Barbier Maes

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Adrien Maes
Tableau de Louis Watteau plat à barbe le barbier Maes poursuit son travail sous la mitraille
Biographie
Naissance
à Aire –sur-la-Lys
Aire-sur-la-LysVoir et modifier les données sur Wikidata
Décès
à Lille
LilleVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
barbier-perruquier, agent de change

L’histoire du barbier Maes qui rase ses clients avec un éclat d’obus comme plat à barbe est un épisode du siège de Lille de 1792 longtemps très célèbre. Une rue du centre de la ville porte son nom.

Biographie[modifier | modifier le code]

Adrien Maes (Masse suivant son acte de décès) né à Aire-sur-la-Lys en 1761 marié en 1786 exerçait la profession de barbier perruquier rue du Vieux Marché aux Moutons lors du bombardement de 1792. Cette rue qui a disparu dans les bombardements de 1914 a été remplacée après les reconstructions des années 1920 par la partie de la rue du Molinel entre la rue des Augustins et la rue de Tournai. Elle était donc située à la limite entre les paroisses Saint-Sauveur et Saint-Maurice.

S’étant enrichi, il est devenu agent de change installé 118 rue de Paris et se serait ensuite ruiné.

Il est mort à Lille 38 rue Basse le [1].

L’épisode[modifier | modifier le code]

Le barbier était dans sa boutique en train de raser un client quand une bombe frappa sa maison.

Il s’installe dans la rue et, faute d’ustensile, il ramasse un éclat d’obus dont il fait un plat à barbe et rase en riant 14 citoyens[2].

Postérité[modifier | modifier le code]

Parmi d'autres actes de bravoure du siège de Lille de 1792, tel celui de Charlemagne Ovigneur, cet épisode qui symbolise l’attitude stoïque de la population pendant le siège est entré dans la légende de Lille.

L’histoire un peu oubliée fut longtemps très connue et a inspiré des gravures, des tableaux, une opérette en 1858, le Siège de Lille, ou le Barbier Maes, épisode de 1792 de Charles de Franciosi [3],.

En 1882 un char lui est consacré dans un cortège historique et la rue du Prez est baptisée Barbier Maes en 1883.

Un journal satirique hebdomadaire lillois Le Barbier Maes paraît de 1884 à 1886. Une étiquette de chicorée racontait l’histoire. Plusieurs chansons lui ont été consacrées[4].

Celle du chansonnier Desrousseaux auteur du P’tit Quinquin est la plus marquante.

Le barbier Masse : chanson de Desrousseaux[modifier | modifier le code]

Extrait du texte original en patois : typographie respectée.

« 

Au bombardemint d’Lille,

On sait qu’sans s’faire de l’bile

Un brave, un gai guerrier

A montré l’ sang-froid d’un guerrier

De ch’l homme’, dijons l’histoire

Plein’ de drôlerie et d’gloire

Quoiqu’ connue elle a l’don

D’amuser comme un biau feuilleton

Toudis, sans qu’on s’in lasse,

Comme du Bombardemint,

Du joyeux Barbier Masse

On parle gaîmint

Il étot dins s’ boutique

Barbifiant’ eun’ pratique

Quand eun’ bomb’ sans façon

Vient tout fracasser dins s’mason

Peu contint d’cheull’ visite

I dit : « sortons bien vite !»

Et, vif comme un éclair,

Etablit s’boutique in plein air.

Le v’là tout d’suite in plache,

Pour continuer s’n ouvrache

Comme i’ n’avot pus d’plat

D’un obus, i prin’ un éclat

I s’in sert , sans gauch’rie…

Chacun rit d’cheull drôlerie

Blaguant les Autrichiens,

I ras quatorze citoyens

On n’avot point d’gazette

Mais d’le Renommé’, l’trompette

Presque dins l’monde intier.

A vanté l’action du Barbier

On a fait des postures,

Des gravur ‘, des peintures

Pour conserver l’ portrait

De ch’ brav’ citoyen, trait pour trait.

 »

— Alexandre Derousseaux, Le barbier Masse volume 5 page 245 des œuvres complètes en patois

La suite de la chanson résume la vie du barbier après le siège. Sa célébrité lui avait assuré une clientèle ce qui l'avait enrichi lui permettant de s'établir agent de change.

Desrousseaux le présente comme un personnage déplaisant peu conforme à sa légende. Il finit ruiné, vivant dans une pension tenue par sa femme.

Desrousseaux qui avait 3 ans à la mort du barbier n'a pu le connaître mais s'est documenté et semble en avoir entendu parler par son entourage.

Traduction :

Au bombardement de Lille

On sait que sans se faire de bile

Un brave, un gai guerrier

A montré le sang-froid d’un guerrier

Racontons l’histoire

Pleine de drôlerie et de gloire

Quoique connue elle a le don

D’amuser comme un beau feuilleton

Toujours, sans qu’on s’en lasse,

Comme du Bombardement ,

Du joyeux Barbier Masse

On parle gaîment

Il était dans sa boutique

Rasant un client

Quand une bombe sans façon

Vient tout fracasser dans sa maison

Peu content de la visite

Il dit : « sortons bien vite !»

Et, vif comme l'éclair,

Etablit sa boutique en plein air.

Le voilà tout de suite en place,

Pour continuer son ouvrage

Comme il n’avait plus de plat

D’un obus, il prend un éclat

Il s’en sert sans gaucherie…

Chacun rit de cette drôlerie

Blaguant les Autrichiens,

Il rase quatorze citoyens

On n’avait pas de gazette

Mais la trompette de la renommée

Presque dans le monde entier.

A vanté l’action du Barbier

On a fait des portraits,

Des gravures , des peintures

Pour conserver le portrait

De ce brave citoyen, trait pour trait.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Alexandre Desrousseaux, Toutes les œuvres en patois. 5ème volume, Lille, Editions du syndicat d'initiative "les amis de Lille", , p. 245 notice annexée à la chanson Le Barbier Masse
  2. Victor Derode, Histoire de Lille, Hébrard, , 120 p. (lire en ligne)
  3. Charles de Francosi, Le Siège de Lille, ou le Barbier Maes, épisode de 1792, opérette lyrique en 1 acte et 2 tableaux, L.Danel, (lire en ligne)
  4. Bénédicte Graille, « Le Nord Rempart de la France », Revue du Nord,‎ , p. 613 (lire en ligne)

Articles connexes[modifier | modifier le code]