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Le Sacre de Charles X (1827) par François Gérard est la plus célèbre représentation de l'événement.

Le Sacre de Charles X de France a eu lieu le en la cathédrale Notre-Dame de Reims.

Quand il succède à son frère Louis XVIII sur le trône de France en 1824, Charles X exprime très rapidement sa volonté de se faire sacrer à Reims, renouant ainsi avec une tradition de l'Ancien Régime qui n'avait plus été célébrée depuis le sacre de Louis XVI en 1775. Avec cette cérémonie séculaire, le nouveau Roi entend s'inscrire dans la continuité de ses ancêtres et légitimer le retour au pouvoir des Bourbons après les bouleversements de la période révolutionnaire.

L'événement est préparé avec soin et s'organise autour de plusieurs journées ritualisées : les vêpres le 28 mai, la cérémonie religieuse du sacre le 29 mai et la tradition du toucher des écrouelles le 30 mai. La ville est richement décorée et accueille pour l'occasion une grande partie de l'aristocratie française ainsi que quelques écrivains, parmi lesquels François-René de Chateaubriand et Victor Hugo. Charles X se prête à la liturgie traditionnelle du sacre, dont l'onction avec l'huile de la Sainte Ampoule et, fait unique, accepte de prêter serment sur la Charte de 1814.

Jugé trop fastueux ou anachronique par nombre de ses contemporains, le sacre de Charles X est mal perçu par une majorité de français qui ne voient qu'un retour aux pratiques désuètes de l'Ancien Régime. L'historiographie récente adopte une vision globalement similaire de la cérémonie et la définit comme un symbole important du caractère ultraroyaliste et réactionnaire du souverain. Toutefois, certains historiens soulignent l'absence de mauvaises intentions dans la volonté de Charles X d'être sacré comme ses ancêtres.

L'événement reste à ce jour le dernier sacre d'un Roi en France[n 1]. On en conserve de nombreux témoignages littéraires et iconographiques, ainsi qu'une imposante production d'objets liturgiques. Une salle lui est entièrement dédiée au Palais du Tau à Reims et on peut toujours voir la luxueuse voiture du sacre au Musée des carrosses de Versailles.

Contexte[modifier | modifier le code]

Une monarchie en quête de légitimité[modifier | modifier le code]

Depuis le , suite à la défaite de Napoléon Ier et grâce aux intrigues de Talleyrand, les Bourbons règnent à nouveau sur la France.

L'avènement de Charles X[modifier | modifier le code]

Une popularité fragile[modifier | modifier le code]

Louis XVIII meurt le au Palais des Tuileries après une longue agonie, sans postérité. Monsieur, son frère, le comte d'Artois, lui succède immédiatement sur le trône, sous le nom de Charles X de France. Contrairement au défunt Roi podagre qui ne pouvait plus se déplacer, rongé par la goutte, Charles X est encore un homme svelte et élégant. Le , après la période de deuil et l'inhumation à la basilique royale de Saint-Denis, il fait son entrée dans Paris à cheval, salué par une foule bienveillante.

La personnalité de celui qui fut un incorrigible coureur, puis le chef de file du courant ultraroyaliste sous le règne de son frère, n'est pas pour satisfaire l'opposition libérale qui craint un retour à l'ordre ancien. Pourtant, très rapidement, Charles X assure aux membres des deux Chambres sont intention de « continuer le règne de son frère », de « maintenir les institutions que nous devons au Roi, dont le ciel vient de nous priver » et sa volonté de respecter la Charte et la liberté des cultes[1]. Les premières semaines de son règne, le Roi et la famille royale bénéficient d'une réelle popularité, y compris chez les libéraux[n 2]. De plus, les ministres nommés par Louis XVIII, Joseph de Villèle en tête, sont maintenus dans leurs fonctions et la censure sur la presse est abolie.

