Willy Schraen

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Willy Schraen, né le dans le département du Nord, est un homme politique français, il est le président de la Fédération nationale des chasseurs depuis .

Biographie[modifier | modifier le code]

Famille et formation[modifier | modifier le code]

Fils d'un couple d'instituteurs, Willy Schraen naît dans un village des Flandres françaises (Nord)[1]. Il passe les week-ends sur les marchés où il aide sa famille à vendre des fleurs coupées. Cette occupation devient son métier[2].

Parcours politique[modifier | modifier le code]

Il est élu conseiller municipal de Broxeele, à 18 ans[1]. Lors des élections municipales de 2014, il est élu conseiller municipal de Bayenghem-les-Eperlecques[3],[4]. Il est réélu en 2020[5].

Il souligne son souhait de devenir ministre de la Ruralité et de l'Agriculture : « un ministère de la Chasse n’a aucun intérêt, mais un ministère de la Ruralité et de l’Agriculture, j’en serais ravi »[6]. Xavier Bertrand, candidat à l'investiture des Républicains pour l’élection présidentielle de 2022, lui aurait fait une proposition en ce sens[7].

Il décide, au côté du lobbyiste Thierry Coste, de lancer une liste pro-chasse pour les élections européennes de 2024, avec le soutien de l’Élysée[8]. Un nouveau parti politique, Alliance Rurale, est annoncé le 5 décembre 2023[9]. Il indique que cette formation n'a « pas vocation à devenir un parti politique » au-delà des élections européennes[9]. Alors que la liste ne décolle pas dans les sondages, ne parvenant pas à atteindre les 1 % d’intentions de vote, il renonce à en prendre la tête et opère un rapprochement avec Jean Lassalle, qui est désigné tête de liste[10]. Plusieurs membres de la liste renoncent à leur candidature, regrettant un accord « en catimini » entre Willy Schraen et Jean Lassalle, sans consultation des membres de l’Alliance rurale[10]. Il mêle la campagne des européennes avec son activité associative, ce qui provoque un malaise parmi son entourage[11].

Présidence de fédérations de chasseurs[modifier | modifier le code]

En 2010, il est élu président de la fédération départementale des chasseurs du Pas-de-Calais[3]. Depuis 2012, il préside l’Institut scientifique Nord Est Atlantique (ISNEA), association de chasseurs qu'il a contribué à fonder[1]. Il est élu à la présidence de la Fédération nationale des chasseurs, le [1].

En février 2022, il dépose au Sénat une pétition visant à interdire les subventions aux associations qui entravent la chasse sur le terrain[12].

Opinions et polémiques[modifier | modifier le code]

Soutien à Emmanuel Macron[modifier | modifier le code]

Sa proximité avec Emmanuel Macron est fréquemment notée par les journalistes[13]. Fin 2021, il explique n'avoir « jamais connu de président aussi attentif à nous. Son attitude est une grande première : il a tout fait pour nous soutenir, sans tout nous accorder ». Selon lui, le président lui a accordé « les trois quarts » de ce qu’il a demandé[14]. Il annonce voter pour lui dès le premier tour de l'élection présidentielle de 2022[15],[16].

En juin 2022, dans le contexte de l'entre-deux-tours des élections législatives de 2022, il insinue sur RMC que la vague de chaleur de juin 2022 serait une « manipulation » pour inciter à voter écologiste, ce qui a provoqué de nombreuses réactions négatives sur les réseaux sociaux[17],[18].

Son livre autobiographie, Un chasseur en campagne (2020), est préfacé par le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti[6].

Propos sur la chasse[modifier | modifier le code]

Willy Schraen est favorable à la chasse à la glu. En 2021, critiquant un avis de la Cour de justice de l’Union européenne, il déclare : « On veut empêcher des irréductibles d’attraper quelques milliers d’oiseaux qui ont parfois un peu de mal à voler... C’est du dogmatisme et de l’idéologie. Il y a des choses qui doivent évoluer, mais pas ça. »[19]

Le , s'exprimant à propos de la chasse en enclos sur le plateau des Grandes Gueules de RMC, il affirme n'avoir « rien à foutre de réguler » la faune pendant la chasse[20], entraînant une vive polémique[21],[22].

Il défend l'idée que les chasseurs deviennent des « policiers de proximité » pour lutter contre la délinquance rurale[23]. Il s'oppose à toute interdiction de la chasse le dimanche[24].

