Principauté de Bénévent

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Principauté de Bénévent

1806–1814

Description de l'image Benevento 1742.JPG.
Informations générales
Capitale Bénévent
Histoire et événements
5 juin 1806 Début
Février 1814 Fin

La principauté de Bénévent fut un petit État formellement indépendant institué par Napoléon en 1806, confiée au prince Charles-Maurice de Talleyrand. Son territoire coïncidait avec celui du duché de Bénévent, enclave pontificale à l’intérieur du royaume de Naples.

En dehors de la cité, il comprenait un Contado subdivisé en 12 centres : Sant'Angelo a Cupolo, Motta, Panelli, Pastene, Maccabei, Bagnara, Montorso, Maccoli, Perillo, Sciarra, San Leucio, San Marco ai Monti.

L'occupation des Bourbons[modifier | modifier le code]

Après l’occupation de Rome par les troupes françaises le , Bénévent se trouva politiquement isolé, jusqu’à ce que Ferdinand Ier des Deux-Siciles décidât de l’occuper : le Directoire était en fait enclin à créer une République romaine, et Ferdinand voulait éviter que s’instaurât également à Bénévent un gouvernement sous autorité française, dangereux pour la stabilité du royaume de Naples.

Ferdinand, en abandonnant des pourparlers avec le Directoire français pour une occupation légalisée, provoqua dans la cité une agitation favorable à ses vues en jouant sur la fibre religieuse des habitants de Bénévent qui se sentirent menacés par l’arrivée des Français. Le , il ordonna à son ministre de la guerre Airola d’occuper la cité. Le , les grenadiers entrèrent par la Porta Rufina (aujourd’hui disparue) et leur commandant Alessandro Filangieri, prince de Cutò, prit possession de Bénévent au nom du roi de Naples, dans le but de garder le Duché, sans changer le gouvernement. Le , Ferdinand IV, en visite à Bénévent pour saluer ses soldats, fur accueilli et acclamé par la population, qui voyait en lui un défenseur de la religion opprimée par les Français. Durant la visite de la cité et en réponse aux craintes des habitants, il y laissa 5 000 grenadiers et leur artillerie.

Le , le prince Cutò prit le commandement du régiment Real Campagna qui avait remplacé les grenadiers. En vue d’une opération militaire contre la République romaine, le , le commandement du régiment s’établit à Capua, laissant à Bénévent le 3e bataillon Borgogna. Le , Ferdinand proclama le début des opérations militaires, mais après une occupation éphémère de Rome, le l’armée napolitaine se replia en hâte vers les confins du royaume. Ferdinand IV se réfugia en Sicile, cependant que l'armistice de Sparanise du , conclu par le comte Pignatelli et par le général Championnet, concédait aux Français les forteresses de Capua et de Bénévent.

L'occupation française[modifier | modifier le code]

Le au soir à Bénévent, la nouvelle de l’armistice provoqua la fuite du gouverneur pontifical Zambelli, la débandade des soldats bourbons et la manifestation de la population qui, à la vue de la décadence du gouvernement pontifical, proclama le marquis Giuseppe Paca gouverneur. Ce dernier, pour prévenir toute violence populaire, chercha à éviter l’attaque française en envoyant une délégation au général Championnet à Capua.

Mais le , à 23 heures, un détachement de dragons français occupa la ville sans rencontrer d’opposition.

Le , Domenico Antonio Mutarelli, à la tête des représentants publics, invita les citadins au respect, à l'obéissance à la république libératrice.

Le , le brigades de Brusier, arrivées durant la nuit, saccagèrent la trésorerie du Duomo et dérobèrent argent et objets précieux attribués au peuple par Benoît XIII. Le tocsin alarma la population qui réagit promptement en poursuivant les Français en route sur Naples ; rejoints dans la localité de Campizze, près de Montesarchio, les affrontements furent très violents.

Stèle aux insurgés et aux victimes de la tragédie de Campizze (Piazza Orsini de Bénévent)

Au mois de février, Andrea Valiante, nouveau commissaire organisateur, institua la première municipalité présidée par le marquis Pacca et composée de 16 membres choisis parmi les nobles, les ecclésiastiques et les bourgeois. À cette occasion, fut érigé le symbolique arbre de la Liberté.

Le , Valiante fut remplacé par Carlo Popp, qui proclama l’intégration de Bénévent à la république française et révisa les bases de la municipalité en réduisant de moitié ses composants et définissant les affaires publiques en cinq sections : police, super-intendance, finance, travaux publics et ravitaillement. Il modifia littéralement la vie sociale en instituant la salle d’instruction, modifiant l’ordonnance militaire, développant le tribunal supérieur de justice, confisquant les rentes ecclésiastiques, supprimant les couvents, abolissant les titres de noblesse, ordonnant à tous de s’appeler « citoyen », en instituant le calendrier républicain, ordonnant la confiscation de tous les objets précieux disparus lors du premier saccage et procédant à des arrestations qui semèrent la terreur dans la cité.

Le , arrivée dans la cité de 2 000 soldats de la République parthénopéenne commandés par le général Matera.

Le , au matin éclate une insurrection préparée depuis quelques jours, abolissant la municipalité, remplaçant la cocarde tricolore par la croix, abattant l’arbre de la Liberté et formant une troupe civique. Le au matin, Bénévent est envahi par une bande de sanfédistes, membres d'un mouvement populaire anti-républicain mise en place par le cardinal Fabrizio Dionigi Ruffo. Accompagnés des Consuls, les sanfédistes s’établirent dans la Rocca dei Rettori (forteresse de la cité).