Par mesure d'économie, une ordonnance annonce la mise à la retraite forcée de 150 généraux sans commandement, la plupart ayant servis sous l'empire ; la date est mal choisie, le 2 décembre, anniversaire de la bataille d'Austerlitz. Quelques jours plus tard, après un discours ovationné du Roi, le Premier Ministre Villèle propose un projet de loi déjà ancien, visant à indemniser les émigrés qui avaient été lésés de leurs biens pendant la Révolution Française. Adoptée par 221 voix contre 130, la loi dite du milliard des émigrés est violemment attaquée dans la presse libérale. En février 1825, Villèle fait voter la loi contre les sacrilèges, qui assimile au crime de parricide (passible de la peine capitale) les exactions commises dans les églises[n 3]. Qu'elles soient dénuées de mauvaises intentions ou non, ces décisions entament la récente popularité de Charles X, accusé de rouvrir les plaies de la Révolution[2].

La décision du sacre[modifier | modifier le code]

Charles X arrête sa décision d'être sacré dès son accession au trône et en informe dans un premier temps son Conseil, puis sa famille à laquelle il demande une approbation symbolique[3]. Le au Louvre, lors du discours du trône, le Roi fait connaître sa décision aux membres des deux Chambres. Il s'exprime ainsi :

« Je veux que la cérémonie de mon sacre termine la première session de mon règne. Vous assisterez, Messieurs, à cette auguste cérémonie. Là, prosterné au pied du même autel où Clovis reçut l'onction sainte, et en présence de celui qui juge les peuples et les rois, je renouvellerai le serment de maintenir et de faire observer les lois de l'Etat et les institutions octroyées par le Roi mon frère ; je remercierai la divine Providence d'avoir daigné se servir de moi pour réparer les derniers malheurs de mon peuple et la conjurerai de continuer à protéger cette belle France que je suis fier de gouverner.[4] »

Quelques jours plus tard, les représentants de la chambre des pairs puis de la chambre des députés se rendent auprès du souverain pour lui affirmer leur loyalisme et leur présence à la cérémonie.

L'annonce du sacre divise les opinions. Villèle et son ministère voient dans la cérémonie une opportunité politique de profiter d'un climat d'unité nationale et d'apaisement pour faire passer des lois[5]. La presse libérale se montre plus virulente et dénonce le caractère rétrograde d'un discours qui se réclame de la « France tout à la fois barbare de Clovis et demi-barbare de Saint-Louis ... »[6]. Chez les royalistes même, le sacre fait débat : Chateaubriand avait publié dès la mort de Louis XVIII une brochure intitulée Le Roi est mort, vive le Roi dans laquelle il se montrait favorable à la cérémonie, arguant qu'il serait le « serment de la monarchie nouvelle au serment de l'ancienne monarchie »[7]. Ces écrits sont contestés dès l'annonce de Charles X, par les libéraux et par certains royalistes qui craignent qu'une telle représentation à Reims ne réveille les anciennes rancœurs contre la monarchie[8],[9].

Au sein de la population, la décision du sacre est accueillie de multiples façons : certains attendent de l'événement des retombées politiques ou économiques, adressent à Charles X des vœux, des projets, des revendications, des pétitions[10]. Si les critiques dans la presse ne sont souvent que des allusions, l'attitude générale se résume à un scepticisme intrigué[11]. De nombreux ouvrages sont publiés

La question du sacre sous la Restauration[modifier | modifier le code]

Un principe de la Charte de 1814[modifier | modifier le code]

Le dernier sacre d'un Roi de France remontait à 1775. Louis XVI, malgré l'insistance de son ministre Turgot de réduire considérablement les dépenses liées à la cérémonie[12], voire même de la transporter à Paris, se montra inflexible quant au déroulement de cet événement séculaire qui marquait le caractère sacré de sa personne. Il se déroula sur plusieurs longues journées, dans un grand respect de la tradition. Il semblerait, en outre, que le comte d'Artois se soit mal comporté durant la cérémonie, jurant devant l'aristocratie en prétextant que sa couronne le gênait[13].

