Hubert Carton de Wiart

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Le comte Hubert Carton de Wiart est un aventurier, diplomate et écrivain belge, né à Saint-Gilles le 21 octobre 1901 et décédé à Woluwé Saint-Pierre le 30 mai 1963[1].

Vie personnelle et formation[modifier | modifier le code]

La famille réunie autour d’Henry et Juliette Carton de Wiart (assis, au centre) vers 1945[2].

Issu d’une fratrie de six, Hubert Carton de Wiart est le quatrième enfant du comte Henry Carton de Wiart et de Juliette Verhaegen[3]. Son père, membre du Parti catholique, fut Premier ministre de la Belgique du 20 novembre 1920 au 16 décembre 1921. Sa mère, impliquée dans la protection de l’enfance et prisonnière de guerre à Berlin, s’investit également dans diverses œuvres patriotiques[4]. Scolarisé chez les jésuites au collège Saint-Michel, Hubert Carton de Wiart quitte la Belgique pour le Kent durant la Première Guerre mondiale. Il poursuit la suite de ses études au Ladycross School de Seaford [5] (école préparant à la Navy) et revient en Belgique en 1917 pour terminer ses humanités au collège Saint-Stanislas.


Formé par l’Université Saint-Louis de Bruxelles et l’Université catholique de Louvain (Leuven),  Hubert Carton de Wiart obtient un diplôme en sciences politiques [3] en 1924 et par la suite un doctorat en droit, en 1926[6]. Il passe également un examen de licence en sciences politiques, diplomatiques et commerciales. Il remporte le prix de Fellow of International Relations, ce qui lui permet de partir aux Etats-Unis. Il obtient alors une bourse de la Fondation Universitaire John Hopkins (Baltimore) et se voit attribuer un stage dans des sociétés ferroviaires d’Espagne et du Maroc. Il entretient à partir de ce moment une correspondance régulière avec son oncle, Edmond Carton de Wiart, qui finance ses projets[7].

Hubert Carton de Wiart se marie le 12 novembre 1942 à Barbizon (Ile-de-France) avec Noëlle Lambert[1], française, divorcée du capitaine de corvette Paul Martin et résistante décorée[8],[9]. Ils ont 3 enfants : Pierre-Olivier Carton de Wiart (né le 18 Janvier 1945)[10], François Carton de Wiart (1947) et Marie-Noëlie Carton de Wiart (1952)[1],[11].

Hubert Carton de Wiart décède à Woluwé-Saint-Pierre d’une crise cardiaque le 30 mai 1963[3], quatre ans avant son épouse[1].

Carrière[modifier | modifier le code]

Premiers pas en Afrique[modifier | modifier le code]

En 1927, Hubert Carton de Wiart, délégué belge à Genève, part en expédition jusqu'au Cap. Il part avec l’aviateur Jacques Lamarche[3]. C'est un projet à la fois publicitaire (il est motorisé par la Fabrique National d'Herstal) et diplomatique.

A leur retour, le Roi Albert Ier nomme Hubert Carton de Wiart, âgé de 27 ans, Chevalier de l’Ordre royal du Lion Africain[12].

Carrière et exploits en Asie[modifier | modifier le code]

Mission diplomatique[modifier | modifier le code]

En 1929, Hubert Carton de Wiart obtient le concours des Affaires étrangères belges. Il est nommé attaché de légation au Japon[3]. Dans la même année, il séjourne à Tokyo et à Pékin pour des relations de travail (agences commerciales, banques, Lloyd Royal, etc.)[7].

L’ambassadeur belge en Chine, Marie-Georges-Gérard-Léon le Maire de Warzée d'Hermalle (qui contribue à sa formation de ministre plénipotentiaire) l’affecte au service de liaison avec le gouvernement de Nankin. Notamment pour y visiter les missions belges, les écoles et les hôpitaux de Mongolie[7].

Expédition à travers l’Asie[modifier | modifier le code]

Expédition d'Hubert Carton de Wiart et d'Alphonse Lepage de Pékin à Hastière en automobile en Ford ( archive 234)[12]

Le 22 mars 1932, Hubert Carton de Wiart quitte la Chine[7].