Le retour à l’État de l’Église[modifier | modifier le code]

En septembre, Ludovico Ludovici, franciscain et évêque de Policastro arriva dans la cité et le , une sentence de condamnation à l’exil et au séquestre des biens tomba sur environ 80 citadins de Bénévent. Ludovici ordonna une sévère enquête sur les dépenses publiques faites dans la cité «au titre de dons et cadeaux» entre et .

Le , la longue et minutieuse enquête aboutit à la démission de Pacca et à l’élection d’un nouveau gouverneur, G.B. Pedicini.

Le , Bénévent retourna officiellement comme possession du Saint-Siège. En 1803, une terrible épidémie provoqua la mort de 1500 personnes en moins de deux mois.

À la mort de Pie VI son successeur Pie VII, affronta l’épineux problème de la relation entre le Saint-Siège et la France. Dans la nuit du 15 au , la signature d’un concordat qui, au-delà des concessions faites par l’Église et Napoléon, rétablit provisoirement la paix religieuse en France. Malgré le couronnement par le pape de Napoléon, celui-ci n’abandonnant pas ses projets de soumission de l’Église, promulgua en 1802, sur les conseils de Talleyrand, les articles relatifs à l’occupation des territoires pontificaux. En , le royaume de Naples fut octroyé à Joseph Bonaparte et les principautés de Bénévent et Pontecorvo furent créées.

Les premières phases de la Principauté[modifier | modifier le code]

Charles Maurice de Talleyrand-Périgord

Le à 21 heures, une division française, menée par le général Guillaume Philibert Duhesme, entra à Bénévent.

Le , Napoléon nomma par décret Charles Maurice de Talleyrand-Périgord prince et duc de la cité. Le lendemain, la cité fut militairement occupée par une unité forte de 150 soldats de cavalerie.

Le , nommé par Talleyrand, le premier gouverneur Alessandro Dufrense de Saint-Leon, prit la place du gouverneur pontifical Zambelli.

Le , Dufrense promulgua un statut constitutionnel, signé par Talleyrand, qui prévoyait de stabiliser les principes fondamentaux pour une réorganisation de l’État. Le , Bénévent eut son premier gouverneur français, Louis de Beer (1777-1823), déjà secrétaire d’ambassade à Naples.

Le gouvernement de De Beer[modifier | modifier le code]

Blason héraldique de Talleyrand comme prince de Bénévent

De Beer rénova la vie de la Principauté en appliquant le code Napoléon, avec quelques modifications pour raison d’adaptation et d’opportunité. Le gouvernement s’inspira de la justice et eut pour objectif principal l’amélioration des conditions de vie de la population; il abolit également tous les privilèges ecclésiastiques et les taxes.

Il fut le premier à ouvrir les écoles élémentaires publiques, rétablit les archives notariales publiques. La profession d’avocat, de notaire et de procureur, était ouverte à tous.

Le , proposition de réduire le nombre de notaires de 39 à 8 ou 10, habilités et brevetés par de Beer lui-même. Le , émission d’un décret sur les avocats et organisation d’une compagnie de gendarmerie.

Le , décret sur la vaccination anti-variolique. En , création de l’internat du lycée Pietro Giannone dans le collège des Jésuites, ouverture d’une bibliothèque publique et instauration dans la cité du système des poids et mesures déjà en vigueur en France..

La fin de la Principauté[modifier | modifier le code]

Vers la fin de 1808, quelques membres du Conseil provincial de la Principauté ultérieure, dont le duc de Marigliano, présentèrent au conseil la demande d’annexion de Bénévent au royaume de Naples, sans résultat. Mais la politique du nouveau roi de Naples, Joachim Murat envers Napoléon changea, et une fois conclue l’alliance offensive et défensive avec l'Autriche le , à la fin de janvier les troupes napoléoniennes occupèrent Bénévent, malgré les protestations de Talleyrand et du gouverneur. Le château vit les fonctionnaires de Murat (le commandant militaire Cattenacci, le commissaire du roi De Thomasis, le colonel De Halle, le maréchal de camp Minutolo et enfin le général Ortigoni) jusqu’au .

L’occupation de Bénévent par Murat entraîna la chute du prince Talleyrand en , puis la disparition de la Principauté.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Silvio Berardi, Talleyrand, Principe di Benevento, in Archivio Storico del Sannio, Naples, Edizioni ESI, n. 2, 2008, p. 7-187.
  • Alfredo Zazo, Curiosità storiche beneventane, éd. De Martini, 1976
  • Ferdinando Grassi, I pastori della cattedra beneventana, Bénévent, 1969
  • Gennaro Ricolo, Un rapporto di Talleyrand sul Principato di Benevento dopo il 1794, Bénévent, 1980
  • Alfredo Zazo, il Ducato di Benevento dall'occupazione borbonica del 1798 al Principato di Talleyrand, Naples, 1941
  • Daniello Maria Zigarelli, Storia di Benevento, Bologne, 1979
  • Salvatore De Lucia, Passeggiate beneventane Benevento, 1983
  • Auguste Marie Pierre Ingold, Benevento sotto la dominazione di Talleyrand ed il governo di Louis De Beer, 1806-1815 Benevento 1984

Notes et références[modifier | modifier le code]

Source de traduction[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]