Cheval au Mali

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Cheval au Mali
Image illustrative de l’article Cheval au Mali
Famille malienne avec une charrette hippomobile.

Espèce Cheval
Statut introduit
Races élevées Arabe, Bandiagara, Barbe, Bélédougou, cheval de Nioro, Dombi, Dongalow, Haoussa, Hodh, poney, Sahel et Songhoï
Objectifs d'élevage agriculture et transport

Le cheval au Mali, introduit sans certitudes par les Soninkés, prend de l'importance au XIIIe siècle, à travers la cavalerie de Soundiata Keïta. Les pratiques locales incluent des courses et danses de chevaux, ainsi que des randonnées pour le tourisme. Le cheval est très présent dans l'Art et la tradition orale des Maliens, depuis les statuettes Kôrêdugaw jusqu'aux contes traditionnels des Peuls et des Bambaras.

Histoire[modifier | modifier le code]

Cavaliers de la région de Ségou, au début du XXe siècle.

Il existe différentes traditions quant à l'arrivée du cheval au Mali. D'après celle des Malinkés, c'est Mama Dinka, ancêtre des Soninkés, qui aurait introduit cet animal[1]. Soundiata Keïta, premier empereur et fondateur du Royaume du Mali, serait le premier à faire un usage militaire généralisé de la cavalerie[2]. Quoi qu'il en soit, le commerce des chevaux de guerre prend son essor au début du XIIIe siècle[3], ce alors que ces animaux étaient auparavant considérés comme de rares possessions de prestige[2]. Cette association de la possession d'un cheval au prestige provient indubitablement de l'influence arabe[4]. Dans les années 1340, Al-'Umari note par ailleurs que le peuple du Mali monte ses chevaux avec des « selles arabes »[5].

L'expansion de l'Empire du Mali est rendue possible par l'usage militaire de la cavalerie Mande, dépendante cependant d'un biotope adapté à l'élevage et à l'utilisation du cheval, dans la savane du Sahel[6].

Cheval à l'hippodrome de Bamako.

Pratiques[modifier | modifier le code]

Les pratiques équestres locales du Mali incluent les courses de chevaux et les danses du cheval.

Dans la localité de Tonka, connue pour ses traditions cavalières, une course de chevaux est organisée chaque année, attirant des participants venus de tout le Cercle de Goundam[7].

Des randonnées équestres touristiques en pays Dogon sont possibles[8].

Élevage[modifier | modifier le code]

Poulain malien.

Le Mali compte douze races de chevaux élevées sur son territoire, d'après la base de données DAD-IS : l'Arabe, le Bandiagara, le Barbe, le Bélédougou, le Cheval de Nioro, le Dombi, le Dongalow, le Haoussa, le Hodh, le poney, le Sahel et le Songhoï[9].

L'élevage du cheval est fortement présent parmi les Bambaras[10].

Culture[modifier | modifier le code]

Parmi les objets d'art malien, les statues équestres se retrouvent dans diverses régions du pays[11].
Comme en témoigne le Festival des masques et marionnettes de Markala, l'art de la marionnette est très vivace dans le pays, particulièrement chez les Bozo du fleuve et les Bambara, qui mettent volontiers en scène le cheval[12].

Les chevaux des Kôrêdugaw, sculptés en bois pour des adultes, symbolisent des sages qui peuvent se moquer de tout[16].

Le cheval est cité dans les contes traditionnels Peuls du Mali[17]. L'un de ces contes, Bourayma Âli Kôla Almâmi Ngor, parle d'« un cheval qui crotte de l'or »[18]. La tradition orale Dogon veut que le cheval ait originellement parlé comme un être humain, ce qui lui valait un grand respect[19]. L'un des contes Bambara, celui de Borowal le cheval sacré, raconte comment Mansika, le massaké du royaume Bambara, a perdu son royaume pour un cheval de combat détenu par un Peul sur le marché de Tombouctou[20]. D'après le conteur et écrivain Peul Amadou Hampâté Bâ, il était d'usage de soigner un cheval souffrant de coliques en demandant à une femme de l'enjamber, mais celles qui n'avaient pas été fidèles à leur mari l'évitaient, car une mort violente leur était promise[21].

