Jacques-François Begouën

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Jacques-François Begouën
Illustration.
Portrait du 1er comte Begouën par Alexandre Roslin exposé à la Maison de l'armateur.
Fonctions
Député français

(2 ans, 9 mois et 13 jours)
Élection 4 octobre 1816
Circonscription 3e collège électoral de la Seine-Inférieure
Groupe politique Doctrinaires
Prédécesseur Henri-Charles Le Bègue de Germiny
Successeur Michel Delaroche
Député à l'Assemblée nationale constituante

(2 ans, 3 mois et 3 jours)
Circonscription Bailliage de Caux
Groupe politique Tiers état
Prédécesseur États généraux de 1789
Successeur Assemblée nationale législative
Député aux États généraux

(1 mois et 22 jours)
Élection 25 mars 1789
Circonscription Bailliage de Caux
Groupe politique Tiers état
Prédécesseur États généraux de 1614
Successeur Assemblée nationale constituante
Conseiller d'État
Biographie
Titre complet Comte Begouën
Nom de naissance Jacques-François Begouën
Date de naissance
Lieu de naissance Petit-Goâve (Saint-Domingue)
Date de décès (à 87 ans)
Lieu de décès Château du Valasse, Gruchet-le-Valasse (Seine-Inférieure)
Sépulture Cimetière Sainte-Marie
Nationalité Française
Parti politique Doctrinaires (1815-1831)
Père Guillaume Begouën
Mère Marie-Françoise Berger
Conjoint Jeanne Mahieu
Enfants 10 enfants dont : André Begouën-Demeaux
Famille Famille Begouën
Profession armateur, négrier, planteur, homme politique
Religion Catholicisme

Jacques-François Begouën, 1er comte Begouën (Petit-Goâve à Saint-Domingue, - Gruchet-le-Valasse, ) est un négociant, armateur, négrier, planteur esclavagiste et homme politique français.

Il est très impliqué dans le commerce triangulaire et l'esclavagisme.

Biographie[modifier | modifier le code]

Vie privée[modifier | modifier le code]

Jacques-François Begouën est né en 1743 à Petit-Goâve, dans l'île de Saint-Domingue (actuelle Haïti). Il est le fils de Guillaume Claude Vincent Begouën, négociant au Havre, et de Marie Berger, et le petit-neveu de M. Begouën de Meaux, originaire du Poitou, qui est venu fonder une importante maison d'armement au Havre en 1725[1]. Il fut élevé en France par son oncle qui lui donne la direction de la Maison Bégouen en 1772.

Il est le père de André Begouën-Demeaux, maire du Havre de 1821 à 1830, démissionnaire à la révolution de Juillet, le grand-père de Pierre Arthur Foäche et l'arrière grand-père de Henri Begouën.

Les papiers personnels de Jacques-François Begouën sont conservés aux Archives nationales sous la cote 442AP[2]

Vie publique[modifier | modifier le code]

Il développe parallèlement à son activité de négociant et armateur négrier[3] au Havre, diverses fonctions. Il fut nommé en 1764 procureur de Roi au grenier à sel du Havre, puis pourvu en 1785 de l'office anoblissant[4] de secrétaire du roi en la Chancellerie près le Parlement de Normandie. En 1775, il défend à Versailles un projet d'agrandissement du port du Havre.

Par la suite il se déclara avec modération pour les principes de la Révolution, fut élu, le , député du Tiers état aux États généraux pour le bailliage de Caux, et se fit remarquer à l'Assemblée dans plusieurs discussions spéciales sur des questions commerciales, coloniales et financières. Il assiste au serment du jeu de paume (juin 1789).

Son modérantisme le rendit suspect en 1793 ; il fut incarcéré, avec plusieurs habitants du Havre, au château de Nointot, près de Bolbec.

Rendu à la liberté après le 9 thermidor, il ne s'occupa, sous le Directoire, que de son commerce ; mais il accepta de Bonaparte, après le 18 brumaire, divers titres et dignités.

Nommé conseiller d'État, le 3 floréal an XI, chevalier de la Légion d'honneur, le 9 vendémiaire au XII, et commandeur du même ordre, le 25 prairial, il fut fait en outre (1808) chevalier et comte de l'Empire

Il est le premier président de la Chambre de commerce et d'industrie du Havre entre 1802 et 1814 avant d'être remplacé par Michel Delaroche.

Begouën signa l'avis du conseil d'État portant que le comte Frochot, préfet du département de la Seine, avait « manqué de fermeté » dans la conspiration de Malet, en 1812. Cette attitude ne l'empêcha pas de se prononcer deux ans plus tard, le , pour la déchéance de Napoléon.