Invité dans l'émission Politiques, à table le 6 mai 2022, il estime que la chasse « cause moins d'un mort par an » ; cette affirmation est ensuite debunkée sur TF1, car elle ne prend pas en compte le contexte des confinements récents, ni les morts de chasseurs eux-mêmes (le décompte est alors de 7 morts en 2020-2021), ni les décès survenus longtemps après l'accident de chasse à cause de celui-ci, ni l'usage des armes de chasse en dehors du contexte de la chasse[25]. 25 % des féminicides sont commis avec une arme de chasse, et ces armes sont aussi utilisées pour tirer hors contexte de chasse vers des routes ou des habitations[25]. En prenant en compte l'usage de armes de chasse hors chasse, plus de 1 000 personnes pourraient être tuées par ces armes en France chaque année[25]. Durant cette même émission, il déclare que les animaux sauvages n'ont ni émotion, ni empathie ni sensibilité, et invite les Français à « se promener chez eux » pour éviter les accidents de chasse[26] , ce qui, ajouté à sa déclaration que « la nature n'est pas à tout le monde »[27], lui vaut sur les réseaux sociaux une avalanche de protestations et la moquerie de l'association Peta[28].

Ses détracteurs politiques dénoncent chez lui un sens relatif de la précision. Ainsi, Yves Verilhac, directeur de la Ligue pour la protection des oiseaux dit de lui qu'« il peut être agréable et poli mais sur le fond, c'est le Trump de la gâchette. Plus c'est gros, plus ça passe[2]. »

En juillet 2023, interrogé à propos de l'image négative de la chasse auprès de la population française, il défend l'idée de partager le produit de la chasse avec des non-chasseurs car selon lui, la consommation de viande en France reste l'une des plus élevées d'Europe, et « ce que l’on ne peut gagner par le cœur, on peut le gagner par l’estomac »[29].

Affaire du piégeage des chats[modifier | modifier le code]

Lors d'un live sur Facebook le , Willy Schraen évoque la nécessité, pour les chasseurs, d'« agir sur le chat »[30]. Face au tollé provoqué par ces paroles, il précise envisager le piégeage des chats errants se trouvant à plus de 300 mètres des habitations[31]. Son propos est cité par le journaliste et opposant à la chasse Hugo Clément[32]. Schraen déclare avoir reçu de nombreuses menaces de mort et de torture à la suite du partage de ses propos sur les réseaux sociaux, et annonce qu'il porte plainte[32]. Malgré cette polémique, en , il insiste sur le fait que le piégeage des chats serait justifié par la menace qu'ils représentent pour la biodiversité[33]. Il est placé sous protection policière[34]. Le , huit internautes sont jugés pour avoir menacé Willy Schraen de mort[35],[34]. Son avocat cite le chiffre de 2 000 menaces de mort[36]. Le , les internautes sont condamnés à des amendes et à des stages de citoyenneté ; Willy Schraen fait appel[37], et un nouveau procès se tient le 21 avril 2022[38]. Le député Loïc Dombreval, qui faisait partie des personnes accusées de diffamation, a été relaxé[39], mais un autre député, Éric Diard, a été condamné à une amende[40].

