Syria Trust for Development

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Trust syrien pour le développement
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Le Syria Trust for Development (STD) ou Trust syrien pour le Développement, est un organisme non gouvernemental syrien fondé et dirigé par Asma el-Assad, première dame de Syrie, accusé de détournements de fonds étrangers en faveur du régime de Bachar el-Assad.

Fonctionnement[modifier | modifier le code]

Initialement créé le 15 juillet 2001, le « Fonds syrien pour le développement rural »l est créé en tant qu'institution non gouvernementale et en avril 2007, le STP obtient la licence légale du ministère des Affaires sociales et du Travail.

En 2007, les ONG syriennes sont regroupées dans le conglomérat Syria Trust for Development, qui finit par employer 700 personnes, empêche l'émergence d'ONG indépendantes ou à connotation religieuse, et canalise l'essentiel des aides versées par l'étranger[1]. Le STD, qualifié d'organisation « non-gouvernementale à orientation gouvernementale » (GO-ONG en anglais) détient le quasi-monopole du champ associatif et empêche l'émergence d'associations ou l'accès à des fonds et programmes internationaux d'associations existantes et voulant rester indépendantes[2],[3],[4].

Dirigé par Asma el-Asmad, qui est placée sous sanctions européennes[5], le réseau est décrit comme puissant, bénéficiant du soutien de nombreux hommes d'affaires et du régime syrien[2]. Le STD, très médiatisé, est considéré comme une vitrine marketing du rôle social du couple Assad, certaines de ses actions étant dirigées directement par Bachar el-Assad, à l'image des actions en faveur des vétérans de l'armée syrienne[6],[7].

Le STD centralise l'ensemble des demandes d'accès des ONG humanitaires intervenant en Syrie, qui ne peuvent opérer sans son intermédiaire[2],[8]. L’ONU et l’Union européenne elles-mêmes acceptent, contraintes, de collaborer avec le STD pour maintenir leurs activités dans les zones contrôlées par le régime de Bachar el-Assad[8].

L'UNESCO est partenaire du STD[9].

Le Syria Trust Development est dans le viseur des sanctions américaines, notamment avec la loi César[10]. Le STD appelle d'ailleurs à la levée des sanctions, et, d'après Ayman Abdul Nour, envoie des gens en Europe « pour transmettre le discours du régime, en particulier sur les sanctions, sous le couvert de la « société civile » étant donné que les responsables gouvernementaux ne peuvent pas faire cela »[11].

Selon Enab Baladi, ce sont ses actions qui ont incité l'administration américaine à imposer des à Asma al-Assad et plusieurs membres de sa famille, dont son père Fawaz el-Akhras, Sahar Otri al-Akhras, Firas et Iyad al-Akhras. Joel Rayburn, a déclaré que « les sanctions ont été imposées à la famille d'Asma al-Assad parce qu'elle tente de contrôler plus d'actifs et ressources du cœur de la mafia du régime d'el-Assad »[11].

Controverses[modifier | modifier le code]

Détournements de fonds[modifier | modifier le code]

Le STD est accusé de détourner une large partie des fonds alloués à l'aide humanitaire. Seuls 20 % du budget du STD, alimenté principalement par des agences de l’ONU, seraient distribué aux bénéficiaires visés, tandis que la majorité des fonds serait captée par le régime, selon les acteurs locaux[12].

Outil de verrouillage de la société civile[modifier | modifier le code]

Pour Laura Ruiz de Elvira et Tina Zintl, cette tactique de la création de GO-ONG, dont le STD, a été une méthode efficace pour renforcer le pouvoir du régime et contrôler le secteur associatif[4].

Selon Ayman al-Dassouky, le STD « a joué un rôle majeur dans le plan du gouvernement pour vaincre la révolution syrienne. Il a été utilisé pour contrôler la société civile naissante et attirer des fonds étrangers. Il est devenu le principal outil de relations publiques avec l’Occident et la communauté internationale, capable de rediriger l’aide internationale vers le régime et ses associés »[12].

Cette analyse concorde avec celle de Claudie Fioroni, pour qui les « discours et recettes du développement sont repris et utilisés par le STD afin de légitimer les réformes soutenues par le couple présidentiel auprès de ses bénéficiaires et de ses partenaires publics ; tout en maintenant le verrouillage politique sur la société syrienne »[3].

Références[modifier | modifier le code]

  1. Le Point magazine, « Asma el-Assad, 36 ans, femme de tyran », sur Le Point, (consulté le )
  2. a b et c « A Damas », Intelligence Online,‎ (lire en ligne)
  3. a et b Claudie Fioroni, « 2. Le Syria trust for Development. Un cas d’auto-reproduction du régime ? », dans Le développement, une affaire d’ONG? : Associations, États et bailleurs dans le monde arabe, Institut de recherches et d’études sur les mondes arabes et musulmans, coll. « Hommes et sociétés », (ISBN 978-2-8111-4974-1, lire en ligne), p. 69–93
  4. a et b (en) Tina Zintl et Laura Ruiz de Elvira Carrascal, Civil Society and the State in Syria: The Outsourcing of Social Responsibility (lire en ligne)
  5. (en) « How Assad regime controls UN aid intended for Syria's children », sur the Guardian, (consulté le )
  6. (en) Ayman Aldassouky et Sinan Hatahet, « The role of philanthropy in the Syrian war : regime-sponsored NGOs and armed group charities », European University Institute, European University Institute,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. « Femmes, pouvoir et voile en Syrie », Cairn,‎ (lire en ligne)
  8. a et b « Madame Assad au coeur de la corruption d’Etat en Syrie », Un si Proche Orient,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. « Syria Trust for Development Wins Accolade at UNESCO », sur The Syrian Observer, (consulté le )
  10. « Fadi Farah », Intelligence Online,‎ (lire en ligne)
  11. a et b (en-US) « Syria Trust for Development, Asma al-Assad's charity, to implement projects at home and abroad », sur Enab Baladi, (consulté le )
  12. a et b ariane lavrilleux, Elie Guckert et Frank Andrews, « SOS Chrétiens d’Orient, une «start-up» française au service du régime de Bachar el-Assad », sur Mediapart (consulté le )