Élections au Parlement de Catalogne de 2024

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Élections au Parlement de Catalogne de 2024
135 députés au Parlement de Catalogne
(majorité absolue : 68 sièges)
Type d’élection Élections législatives de communauté autonome
Campagne du au
Corps électoral et résultats
Population 7 909 125
Inscrits 5 754 840
Votants 3 148 378
57,95 % en augmentation 6,7
Votes exprimés 3 121 964
Votes nuls 26 414
PSC – Salvador Illa
Voix 872 959
27,96 %
en augmentation 4,9
Députés élus 42 en augmentation 9
Junts – Carles Puigdemont
Voix 674 896
21,61 %
en augmentation 1,5
Députés élus 35 en augmentation 3
ERC – Pere Aragonès
Voix 427 135
13,68 %
en diminution 7,6
Députés élus 20 en diminution 13
PP – Alejandro Fernández
Voix 342 584
10,97 %
en augmentation 7,1
Députés élus 15 en augmentation 12
Vox – Ignacio Garriga
Voix 248 554
7,96 %
en augmentation 0,3
Députés élus 11 en stagnation
Comuns Sumar – Jéssica Albiach
Voix 181 795
5,82 %
Députés élus 6 en stagnation
Vainqueur et sièges par circonscription.
Carte
Président de la Généralité
Sortant
Pere Aragonès
ERC
resultats.eleccionsparlament.cat

Les élections au Parlement de Catalogne de 2024 (en catalan : eleccions al Parlament de Catalunya de 2024, en espagnol : elecciones al Parlamento de Cataluña de 2024, en occitan : eleccions ath Parlament de Catalonha de 2024) se tiennent de manière anticipée le afin d'élire les 135 députés de la XVe législature du Parlement de Catalogne pour un mandat de quatre ans.

Le scrutin est convoqué en avance sur le terme naturel de la législature, après que le Parlement a rejeté le projet de loi de finances pour 2024 proposé par le gouvernement minoritaire de Pere Aragonès (ERC), indépendantiste de gauche arrivé au pouvoir en 2021 avec le soutien d'une coalition de partis favorables à l'indépendance.

Le Parti socialiste arrive en tête du scrutin, tirant profit de la politique de dialogue avec les partis indépendantistes initiée par Pedro Sánchez au niveau national. Les formations sécessionnistes perdent leur majorité absolue pour la première fois depuis plus de dix ans en raison de la démobilisation de leur électorat. Parmi ces dernières, Ensemble pour la Catalogne devance clairement la Gauche républicaine de Catalogne au pouvoir. À droite, où a dominé un discours critique de l'immigration, Ciutadans disparaît au profit d'une percée du Parti populaire. Ne disposant que d'une majorité relative, le chef de file socialiste Salvador Illa sera ainsi contraint de trouver des alliés pour accéder au pouvoir.

Contexte[modifier | modifier le code]

Victoire socialiste mais majorité indépendantiste en 2021[modifier | modifier le code]

Lors des élections anticipées du 14 février 2021, le Parti socialiste (PSC) remporte une victoire à la Pyrrhus : il s'impose avec la majorité relative, mais les partis indépendantistes de la Gauche républicaine (ERC), Ensemble pour la Catalogne (Junts) et la Candidature d'unité populaire (CUP) remportent, ensemble, 74 députés sur 135, soit la majorité absolue des sièges[1].

Lors de la séance d'installation de la XIIIe-XIVe législature, le , Laura Borràs, de Junts, est élue présidente du Parlement[2]. Deux semaines plus tard, Pere Aragonès, d'ERC, échoue à se faire investir président de la Généralité, faute d'avoir pu rallier le soutien de Junts[3]. Il est de nouveau défait lors du second tour de vote, quatre jours après[4].

Les deux partis s'entendent finalement pour constituer une coalition le [5]. Pere Aragonès est élu président de la Généralité quatre jours plus tard avec 74 voix favorables[6].

Rupture de la coalition entre ERC et Junts en 2022[modifier | modifier le code]

À l'occasion du débat annuel de politique générale, le président du groupe parlementaire de Junts, Albert Batet, déclare le être prêt à demander que Pere Aragonès se soumette à un vote de confiance. Le lendemain, le président de la Généralité renvoie son vice-président, Jordi Puigneró, qui était informé de la teneur du propos d'Albert Batet mais n'en avait pas informé Pere Aragonès[7].

Après que le chef de l'exécutif a rejeté deux propositions de Junts visant à rétablir la confiance au sein de la coalition gouvernementale[8],[9], les militants de Junts votent à près de 56 % les et , actant la rupture de la gouvernance partagée par les indépendantistes depuis 2016[10]. Le , Pere Argonès opère un remaniement de son gouvernement afin de remplacer les désormais ex-conseillers issus de Junts[11].

Lors des élections municipales du 28 mai 2023, le Parti socialiste arrive premier en voix, la Gauche républicaine première en nombre d'élus, et Ensemble pour la Catalogne première en nombre de premières places obtenues. Ce scrutin constitue un revers pour ERC, qui termine troisième en nombre de suffrages, tandis que le PSC vire en tête à Gérone, Lérida et Tarragone, échouant à prendre la première place à Barcelone, qui revient à Junts[12].

Rejet du budget en 2024 et élections anticipées[modifier | modifier le code]

Pere Aragonès annonce la dissolution du Parlement quelques heures après le rejet de son projet de loi de finances.

