Pierre de Longuemar

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Pierre de Longuemar (1929-2018) est un banquier français ayant exercé à Paribas. La deuxième partie de son existence a été consacrée à la préservation et à la valorisation des archives de Paribas puis de BNP Paribas, à la promotion de l’histoire bancaire, à la constitution d’archives orales et à la traduction d’ouvrages historiques.

Naissance et milieu familial[modifier | modifier le code]

Pierre Yves Jean Marie Letouzé de Longuemar est né le 9 mai 1929 à Strasbourg. Il est décédé le 1er août 2018 à Paris[1]. Il est le fils du colonel Henri Letouzé de Longuemar (1898-1979), le petit-fils du général Paul Letouzé de Longuemar (1836-1918) et l’arrière-petit-fils du militaire, savant et archéologue Alphonse Letouzé de Longuemar (1803-1881)[2],[3].

Pierre de Longuemar est le père de l’artiste et sculptrice Diane de Longuemar[4].

Formation[modifier | modifier le code]

Pierre de Longuemar effectue ses études secondaires au Lycée Carnot à Tunis puis à Saint-Martin de France à Pontoise[5]. Il prépare HEC au Lycée Sainte-Geneviève à Versailles, intègre la grande école de commerce et sort diplômé d’HEC en 1953.

Carrière bancaire[modifier | modifier le code]

Pierre de Longuemar effectue la totalité de sa carrière à la Banque de Paris et des Pays-Bas (Paribas) où il est recruté en 1954 sur le conseil de François Bloch-Lainé, alors directeur de la Caisse des dépôts et Consignations[6].

Pierre Longuemar suit une carrière classique de banquier, plutôt tournée sur l’international. Il devient notamment un spécialiste des crédits acheteurs et des financements internationaux[7].

De 1967 à 1969, il est détaché à Washington auprès de la Société financière internationale (International Finance Corporation) qui gravite dans l’orbite de la Banque mondiale.

Il poursuit sa carrière à Paribas auprès du département des affaires financières internationales (1970) puis à la direction des affaires commerciales et des relations étrangères (1973) et au département international (1983). Il est nommé directeur en 1984 et termine sa carrière comme responsable de la succursale de Londres de Paribas de 1987 à 1990.

Au service du patrimoine historique de la banque et de l’histoire[modifier | modifier le code]

A sa retraite en 1990, Pierre de Longuemar est chargé de mettre en place un service d’archives historiques de la banque Paribas, poursuivant les efforts du secrétaire général Jean Cabet dans les années 1970. C’est un des premiers services d’archives historiques bancaires en France[8]. Ce service est le support des recherches menées pour la publication en 1992 de l’ouvrage d’Eric Bussière, Paribas, l’Europe et le Monde, édité à l’occasion des 120 ans de la banque dans le contexte de la création de l’Union européenne[9].

Longuemar crée l’Association pour l’histoire de Paribas en 1994, qui prend le relais du service d’archives supprimé. Avec le service d’archives historiques du Crédit lyonnais, elle devient un lieu de ressources et d’échanges avec les historiens. L’association devient Association pour l’histoire de BNP Paribas en 2004[10].

Pierre de Longuemar est notamment à l’origine d’une importante et pionnière collecte d’archives orales initiée pour la documentation du livre d’Eric Bussière précité et poursuivie depuis [11],[12]. Il s’est appuyé pour cela sur l’expertise de l’historienne Florence Descamps, spécialiste des archives orales et de l'histoire orale.

Pierre de Longuemar figure également au nombre des fondateurs de l’European Association for Banking and Financial History dont il accueille la première réunion au siège de Paribas en 1989. Il en est fait membre d’honneur en 2017[13].

Passionné de prosopographie, notamment sur la noblesse française, Pierre de Longuemar apporte son concours aux recherches d’Eric Mansion-Rigau sur la noblesse française ou de Cyril Grange sur les élites juives françaises contemporaines. Il dirige et rédige l’introduction du mémorial de la noblesse française engagée dans les combats de 1939-1945[14].

Un traducteur d’ouvrages historiques[modifier | modifier le code]

Fort de sa familiarité avec la langue anglaise acquise lors des années passées aux Etats-Unis et à Londres, Pierre de Longuemar se lance dans la traduction de livres historiques. Passionné par l’histoire militaire, par curiosité personnelle et tradition familiale, il propose et signe la traduction de la thèse du grand historien américain Robert O. Paxton sur l’armée de Vichy, soutenue en 1963. Cet ouvrage, paru en 1966 aux Etats-Unis sous le titre Parades and politics at Vichy[15], attend donc 2004 pour paraitre en français sous le titre : L’armée de Vichy. Le corps des officiers français, 1940-1944[16].