Avec le mécanicien Alphonse Lepage, ils partent en voiture (Ford sport modèle A) de la frontière indochinoise pour rentrer à la propriété familiale d' Hastière. Il traverse la Thaïlande, la Malaisie, l'Afghanistan, l'Irak, la Syrie, le Liban jusque l'Europe[7].

Il obtient le Trophée national du Mérite sportif de 1938 à la suite de cette traversée automobile de 17 000 km[3],[13].

Carrière en Amérique du Sud[modifier | modifier le code]

"Sur la Crête des Andes en Automobiles" de Hubert Carton de Wiart[14].

En avril 1933, Hubert Carton de Wiart devient secrétaire de légation à Buenos Aires[7]. En avril 1934, il s'occupe entre autres de nombreuses banques italo-belges et des contrats pour la Fabrique Nationale de Herstal[7].

En avril 1936, Hubert Carton de Wiart quitte Buenos Aires et débute un nouveau périple automobile de septante-sept jours de nouveau avec Alphonse Lepage. Il retranscrit ce voyage dans un livre, Sur la crête des Andes en automobile,12000 kms à travers l'Amérique du Sud de Buenos-Ayres à Caracas, publié en 1938[14]. Hubert Carton de Wiart a repris l’itinéraire emprunté cent ans auparavant par Simon Bolivar[3]. Il y décrit les peuplades indiennes et les animaux indigènes croisés sur la route. Son livre est préfacé par Paul Van Zeeland, Premier ministre de la Belgique de 1935 à 1937.

Cette traversée de l’Amérique du Sud est l’occasion de créer de nouveaux liens économiques, au nom de la Belgique et de l’Europe, avant que ce marché ne soit envahi de produits américains ou japonais[3].

En 1939, il préface à son tour le livre de Robert De Wavrin, Les Bêtes sauvages de l’Amazonie et des autres régions de l’Amérique du Sud[6].

De retour à Buenos Aires, il quitte le milieu diplomatique[15] pour diriger une entreprise industrielle produisant de l'énergie électrique, La Cade, le long du Rio de la Plata[3],[11].

Il part définitivement d'Argentine en 1955 à la suite des troubles militaires causés par Perón[11].

Vie en Europe et missions diplomatiques[modifier | modifier le code]

En 1939, Hubert Carton de Wiart arrive à Paris[7].

En 1940, il est nommé comte par le roi Léopold III à la suite de ses trois voyages démontrant l’importance et l’avenir des liaisons routières[11]. En mai de cette même année, il est nommé premier secrétaire de l’ambassadeur de Belgique, Pol Le Tellier, à Paris. En juin 1940, l’ambassade se replie sur Bordeaux mais l’ambassadeur demande à Hubert Carton de Wiart de rentrer à Paris. En 1942, s’ouvre à Paris une commission d'enquête à la suite des actes reprochés à Hubert Carton de Wiart : on lui reproche ses prises de positions, entre autres à la suite du bombardement de Billancourt. La commission d’enquête l’accuse plus de maladresse que de mauvaise intention[16]. En 1944, il est nommé consul général de Belgique à Paris puis rappelé à Bruxelles par Paul-Henri Spaak, ministre des Affaires étrangères[17],[18].

Par la suite, Hubert Carton de Wiart est amené à remplir diverses missions diplomatiques, en tant qu’ambassadeur extraordinaire mandaté par le ministère des Affaires étrangères[11]. En 1945, Hubert Carton de Wiart quitte l'Europe dans ce cadre, pour rejoindre le Laos[19] à cause du conflit entre le Roi Sisavangvong, allié des colonies françaises, et le Prince Phetsarath, soutenu par le Japon[20]. Il est ensuite envoyé à Prague durant 5 ans (1947-1952) en tant que ministre de Belgique[3]. Comme autres missions diplomatiques, Hubert Carton de Wiart est parti à Buenos Aires en 1953[15] et en 1956, il est ambassadeur de S.M. le Roi Baudouin en Italie[9]

En 1949, il préface le livre de Maurice Fraigneux, Communisme mystique inhumaine[21].

