Utilisateur:WRYSM/Brouillon3

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WRYSM/Brouillon3
Description de l'image Kab 1500-1750.png.
Informations générales
Date 1746-7
Lieu Aït Ouacif (Kabylie)
Casus belli Ambition ottomane à soumettre les Zouaoua proprement dits.
Issue

Victoire Kabyle décisive.

Belligérants
Tribus des Zouaoua Régence d'Alger
Commandants
Inconnu Bey Mohammed Ben Ali
Forces en présence
Inconnues Inconnues
Pertes
Légères Lourdes

Guerre entre régence d'Alger et les Kabyles

Batailles

La bataille des Zouaoua ou l'expédition ottomane contre les Zouaoua est une bataille, qui a opposé, en 1746-7, les tribus Kabyles Zouaoua des Aït Betroun contre la régence d'Alger[1].

La bataille a eu lieu dans le territoire des Aït Ouacif, dans l'ancien marché de la tribu, Souk es-Sebt, entre une armée imposante de la régence d'Alger, sous le commandement du Bey du Titteri, Mohammed Ben Ali, connu sous le nom de « ed-Debbah », et les Kabyles de la confédération des Zouaoua, précisement du groupe des Aït Betroun, c'est à dire les Aït Ouacif, les Aït Yenni, les Aït Boudrar, les Aït Bou Akkach et la tribu disparue peu après des Aït Ou Belkacem. La bataille s'est finit par un fiasco meurtier pour les ottomans. Les Kabyles ont réussi à repousser l'attaque ottomane et sortèrent victorieux[2].

Contexte[modifier | modifier le code]

Conflit entre la régence et les Kabyles[modifier | modifier le code]

Au milieu du xviiie siècle, un certain Mohammed Ben Ali, caïd de Sebaou, était sur le point de lancer des campagnes militaires contre les confédérations Kabyles des Aït Aïssi, Guechtoula et des Aït Sedka. Mohammed maria la fille de Si Ammar Ou Boukhetouch, de la famille des Aït Boukhtouch, fraction des Aït Ou el-Kadi, pour conclure une alliance avec sa famille et garder les tribus sous leur influence, notamment les Aït Iraten et les Aït Fraoussen, neutres[3]. Aussi, il dévélopait des relations avec la famille maraboutique des Sidi Ali Ou Moussa de la confédération des Mâatka, qui vont lui fournire de nombreux contingents de cette dernière confédération durant ses futures campagnes militaires[3].

En 1745, la campagne contre les Aït Aïssi s'est finit avec succès, et toutes les tribus de la confédération furent soumises, à l'exception de trois villages, Taguemount Azzouz, Tizi Hibel et Aït Khalfoun de la tribu des Aït Mahmoud, où les ottomans furent vaincus. Ceci fut la première défaite du Bey en Kabylie. Malgré cela, il fut promu Bey du Titteri[3].

Peu de temps après, la campagne contre les Guechtoula et les Aït Sedka a commencé. Ils furent, comme les Aït Aïssi, soumis, et des taxes légères furent imposées[3]. Le Bey Mohammed s'est ensuite attaqué aux trois villages indépéndants des Aït Mahmoud, et reçut la soumission de l'entièreté de la tribu[2].

Après toutes ces campagnes réussies de la régence d'Alger sous le commandment du Bey Mohammed, la confédération des Zouaoua proprement dits, voisine des Aït Sedka et des Aït Mahmoud, fut la prochaine cible du Bey.

Déroulement[modifier | modifier le code]

La bataille[modifier | modifier le code]

Après un ou deux ans, c'est à dire en 1746-7, lorsque le calme est revenu dans la région, le Bey Mohammed décida de lancer une expédition contre la confédération des Zouaoua proprement dits, et précisément le groupe des Aït Betroun, qui, loin de reconnaître la puissance turc naissante, cherchaient à la détruire par tous les moyens possibles, même si la confédération se trouvait seule à cause de la neutralité des tribus et confédérations voisines[4].

La confédération des Zouaoua proprement dits, durant la conquête française, était forte de 8,060 fusils, et avait 13,610 hommes en état de porter les armes, dont 4,545 fusils et 8,320 hommes des Aït Betroun seuls[5][6]. Ils avaient aussi la plus grande densité de population en Kabylie durant le xixe siècle et la moitié du xxe siècle[6][7][8].

Le Bey conduisait des troupes imposantes en passant par les Aït Sedka, et c'est lorsqu'il c'était allé camper en territoire ennemi que ses succès s'arrètent, et la fortune, qui lui avait toujours été favorable, se tourna contre lui[9]. Dés le lendemain, il fut encerclé et assailli par les montagnards, accourus pour défendre leur territoire menacé. Les guerriers de la tribu formèrent autour de son campement une série d'embuscades. Malgré la position défavorable du Bey, il combattit vaillamment ses ennemis et s'en sort à Asif Ou Ghendjour (la rivière du Nez) pour incendier et détruire un moulin, et se trouva tout à coup cerné par ses ennemis. Ses troupes, après un vigoureux combat, parvinrent à se faire passage, mais c'était un piège des Kabyles. Les Kabyles laissent Mohammed s’engager dans un chemin étroit bordé d’un précipice, puis, tout à coup, saisies de frayeur, les troupes ottomanes se débandèrent et s'enfuireut avec une telle précipitation, qu'à l'endroit où le passage se rétrécit, dix-sept hommes du goum et autant de chevaux trouvèrent la mort. Cet endroit depuis est appelé Tamda el-Makhzen (le trou du Makhzen)[10].

