Manoir de la Ville-Aux-Veneurs

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Manoir de la Ville-Aux-Veneurs
Façade sud du manoir en 2021.
Présentation
Destination initiale
propriété privée
Destination actuelle
propriété privée
Construction
1761, 1763 et 1780
Restauration
Les toitures sont refaites en 2021
Commanditaire
Sébastien Moisan
Patrimonialité
Localisation
Pays
région
département
Commune
Région historique
Coordonnées
Carte

Le manoir de la Ville-Aux-Veneurs est construit en 1761-1763 pour Sébastien Moizan (1705-1779), ancien avocat au parlement de Bretagne devenu marchand de toile. Son fils Pierre-Anne Moizan (1740-1817), également marchand de toile, puis son petit fils Ange-Marie Moizan y habitent et deviennent le premier et le deuxième maire de Trévé. Le manoir reste la propriété de descendant de la famille jusqu'à la fin des années 1990. Il est notamment le lieu de résidence de l'historien André Oheix (1882-1915).

Propriété privée, il est protégé par un arrêté du qui l'inscrit monument historique[1].

Situation géographique[modifier | modifier le code]

Le manoir de la Ville-Aux-Veneurs est situé au lieu-dit Ville-Aux-Veneurs sur la commune de Trévé dans le département des Côtes-d'Armor, en région Bretagne[2]. À environ trois kilomètres au sud-ouest du bourg et à cinq kilomètres au nord-ouest de Loudéac.

Toponymie[modifier | modifier le code]

Le lieu-dit Ville-Aux-Veneurs, débute par « ville » qui vient du latin villa aurait ici le sens de « ferme » ou « maison de campagne »[3]. Veneurs, est un terme utilisé en vénerie, le veneur est un personnage qui mène la chasse[4].

Histoire[modifier | modifier le code]

Le corps principal et le pigeonnier sont construits en 1761 par Sébastien Moizan (1705-1779)[5], ancien avocat au parlement de Bretagne[5], un marchand de toile[6], également « administrateur es biens de la famille de Cornulier »[3].

Porte d'entrée de la façade sud avec inscrit dans la pierre "1761".

Son fils, Pierre-Anne Moizan (1740-1817), lui succède comme marchand de toile, il fait construire l'aile est du manoir et devient le premier maire de Trévé[3]. Ses archives économiques, donnent nombre de renseignements sur une période de vingt ans, de 1772 à 1793. Acheteur de toiles qu'il préparait en balle, en vingt ans il a livré aux blanchisseurs mille six cent quarante balles. Le blanchiment allant de deux mois, pour les toiles de qualité, à quatre mois pour la qualité inférieure, cela représentait l'immobilisation d'un important capital pendant une période longue. La marchandise devait impérativement être terminée et récupérée pour le départ des bateaux de Saint-Malo à la belle saison, au mois d'août. Pour mettre en concurrence les artisans et limiter les risques, il distribue sa production à plusieurs artisans répartis principalement sur quatre paroisses. Pendant cette période de vingt ans cela représente : Saint-Caradec (686 balles à 21 blanchisseurs), Trévé (356 balles à 11 blanchisseurs), Hémonstoir (297 balles à 8 blanchisseurs), Le Quillio (259 balles à 5 blanchisseurs). D'autres paroisses figurent pour un ou deux artisans, dans ce lot seul émerge Loudéac (33 balles à 4 blanchisseurs)[7].

L'activité de la toile a déjà décliné lorsque son fils Ange-Marie Moizan devient propriétaire du manoir. Il est propriétaire foncier et fut aussi maire de Trévé[3]. Le Manoir devient ensuite la propriété de sa fille Jeanne-Marie qui a épousé le médecin Jean-Auguste-Marie Oheix. Leur fils Robert-Ange-Marie Oheix (1845-1904) et son fils André Oheix (1882-1915) habitent le manoir qui reste ensuite la propriété de descendants de la famille, les Guillon, jusqu'aux années 1990[3].

