Château de Théobon

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Château de Théobon
Image illustrative de l’article Château de Théobon
Le château sur son « pech ».
Type Château
Début construction XIVe siècle
Fin construction XVIIe siècle
Destination initiale Ouvrage défensif
Propriétaire actuel Personne privée[1]
Protection Logo monument historique Inscrit MH (1962)
Coordonnées 44° 44′ 22″ nord, 0° 18′ 15″ est[2]
Pays Drapeau de la France France
Anciennes provinces de France Agenais
Région Nouvelle-Aquitaine
Département Lot-et-Garonne
Commune Loubès-Bernac
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Château de Théobon
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Château de Théobon
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Château de Théobon

Le château de Théobon est un château fort du XIVe siècle transformé au XVIIe siècle en château résidentiel, situé sur un « pech » sur le territoire de la commune de Loubès-Bernac, dans le département de Lot-et-Garonne, permettant de vues étendues dans toutes les directions.

Histoire[modifier | modifier le code]

Le château apparaît dans un acte de 1327 dans lequel Gaubert de Mayrac se dit seigneur de Théobon. La seigneurie reste dans cette famille jusqu'à la fin du XVe siècle. Elle passe ensuite par mariage aux Ségur, puis aux Pierre-Buffière. Du château du XIVe siècle il est resté certaines fenêtres, une fenêtre géminée bouchée et trois fenêtres rectangulaires à moulures prismatiques au premier étage sur cour. Ce château était alors un château-fort.

À la fin du XVIe siècle le château appartient à la famille de Rochefort de Saint-Angel. Charles Ier de Rochefort, baron de Saint-Angel et du Chambon, seigneur de Bellegarde, épouse le Moreille de Châteauneuf, dame de Théobon baronne de Chabane, fille de Louis de Châteauneuf, seigneur de Pierre-Buffière et d'Isabeau de Ségur, dame de Génissac et de Gaillat. De ce mariage sont nés deux fils, l'aîné Louis est baron de Saint-Angel, le cadet Jean, aussi appelé Charles, est baron de Théobon.

Son second fils, Jean Ier de Rochefort, est baron de Théobon, captal de Puychagut. Protestant, il participe à la défense de Castillon, en 1586. Il s'est marié le avec Élisabeth de Royère, fille de Jean de Royère, seigneur de Moneins, et d'Antoinette de Larmandie. Il devient par son mariage seigneur de Moneins et de Courouneau. Il a combattu contre les Ligueurs en Bourgogne sous les ordres du maréchal de Biron, en 1595. Il a été gouverneur de Mâcon. Après la paix de Vervins, il offre son épée au prince Maurice de Nassau et participe au siège de Rheinberg, en Flandre, où il reçoit une blessure dont il meurt en [3].

Charles II de Rochefort, marquis de Théobon, captal de Puychagut, fils du précédent. Il a été élevé comme page de la maison de Caumont-La Force. Il a été marié le à Jeanne d'Escodéca de Boisse, fille de Pierre d'Escodéca de Boisse, seigneur d'Allemans-du-Dropt, Saussignac, et de Marie de Ségur, dame de Pardaillan, dont il eut un fils, Jean, né en 1619, et une fille qui se convertit en 1679 et reçut une pension de 4 000 livres. Il a levé un régiment par commission du , licencié le . Il est retourné en Guyenne. Gouverneur de Sainte-Foy-la-Grande pour le roi en 1621, il va se révolter après l'insuccès de l'armée royale au siège de Montauban et pour déjouer un plan de son beau-père[4],[5]. Il a été accusé d'avoir fait assassiner son beau-père, Pierre Escodeca de Boisse, à Gensac[6]. Il en a été loué par l'assemblée de La Rochelle pour son action à Sainte-Foy, mais ayant échoué dans une tentative de prendre la ville de Bergerac, il est devenu suspect pour le habitants de Sainte-Foy qui le chassent avec le soutien du marquis de La Force. En 1622, il participe au siège de Granges-sur-Lot avec Lusignan, puis il fait la retraite de Tonneins pendant laquelle il est blessé[7]. Il est qualifié de marquis de Théobon en 1649. En 1649, le parlement de Bordeaux en révolte contre le roi et le cardinal Mazarin nomma le marquis de Lusignan, Théobon et d'Aubeterre lieutenants du marquis de Sauvebœuf, général des troupes du parlement. Ils ont pris le contrôle du Château-Trompette le [8]. Il a été lieutenant-général de l'armée de Condé en Guyenne pendant la Fronde, en 1651. Il assure la défense de Villeneuve-d'Agenais contre le comte d'Harcourt, qui a commencé à investir la ville en , mais a dû lever le siège le . Le marquis de Théobon est resté dans la ville pendant encore un an mais n'a pu trouver les 6 000 livres pour payer ses troupes. Les consuls de Villeneuve ont alors fait leur soumission entre les mains du comte de Vaillac, Jean-Paul Ricard de Gourdon de Genouillac, le . Le duc de Candale exigea que la ville paie 30 000 livres pour l'entretien de l'armée du roi[9],[10]. Le comte de Théobon s'est alors soumis au roi et a contribué à la réduction de Bordeaux, en 1653. Il est créé la même année lieutenant-général des armées du roi. Il a fait son testament le .

