Claude-Joseph-Parfait Derville-Maléchard

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Claude-Joseph-Parfait Derville-Maléchard
Fonctions
Préfet de l'Orne
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Préfet de Vaucluse
Préfet du Doubs
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Préfet du Doubs
Préfet de la Sarthe
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Préfet du Simplon
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Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Activité

Claude-Joseph-Parfait Derville-Maléchard est un haut fonctionnaire français du corps diplomatique et de l'administration préfectorale sous le Premier Empire, les Cent-Jours et la monarchie de Juillet, né à Lyon (Rhône) le . Il participe à la mise en place de l'administration française en Suisse pendant le Premier Empire en tant que chargé d'affaires dans le Valais puis préfet du Simplon. Il devient ensuite préfet de la Sarthe.

Écarté de toute poste préfectoral pendant la Restauration, il est membre de la commission d'indemnisation des planteurs de Saint-Domingue. Il redevient préfet sous la monarchie de Juillet, dans le Vaucluse, le Doubs puis l'Orne. Il décède le à Vineuil-Saint-Firmin (Oise).

Biographie[modifier | modifier le code]

Famille[modifier | modifier le code]

Claude-Joseph-Parfait Derville-Maléchard naît à Lyon le 3 avril 1774. Il est le fils posthume[1] de Jean Maléchard, négociant, et de Jeanne Marie Jacob[2]. Il est baptisé le à l'église Saint-Pierre - Saint-Saturnin de Lyon. Selon son acte de baptême, il est né rue de l'Arbre-sec, aujourd'hui dans le 1er arrondissement.

Il épouse Constance-Sophie Masson[3] à Lyon le 19 floréal an VI (). Constance-Sophie Masson est fille de négociants originaires de Carpentras (Vaucluse) installés rue Pizay[4]. De cette union naissent :

Carrière[modifier | modifier le code]

Un homme de Napoléon Bonaparte[modifier | modifier le code]

En 1793, âgé de 18 ans, il est chasseur à cheval dans l’armée lyonnaise durant le siège de Lyon[1]. Entre 1793 et 1794, il est guide à cheval dans l’Armée des Alpes, puis en 1797, agent militaire sous les ordres du général en chef Bonaparte. Il est substitut du commissaire civil extraordinaire entre 1798 et 1800 puis secrétaire général de la légation extraordinaire entre 1800 et 1803[5].

Préfecture du département du Simplon (Maison de Kalbermatten)

Il devient chargé d'affaires et ministre plénipotentiaire à Lucques (1803-1806), puis chargé d'affaires et résident de France en Valais (1806-1810), qu'il prépare au rattachement à la France. Il devient ensuite naturellement préfet du département du Simplon (1811-1813), constitué à partir du Valais, où il introduit rapidement la législation et l'administration françaises[3]. Il doit ainsi faire confectionner une guillotine, au prix de 878 francs 70 centimes, « peinture comprise »[6][source insuffisante]. Comme il réside dans la Maison de Kalbermatten, celle-ci devient la Préfecture[7]. Il veille à la surveillance des voyageurs qui passent par le Grand Saint-Bernard[8]. Mais il n'a pas d'expérience pratique du fonctionnement des bureaux et, plaidant son ignorance des lois, réclame au ministre de l'Intérieur un bras droit efficace. Sans réponse qui le satisfasse, il finit par l'embaucher lui-même[9].

C'est sur son insistance qu'il quitte le Valais. Pour être nommé ailleurs, il en critique la rudesse et se plaint de drames familiaux liés à ce climat :

« Ma santé est profondément altérée, le vice de ce climat funeste que j'ai quatre ans combattu, qui m'a privé de deux enfants, qui a marqué de son empreinte ineffaçable le seul qui me reste, pèse aujourd'hui sur moi, je sens que je succomberai à son influence et je veux à tout prix m'y soustraire[10] »

Il est fait chevalier de l’Empire en 1811[2] et préfet de la Sarthe à partir du printemps 1813[3]. Au début de l'année 1814, il s'emploie à y maintenir l'ordre en luttant contre les résurgences de la chouannerie. Après l'abdication de Napoléon, il tente de gagner les bonnes grâces du nouveau pouvoir, sans succès. C'est dans Le Moniteur du 24 avril 1814 qu'il apprend le nom de son successeur, Jules Pasquier[11].

Il redevient préfet en 1815 pendant les Cent-Jours, dans le Doubs[3]. Il se méfie du clergé de son nouveau département, qu'il considère comme peu favorable à Napoléon, et essaye de contenir les mouvements populaires contre les châteaux[12].

Écarté sous la Restauration[modifier | modifier le code]

Il est révoqué le 1815, peu après le retour de Louis XVIII[3]. Il reçoit ensuite un traitement provisoire, supprimé le [13]. En juillet 1816, il fait publier à Lyon un recueil de pièces documentaires qu'il intitule : Réunion du Valais à la France. extraits de pièces officielles[14].

Derville-Maléchard reçoit un emploi à la fin de la Restauration. En effet, il est membre de la commission de répartition des indemnités aux anciens colons de Saint-Domingue, qui siège de 1826 à 1833. Cette commission est mise en place par l'ordonnance du 9 mai 1826. Elle comprend des pairs de France, des députés, des hauts fonctionnaires comme Derville-Maléchard et des anciens propriétaires à Saint-Domingue. Elle répartit entre les anciens propriétaires d'esclaves qui ont fui l'île à la suite de sa révolte en 1791 l'indemnité de 150 millions de francs réclamée par la France à son ancienne colonie[15].

Derville-Maléchard est un ami de Stendhal[2].

