Grangerie de Lourdens

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Grangerie de Lourdens
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La grangerie de Lourdens est une ancienne ferme cartusienne située sur la commune de Cruet, qui appartenait au domaine de la chartreuse d'Aillon.

Une grangerie est une exploitation agricole laissée à un granger (métayer), qui partage le produit des champs avec les chartreux[1].

Géographie[modifier | modifier le code]

Le domaine agricole était installé à la limite avec la commune d'Arbin, dans la partie ouest de la commune de Cruet[2]. Sur la mappe sarde de 1728, trois bâtiments ainsi qu'un étang sont mentionnés[3]. Le lieu-dit porte le nom de la Croix de Lourdens[3]. Le toponyme s'est maintenu depuis avec un chemin de Lourdens.

Le domaine s'est développé sur le haut de la pente dominant la vallée de la combe de Savoie, au sortir d'une source abondante[4].

Il se trouve sur la route menant au col du Lindar, permettant d'accéder au massif des Bauges et, par-delà, la chartreuse d'Aillon[4].

Histoire[modifier | modifier le code]

Moyen Âge et époque moderne[modifier | modifier le code]

Il semble que les chartreux possèdent un territoire depuis le XIIe siècle[2], en limites d'Arbin et de Cruet[5]. Ils donnent à ce lieu le nom de Lourdens[5], l'un des noms d'origine du vallon où s'est installé la chartreuse, dans le massif des Bauges[6],[7],[4]. Toutefois, leur cartulaire, en partie disparu, ne mentionne pas cette acquisition[4].

En , une charte signée par le comte de Savoie, Amédée IV, autorise les moines de la Chartreuse d'Aillon à acquérir dans la plaine de Montmélian, des terres (bois, vignes, etc.)[8],[9]. Le domaine des chartreux repose principalement sur un grand vignoble installé sur les pentes et des celliers[4]. À cette période, la combe de Savoie est une vallée viticole dont les vins étaient réputés jusqu'à Grenoble. Le domaine est dirigé depuis une maison forte à deux étages, où réside des frères convers[4].

L'édifice est remanié au XVIe siècle[4]. Entre 1236 et 1585, les chartreux achètent des pièces de vignes à Saint-Pierre-d'Albigny, à Saint-Jean-de-la-Porte et notamment à Cruet, oú se trouve la grangerie de Lourdens[10].

Au XVIIIe siècle, la grangerie de Lourdens est ascencée à des paysans qui se chargent de la culture de la vigne. Tous les ans, le locataire envoie la moitié de sa production viticole, probablement issue du cépage « mondeuse » au monastère, à dos de mulet[11]. La production de vin occupe l'essentiel des 12,8 ha de terres qui composent la ferme, mais on y cultive également les céréales, on produit des fruits, notamment des noix et des amandes, et on exploite trois moulins alimentés par une source qui jaillit sous les bâtiments de la ferme.

Révolution française[modifier | modifier le code]

En 1792, les troupes révolutionnaires françaises envahissent le duché de Savoie. Les biens de l'Église sont saisis et vendus comme biens nationaux[12]. La grangerie de Lourdens est vendue à un habitant de Montmélian pour la somme de 6 300 000 livres[13]. Incapable de payer cette somme, ce Montmélianais est dépossédé de ses biens qui sont rachetés par des Chambériens en 1800[14].

XIXe siècle[modifier | modifier le code]

Au XIXe siècle, la grangerie de Lourdens n'est plus habitée mais ses terres sont toujours consacrées à la viticulture. Un des propriétaires négocie la cession des eaux de sa source avec la commune de Montmélian, pour la somme de 7 000 francs en 1876[15].

XXe et XXIe siècles[modifier | modifier le code]

Au XXe siècle, les constructions de la grangerie tombent en ruine, tandis que les vignes ont été vendues à des vignerons. Les bâtiments sont rachetés en 1953 par un couple qui en fait une résidence secondaire[16]. Lors de la rédaction de son ouvrage L'évolution historique en Savoie (1968), l'historien local Félix Bernard (1883-1972) indique « trois propriétaires se partageaient récemment encore les restes des bâtiments et des vignes des chartreux »[4].

Finalement, en 2009, les bâtiments et les terrains qui l'entourent sont rachetés par la commune de Montmélian.

Projet de réhabilitation[modifier | modifier le code]

En 2013, une proposition de mise en valeur de l'ensemble de la grangerie de Lourdens est soumise à la mairie de Montmélian.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Pierre Jacques Le Seigneur, La chartreuse d' Aillon, vol. 261, Salzbourg, Institut für Anglistik und Amerikanistik, Université de Salzbourg, coll. « Analecta Cartusiana », , 202 p.

Lien externe[modifier | modifier le code]

  • Bérelle Clara, Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel ; Assemblée des Pays de Savoie, « Moulins à farine de Lourdens actuellement vestiges », Dossier IA73003427 inclus dans Paysage du bassin-versant de l'Isère inférieure et du Val Gelon, sur le site du Patrimoine architectural et mobilier en Rhône-Alpes - patrimoine.rhonealpes.fr, (consulté en )

Références[modifier | modifier le code]

  1. Jean Humbert, Nouveau glossaire genevois, Jullien, , 268 p. (lire en ligne), p. 241, « Granger, Grangerie ».
  2. a et b Michèle Brocard, Lucien Lagier-Bruno, André Palluel-Guillard, Histoire des communes savoyardes : Aix-les-Bains et ses environs - Les Bauges - La Chartreuse - La Combe de Savoie - Montmélian (vol. 2), Roanne, Éditions Horvath, , 463 p. (ISBN 978-2-7171-0310-6), p. 408-413. ([PDF] lire en ligne)
  3. a et b Patrimoine architectural et mobilier en Rhône-Alpes 2014, p. « Historique ».
  4. a b c d e f g et h Félix Bernard, L'évolution historique en Savoie. Depuis l'age des meillans et des cites lacustres, Grenoble, Allier, , 252 p., p. 148.
  5. a et b Maurice Messiez, La Combe de Savoie autrefois, La Fontaine de Siloé, , 201 p. (ISBN 978-2-84206-191-3, lire en ligne), p. 51.
  6. « Aillon-le-Jeune » p. 49-51, in Cahier, La Sauvegarde de l'art français, Picard, Numéro 9, 1996 ([PDF] Lire en Ligne).
  7. Abbé Laurent Morand, Les Bauges : histoire et documents : Seigneurs et nobles laïques (Ier volume), Chambéry, Imprimerie savoisienne, , 618 p. (lire en ligne), p. 57.
  8. Acte du publié dans le Régeste genevois (1866), REG 695 sur le site de la Fondation des Archives historiques de l'Abbaye de Saint-Maurice (Suisse) - digi-archives.org.
  9. Chrystelle Ribatto, La chartreuse d'Aillon, de 1178 à 1266, sous la direction de M. Mouthon et de M. Guillère, Université de Savoie, 1988
  10. Pierre-Jacques Leseigneur, « La Chartreuse d’Aillon », in Analecta Cartusiana, Salzburg, 2008, p.xl
  11. Archives départementales de la Savoie (ADS), 43 F 280
  12. Laurent Morand, Les Bauges, histoire et documents, tome 2, Lafitte Reprints, Marseille, 1999, p.xl.
  13. ADS, 1 Q 65.
  14. ADS, 1 Q 208.
  15. Archives municipales de Montmélian, N5
  16. Archives municipales de Cruet, 101-102.