Le château est complètement transformé au XVIIe siècle.

Jean II de Rochefort, fils du précédent, est né le . Il s'est marié le à Anne de Chaussade de La Mothe, dame de Roquefère et de Lespinassat, fille de Bernard de La Mothe et de Henrye d'Alba de Panisseau. De cette union sont nés Charles Bordeaux de Rochefort, Lydie de Rochefort-Théobon, Marie Guyonne de Rochefort-Théobon et Françoise connue sous le nom de mademoiselle de Loubès. Sa fille Lydie de Rochefort-Théobon, née la même année que le roi Louis XIV, en 1638, était devenue avant 1670, demoiselle d’honneur de la reine Marie-Thérèse d’Autriche. Elle devient la maîtresse du roi en 1670. Cette liaison a duré jusqu'en 1672. Madame de Montespan ayant obtenu le renvoi des demoiselles d'honneur de la reine, elle est devenue de la princesse Palatine en 1673. Le roi se reprend de passion pour mademoiselle de Rochefort en 1676. Elle s'est mariée en 1678 avec Charles d’Harcourt, comte de Beuvron, frère de François III d'Harcourt, capitaine des gardes de Monsieur, frère du roi, qui la laisse veuve le . Avec la révocation de l'édit de Nantes, en 1685, Lydie de Rochefort-Théobon calviniste se convertit au catholocisme. Elle est morte au château de Marly le [11].

Les Rochefort de Saint-Angel étaient huguenots. Charles Bordeaux (ou Charles III) a fait célébrer le culte protestant dans le château. Il a épousé le , Marie Nompar de Caumont, fille de François de Caumont, marquis de Castelmoron, petite fille du duc de La Force, Jacques Nompar de Caumont, dont il a une fille Marie Guyonne de Rochefort-Théobon, dame d'honneur de la duchesse de Berry qui s'est mariée, en 1704, Louis de Pons, seigneur de Saint-Maurice, Saussignac, Cazeneuve, maître de la Garde-Robe du duc de Berry[12]. Le culte protestant est interdit dans le château en 1684. Ayant refusé d'abjurer, il a été enfermé à la Bastille et sa femme mise au couvent. Il s'est remarié le avec Marie Antoinette de Pons Saint-Maurice, sœur de Louis de Pons Saint-Maurice, dont il a eu deux filles, Marie, sans alliance, et Marie Guyonne de Rochefort-Théobon qui s'est mariée avec Daniel-Marie Anne de Talleyrand-Périgord.

Le château passa dans la famille de Talleyrand-Périgord par le mariage en 1725 de Marie Guyonne de Rochefort-Théobon avec Daniel-Marie Anne de Talleyrand-Périgord, fils de Gabriel de Talleyrand, comte de Grignols, baron de Beauville, dit le marquis de Talleyrand, comte de Grignols, baron de Beauville. Leur fils, Gabriel-Marie de Talleyrand-Périgord, vendit le château, en 1783, au sieur Brie de Teysson, capitaine au régiment d'Artois, chevalier de Saint-Louis. Une de ses filles en hérita, mariée à M. Albert, elle le transmit à son fils, A. Albert de Théobon.

Le château a été modifié pendant la Révolution. Ordre a été donné de raser les tours au niveau du corps de logis. Les fers et les cuivres ont été réquisitionnés. Des parties du château ont été abandonnées au XIXe et au XXe siècles, des fenêtres ont été bouchées et des cloisons ont coupé des pièces.

La plus belle cheminée du château a été vendue en 1924 et se trouve actuellement dans un salon de musique de l'université Harvard.

Le château a été inscrit monument historique le [1].

Description[modifier | modifier le code]

Le château vers 1911.

Le château s'organise autour d'une grande cour rectangulaire. Le corps de logis principal se trouvait au sud. Il a un étage actuellement mais en avait probablement deux à l'origine. Une terrasse a été élevée contre la façade sud. Un escalier à deux rampes permet d'accéder au parc.