Lorsqu le Bey voyait que ses efforts étaient impuissants contre les Kabyles et qu’il était menacé de perdre toute son armée, il combattit en retraite[11]. Vaincu par les armes, le Bey, désespéré de son insuccès, essaya un subterfuge pour intimider ses adversaires. Il leur envoya une certaine quantité de pain blanc, avec promesse que, s’ils se soumettent, ce pain deviendra leur nourriture de chaque jour. Les Kabyles ont répondu :

« Reporte au bey son pain blanc, et répète-lui que nous préférons notre piment rouge, qui fait circuler le sang plus vif dans nos veines et nous donne plus d'ardeur encore pour combattre l'étranger[12]. »

Selon une autre version similaire du récit, les Kabyles lui adressèrent des beignets saupoudrés de ce poivre rouge dont la force est proverbiale, eu accompagnant leur envoi de ces paroles :

« Ces aliments, recouverts d'une forte couche de poivre qui brûle notre sang lorsque nous les mangeons, ravivent notre ardeur guerrière, notre haine pour l'étranger et nous donnent la force nécessaire pour les exterminer[10]. »

Lorsque le Bey perdit espoir, il demanda juste d'entrer le territoire de la tribu seul avec son cheval pour l'abreuver. Les membres de la tribu ont réfusé, mais il obtint une outre remplie d'eau de Tala n Souk (la fontaine du marché), avec laquelle le cheval fut abreuvé[10].

Selon une autre histoire similaire à cette dernière, mais plus détaillée, des marabouts (saints) de la tribu ont annoncé à haute voix que le prophète était apparu à Bey Mohammed, lui ordonnant de donner son cheval à boire à Tala n Souk des Aït Ouacif. « Le bey viendra donc à cheval, ajoutent-ils, avec une faible escorte, et au nom du prophète nous lui devons bon accueil. » Sur ce gros émoi et tumulte dans la tribu. « Non, le bey ne violera pas notre territoire, s’écrie le plus grand nombre. — Voulez-vous que le prophète vous maudisse?Le prophète ne nous maudira point ; qu’ordonne-t-il ? Que le cheval de Mohammed boive à notre fontaine ; eh bien ! le cheval boira. » et une députation des Aït Ouacif alla chercher le cheval, l’amena boire et le reconduisit vers son maître, sans laisser le Bey et son escorte mettre leurs pieds sur leur territoire[12].

Conséquences[modifier | modifier le code]

C'étaient les Aït Betroun qui ont donné l'exemple dans le Djurdjura en définissant l'attitude à prendre face à l'ambition de la Régence d'Alger de soumettre la région, car suite à cette victoire, qui a donné de l'espoir au autres tribus Kabyles, la révolte se propaga partout en Kabylie durant les années à venir[13]. Aussi, leurs voisins, commes les Aït Iraten, qui étaient neutres, renoncèrent à leur neutralité[2], ce qui a conduit à la victoire d'une coalition de tribus Kabyles chez les Aït Iraten la décénnie prochaine. Les Iflissen Lebhar et les Aït Djennad se revoltèrent dans la Kabylie maritime en 1753[14], et les Guechtoula et les Aït Sedka s'étaient aussi révoltés en 1756 et ont même détruit le Bordj turc de Boghni et tué le caïd imposé, qui était étranger à la tribu[15], et la vaste confédération des Iflissen Oumellil a réfusé de payer l'impôt, ce qui provoqua deux batailles contre les turcs en 1767 et 1768, dans lequelles ils sortèrent victorieux[16][17].

La régence d'Alger ne fera jamais face à la confédération des Zouaoua les armes à la main, ni à celle des Aït Iraten après 1754, à cause des deux défaites humiliantes contre eux. Les Zouaoua et les Aït Iraten démeurent indépendants, ne payent aucun impôt et nommaient leurs propres chefs[18].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Hugh Roberts, Berber Government: The Kabyle Polity in Pre-colonial Algeria, Bloomsbury Academic, 2014, 352 p. (lire en ligne)
  • Nil Robin, La Grande Kabylie sous le régime Turc, Éditions Bouchène, 1998.

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Hugh Roberts, Berber Government: The Kabyle Polity in Pre-colonial Algeria, Bloomsbury Academic, , 352 p. (lire en ligne), p. 269
  2. a b et c Roberts 2014, p. 269.
  3. a b c et d Roberts 2014, p. 268.
  4. (fr) Revue Africaine, Paris, , p. 296
  5. (fr) Charles Devaux, Les Kebaïles du Djerdjera: études nouvelles sur les pays vulgairement appelés la Grande Kabylie, Paris, Camoin Frères, , 468 p. (lire en ligne), p. 245
  6. a et b Ernest Carette, Exploration scientifique de l'Algérie: pendant les années 1840, 1841, 1842, Part 1, Volume 5, Paris, (lire en ligne)
  7. Adolphe Hanoteau et Aristide Letourneux, La Kabylie et les coutumes kabyles, Volume 1, Paris, Imprimerie impériale, , 512 p. (lire en ligne), p. 241, 242
  8. Alain Mahé, Histoire de la Grande Kabylie, XIXe et XXe siècles, Editions Bouchène, , p. 384
  9. Robin 1998, p. 65.
  10. a b et c (fr) Revue Africaine, Paris, , p. 297
  11. Robin 1998, p. 66.
  12. a et b (fr) Revue des deux mondes : recueil de la politique, de l'administration et des moeurs, tome 62, Paris, , 1070 p. (lire en ligne), p. 125
  13. Roberts 2014, p. 280.
  14. Robin 1998, p. 66-68, 89.
  15. Robin 1998, p. 47.
  16. Revue africaine, Bastide, (lire en ligne), p. 33
  17. Adrien Berrugger, «Les époques militaires de la grande Kabylie», Bastide, Libraire-Éditeur, Paris, 1875, page 124
  18. Robin 1998, p. 49.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]