La charte octroyée par Louis XVIII le après les longues années révolutionnaires et l'empire est un compromis entre les traditions de l'Ancien Régime et les apports de la Révolution Française. Elle rappelle toutefois clairement sa volonté de « renouer avec la chaîne des temps » et maintient le caractère sacré du Roi (article 13), qui détient son pouvoir de Dieu. L'article 74 confirme l'importance accordée à la solennité de la cérémonie du sacre[14], occasion pour le souverain de jurer « d'observer fidèlement la présente charte constitutionnelle »[n 4]. Il semble acquis pour les historiens que Louis XVIII a eu l'intention de se faire sacrer à Reims comme ses ancêtres et à, dans cette optique, fait rassembler une importante masse de documentation, qui servit par la suite. Une annonce officielle fut même faite par le Roi en décembre 1818 lors du discours du trône, devant les chambres réunies. Dès lors, la date fut repoussée sans cesse, le lieu questionné jusqu'à évoquer un sacre aux Tuileries et finalement abandonné devant l'état de fatigue du monarque, qui n'aurait probablement pas supporté une aussi longue cérémonie.

L'abandon du sacre de Louis XVIII a donné lieu à de nombreuses élucubrations et fantasmes mais les historiens s'opposent toujours sur la résignation forcée ou non du souverain : on soutient d'une part que son état de santé en a été l'élément déterminant et on avance, de l'autre, qu'elle fut voulue par le vieux Roi, voltairien dans l'âme et conscient de la désuétude du projet. Il semble que l'opinion de l'époque jugea ce non-sacre comme une preuve de sagesse et qu'elle porta préjudice à Charles X quand il annonça son intention d'être sacré.

Les enjeux d'un nouveau sacre[modifier | modifier le code]

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Les préparatifs[modifier | modifier le code]

Une cérémonie à moderniser[modifier | modifier le code]

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La préparation de Reims[modifier | modifier le code]

Déroulement du sacre[modifier | modifier le code]

Le voyage vers Reims[modifier | modifier le code]

Le , Charles X et le Dauphin quittent Paris dans la matinée pour Compiègne, où ils passent trois jours occupés par la chasse, la messe et les réceptions[15]. Le 27, ils partent vers Soissons où le maire et son conseil municipal remettent les clefs de la ville au souverain, qui achève sa journée à Fismes, étape traditionnelle de tous les sacres des Rois de France. Le préfet accueille Charles X sous un arc de triomphe consacré à la monarchie et à la religion et prononce un discours à la gloire de ce « merveilleux triomphe sur le temps[16] ». Le soir, le Roi passe la nuit avec son fils dans la maison d'un meunier, remise à neuf et redécorée pour l'occasion, et apparaît au balcon devant la foule qui l'ovationne. Le reste de la famille royale se rend directement à Reims.

Tinqueux est la dernière étape du voyage vers Reims : Charles X, le Dauphin et les princes s'installent dans la voiture du sacre pour leur arrivée à la cathédrale.

Le lendemain matin, les princes se rendent à pied à l'église pour entendre une messe donnée par un curé local et invitent le maire à déjeuner. Ils reprennent la route de Reims en fin de matinée, sous une pluie battante, au son des salves et des coups de canon. Le bruit et l'orage effraient les chevaux qui s'emportent, menaçant la voiture des princes de verser. L'accident est évité de justesse grâce à la maîtrise du baron Vincent et du postillon qui pressent les chevaux de continuer leur route ; quelques accompagnateurs à cheval et valets, moins chanceux, sont blessés, dont le Comte Curial qui se brise plusieurs côtes. L'événement fut prétexte par la suite, dans les différentes chroniques du sacre, à d'improbables citations imputées aux princes quant à la protection de la divine Providence sur leurs personnes.

A midi, le carrosse des princes arrive à Tinqueux, dernière étape obligatoire et séculaire du voyage avant l'entrée dans Reims. Sous un arc de triomphe, le sous-préfet de la Marne prononce un discours devant le Roi, qui rappelle lui aussi l'idée de continuité historique de l'événement et l'attachement des Rémois à la cérémonie. La voiture du sacre, protégée jusqu'alors par une bâche, est découverte pour que le Roi puisse y prendre place avec le Dauphin et les premiers princes du sang, le Duc d'Orléans et le Duc de Bourbon. La suite royale se forme, dès lors et selon l'étiquette, des états-majors, de la cavalerie de ligne et de la garde nationale ; plus loin, des carrosses transportant le grand chambellan Talleyrand, des gardes du corps du Roi, des pages ; enfin de la voiture du sacre, suivie par plusieurs escadrons de la cavalerie, des dragons et des chasseurs.

