Marie Aline Wuathion

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Marie Aline Wuathion
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Marie Aline Wuathion (1893-1960) a été la première institutrice et directrice d'école d'origine chinoise à La Réunion.

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance et formation[modifier | modifier le code]

Marie Aline Wuathion naît le à Saint-Denis de La Réunion d'un père commerçant d'origine chinoise, Eugène Wuathion né à Canton vers 1856, et arrivé vers 1888, et d'une mère réunionnaise, donc française, Marie Alexina Taochy, née en 1873, couturière de métier. Avec ses deux frères et sa sœur, elle vit dans un milieu plutôt aisé. Tous portent des prénoms français, ce qui témoigne d'une volonté d'intégration. Leur père, qui sait lire et écrire, a deux commerces, l’un à la Rivière des pluies, l’autre à Saint-Denis, rue du Moulin à Vent, où vit une forte communauté cantonaise[1].

Scolarisée à l’école Joinville à Saint-Denis, elle obtient son Certificat d’études primaires, puis son Brevet élémentaire le , à l’âge de 17 ans[1].

Elle embrasse la carrière d’institutrice et pour cela acquiert la nationalité française en 1914 à sa majorité (selon la loi de naturalisation du pour les enfants d’étrangers nés en France et y résidant). Elle décroche par la suite le Certificat d'aptitude pédagogique en 1922[1].

Vie professionnelle[modifier | modifier le code]

Elle prend son premier poste à l’école maternelle du Butor à Saint-Denis dès 1915.

Puis en 1928, elle arrive à l’école élémentaire mixte de Bagatelle, un quartier rural de Sainte-Suzanne. Elle rencontre alors son compagnon Michel Paniandy, gros propriétaire terrien descendant d’engagés indiens arrivés au 19e siècle. Le elle est titularisée, devenant ainsi la première institutrice et directrice d’école d’origine chinoise à La Réunion (les autres enseignants portent tous des patronymes européens)[1].

Pendant la Seconde Guerre mondiale, en 1940, le Maréchal Pétain devient chef de l’État français. À la Réunion, les lois de Vichy sont appliquées avec zèle par le gouverneur Pierre Émile Aubert[2] : la loi du 22 juillet 1940, dite "anti-étranger" qui exclut de la fonction publique tous ceux qui ne possèdent pas la nationalité française “à titre originaire, comme étant nés de père français” (33 personnes concernées)[3] ; la loi du 13 août 1940 sur les sociétés secrètes qui vise la franc-maçonnerie ; la loi du autorisant l'arrestation de "toutes personnes réputées dangereuses pour la sécurité publique" ; la loi du 11 octobre 1940 qui interdit aux femmes mariées ou en concubinage un emploi dans l'administration.

C’est Hippolyte Foucque, alors chef de service de l’Instruction publique dans la colonie, qui annonce à Marie Aline Wuathion l’exclusion de son poste d’enseignante en . Doublement concernée par l’application de deux de ces lois, femme fonctionnaire en concubinage, de père chinois, elle perd alors brutalement son statut social de notable et retourne vivre à Saint-Denis[1].

Quand le contre-torpilleur le Léopard arrive à la Réunion le avec à son bord, le futur gouverneur André Capagorry, l’île passe sous le contrôle des Forces françaises libres[2]. Le général de Gaulle réintègre Marie Aline Wuathion ainsi que les autres fonctionnaires touchés par les lois de Vichy, le [4].

Marie Aline Wuathion retrouve alors son poste de directrice de l’école élémentaire de Bagatelle le . Elle y reste jusqu’à sa retraite en 1949. Le Vice-Recteur Hippolyte Foucque lui écrit pour rendre hommage à son travail d’enseignante. Elle laisse aux habitants de Bagatelle le souvenir d’une institutrice impliquée et désireuse de faire réussir ses élèves, issus de milieux sociaux très défavorisés[1].

Mort[modifier | modifier le code]

Marie Aline Wuathion se marie tardivement avec Michel Paniandy en 1952. Son époux meurt quelques jours plus tard.

Elle décède quant à elle en 1960 à Saint-Denis, où elle est enterrée près de son père, au cimetière de l'Est[1].

Postérité[modifier | modifier le code]

Depuis 2017, l’école maternelle de Bagatelle anciennement “Les Bambous” porte désormais le nom de Marie Aline Wuathion[5],[6].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f et g Michèle Marimoutou-Oberlé, « De l'intégration à l'exclusion : Marie-Aline Wuathion (1893-1960), "Hussard noir de la République" », Généalogie réunionnaise n°136,‎ , p. 5-13
  2. a et b Marek, Bernard, 1946-2010., Une île dans la guerre : la Réunion de la mobilisation à la départementalisation, 1939-1946, Azalées, (ISBN 978-2-908127-16-4, OCLC 31780504, lire en ligne)
  3. Rousse, Eugène., Combat des Réunionnais pour la liberté, Saint-Denis, Editions CNH, ©1993-, 155 p. (ISBN 2-909471-12-8, 9782909471129 et 2909471152, OCLC 32529476, lire en ligne)
  4. Kévin Bullard, « Aline Wuathion : intègre et intégrée, mais exclue », Le Quotidien de la Réunion,‎ , p. 11-13 (ISSN 0397-7994)
  5. « L’école de Bagatelle s’appelle "Marie Aline Wuathion" », Clicanoo.re,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. « Marie Aline Wuathion donne son nom à l'école maternelle de Bagatelle », Actualités de l'académie de la Réunion,‎ (lire en ligne, consulté le )

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • 5 Réunionnaises, cinq destins, bande dessinée de Gilles Gauvin et Jean-Marc Pécontal (scénaristes), Tolliam, Natacha Eloy, Arupiia, Kitsuné et David D'Eurveilher (dessinateurs). Epsilon BD, 2022 (ISBN 9782917856406)

Liens externes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]