Arbre généalogique Moizan, Oheix[modifier | modifier le code]

  • Sébastien Moizan (1705-1779)
    • Pierre-Anne Moizan (1740-1817), premier maire de Trévé, fils du précédent.
      • Ange-Marie Moizan (1782-1866, maire de Trévé, fils du précédent.
        • Jeanne-Marie Moizan (1821-1893) se marie avec le docteur Jean-Auguste-Marie Oheix (né le à Campbon (Loire-Inférieure), décédé en 1881).

Patrimoine[modifier | modifier le code]

Protection[modifier | modifier le code]

Le manoir de la Ville-Aux-Veneurs est inscrit monument historique le . La protection concerne : la parcelle cadastrée n° D566, les « façades et toitures du manoir et des deux pavillons Sud-Est et Sud-Ouest ; escalier avec sa rampe en bois ; salle à manger et grand salon avec leur décor »[2].

Descriptif de l'édifice : « Manoir construit dans un site boisé, de plan allongé simple en profondeur comportant un corps principal ajouré de six travées de baies à arc en segment, et deux corps secondaires en retour d'équerre à l'est. Le toit à croupe est garni de petites lucarnes sur le pan couronnées d'épis de faîtage en terre cuite vernissée ; la partie centrale du toit est ornée d'un lignolet en ardoises repercées figurant deux personnages à cheval (?). Un élément en ferronnerie (girouette) complète ce décor »[2].

État du manoir[modifier | modifier le code]

L'ensemble de cette propriété privée est en bon état en 1975, lors de son classement[2].

En novembre 2021, le manoir est en mauvais état, notamment toutes les huisseries en bois extérieures, il sort, sans doute, d'une période d'abandon de plusieurs dizaines d'années. Un chantier de couverture, en ardoise ordinaire contrairement à l'état initial lors de la protection, est en cours, la toiture du bâtiment principal vient d'être terminée, le lignolet représentant des scènes de chasse a disparu. La toiture d'un bâtiment annexe, perpendiculaire et au sud-est du corps du logis, est en cours (voir photos novembre 2021).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Notice no PA00089738, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  2. a b c et d Jean-Pierre Ducouret, « Manoir, la Ville aux Veneurs (Trévé) », sur POP : la plateforme ouverte du patrimoine, (consulté le ).
  3. a b c d et e Un peu d'histoire de Trévé, Trévé, Commune de Trévé, , 3 p. (lire en ligne), p. 1 et 3.
  4. « Veneur, subst masc », sur Centre national de ressources textuelles et lexicales CNRTL (consulté le ).
  5. a et b Debary 2002, p. 451.
  6. Yann Lagadec, « Une société rurale dominée par les marchands de toile », sur BÉCÉDIA, (consulté le ).
  7. Jean Martin (dir.), chap. VII « Conditionnement et exportation des toiles », dans Toiles de Bretagne : La manufacture de Quintin, Uzel et Loudéac (1670-1830), Rennes, Presses universitaires de Rennes, (ISBN 9782868472885, lire en ligne), p. 129-162.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • « La Ville-AuxVeneurs. (Loudéac) à Aunéy (Septembre 190.) », dans Joseph Angot (1886-1959), Coups de crayon (extrait de la Revue de Bretagne), Vannes/Paris/Nanterre, Lafolye frères/H. Champion/M. Le Dault, (lire en ligne), p. 50-57.
  • M. le Conseiller Guillon, « Un manoir breton du XVIIIe siècle, « La Ville aux Veneurs », en Trévé (Côtes d'Armor) », Bulletin et mémoires de la Société archéologique du Département d'Ille-et-Vilaine, vol. 77 à 80,‎ .
  • Michel Debary, « André Oheix, érudit et historien de la Bretagne », Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne, no 80,‎ , p. 451-458 (lire en ligne).
  • Yann Lagadec, « Trévé et la Vera Cruz : Les horizons d’un marchand de toiles de Bretagne centrale au XVIIIe siècle », Annales de Bretagne et des Pays de l'Ouest, t. 112, no 3,‎ , p. 12è-142 (lire en ligne).
  • Yann Lagadec, « Trévé et la Vera Cruz : Les horizons d’un marchand de toiles de Bretagne centrale au XVIIIe siècle », Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest, Rennes, Presses universitaires de Rennes, nos 112-3,‎ , p. 127-142 (lire en ligne).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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