Le cortège royal est applaudi tout au long de son parcours, jusqu'à la porte de Vesle à Reims où le maire remet au souverain les clefs de la ville et prononce un discours d'attachement à la cérémonie du sacre. Arrivé devant la cathédrale au son des cloches et de 101 coups de canon, Charles X est accueilli par l'archevêque Latil sous un dais où il déclare venir « recevoir les bénédictions du Ciel ». Monseigneur de La Fare prononce ensuite un discours sur la continuité historique des Rois, inégalement apprécié pour ses maladresses de langage, et l'office prend fin par un Te Deum de Charles-Henri Plantade. Le Roi se retire dans le palais des archevêques où il reçoit l'hommage de tous les notables de la ville. Trop âgé pour s'adonner à la nuit de prières qui précède le sacre, il répond toutefois à une autre tradition qui consiste à libérer des prisonniers[n 5].

La journée du sacre (29 mai 1825)[modifier | modifier le code]

Les rituels de la matinée[modifier | modifier le code]

Une grande partie de l'aristocratie française est présente à Reims, où les appartements et fenêtres donnant sur la cathédrale ont été loués à prix d'or pour assister au spectacle. Les retrouvailles et mondanités sont pour beaucoup l'occasion de parler affaires. Les nombreux invités, en grande tenue, se pressent aux entrées de la cathédrale qui ouvre ses portes dès 5 heures. Deux heures plus tard, le corps diplomatique prend place aux premiers rangs de la tribune, suivi des princesses et de la Cour. Les députés sont assis sur les gradins à gauche et font face aux pairs de France. Les ministres sont, quant à eux, assis près du fauteuil du Roi. Les représentants du Clergé entrent enfin avec l'archevêque Latil, près du chœur qui entame un oratorio de quarante minutes.

A 8 heures, le cardinal de Clemont-Tonnerre et Monseigneur de La Fare se rendent dans les appartements du Roi, situés dans le palais épiscopal. Selon la traditionnelle cérémonie du roi dormant, légèrement transformée pour l'occasion, ils frappent à la porte. Sans ouvrir, le grand chambellan Talleyrand interroge : « Que demandez-vous ? », ce à quoi le cardinal répond « Nous demandons Charles X que Dieu nous a donné pour Roi ». Les portes s'ouvrent, le Roi se lève de sa chaise et on lui récite une oraison avant que la procession ne prenne son chemin vers la cathédrale, par une galerie spécialement aménagée.

La cérémonie[modifier | modifier le code]

Charles X arrive se met à genoux devant l'autel, simplement vêtu d'une camisole blanche et de mules lamées d'argent. Monseigneur de Latil apporte l'énorme reliquaire qui contient la Sainte Ampoule, sans autre forme de cérémonial[n 6], et s'assoit en face du Roi qui touche la relique posée sur les évangiles avant de déclarer :

Selon la tradition du sacre des rois de France, Charles X, vêtu d'une chemise percée, est oint du baume sacré de la Sainte Ampoule en sept endroits de son corps.

« En présence de Dieu, je promets à mon peuple de maintenir et d'honorer notre sainte religion, comme il appartient au Roi Très Chrétien et au fils aîné de l'Eglise, de rendre bonne justice à mes sujets ; enfin, de gouverner conformément aux lois du royaume à la Charte constitutionnelle que je jure d'observer fidèlement. Ainsi, que Dieu me soit en aide et Ses Saints Évangiles[17]. »

Le Roi prête ensuite deux serments, à l'ordre du Saint-Esprit puis à l'ordre royal de Légion d'Honneur, réunissant ainsi l'héritage de l'Ancien Régime, de la Révolution Française et de l'Empire[18].