Préfet de la monarchie de Juillet[modifier | modifier le code]

Il reprend du service sous la monarchie de Juillet, pendant laquelle il est successivement préfet du Vaucluse (mai 1831-novembre 1831), puis du Doubs (novembre 1831-juillet 1833), et enfin de l'Orne (juillet 1833)[3].

Il reçoit une pension à compter de 1836[13] et meurt le à Vineuil-Saint-Firmin (Oise)[3].

Honneurs[modifier | modifier le code]

Armoiries[modifier | modifier le code]

Claude-Joseph-Parfait Derville-Maléchard fut créé chevalier de l’Empire par lettres patentes du 13 mars 1811 avec règlement d’armoiries[1].

Figure Blasonnement
Armoiries du chevalier Derville-Maléchard et de l’Empire

Parti : au I, reparti d’argent et d’azur à douze étoiles posées 3.3.3.3, les 4 à dextre de gueules, les 4 du milieu, de l’un en l’autre, les 4 à senestre d’argent ; et au II, d’azur à la bande d’argent, surmontée d’un comble d’or ; à la bordure de gueules chargée du signe des chevaliers légionnaires[1],[17]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Archives nationales (France) (répertoire nominatif par Christiane Lamoussière, revu et complété par Patrick Laharie ; répertoire territorial et introduction par Patrick Laharie), Le Personnel de l’administration préfectorale, 1800-1880, Paris : Centre historique des Archives nationales, 1998, 1159 pages, 27 cm, (ISBN 2-86000-271-5) , « Derville-Maléchard (Claude, Joseph, Parfait) », page 251.
  • Jacques Henri-Robert (préf. Maurice Schumann et Jean Tulard), Dictionnaire des diplomates de Napoléon : Histoire et dictionnaire du corps diplomatique consulaire et impérial, Paris, Henri Veyrier, coll. « Kronos », , 366 p. (ISBN 2-85199-534-0), p. 168-169, notice no 54 « Derville-Maléchard (Claude Joseph Parfait, chevalier) Maléchard, dit »
  • Dictionnaire historique de la Suisse (DHS) en français : Canada - Derville-Maléchard, vol. 3, Hauterive, Éditions Gilles Attinger, , 816 p. (ISBN 2-88256-153-9)
  • Philippe Gern, « Le recrutement d’un bataillon valaisan au service de Napoléon (1804-1807) », Vallesia,‎ , p. 163-175 (lire en ligne)
  • Philippe Lamarque, Armorial du Premier Empire, Lathuile (Haute-Savoie), éditions du Gui, , 639 p. (ISBN 978-2-9517417-7-5), p. 250, notice Derville-Maléchard

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d Henri-Robert 1990, p. 168.
  2. a b c et d « Derville-Maléchard Hugues Léopold Maurice Rodolphe | Cour des comptes », sur www.ccomptes.fr (consulté le )
  3. a b c d e f et g Pierre Reichenbach, « Claude-Joseph-Parfait Derville-Maléchard », dans Dictionnaire historique de la Suisse, (lire en ligne)
  4. « Visualisation des documents », sur archives-lyon.fr (consulté le ).
  5. « Ministère de la culture - Base Léonore », sur www2.culture.gouv.fr (consulté le )
  6. Site « Valais surprenant », page « Guillotine en Valais : une mort très en peine » du 10 mars 2020 par Joël Cerutti : page https://valaisurprenant.ch/guillotine-en-valais-une-mort-tres-en-peine/ consultée le 7 décembre 2021.
  7. « Maison de la Préfecture », sur www.bourgeoisie-de-sion.ch (consulté le )
  8. Gilles Bertrand, « Chapitre 2. La comédie humaine des voyageurs », dans Gilles Bertrand, Le Grand Tour revisité : Pour une archéologie du tourisme : le voyage des Français en Italie, milieu XVIIIe – début XIXe siècle, Rome, Publications de l’École française de Rome, coll. « Collection de l'École française de Rome », (ISBN 978-2-7283-1029-6, DOI 10.4000/books.efr.1998, lire en ligne), p. 71–144
  9. Aurélien Lignereux, Les Impériaux. Administrer et habiter l'Europe de Napoléon, Paris, Fayard, , 426 p. (ISBN 9782213710297), p. 102-103
  10. Aurélien Lignereux, Les Impériaux. Administrer et habiter l'Europe de Napoléon, Paris, Fayard, , 426 p. (ISBN 9782213710297), p. 192-193
  11. H. de Berranger, « La police générale dans la Sarthe sous le Consulat et le Premier Empire (fin) », Revue historique et archéologique du Maine, 2e série, vol. 20,‎ , p. 16-31 (lire en ligne)
  12. Emile Le Gallo, Les Cent-Jours. Essai sur l'histoire intérieure de la France depuis le retour de l'île d'Elbe jusqu'à la nouvelle de Waterloo. Thèse principale pour le doctorat ès lettres, présentée à la Faculté des lettres de l'Université de Dijon, Paris, Librairie Félix Alcan, , 534 p. (lire en ligne), p. 198, 351
  13. a et b « Derville-Maléchard, Claude Joseph Parfait », sur FranceArchives (consulté le )
  14. Aurélien Lignereux, Les Impériaux. Administrer et habiter l'Europe de Napoléon, Paris, Fayard, , 426 p. (ISBN 9782213710297), p. 289
  15. Frédérique Beauvois, « Monnayer l'incalculable ? L'indemnité de Saint-Domingue, entre approximations et bricolage », Revue historique, vol. 655, no 3,‎ , p. 609 (ISSN 0035-3264 et 2104-3825, DOI 10.3917/rhis.103.0609, lire en ligne, consulté le )
  16. a et b Henri-Robert 1990, p. 169.
  17. Lamarque 2008, p. 250.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]