Pierre de Longuemar entreprend ensuite la traduction d’un best-seller de l’écrivain américain Stephen Birmingham (1929-2015) paru en 1967 : Our Crowd, qui raconte l’histoire des grandes familles juives de New York qui ont fait Wall Street[17],[18]. La version française paraît en 2023, après le décès de Pierre de Longuemar, sous le titre Notre Monde[19]. Il est bien accueilli par la critique[20].

Références[modifier | modifier le code]

  1. ↑ « Fichier des décès »
  2. ↑ Florence Descamps, Roger Nougaret et Laure Quennouëlle-Corre, « Pierre de Longuemar : entre tradition, appel du grand large et transmission », dans Florence Descamps, Roger Nougaret et Laure Quennouëlle-Corre, Banque et Société, XIXe-XXe siècle, Identités croisées. Hommage à Pierre de Longuemar, Bruxelles, Peter Lang, (ISBN 978-2-87574-345-9), p. 11-19
  3. ↑ Laure Quennoüelle-Corre, « Pierre de Longuemar (1929-2018) », Entreprises et Histoire, vol. 92, no 3,‎ , p. 122-123 (lire en ligne)
  4. ↑ « Diane de Longuemar »
  5. ↑ Nathalie Duval, « Sur les traces de l’Education nouvelle : Saint-Martin de France à Pontoise », dans Florence Descamps, Roger Nougaret et Laure Quennoüelle-Corre, Banque et Société, XIXe-XXe siècle, Identités croisées. Hommage à Pierre de Longuemar, Bruxelles, Peter Lang, (ISBN 978-2-87574-345-9), p. 277-278
  6. ↑ Florence Descamps (et alii), Banque et Société, ouv.cit., p. 12
  7. ↑ Pierre de Longuemar, « Le commerce extérieur et les financements internationaux », dans Gaston Défossé (dir.), Les exportations françaises et leur financement, Paris, PUF, (ISBN 978-2-130-37404-6), p. 199-217
  8. ↑ Roger Nougaret, « Les archives bancaires en France et en Europe  », dans Les archives du monde du Travail. Actes du XXXIIIe congrès des archivistes français, Paris, Archives nationales, (ISBN 2-86000-241-3), p. 123
  9. ↑ Eric Bussière, Paribas, l’Europe et le Monde, 1872-1992, Anvers, Fonds Mercator, , 320 p. (ISBN 90-6153-283-3)
  10. ↑ « Association pour l'histoire de BNP Paribas » (consulté le )
  11. ↑ Pierre de Longuemar, « La constitution de sources orales au sein d’un service d’archives historiques : l’expérience de Paribas », Entreprises et histoire, vol. 20, no 3,‎ , p. 133-142
  12. ↑ Pierre de Longuemar, « The BNP Paribas Experience in Oral History Sources », Business History Review, vol. 88, no 2,‎ , p. 367-371 (lire en ligne Accès payant)
  13. ↑ « 2017 : Pierre de Longuemar, Association pour l’Histoire de BNP Paribas, is elected honorary member of the eabh for his life time of engagement for historical research in finance. », https://bankinghistory.org/about/
  14. ↑ Mémorial 1939-1945. L'engagement des membres de la noblesse et de leurs alliés, Paris, EHRET, , 310 p.
  15. ↑ (en) Robert Owen Paxton, Parades and Politics at Vichy. The French Officer Corps under Marshall Pétain, Princeton (New Jersey, USA), Princeton University Press, , 472 p.
  16. ↑ Robert O. Paxton (trad. Pierre de Longuemar), L’armée de Vichy. Le corps des officiers français, 1940-1944, Paris, Tallandier, , 586 p. (ISBN 978-2-847-34139-3)
  17. ↑ Stephen Birmingham, Our Crowd: The Great Jewish Families of New York, New York, Harper & Row, (ISBN 978-1-579-12435-9)
  18. ↑ "[Les livres de Stephen Birmingham] furent souvent des best sellers : Our Crowd demeura 47 semaines sur la liste des best sellers du New York Times", Sam Roberts, New York Times, 18 novembre 2015. "Son succès fit souvent penser aux gens que Birmingham était lui-même juif"[réf. nécessaire]
  19. ↑ Stephen Birmingham (trad. Pierre de Longuemar), Notre Monde. Histoire des grandes familles juives de New York, Paris, Exils, , 586 p. (ISBN 978-2-914823-30-2)
  20. ↑ Florent Georgesco, « Un vieux rêve américain », Le Monde, 10 mars 2024 ; Stéphanie des Horts, « Les grandes familles juives de New York », Journal du Dimanche, 10 mars 2024 ; Brunot Jacquot, « Goldman, Guggenheim, Lehman et les autres », Le Figaro, 17 mars 2024 ; https://podcast.ausha.co/4eme-de-couverture/notre-monde-de-stephen-birmingham-taduit-par-pierre-de-longuemar-exils
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