La façade présente plusieurs types de fenêtres qui pourrait montrer qu'il y a eu plusieurs campagnes de construction. La porte centrale côté nord est entourée d'une moulure torique et encadrée de deux pilastres simples et semble avoir été réalisée après coup. Les plafonds de bois de l'escalier portent des restes de peintures : chute d'Icare, Phaéton précipité du char du soleil. Des peintures sont aussi visibles dans la grande salle et dans le boudoir. La rampe d'escalier est un bel exemple de ferronnerie du XVIIe siècle. Des salons ont reçu des boiseries au cours du XVIIIe siècle.

Le château comprend deux ailes en retour en équerre, à l'est et à l'ouest. L'aile est avait une tour à son extrémité nord selon la tradition. L'aile ouest a un pavillon en son milieu où s'ouvre la porte d'entrée. Les deux rainures montrent que l'entrée du château se faisait par un pont-levis[13]

La cour est ouverte au nord et forme une terrasse, mais un petit bâtiment situé à l'angle nord-ouest semble montrer qu'il devait y avoir une galerie mais qui n'a pas dû être achevée avant d'être démolie.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (fr)« Château de Théobon », notice no PA00084159, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  2. Coordonnées vérifiées sur Géoportail et Google Maps
  3. Eugène Haag, Émile Haag, La France protestante, ou Vies des protestants français qui se sont fait un nom dans l'histoire depuis les premiers temps de la réformation jusqu'à la reconnaissance du principe de la liberté des cultes par l'Assemblée nationale ; ouvrage précédé d'une Notice historique sur le protestantisme en France ; suivi des Pièces justificatives et rédigé sur des documents en grande partie inédits, tome VIII Nagel - Rosenstiel, p. 456-457, Joël Cherbuliez libraire-éditeur, Paris, 1858 (lire en ligne)
  4. Raymond Guinodie, Histoire de Libourne et des autres villes et bourgs de son arrondissement, tome 1, p. 177-178, chez Henry Faye imprimeur, Bordeaux, 1845 (lire en ligne)
  5. Raymond Guinodie, Histoire de Libourne et des autres villes et bourgs de son arrondissement, tome 2, p. 421, chez Henry Faye imprimeur, Bordeaux, 1845 (lire en ligne)
  6. Louis Couyba, Études sur la Fronde en Agenais et ses origines, p. 110, imprimerie Renaud Leygues, Villeneuve-sur-Lot, 1903 (lire en ligne)
  7. Adélaïde Édouard le Lièvre marquis de la Grange, Mémoires authentiques de Jacques Nompar de Caumont, duc de la Force, maréchal de France, et ses deux fils, les marquis de Montpouillan et de Castelnau, tome IV, p. 371, Charpentier libraire-éditeur, Paris, 1843 (lire en ligne)
  8. Raymond Guinodie, Histoire de Libourne et des autres villes et bourgs de son arrondissement, tome 1, p. 219
  9. Alexandre Ducourneau, La Guienne historique et monumentale, tome premier, deuxième partie, p. 298, imprimerie F. Coudert, Bordeaux, 1842 (lire en ligne)
  10. Joseph Beaune, La fin de la Fronde à Villeneuve d'Agenois, p. 511-517, année 1889, tome 16 (lire en ligne)
  11. François-Alexandre Aubert de La Chesnaye Des Bois, Dictionnaire De La Noblesse contenant les généalogies, l'histoire & la chronologie des maisons nobles de France, tome 7, p. 663, chez Antoine Boudet, paris, 1774 (lire en ligne)
  12. François-Alexandre Aubert de La Chesnaye des Bois, Dictionnaire de la noblesse, contenant les généalogies, l'histoire et la chronologie des familles nobles de France , tome 11, p. 410, chez Antoine Boudet, Paris, 1776 (lire en ligne)
  13. Nota : un pont-levis avait été aussi prévu pour l'entrée du château de Monteton construit au XVIIe siècle par une famille protestante, puis catholique de façade, les Digeon de Monteton. Une branche cadette de la famille a quitté la France et s'est mise au service du roi de Prusse, fondant la branche allemande.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Paul Roudié, Château de Théobon, p. 191-195, Congrès archéologique de France. 127e session. Agenais. 1969, Société française d'archéologie, Paris, 1969
  • Jean Burias, Le guide des châteaux de France : Lot-et-Garonne, p. 50-51, éditions Hermé, Paris, 1985 (ISBN 978-2-866650094)
  • Raymond Guinodie, Historie de Libourne et des autres villes et bourgs de son arrondissement, tome 3, p. 89, chez Henry Faye imprimeur, Bordeaux, 1845 (lire en ligne)
  • Jean-Pierre Babelon, Châteaux de France au siècle de la Renaissance, Paris, Flammarion, , 839 p. (ISBN 2-08-012062-X), p. 771

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]