Il est ensuite l’un des organisateurs de l’Exposition universelle de Bruxelles en 1958[11].

Au cours de cette même année, il fonde et devient président du Cercle d’Amérique latine à Bruxelles[3]

Il lui arrive aussi d’écrire des articles pour le Monde diplomatique[11].

Médailles et titres honorifiques reçus[3][modifier | modifier le code]

Publications[modifier | modifier le code]

  • Sur la Crête des Andes en Automobiles, 12000 kms à travers l'Amérique du Sud de Buenos-Ayres à Caracas, Paris, 1938.
  • Préface de R. De Wavrin, Les Bêtes sauvages de l’Amazonie et des autres régions de l’Amérique du Sud, Paris, 1939.
  • Préface de M.Fraigneux, Communisme mystique inhumaine, Paris, 1949.
  • Présenté de G. Honorez, La Vie Chevaleresque et Épique De Charles De Loupoigne. Héros Brabançon, Bruxelles, 1946.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • "Lettres d'Hubert Carton de Wiart à son oncle Edmond Carton de Wiart depuis son poste à l'ambassade de Belgique en Chine puis depuis Buenos-Aires et Paris. 1926-1939", série Inventaires Archives générales du Royaume, archive n° 224, Archives générales du Royaume, Bruxelles.
  • "Avis de décès d'Hubert Carton de Wiart", série Inventaires Archives générales du Royaume, archive n° 225, Archives générales du Royaume, Bruxelles.
  • Correspondance diverses échangées principalement entre Hubert et ses parents, entre Hubert et sa soeur Ghislaine, avec lettre de son beau-père aux parents d'Hubert, série Inventaires Archives générales du Royaume, archive n° 227, Archives générales du Royaume, Bruxelles.
  • Dossier concernant la mise en cause d'Hubert Carton de Wiart pour certaines actions ou attitudes pendant la guerre à Paris, série Inventaires Archives générales du Royaume, archive n° 228, Archives générales du Royaume, Bruxelles.
  • "Note d'Emmanuel Borsu, délégué général de la Croix-Rouge en France, concernant une démarche d'Hubert Carton de Wiart, Consul général de Belgique à Paris, pour faire libérer les prisonniers civils belges en France, août 1944", série Inventaires Archives générales du Royaume, archive n° 229, Archives générales du Royaume, Bruxelles, 2017.
  • Copie du testament d'Hubert établi en 1945, série Inventaires Archives générales du Royaume, archive n° 230, Archives générales du Royaume, Bruxelles.
  • Correspondance d'Hubert à Noëlle, son épouse, depuis ses différents postes ou depuis Hastière, série Inventaires Archives générales du Royaume archive n° 231, Archives générales du Royaume, Bruxelles.
  • "Généalogique de Hubert Carton de Wiart", sur Geneanet.
  • "Hubert Carton de Wiart (1901-1963), sur data.bnf.fr.
  • "Tel pères, tels fils", DHnet.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d « Généalogie de Hubert Carton de Wiart », sur Geneanet (consulté le )
  2. « Photo de famille autour d'Henry et Juliette Carton de Wiart. [ca 1945].( archive 446). », sur www.arch.be (consulté le )
  3. a b c d e f g h i j k et l « Coupures de presse et articles relatifs à Hubert Carton de Wiart et à ses exploits de " diplomate-aventurier " (notamment articles du Pourquoi pas ?), avec une courte notice nécrologique ; Pourquoi pas -1933, Sport Quotidien - 1938, Pourquoi pas - 1961, Avis de décès( archive 225) », sur search.arch.be (consulté le )
  4. Eliane Gubin, Dictionnaire des femmes belges : XIXe et XXe siècle, Bruxelles, Racine Lannoo, 2006, p.570-571.