Publication[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d « Qui est Willy Schraen, le patron des chasseurs ? », Vidéos de Chasse,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  2. a et b « Les chasses gardées de Willy Schraen », sur lemonde.fr, Le Monde, .
  3. a et b « Willy Schraen, le charismatique patron des chasseurs français », sur 20minutes.fr (consulté le ).
  4. « Municipales : Jean-Michel Bouhin et ses colistiers veulent « ensemble, continuer et agir pour Bayenghem » », sur lavoixdunord.fr, .
  5. « Résultat élection municipale 2020 à Bayenghem-lès-Éperlecques », sur 20minutes.fr (consulté le )
  6. a et b Lucas Sarafian, Pauline Gensel, « Le lobby des chasseurs veut encore gagner en influence et vise les élections européennes », sur Basta,
  7. « Willy Schraen, la grande gueule de la chasse qui se rêve ministre », sur ladepeche.fr,
  8. « Européennes : les chasseurs en mission contre la droite et l’extrême droite », sur Libération,
  9. a et b « Européennes: "l'Alliance rurale" part en campagne, sans chasser les soupçons », France 24,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. a et b « Pourquoi l'Alliance rurale désormais menée par Jean Lassalle explose en vol avant d'avoir vraiment décollé », sur midilibre.fr,
  11. Européennes : l’Alliance rurale mène campagne sur le dos des chasseurs, Mediapart, Prisca Borrel, 14 avril 2024
  12. Chasse Passion, « Willy Schraen lance une pétition au Sénat contre les associations qui entravent la pratique de la chasse », sur Chasse Passion, (consulté le ).
  13. « Willy Schraen : l’homme fort qui dépoussière la chasse française », sur lanouvellerepublique.fr, .
  14. Emilio Meslet, « Nature. Un lobby des chasseurs sachant chasser en Macronie », sur L'Humanité,
  15. « Willy Schraen, président de la Fédération des chasseurs : «Je voterai Macron dès le premier tour» », sur leparisien.fr,
  16. https://www.ouest-france.fr/elections/presidentielle/presidentielle-2022-le-patron-des-chasseurs-willy-schraen-votera-macron-des-le-premier-tour-5c3b98bc-affc-11ec-bac3-54faba916d73
  17. « Législatives : le patron des chasseurs Willy Schraen sous-entend que la canicule est « une manipulation » pour voter Nupes », sur ladepeche.fr (consulté le )
  18. « Cette sortie du patron des chasseurs sur la canicule, les législatives et la Nupes passe mal », sur Le HuffPost, (consulté le ).
  19. Perrine Mouterde, « La chasse à la glu devrait être interdite en France, selon la justice européenne », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  20. RMC, « « On a du plaisir dans l'acte de chasse »: la phrase polémique de Willy Schraen dans les « Grandes Gueules » de RMC », sur RMC (consulté le ).
  21. Sudouest.fr, « Chasse : « J’en ai rien à foutre de réguler », dit Willy Schraen président de la Fédération nationale », Sudouest.fr,‎ (ISSN 1760-6454, lire en ligne, consulté le ).
  22. Le Point.fr, « « J’en ai rien à foutre » : le patron des chasseurs s’emporte sur la régulation », sur Le Point, (consulté le )
  23. « Willy Schraen veut que les chasseurs jouent un rôle "de police de proximité" en forêt », sur Le HuffPost,
  24. Emilie Torgemen, « Présidentielle : «Interdire la chasse le dimanche, c’est non», met en garde Willy Schraen », sur leparisien.fr, (consulté le ).
  25. a b et c « La chasse ne cause-t-elle la mort que d'une personne par an ? », sur TF1 INFO, (consulté le ).
  26. Cécile Roux, « Le patron des chasseurs exhorte les Français à se promener « chez eux » pour éviter les accidents », Ouest-France, .
  27. « Chasse : “La nature n'est pas à tout le monde”, le président des chasseurs conseille aux promeneurs inquiets de marcher “chez eux” », sur ladepeche.fr (consulté le )
  28. « L’association PETA offre un pistolet à eau au patron des chasseurs Willy Schraen pour chasser chez lui », sur Paris-Normandie, (consulté le )
  29. (en) Frédéric Buszkowski, « Willy Schraen: "Le partage des produits de la chasse avec les non-chasseurs doit devenir une priorité" », sur Chassons.com, (consulté le ).
  30. « Le patron des chasseurs veut « agir sur le chat » (le tuer, donc) pour sauver la biodiversité », sur L'Obs (consulté le ).
  31. « « On va finir par devoir agir sur le chat », la proposition choc du président des chasseurs », sur LA VDN, (consulté le )
  32. a et b « Menacé de mort pour ses propos sur les chats, le président des chasseurs va déposer plainte », sur France Bleu, (consulté le )
  33. « "Piéger les chats" : le président des chasseurs persiste et signe », sur RTL.fr (consulté le )
  34. a et b « Après ses propos sur le piégeage des chats, le patron des chasseurs face à ses harceleurs au tribunal », Ouest-France, .
  35. « Huit internautes jugés pour avoir menacé de mort le patron des chasseurs », sur www.20minutes.fr (consulté le ).
  36. « A Saint-Omer, des internautes jugés pour avoir menacé de mort le patron des chasseurs », sur actu.fr (consulté le )
  37. « Huit condamnations après des menaces de mort contre le patron des chasseurs sur Internet », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  38. « 35 personnes au tribunal de Saint-Omer pour des menaces et insultes sur Facebook contre Willy Schraen », sur Nord Littoral, (consulté le ).
  39. « Saint-Omer : le député soupçonné de diffamation envers Willy Schraen, président des chasseurs, a été relaxé », sur La Voix du Nord, (consulté le ).
  40. (en) « Affaire du chat: Le député Eric Diard condamné à 1700 euros pour avoir injurié Willy Schraen », sur Chassons.com, (consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]