Rallié aux Bourbons, il refusa, dit-on, lors du retour de l'île d'Elbe, de se rendre aux instances de l'empereur qui le pressait de rentrer au Conseil d'État.

Il ne revint aux affaires qu'après les Cent-jours, comme conseiller d'État, membre de la section de la marine et des colonies, puis comme président (1816) du collège électoral de la Seine-Inférieure, qui le nomma député, le . Bégouën siégea au centre.

En 1818, il fut chargé, comme conseiller d'État, de défendre à la Chambre des pairs le projet de loi sur la Banque de France, qui fut adopté.

Admis à la retraite et au titre de conseiller d'État honoraire en 1820, il se retira dans sa propriété du château du Valasse, près du Havre, où il passa les dernières années de sa vie.

Château du Valasse, dernière demeure de Jacques-François Begouën.

Activité de négoce et traite négrière[modifier | modifier le code]

Jacques-François Bégouën, à la tête d’une maison florissante faisant commerce avec l’Afrique et les Iles, est la figure emblématique du lobby négrier havrais et du club Massiac. Après avoir été délégué par le négoce havrais lors des conférences tenues par le ministre Sartine en 1775, il est le rédacteur des cahiers de doléances des armateurs et négociants du Havre, puis député à la Constituante. Nommé au Comité des colonies en , il joue un rôle décisif dans l’adoption du décret du , qui assure, en excluant les colonies de la Constitution, la pratique de la traite et le maintien de l’esclavage[5].

Il possédait également deux habitations agricoles à Saint-Domingue (actuelle Haïti)[3]. En 1826, il reçoit même une indemnité de 46 855 Francs or, pour compenser le préjudice causé par la perte des deux propriétés qu'il y possédait, et qu'il a perdues à la suite des révoltes des esclaves ayant mené à l'indépendance de l'ancienne colonie en 1804[6].

Famille[modifier | modifier le code]

Portrait de son épouse Jeanne Mahieu, peinte par Alexander Roslin.

Il épouse, le 2 juillet 1776, Jeanne Mahieu, fille de Pierre-Louis Mahieu et de Jeanne Huré. Ils ont dix enfants :

  • André Begouën-Demeaux, 2e comte Begouën ( - ) épouse Louise Flore Foäche ( - ), dont descendance ;
  • Henriette Begouën ( - ) épouse Martin Foäche ( - ), dont descendance ;
  • Maxime Begouën ( - ), célibataire, sans enfants ;
  • Victor Begouën ( - ), célibataire, sans enfants ;
  • Françoise Fanny Begouën ( - ) épouse Jules Foäche ( - ), sans descendance ;
  • Caroline Begouën ( - ), célibataire, sans enfants ;
  • Paul Begouën, 1er comte Begouën ( - ) épouse Napoline de Caffarelli ( - ), dont descendance ;
  • Julie Begouën ( - ) épouse Louis-Augustin de Graveron ( - ), dont descendance ;
  • Alexandrine Adine Begouën ( - ) épouse Charles Arthur Foäche ( - ), dont descendance ;
  • Charles Begouën, Begouën ( - ) épouse Caroline de Simard de Pitray ( - ), dont descendance ;

Distinctions[modifier | modifier le code]

Décorations[modifier | modifier le code]

Hommages[modifier | modifier le code]

Son nom a été donné à une rue du quartier Félix-Faure au Havre, par le maire Jules Ancel, lui-même petit-fils de négrier[8].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Gustave Chaix d'Est-Ange, Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle, Évreux, C. Hérissey, , p. 254
  2. « Salle de lecture virtuelle », sur siv.archives-nationales.culture.gouv.fr (consulté le ).
  3. a et b Edouard Delobette, Ces Messieurs du Havre. Negociants, commissionnaires et armateurs de 1680 à 1830, Caen, Université de Caen, (lire en ligne)
  4. Il fallait deux générations de possesseurs de la charge pour être anobli (François Bluche et Pierre Durye, L'anoblissement par charges avant 1789, ICC, 1998, page 72).
  5. Eric Saunier, Le Havre, port négrier : de la défense de l’esclavage à l’oubli, Les Anneaux de la Mémoire, (lire en ligne), p. 3
  6. CNRS - Base de données Repairs, « Jacques-François BEGOUEN », sur esclavage-indemnites.fr (consulté le )
  7. « Cote LH/164/10 », base Léonore, ministère français de la Culture
  8. « La mémoire du commerce triangulaire et de la traite des noirs au Havre », sur www.paris-normandie.fr (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]