  5. « Documents relatifs à la scolarité d'Hubert Carton de Wiart, spécialement pendant la guerre 1914-1918 au Collège belge temporaire S.J. St-Stanislas, à St-Leonards-on-sea en 1917-1918. 1917-1920. ( archive 223) », sur search.arch.be (consulté le )
  6. a et b « Hubert Carton de Wiart (1901-1963) », sur data.bnf.fr (consulté le )
  7. a b c d e f g et h « Lettres d'Hubert Carton de Wiart à son oncle Edmond Carton de Wiart depuis son poste à l'Ambassade de Belgique en Chine puis depuis Buenos-Aires et Paris. 1926-1939 ( archive 224) », sur search.arch.be (consulté le )
  8. « Dossier relatif au divorce de son épouse, Noëlle Lambert (épouse en premières noces, en 1929, de Paul Martin) en 1939. 1932, 1939 ( archive 229) », sur search.arch.be (consulté le )
  9. a et b « Inventaire des biens transférés de Naples à Bruxelles lors du retour d'Hubert de son poste d'ambassadeur de Belgique en Italie. mai 1956 ( archive 232) », sur search.arch.be (consulté le )
  10. « Copie du testament d'Hubert établi en 1945. 1945 ( archive 230) », sur search.arch.be (consulté le )
  11. a b c d e f et g Entretien avec Marc-François Carton de Wiart, fils de l'intéressé, le 18 mai 2023.
  12. a et b « Deux chapitres rédigés par Raymond Balfroid au sujet de l'expédition d'Hubert Carton de Wiart et d'Alphonse Lepage de Pékin à Hastière en automobile (en Ford, en 1932) puis à travers l'Amérique latine (en 1936). [ca 2008]. ( archive 234) », sur search.arch.be (consulté le )
  13. « Tels pères, tels fils! », sur DHnet (consulté le )
  14. a et b « Livre d'Hubert Carton de Wiart au sujet de son expédition en Amérique Latine, alors qu'il est premier secrétaire d'Ambassade à Paris : Sur la crête des Andes en automobile. 12000 kms à travers l'Amérique du Sud, de Buenos-Ayres à Caracas, Paris, 1938, 213 pages (voyage réalisé en 1936, avec une préface de Paul van Zeeland), et préface au livre d'un ami sur les animaux sauvages d'Amérique du Sud. 1938-1939 ( archive 233) », sur www.arch.be, (consulté le )
  15. a et b « Correspondance d'Hubert à Noëlle, son épouse, depuis ses différents postes ou depuis Hastière. [ca 1946-1955] ( archive 231) » [Correspondance d'Hubert à Noëlle, son épouse, depuis ses différents postes ou depuis Hastière. [ca 1946-1955].], sur search.arch.be (consulté le )
  16. « Dossier concernant la mise en cause d'Hubert Carton de Wiart pour certaines actions ou attitudes pendant la guerre à Paris. 1942.(archive 228) », sur search.arch.be (consulté le )
  17. « Note d'Emmanuel Borsu, délégué général de la Croix-Rouge en France, concernant une démarche d'Hubert Carton de Wiart, Consul général de Belgique à Paris, pour faire libérer les prisonniers civils belges en France. août 1944. ( archive 229) », sur search.arch.be (consulté le )
  18. Échange entre Hubert Carton de Wiart et Paul-Henri Spaak, disponible aux Historical archives of European Union, 1942-1945.
  19. « Correspondances diverses échangées principalement entre Hubert et ses parents, entre Hubert et sa sœur Ghislaine, avec lettre de son beau-père aux parents d'Hubert, etc. 1938-1943. ( archive 227) », sur search.arch.be (consulté le )
  20. Ruth Banomyong, LE LAOS AU XXIe SIÈCLE, Bangkok, Institut de recherche sur l’Asie du Sud-Est contemporaine, , 240 p. (ISBN 9789749267233, lire en ligne)
  21. Maurice Fraigneux et Hubert Préfacier Carton de Wiart, Communisme mystique inhumaine, Nouvelles Editions Internationales,, (lire en ligne)