On enlève ensuite la chemise du Roi qui, tête nue, s'assoit dans son fauteuil pendant que Latil bénit l'épée Joyeuse avant de poursuivre avec une oraison qui ôte la plupart des aspects guerriers du Roi de France. C'est le maréchal de Moncey, ancien fidèle de Napoléon Ier qui est chargé de la tenir le reste de la cérémonie. Charles X prosterné devant l'autel, Latil s'apprête à oindre le Roi du baume sacré en sept endroits de son corps : la tête, l'estomac, entre les épaules, sur l'épaule droite, sur l'épaule gauche, sur le bras droit et sur le bras gauche. Talleyrand s'approche ensuite du souverain pour le revêtir d'une tunique, d'une dalmatique et du manteau de sacre - lequel avait été confectionné pour Louis XVIII. Deux dernières onctions sur les mains et les paumes terminent les sacrements.

Le Roi sacré peut ainsi recevoir les symboles de son pouvoir : des gants aspergés d'eau bénite (consécration divine et pureté) puis l'anneau d'or, allégorie du mariage entre le souverain et la France, qu'il passe au quatrième doigt de sa main droite. Le sceptre de Charlemagne lui est remit comme signe d'autorité et de pouvoir ; la main de justice (du sacre de Napoléon Ier) comme emblème du pouvoir judiciaire[n 7]. Latil s'avance ensuite vers le fauteuil du Roi et maintient la couronne au dessus de sa tête, assisté du Dauphin, du Duc d'Orléans et du Duc de Bourbon. Couronné, Charles X est conduit vers le trône, entouré des princes (qu'il embrasse), d'officiers, de gardes et de prélats. La foule jubile aux cris de Vivat rex in aeternum !. Les portes de la cathédrale sont ouvertes au peuple qui se précipite acclamer le nouveau Roi. 540 oiseaux sont lâchés dans la cathédrale mais nombre d'entre eux, effrayés par le bruit, se brûlent les ailes sur les grands lustres.

Une dernière messe est célébrée, d'abord au son d'une partition de Luigi Cherubini - pratiquement couverte par le bruit de la foule - puis par Latil qui change la couronne du souverain par une nouvelle, sertie de diamants. A 11h30, le cortège royal reconduit Charles X dans ses appartements.

Les festivités[modifier | modifier le code]

Après quelques minutes de tranquillité, le Roi reçoit en entretien les députés, les pairs et les ambassadeurs. Un festin de huit plats doit être donné quelques minutes plus tard dans la grande salle du palais archiépiscopal en présence des représentants du Clergé. Le repas dure à peine 30 minutes avant que le Roi et le Dauphin ne repartent vers la cathédrale pour y recevoir les chevaliers de l'ordre du Saint-Esprit et en promouvoir de nouveaux. La soirée s'achève par une réception des Dames de Paris et de Reims par le Roi. ...

Les dernières obligations[modifier | modifier le code]

Le toucher des écrouelles était un passage obligatoire d'un Roi de France lors de son sacre et consistait pour lui à toucher des malades de sa main pour les guérir par son pouvoir thaumaturge. Des malades affluèrent en nombre à Reims à l'annonce du sacre de Charles X mais on annonça un peu avant la cérémonie que cette tradition n'aurait pas lieu, ce qui provoqua la colère des malades. Le 30 mai, le Roi mis au courant de la situation, ordonne de les dédommager, ne croyant pas en son pouvoir de guérison, puis décide qu'il se rendra les visiter. Le 31 mai au matin, Charles X, suivi des princes, arrive à l'hôpital Saint-Marcoul où une centaine de malades attendent sa venue : à huit-clos, après une messe, le Roi touche la tête des malades en prononçant la phrase Le Roi te touche, Dieu te guérisse ! avant d'adresser à tous ses vœux de rétablissement et de remercier les religieuses pour leur travail auprès des plus pauvres.

