Maurice Persat

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Maurice Persat
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LezouxVoir et modifier les données sur Wikidata
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Maurice Persat, né à Ennezat (Puy-de-Dôme) le et mort à Lezoux (Puy-de-Dôme) le est un militaire et écrivain français qui participa aux guerres napoléoniennes puis à divers conflits du début du XIXe siècle en Amérique latine, en Grèce, en Italie et en Espagne.

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance et origines[modifier | modifier le code]

Il est le fils d'Antoine Persat qui suivit Lafayette en Amérique, puis fit fortune à Haïti, avant de rentrer à Ennezat, où il devint président de l’Assemblée cantonale en l’An VI du calendrier républicain. Son frère Victor Persat prétendit être Louis XVII[1],[2].

Le soldat[modifier | modifier le code]

Il s'engage le [3],[1] à 17 ans et enchaîne les campagnes militaires des guerres napoléoniennes[4] comme lieutenant de cavalerie au 9e régiment de dragons (devenu ensuite le 4e régiment de chevau-légers lanciers)[3]. Il combat notamment pendant les campagnes d'Espagne, de Portugal, de Russie et fut présent à Waterloo[3]. Il reçoit la Légion d'honneur des mains-même de l’empereur le [3],[5]. Il est blessé le devant Troyes d'un coup de lance et d'un coup de feu[3].

Après la chute de Napoléon Ier, il va poursuivre sa carrière militaire aventureuse dans plusieurs conflits, souvent révolutionnaires.

Exilé après la Seconde Restauration, il participe à un complot pour faire évader Napoléon de Saint-Hélène[6],[5], il décide de se rendre aux Amériques en compagnie de deux autres officiers en demi-solde, Alexandre Fourchy[7] et Chassaing, il séjourne aux États-Unis en 1817 avant de rejoindre les armées de Simon Bolivar en Amérique latine, toujours à la recherche d'un leader aussi charismatique que Napoléon[5]. Déçu dans ses attentes, il rejoint la Martinique en février 1819 puis revient en France pour participer à un complot napoléonien.

Parti pour l'insurrection dans le royaume des Deux-Siciles de 1820 au côté du général Pepe, il est fait prisonnier des Autrichiens mais parvient à s'évader[8].

Il rejoint ensuite la guerre d'indépendance grecque contre les Ottomans en 1821 et fait partie des premiers officiers de l'armée grecque sous les ordres de Dimítrios Ypsilántis et sera décoré de l'ordre du Sauveur[9]. Durant son séjour, il achète une jeune esclave turque, Adélé Hassan Alili, qu'il emmène avec lui à Marseille en 1822[7]. À son arrivée, il est sous le coup d'une proscription. Il doit se défendre et confie la jeune Adélé de 14 ans, enceinte, au baron Ange Hyacinthe Maxence de Damas qui dirige Marseille et promet d'aider Persat. En réalité, le baron oublie vite ses promesses et empêche Persat de récupérer Adélé qui vit désormais chez le baron et son épouse après que l'enfant d'Adélé et de Persat ait été abandonnée à l'Hospice des enfants abandonnés[10]. Il est possible que cette histoire ait inspiré Alexandre Dumas pour son personnage de Haydée, héroïne du Comte de Monte-Cristo[11].

Après la Grèce, il part en Espagne et combat sous le commandement de Francisco Espoz y Mina contre les troupes de Louis-Antoine d'Angoulême.

Il part ensuite à Londres, puis de nouveau aux États-Unis où il séjourne trois ans et se mêle à des entreprises de commerce et de flibusterie dans la région du Texas. Il revient en France en 1827, mais la baronne de Damas lui refuse toujours la main d'Adélé. Il racontera son désespoir à Ida Saint-Elme qu'il rencontre le avant de partir pour Alexandrie[10]. Après la chute de Charles X, il parvient à réintégrer l'armée française. Il récupère sa fille et épouse Adélé (sous le nom de Marie Angélique Adélaïde Charlotte Giliatopoulo) le à Bordeaux[12]. L'armée l'envoie en Grèce où il est chargé du commandement de la place de Modon. Adélé meurt à peine un an plus tard, le [13] avec leur fille, d'une pleurésie. En 1834 il est adjudant de place à Bougie[8].

