Viva la muerte (slogan)

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Portrait de Miguel de Unamuno par Joaquín Sorolla (vers 1912, huile sur toile, musée des Beaux-Arts de Bilbao).
Photographie de José Millán-Astray (vers 1900).

¡Viva la muerte! (en espagnol, « Vive la mort ! ») est un cri de ralliement franquiste, à l'origine l'un des cris de guerre de la Légion espagnole (Legión Española), connu pour avoir été lancé par le général José Millán-Astray lors d'un discours de Miguel de Unamuno en 1936.

Discours d'Unamuno[modifier | modifier le code]

Lors du dernier discours public de Miguel de Unamuno, alors député et recteur de l'université de Salamanque, donné dans l'amphithéâtre de cette institution, en zone franquiste[1], le (le « Jour de la race espagnole »), l'écrivain se lance dans une réaction improvisée à une attaque au pouvoir dictatorial en place sur le rejet des Catalans et des Basques et surtout sur la tournure indigne, « incivile », que prend la guerre :

« Le général Millán-Astray est un invalide [comme le sont hélas beaucoup trop d'Espagnols aujourd'hui]. Tout comme l’était Cervantès. […] Un invalide sans la grandeur spirituelle de Cervantès [qui] éprouve du soulagement en voyant augmenter autour de lui le nombre des mutilés. Le général Millán-Astray voudrait créer une nouvelle Espagne – une création négative sans doute – qui serait à son image. C’est pourquoi il la veut mutilée, ainsi qu’il le donne inconsciemment à entendre. […][2],[3]. »

Il termine son discours par une phrase restée célèbre : « vous vaincrez, mais vous ne convaincrez pas » (Venceréis, pero no convenceréis)[2],[4].

L'évêque de Salamanque Enrique Plá y Deniel, pourtant catalan, et le général José Millán-Astray, fondateur de la Légion espagnole en 1920, tous deux partisans de Franco, assistent à la réunion, qui se termine de façon très tendue, l'épouse de Franco intervenant elle-même pour mener Unamuno dehors et ainsi le protéger des militaires[2]. Le discours d'Unamuno est interrompu de plusieurs exclamations restées célèbres de Millán-Astray : « ¡Mueran los intelectuales! » ou, selon les versions, « ¡Muera la inteligencia! », ainsi que « ¡Viva la muerte! »[5].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (es) Luis Enrique Rodríguez, San Pedro Bezares, Historia de la Universidad de Salamanca, vol. 1 : Trayectoria histórica e instituciones vinculadas, Universidad de Salamanca, 2002, p. 275-6 (extrait en ligne).
  2. a b et c Reconstitution du discours de Salamanque (12 octobre 1936).
  3. Jean-Pierre Perrin, « Miguel de Unamuno, les mots qui tuent », sur Libération, (consulté le ).
  4. (es) Carlos Rojas, Muera la inteligencia! Viva la muerte! Salamanca, 1936, Unamuno y Millán Astray frente a frente, Planeta, 1995, 293 p., (ISBN 978-8408014690).
  5. (es) Rafael Núñez Florencio, « Encontronazo en Salamanca: “Venceréis pero no convenceréis” », La Aventura de la Historia, 2014, no 184, p. 37 (ISSN 1579-427X).

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

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