Après s'être recueilli avec Latil sur les reliques de Saint-Rémi dans la basilique consacrée, le Roi se rend au camp Saint-Léonard, à quelques kilomètres de Reims où se trouve les troupes commandées par le duc de Bellune. Dans un décor champêtre, Charles X passe en revue les 10.000 militaires réunis, accompagné de plusieurs maréchaux, et décore de l'ordre de Saint-Louis ou de la Légion d'honneur quelques uns d'entre eux. De nombreux paysans des alentours assistent, enthousiastes, au cérémonial.

Dès 15h00, le Roi se rend à la grande Exposition du Bazar, construit spécialement pour l'occasion. Plusieurs dizaines de marchands exposent leurs productions d'ébénisterie, d'horlogerie, d'orfèvrerie ou de textile au souverain qui achète une table et commente tout ce qu'il voit. La visite est un grand succès auprès de la bourgeoisie naissante et de la population qui acclame Charles X quand il part. Les fêtes, bals et représentations théâtrales se poursuivent toute la soirée dans Reims.

Conséquences[modifier | modifier le code]

Le retour à Paris[modifier | modifier le code]

Charles X fait son entrée à Paris quelques jours après son sacre à Reims : les avis des historiens divergent quant à l'accueil qui fut réservé au Roi par les parisiens : « triomphal » pour les uns, « froid » pour les autres.

Le 1er juin, Charles X entend une messe en petit comité dans la cathédrale puis reçoit un dernier hommage des autorités de la ville avant de reprendre la route de Paris. Sur le chemin, il s'arrête de nouveau à Fismes pour prendre des nouvelles des blessés lors de l'incident de l'aller puis retourne à Compiègne pour la soirée, non sans avoir visité un nouveau bazar et reçu une énième délégation venue lui apporter ses hommages. Il y reste le temps des préparatifs pour son entrée, que l'on annonce triomphale, dans la capitale.

Le , la voiture du sacre pénètre dans Paris par la porte de la Villette, au son de 100 coups de canon. Charles X est salué par une foule nombreuse et quelques autorités préfectorales qui lui remettent les clefs de la ville en le félicitant pour son engagement sur la Charte. Le cortège se rend ensuite à Notre-Dame pour y entendre un Te Deum avant de rejoindre les Tuileries et de faire une apparition au balcon en fin de journée. Comme à Reims, les jours qui suivent sont fériés et sont l'occasion de grandes fêtes aristocratiques et populaires : un grand dîner est organisé pour le 8 à l'hôtel de ville, où le Roi n'accueille que des femmes avant de débuter un grand bal. Les parisiens assistent à des feux d'artifice, des pièces de théâtre gratuites, des repas, des spectacles tout au long du mois de juin.

Postérité de l'événement[modifier | modifier le code]

Dans l'historiographie[modifier | modifier le code]

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Représentations[modifier | modifier le code]

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Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes
  1. Louis-Philippe Ier, titré Roi des français n'a pas été sacré puisque la Charte de 1830 est fondée sur la souveraineté nationale ; le sacre de Napoléon III a échoué et le dernier souverain de France n'a jamais reçu l'investiture divine.
  2. François Guizot écrit : « Jamais transition plus importante ne se sera faite aussi paisiblement.» (Garnier, 1967, op. cit. p. 13)
  3. La loi ne fut jamais appliquée. Elle fut abrogée définitivement le 11 octobre 1830 (Garnier, 1967, op. cit. p. 51)
  4. L'article 74 de la Charte de 1814 précise : « Le Roi et ses successeurs jureront dans la solennité de leur sacre d'observer fidèlement la présente charte constitutionnelle ».
  5. 50 prisonniers seulement furent relâchés lors du sacre de Charles X, contre 6000 par Louis XIV et 600 par Louis XV (Raillat, 1991, op. cit., p. 153).
  6. Le cérémonial lié à la Sainte Ampoule sous l'Ancien Régime était beaucoup plus élaboré : la relique arrivait notamment par une procession de la basilique Saint-Remi et devenait l'objet de multiples rites dans la cathédrale (Raillat, 1991, op. cit., p. 162).
  7. La Main de justice était le symbole du pouvoir judiciaire du Roi sous l'Ancien Régime où tous les pouvoirs lui étaient concentrés. En 1825 pour le sacre de Charles X, ce n'est plus qu'un symbole puisque les pouvoirs sont séparés, le Roi n'ayant plus aucun pouvoir judiciaire manifeste (Raillat, 1991, op. cit., p. 177).
Références
  1. Garnier 1967, p. 12
  2. Garnier 1967, p. 51
  3. Garnier 1967, p. 60
  4. Garnier 1967, p. 61
  5. Raillat 1991, p. 66
  6. Raillat 1991, p. 67
  7. Raillat 1991, p. 55
  8. De Sales, Est-il politique que le Roi soit sacré ?, Pillet, Paris, 1824, p. 9
  9. Raillat 1991, p. 68
  10. Raillat 1991, p. 71
  11. Raillat 1991, p. 75
  12. Raillat 1991, p. 34
  13. Raillat 1991, p. 35
  14. Raillat 1991, p. 27
  15. Garnier 1967, p. 65
  16. Raillat 1991, p. 145
  17. Raillat 1991, p. 166
  18. Raillat 1991, p. 167