En langue scoioy[pas clair] de Tombouctou, « cheval » se dit « bari »[22].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Youssouf Tata Cissé, La grande geste du Mali, Éditions Karthala, 1988-1991 (ISBN 2-86537-206-5, 9782865372065 et 2865373266, OCLC 19061263, lire en ligne), p. 273.
  2. a et b de Grunne 1991, p. 80.
  3. Tata Cissé 1998, p. 89.
  4. Pezzoli 1995, p. 38.
  5. Law 2018.
  6. (en) Candice Lee Goucher, Charles A. Le Guin et Linda A. Walton, In the Balance : Themes in Global History, vol. 1, McGraw-Hill, , 986 p. (ISBN 0-07-024180-5 et 9780070241800), p. 236.
  7. « Les Cavaliers de Tonka », sur FESPACO, (consulté le ).
  8. Dominique Auzias et Jean-Paul Labourdette, Mali 2012/2013, Petit Futé, coll. « Country Guides », 336 p. (ISBN 978-2-7469-5638-4 et 2-7469-5638-1).
  9. (en) « Mali : Horse - Browse by country and species », sur www.fao.org, Domestic Animal Diversity Information System (DAD-IS), Food and Agriculture Organization of the United Nations (consulté le ).
  10. Loïc. Depecker, Louis-Jean Rousseau,, Jean Quirion, et Office québécois de la langue française,, Dans tous les sens du terme, University of Ottawa Press, , 182 p. (ISBN 978-2-7603-2052-9, 2760320529 et 129948316X, OCLC 890603018, lire en ligne), p. 22
  11. Tata Cissé 1998, p. 90.
  12. Pierre-Alain Uniack, Cheval du fleuve Niger : marionnettes Bozo et Bambara du Mali, Félix Torres, , 48 p. (ISBN 9782912348050)
  13. Brooklyn Museum
  14. Collection particulière
  15. a et b Tropenmuseum
  16. Colleyn 2010.
  17. Profils de femmes dans les récits épiques peuls (Mali-Niger), Karthala Éditions, , 276 p. (ISBN 978-2-8111-3257-6 et 2-8111-3257-0, lire en ligne), p. 232.
  18. Léon Verbeek, Contes peuls du Mali, Karthala Éditions, coll. « Tradition orale », , 496 p. (ISBN 2-8111-4028-X et 9782811140281, lire en ligne), « 44. Un cheval qui crotte de l'or ».
  19. Patrick Kersalé et Zakari Saye, Mali : parole d'ancêtre dogon : l'écho de la falaise, Anako, coll. « Parole d'ancêtre », , 152 p., p. 85-87.
  20. Oumar Abderrahmane Diallo, Barowal le cheval sacré : contes du Fouta Djalon, Paris, L'Harmattan, , 71 p. (ISBN 978-2-296-55174-9 et 2296551742, OCLC 762814338, lire en ligne).
  21. Gouraud 2002, p. 90-91.
  22. Direction nationale de l'alphabétisation fonctionnelle et de la linguistique appliquée du Mali, Initiation à la linguistique africaine par les langues du Mali : manuel programmé, A.C.C.T., , 94 p., p. 57.

Annexes[modifier | modifier le code]

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Liens externes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • [Colleyn 2010] (en) Jean-Paul Colleyn, The horses of satire : the kórèdugaw of Mali, Montreuil, Gourcuff Gradenigo, , 160 p. (ISBN 978-2-35340-093-5 et 2353400930, OCLC 668372793, lire en ligne)
  • [de Grunne 1991] (en) Bernard de Grunne, « Heroic riders and divine horses : An analysis of ancient Soninke and Dogon equestrian figures from the inland delta Niger of Mali », Bulletin, Minneapolis Institute of Arts, vol. 66,‎
  • [Gouraud 2002] Jean-Louis Gouraud, L'Afrique par monts et par chevaux, Éditions Belin, , 175 p. (ISBN 2-7011-3418-8, LCCN 2004541387)Voir et modifier les données sur Wikidata
  • [Law 2018] (en) Robin Law, The horse in West African history : the role of the horse in the societies of pre-colonial West Africa, Routledge, (ISBN 978-0-429-95456-6, 0429954565 et 9780429954559, OCLC 1049149788, lire en ligne)
  • [Pezzoli 1995] (it) Gigi Pezzoli, Cavalieri dell'Africa : storia, iconografia, simbolismo : atti del ciclo di incontri : organizzato dal Centro studi archeologia africana di Milano, febbraio-giugno 1994, Centro studi archeologia africana, , 301 p.
  • [Tata Cissé 1998] Youssouf Tata Cissé, « Cavaliers et chevaux de guerre du Mali : Des origines à la décadence des grands empires », dans Chasseurs et guerriers, Paris, France, Musée Dapper, , 273 p. (ISBN 2906067415 et 9782906067417), chap. 26 de Publication