Retour en France et derniers voyages[modifier | modifier le code]

Revenu en France, il devient l'ami du journaliste Armand Carrel qui lui offre la gérance de son journal Le National[14]. Persat est le témoin de Carrel au cours du duel mortel du contre Émile de Girardin[15],[14],[16].

Il fait ensuite trois mois de prison pour délit de presse. Toujours napoléonien, il entre en relations avec les premiers partisans du prince Louis-Napoléon. Il repart pour la Grèce, en , avec l'idée d'y finir ses jours, mais ne tarde pas à se raviser et rentre par Corfou et Ancône. Il obtient une fois de plus d'être remis en activité en 1839, et devient adjudant de place à Oran, à Bayonne, à Mazagran, au fort de Brescou, à Belle-Île-en-Mer, à Strasbourg[8].

Il prend sa retraite en 1854[8] et revient vivre dans sa région natale où il épouse le à Ennezat, en secondes noces, sa petite-nièce Henriette Charles Latour[13] (elle a 22 ans et lui 66 !).

Il écrit ensuite ses mémoires (qui ne seront publiées qu'en 1910[7]) puis meurt dans son domicile de la rue des Balinettes à Lezoux le , peu de temps après avoir reçu la médaille de Sainte-Hélène[9].

Distinctions[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Gilles Frierese, « Maurice Persat, frère de Victor », sur lauvergneparallele.wordpress.com, (consulté le )
  2. L'Auvergne historique, littéraire & artistique, Riom, Ulysse Jouvet, imprimeur-éditeur, (lire en ligne), Victor Persat ou mémoires d'un faux dauphin
  3. a b c d e et f « Base Leonore » (consulté le )
  4. Walter Bruyère-Ostells, La grande armée de la liberté, Tallandier, , 336 p. (EAN 979-1-02100-242-5, lire en ligne)
  5. a b et c Inès Murat, Napoléon et le rêve américain, Fayard, (lire en ligne), p. 120
  6. (en) William St. Clair, That Greece Might Still be Free: The Philhellenes in the War of Independence, Open Book Publishers, (lire en ligne), p. 32
  7. a b et c Maurice Persat, Mémoires du commandant Persat : 1806 à 1844, , 422 p. (lire en ligne)
  8. a b c et d Pierre Caron, « compte-rendu des Mémoires du commandant Persat, 1806 à 1844, publiés avec une introduction et des notes par Gustave Schlumberger », Revue d’Histoire Moderne & Contemporaine, vol. 17, no 6,‎ , p. 523-525 (lire en ligne)
  9. a b c et d « Registre des décès de la commune de Lezoux 1851-1860 », sur Archives départementales du Puy-de-Dôme (consulté le )
  10. a et b Ida Saint-Elme, La contemporaine en Égypte, pour faire suite aux souvenirs d'une femme (etc.), Ladvocat, Paris, (lire en ligne), p. 154
  11. Renée Dray-Bensousan, Dictionnaire des Marseillaises, Gaussen, (ISBN 978-2-35698-049-6 et 2356980490, OCLC 822017986)
  12. « Registre des mariages de la commune de Bordeaux 1831 », sur Archives départementales de la Gironde (consulté le )
  13. a et b « Registre des mariages de la commune d'Ennezat 1851-1860 », sur Archives départementales du Puy de Dôme (consulté le )
  14. a et b Nicole, « Un duel tragique », Le Figaro supplément littéraire,‎ (lire en ligne)
  15. Émile Laurent, Histoire anecdotique du duel dans tous les temps et dans tous les pays, Michel Levy frères, 342 p. (lire en ligne), p. 150
  16. Ulysse Tencé, Annuaire historique universel pour 1836, Thoisnier-Desplaces, (lire en ligne), p. 203

Liens externes[modifier | modifier le code]