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Le sacre[modifier | modifier le code]

  • André Castelot, « Le sacre du dernier Bourbon : Charles X », Miroir de l'Histoire, no 41,‎ , p. 565-569
  • Georges Claude, « Les réactions de la presse et de l'opinion publique au sacre de Charles X », Mémoire de la Soc. d'agr. com., sci., et arts du département de la Marne, no XCVIII,‎ , p. 279-295
  • Jean-Paul Garnier, Le sacre de Charles X et l'opinion publique. Contribution à l'histoire des idées constitutionnelles sous la Restauration, Jouve, Paris,
  • Jean Mongredien, « La musique aux fêtes du sacre de Charles X », Recherches sur la musique française classique, vol. X,‎ , p. 87-100
  • Landric Raillat, Charles X : le sacre de la dernière chance, Olivier Orban, Paris, (ISBN 978-2855656373) Document utilisé pour la rédaction de l’article

Les acteurs du sacre[modifier | modifier le code]

  • Georges Bordonove, Charles X : Dernier Roi de France et de Navarre, Pygmalion, Paris, (ISBN 978-2756402420) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • José Cabanis, Charles X, roi ultra, Gallimard, Paris, (ISBN 978-2070282531)
  • Jean-Paul Garnier, Charles X. Le Roi, le proscrit, Fayard, Paris, Document utilisé pour la rédaction de l’article

Ouvrages généraux[modifier | modifier le code]

  • Corinne Perrin-Saminadayar (dir.) et Eric Perrin-Saminadayar (dir.), Imaginaire et représentations des entrées royales au XIXe siècle : une sémiologie du pouvoir politique, Université de Saint-Étienne, (ISBN 9782862723907) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Françoise Waquet, Les fêtes royales sous la Restauration ou l'Ancien Régime retrouvé, Librairie Droz, Genève, (ISBN 9782600046152)

Sources[modifier | modifier le code]

  • Jean Jérôme Achille Darmaing, Relation complète du sacre de Charles X avec toutes les modifications introduites dans les prières et la cérémonie et la liste de tous les fonctionnaires publics qui ont été appelés au sacre par lettre closes..., Baudouin, Paris,
  • Alexandre Le Noble, Relation du sacre de S.M. Charles X..., Pochet, Paris,
  • Alexandre Martin et H. Martin Saint-Ange, Promenade à Reims, ou journal des fêtes et cérémonies du sacre, précédé d'une introduction historique sur les sacres des rois de France. Suivi de la relation circonstanciée des fêtes qui ont lieu à Paris à l'occasion du retour de S. M. Charles X, par un témoin occulaire, Bouquin de la souche, Paris,
  • Edmée François Marie Antoine Miel, Histoire du sacre de Charles X dans ses rapports avec les Beaux-Arts et les libertés publiques de la France, Panckoucke, Paris,
  • Charles Joseph Christophe Siret, Précis historique du sacre de S. M. Charles X..., Imp. de Régnier, Reims,

Liens externes[modifier | modifier le code]

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