paris, au 50, rue Saint-Sébastien. Mais l’Armée ayant besoin d’hommes, Renaudin doit intégrer le service auxiliaire et rejoint plusieurs sections d’infirmiers du 8 octobre 1915 au 30 avril 1919.

Carrière[modifier | modifier le code]

C’est à son retour du front que Renaudin semble débuter sa carrière de dessinateur artistique, d’abord sous la signature « E Renaudin » ou de ses simples initiales « E R » ; puis il va rapidement signer sous un premier pseudonyme, « E Naudy ». Ses œuvres ont souvent été attribuées par erreur au peintre lorrain Alfred Renaudin ; les deux artistes n’ayant aucun lien de parenté.

Il va travailler pour plusieurs éditeurs de gravures et de cartes postales dites « artistiques », d’abord pour les Établissements artistiques parisiens (E.A.P.), puis chez A. Quilleré, Dupré & Cie, Cela à Genève, Vouga et Cie, etc. Mais c’est surtout pour les éditeurs Maurice Barré et Jules Dayez qu’il va, à partir de 1928, proposer la quasi exclusivité de sa production[12].

La maison Barré-Dayez, fondée en 1925, était située au 71 bis rue d’Angoulême dans le 11e arrondissement de Paris[13]. Elle éditait des reproductions de gravures anciennes et des gravures modernes, des cartes postales artistiques, des cartes de Noël ou de vœux, des menus illustrés, des cartes de prière catholique, des dessus de boîtes pour confiseurs, etc. Pour fournir leur catalogue de cartes postales, les éditeurs faisaient appel à de nombreux illustrateurs (71 recensés) dont les principaux furent Marcel Bloch (1882-1966), Jean Chaperon (1887-1969), Georges Dayez sous le pseudonyme Barday (fils de Jules, 1907-1991), Harry Eliott (1882-1959), Étienne Le Rallic (1891-1968) et bien sûr Édouard Renaudin qui fut celui qui a réalisé le plus de séries différentes. À côté d’innombrables gravures, la production de la maison Barré-Dayez compte un total d’environ 6 200 cartes postales qui ont fait l’objet de deux répertoires publiés par le Club des Cartophiles du Pays nantais (tirage limité)[12]. Après la naissance d’un seul enfant en 1922, Renaudin et sa famille déménagent pour le quatrième étage d’un immeuble situé 5, rue Marjolin, à Levallois-Perret[14]. Le 7 décembre 1936[14],[15], Renaudin déclare au registre des métiers exploiter son propre fonds artisanal depuis février 1926. Pour son atelier, il loue un pas-de-porte à Montparnasse au 90, rue de l’Ouest dans le 14e arrondissement de Paris, puis une pièce au 52, rue Pernety où il s’installe en mars 1938 et qu’il conservera jusqu’à ce qu’il mette fin à sa carrière de dessinateur[16].

Après la mort de ses parents, appréciant le village d’Esbly, il prend une petite location au 1, rue Clemenceau, pour les vacances d’été[14]. Trop âgé pour être de nouveau mobilisé lors de la Seconde Guerre mondiale, il est placé dans une usine de fabrication de moteurs d’avions pour les combats chez Gnome-et-Rhône, boulevard Kellermann dans le 13e arrondissement de Paris. Entre septembre 1939 et juin 1940, il dessine à partir de photographies de moteurs, ce qu’il appelait des « bleus »[14]. Puis au moment de l’Exode, Renaudin doit se replier avec ses collègues sur Angoulême. Si l’usine ferme pendant l’Occupation, Renaudin peut continuer à travailler pour la maison Barré-Dayez.

En 1947, sa location de campagne est réquisitionnée et la famille quitte définitivement Esbly[14]. Lorsqu’en avril 1953, les éditions Barré-Dayez publient de nouvelles séries inédites, c’est sans doute par nostalgie que Renaudin choisit de signer ces dernières créations « E d’Esbly », du nom de son cher village.

Fin de vie[modifier | modifier le code]

L’arrivée de la carte postale en photo couleur, entre 1955 et 1960, va mettre un terme à son travail de dessinateur[14]. Il déclare sa radiation au registre des métiers le 20 mai 1959 pour cessation d’activité depuis le 28 février[15].

Pour subvenir à ses besoins et continuer de s’occuper, Renaudin entre comme gardien aux Musées Nationaux[14][17] à l’âge de 70 ans. Il travaille jusqu’à ses 83 ans principalement au Musée du Louvre et au Musée Guimet où il est très apprécié des visiteurs pour les informations qu’il peut apporter sur les œuvres exposées[14].

Avec son épouse, ils quittent l’appartement de la rue Marjolin en 1978 pour une maison de retraite à Draveil, dans l’Essonne[14]. Ils n’y restent que deux ans, mourant de vieillesse à moins de trois mois d’intervalle, à l’âge de 90 ans : Renée le 11 août 1980 et Édouard le 5 novembre 1980, tous les deux au centre hospitalier de Villeneuve-Saint-Georges. Ils sont inhumés ensemble au cimetière de cette commune[14].

