Franc-maçonnerie à Strasbourg

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La franc-maçonnerie à Strasbourg est d'implantation ancienne, elle est l'un des centres de l'humanisme rhénan. Elle s'appuie sur l'héritage de la « maçonnerie opérative », présente à Strasbourg dès le XIIIe siècle sous forme de loges appelées Hütten de compagnons tailleurs de pierre, les Steinmetzen. En atteste le Livre des frères comportant les ordonnances et règles de la loge de Strasbourg datant de 1563[1]. À la suite de l'achèvement de la cathédrale de Strasbourg et des troubles engendrés par la guerre de Trente Ans, d'« opérative », la maçonnerie strasbourgeoise devient de plus en plus « spéculative » : on parle de Briefmaurer (maçons de diplôme) face aux Grüssmaurer (maçons de salut)[2]. Le rattachement de Strasbourg à la France en 1681 accélère cet état de choses et la loge-mère de Strasbourg perd son rôle dirigeant sur les autres guildes rhénanes dès 1707[3].

Histoire de la franc-maçonnerie strasbourgeoise[modifier | modifier le code]

XVIIIe siècle[modifier | modifier le code]

La franc-maçonnerie, solidement implantée en Angleterre au début du XVIIIe siècle, se développe en France avec les premières loges parisiennes vers 1726. Le décret royal de 1731 relatif à Strasbourg et interdisant les réunions compagnonniques, les maçons opératifs strasbourgeois glissent vers la clandestinité et trouvent accueil dans les loges « spéculatives » fonctionnant sur le modèle des loges parisiennes. Dès le début du XVIIIe siècle, se mettent en place une multitude de loges maçonniques à Strasbourg[4].

On peut noter : la loge « La Candeur », « la Grande Loge Écossaise », « la loge Saint-Louis d'Alsace » (fondée en 1760), les loges « La Modestie » (fondée en 1763), « L'Amitié » (fondée en 1764), « La triple Union de Sainte-Cécile » (fondée en 1765) et de nombreuses autres loges, ainsi que la présence d'une branche des Illuminés de Bavière ou Illuminatenorden.

Le maire de Strasbourg, le baron Philippe-Frédéric de Dietrich (1748-1793) est un franc-maçon qui fait partie des « Illuminés de Bavière » et son pseudonyme est « Omarius[5] ». Il est également un franc-maçon appartenant à la Loge « La Candeur », une loge de la Stricte Observance du Directoire écossais de Bourgogne. C'est dans son salon que le jeune capitaine du génie en garnison à Strasbourg Claude Joseph Rouget de Lisle (1760-1836), lui-même franc-maçon appartenant à la loge « Les Frères discrets » (orient de Charleville), interprète pour la première fois La Marseillaise le accompagné par le maire Philippe-Frédéric de Dietrich, excellent chanteur. C'est en effet le baron Philippe-Frédéric de Dietrich qui avait demandé le à Claude-Joseph Rouget de Lisle de composer un chant militaire pour l'armée du Rhin, à la suite de la déclaration de guerre à l'Autriche du .

Le général français Jean-Baptiste Kléber (1753-1800), natif de Strasbourg, fonde après le retour en France de Napoléon, la loge Isis à Alexandrie, dont il est vénérable maître[6]. Toutefois, après sa mort, la loge avait disparu.

Le séjour à Strasbourg de Joseph Balsamo[modifier | modifier le code]

Joseph Balsamo dit Cagliostro fonde et préside dès 1780 une loge maçonnique « égyptienne »[7] à Strasbourg, sous la protection et lettres patentes du cardinal de Rohan, prince-évêque de Strasbourg[8].

Le XIXe siècle[modifier | modifier le code]

L'historien Pierre Mollier[9] nous dit qu'« en 1805, la loge parisienne des francs-chevaliers se transporte à Strasbourg pour y tenir une loge d'adoption le . Sa présidente, en qualité de grande maîtresse, est la baronne de Dietrich. Lors de cette tenue, elle a l'honneur d'accueillir l'impératrice Joséphine et d'initier en sa présence ses dames d'honneur »[10]. Le baronne de Dietrich était l'épouse du maire de Strasbourg, Philippe-Frédéric de Dietrich, lui-même franc-maçon.

Une ancienne loge maçonnique située au 21, avenue de la Liberté était fréquentée par le Kronprinz Guillaume de Hohenzollern, fils de l'empereur Guillaume II d'Allemagne[11].

Du XXe siècle au XXIe siècle[modifier | modifier le code]

Quelques loges maçonniques strasbourgeoises :

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. document retranscrit en 1968 dans une publication de la Grande Loge Nationale Française de Neuiily.
  2. Pierre Mariel, Cagliostro, Culture, Art, Loisir (CELT), sous la direction de Louis Pauwels, Paris 1973, page 20
  3. Édit de la Diète impériale de 1707.
  4. Catalogue dressé par Alain le Bihan : Loges et chapitres de la Grande Loge et du Grand orient de France (2e moitié du XVIIIe siècle).- Commission d'histoire économique et sociale de la Révolution française. Mémoires et Documents, XX.
  5. Marie-Joseph Bopp,L'activité maçonnique en Alsace pendant la Révolution Française, Revue d'Alsace - 1955 ; Paul Leuilliot, « Bourgeoisie d'Alsace et Franc-Maçonnerie aux XVIIIe et XIXe siècles », article tiré de : La Bourgeoisie d'Alsace, Strasbourg, 1954 ; Pierre-Yves Beaurepaire, « Un creuset maçonnique dans l'Europe des Lumières : la Loge La Candeur, Orient de Strasbourg », Revue d'Alsace, 1998.
  6. « Les premières loges de Palestine et leurs relations avec la Franc-maçonnerie égyptienne », Léon Zeldis (http://cdlm.revues.org/index1173.html#ftn1).
  7. Pierre Mariel, Cagliostro, Culture, Art, Loisir (CELT), sous la direction de Louis Pauwels, Paris 1973, page 55.
  8. René Muller, Cagliostro à Strasbourg, Imprimerie Alsacienne-Lorraine, Strasbourg, 1912, p. 22-30
  9. « rouget de lisle »
  10. René Le Forestier, Maçonnerie Féminine et Loges Académiques, 1979, p. 212
  11. Strasbourg magazine, no 249 de janvier-février 2014, page 38
  12. Erika Hugel, « Les Frères Réunis à Strasbourg, une loge maçonnique engagée - du 15 octobre 2011 au 5 février 2012 »
  13. « Bnai-Brith - Loge Rene Hirschler »

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Éric Burst, « La maçonnerie strasbourgeoise, pionnier de l'instruction », in Humanisme : revue des francs-maçons du Grand Orient de France, 1997, nos 236-237, p. 81-87
  • É. Burst, F. Storne et P. Wiedenhoff, « Petit dictionnaire des francs-maçons de Strasbourg », in Philippe Wiedenhoff, Les Frères Réunis de 1960 à nos jours, Institut d'études et de recherches maçonniques, Paris, 2012, p. 81-95
  • Pierre Mariel, Cagliostro, Culture, Art, Loisir (CELT), sous la direction de Louis Pauwels, Paris (1973).
  • Inventaire des archives de la ville de Strasbourg, franc-maçonnerie de Strasbourg, legs Paul Gerschel, répertoire numérique détaillé établi par René Brassel, Strasbourg, 1975, 101 + 17 p.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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