Œuvre[modifier | modifier le code]

Ayant bénéficié d’une formation solide, Renaudin a su s’adapter à n’importe quelle technique des arts graphiques : fusain, sanguine, aquarelle, encre noire, lavis, pochoir, peinture à l’huile sur toile ou sur panneau de bois, etc. Outre les cartes postales, imprimées par zincographie et chromolithographie, il a réalisé de très nombreuses gravures. Nombres de ses dessins (reprises ou créations) ont servi à illustrer des porcelaines réalisées par les usines Digoin et Sarreguemines, Moulin des loups, Ceranord à Saint-Amand-les-Eaux ou la Compagnie nationale de Porcelaine à Vierzon. D’autres remplois ont illustré des boîtes en tout genre, menus de restaurants chics, calendriers, affiches publicitaires de magasins, etc.

Les thèmes sont aussi nombreux que variés : chiots et chatons, saynètes enfantines, costumes folkloriques des anciennes provinces françaises ou belges (véritable succès commercial avec pas moins de 15 réimpressions entre 1938 et 1959 chez Barré-Dayez), calèches et diligences, cyclistes, voiliers, métiers du XVIIIe siècle, militaires, personnages de la commedia dell’arte, saynètes galantes ou doucement érotiques, même des chansons paillardes, etc.

La représentation d’animaux est une grande constante dans l’œuvre de Renaudin. Très souvent, dans ses compositions, c’est l’intervention d’un animal, posté en second plan, qui donne le contrepoint d’une saynète comique. Émerge ainsi un autre niveau de lecture, en même temps qu’un véritable bestiaire fait de lézards, de grenouilles, de serpents, d’escargots, de lièvres, d’écureuils et de toutes sortes d’oiseaux.

Une partie de son œuvre est le reflet des goûts d’une époque : des élégantes dans le style de Louis Icart (1888-1950) ou des scènes enfantines inspirées par Georges Redon (1869-1943) et Francisque Poulbot (1879-1946). Ces dernières sont surtout à mettre en relation avec les œuvres de Germaine Bouret (1907-1953), connue à partir de 1924, et qui créa sa propre société d’édition en 1927, les Éditions-Bouret, où elle commença à dessiner des enfants très proches de ceux que Renaudin faisait.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « état civil »
  2. Site des Archives de Paris, https://archives.paris.fr, registre d’état civil du 8e arrondissement, naissances, V4E 6083, acte no 404.
  3. a b et c Durand 2021, p. 554.
  4. Archives nationales, fonds d’archives de l’École nationale supérieure des arts décoratifs, registre d'inscription (1898-1908), AJ/53/178, p. 277-278.
  5. Durand 2021, p. 555.
  6. Pour le parcours militaire de Renaudin, voir le site des Archives départementales de Seine-et-Marne, https://archives.seine-et-marne.fr, registres matricules, subdivision militaire de Coulommiers, classe de 1910, 1R1362, no 544, vue 82.
  7. Site des Archives départementales de Seine-et-Marne, 10M442, vue 20.
  8. Voir Jérémie Cerman, Le Papier peint art nouveau. Création, production, diffusion, Paris, Éditions Mare & Martin, 2012.
  9. Voir le journal des marches et opérations du 25e Régiment d’Artillerie de campagne du 3 août 1914 au 31 décembre 1916 et celui de la 3e batterie du 1er août 1914 au 21 mars 1916, Archives du Service historique de la Défense, 26 N 949/1 et 26 N 949/4, consultables en ligne sur http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr.
  10. Archives municipales d’Esbly, lettre du Chef du Bureau de comptabilité du 25e Régiment d’Artillerie au Maire d’Esbly, 5 juin 1915, 5 H 1.
  11. Site des Archives départementales de Seine-et-Marne, http://archives-en-ligne.seine-et-marne.fr, registre d’état civil, mariages, 6E259/32, vues 62-63.
  12. a et b Durand 2021, p. 556.
  13. L’actuelle rue Jean-Pierre-Timbaud.
  14. a b c d e f g h i et j Durand 2021, p. 557.
  15. a et b Archives de Paris, Registre des métiers du Tribunal de Commerce de la Seine, registres des inscriptions des artisans, 2163 W 15, no 21658, p. 108.
  16. Durand 2021, p. 558.
  17. Archives nationales, Archives M. N. Louvre, Direction des Musées de France, 19990224-149, dossier no 5049, Édouard Renaudin.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Daniel Bordet, « Les éditions Barré-Dayez » dans La Vie du collectionneur no 415 (24 mai 2002, pages 16-18)
  • Club des Cartophiles du Pays nantais, 1er répertoire en couleurs des cartes d’un éditeur prestigieux Barré & Dayez (septembre 2004) ; 2e répertoire en couleurs des cartes d’un éditeur prestigieux Barré & Dayez (juin 2006)
  • Frédéric Durand, « Edouard Renaudin (1890-1980) : redécouverte d’un dessinateur à l’œuvre protéiforme », Le Vieux papier, no 442,‎ , p.553-562, et 443, janvier 2022, p. 25-34

Liens externes[modifier | modifier le code]