Un accord sur le contenu du projet de loi de finances pour 2024 est conclu le entre le gouvernement de Pere Aragonès et le Parti socialiste de Salvador Illa. Parmi les exigences des socialistes acceptées par l'exécutif, celle concernant l'autorisation de construction d'un complexe hôtel-casino Hard Rock Cafe crée des frictions avec le troisième parti susceptible d'approuver le budget 2024 et dont les députés sont indispensables pour y parvenir, En Comú Podem, qui s'oppose résolument au projet de complexe hôtelier[13]. Le , le Parlement repousse le projet de loi de finances en adoptant une motion de rejet par 68 voix pour et 67 voix contre, En Comú exprimant son opposition — après avoir rejeté la proposition du gouvernement d'étudier un report du projet en raison de la grave sécheresse qui affecte la Catalogne — au même titre que Junts, Vox, la Candidature d'unité populaire (CUP), Ciudadanos (Cs) et le Parti populaire (PP)[14].

Pere Aragonès réunit aussitôt une séance extraordinaire du Conseil exécutif du gouvernement catalan. À l'issue de cette réunion, il annonce la dissolution du Parlement et la convocation d'élections anticipées pour le suivant[15]. Il signe formellement le décret de dissolution de l'assemblée le [16].

Mode de scrutin[modifier | modifier le code]

Hémicycle du Parlement de Catalogne.

Le Parlement de Catalogne (Parlament de Catalunya) est une assemblée parlementaire monocamérale constituée de 135 députés (diputats) élu pour une législature de quatre ans au suffrage universel direct selon les règles du scrutin proportionnel D'Hondt par l'ensemble des personnes résidant dans la communauté autonome où résidant momentanément à l'extérieur de celle-ci, si elles en font la demande.

La Catalogne ne s'étant jamais dotée d'une loi électorale propre en raison de divergences politiques sur la représentation des territoires[17], la deuxième disposition transitoire du statut d'autonomie de 2006 maintient en vigueur la quatrième disposition transitoire du statut d'autonomie de 1979, qui dispose que le Parlement est élu dans les mêmes conditions que le Congrès des députés[18],[19].

Convocation du scrutin[modifier | modifier le code]

Conformément à l'article 56 du statut de 2006, le Parlement est élu pour un mandat de quatre ans[20]. L'article 42 de la loi électorale espagnole du précise que les élections sont convoquées par le président de la Généralité au moyen d'un décret publié au Journal officiel (DOGC) et qu'elles ont lieu 54 jours après la publication du décret. En cas d'élections au terme naturel de la législature, le décret est signé 25 jours avant l'expiration du mandat du Parlement et publié le lendemain. En cas de dissolution anticipée, le décret est publié au lendemain de sa signature[21].

Nombre de députés[modifier | modifier le code]

Puisque l'article 56 du statut d'autonomie prévoit que « le Parlement se compose d'au moins 100 et d'au plus 150 députés »[20], la sixième disposition transitoire du statut de 1979 indique que « Le Parlement de Catalogne sera composé par 135 députés ». Elle indique également que « les circonscriptions électorales seront les quatre provinces de Barcelone, Gérone, Lérida et Tarragone » et établit la répartition des sièges entre elles : « la circonscription de Barcelone élira un député pour 50 000 habitants, avec au plus 85 députés. Les circonscriptions de Gérone, Lérida et Tarragone éliront au moins six députés, plus un par tranche de 40 000 habitants, obtenant respectivement 17, 15 et 18 députés. »[19].

Circonscriptions Députés Carte
Barcelone 85 Députés par circonscription.
Gérone 17
Lérida 15
Tarragone 18

Figée depuis , la répartition des sièges entre les quatre provinces conduit historiquement à une sous-représentation de Barcelone au profit des trois autres. Pour les élections du , la circonscription barcelonaise fera élire 63 % des députés catalans, alors qu'elle concentre 73 % de la population de la communauté autonome. En outre, cette distribution des sièges se révèle favorable aux partis nationalistes et indépendantistes puisqu'elle sur-représente les zones rurales éloignées des grandes villes, majoritairement peuplées de Catalans de naissance, qui constituent leur socle électoral. Cependant, selon une étude du journal en ligne ElDiario.es, la Catalogne est l'une des communautés autonomes qui génère le moins de distorsion entre le nombre de voix et le nombre de sièges obtenus[22]

Présentation des candidatures[modifier | modifier le code]

Peuvent présenter des candidatures[23] :

  • les partis ou fédérations politiques enregistrées auprès du registre des partis politiques du ministère de l'Intérieur ;
  • les coalitions électorales de ces mêmes partis ou fédérations dûment constituées et inscrites auprès de la commission électorale au plus tard 10 jours après la convocation du scrutin ;
  • et les regroupements d'électeurs bénéficiant du parrainage d'au moins 1 % des inscrits de la circonscription.

Répartition des sièges[modifier | modifier le code]

Seules les listes ayant recueilli au moins 3 % des suffrages valides — incluant les bulletins blancs[24] — dans une circonscription peuvent participer à la répartition des sièges à pourvoir dans cette circonscription, qui s'organise en suivant différentes étapes[25] :

  • les listes sont classées en une colonne par ordre décroissant du nombre de suffrages obtenus ;
  • les suffrages de chaque liste sont divisés par 1, 2, 3... jusqu'au nombre de députés à élire afin de former un tableau ;
  • les mandats sont attribués selon l'ordre décroissant des quotients ainsi obtenus.

Lorsque deux listes obtiennent un même quotient, le siège est attribué à celle qui a le plus grand nombre total de voix ; lorsque deux candidatures ont exactement le même nombre total de voix, l'égalité est résolue par tirage au sort et les suivantes de manière alternative.

Campagne[modifier | modifier le code]

Principaux partis[modifier | modifier le code]

Force politique Chef de file Idéologie Résultats en 2021
Parti des socialistes de Catalogne
(ca) Partit dels Socialistes de Catalunya
PSC Salvador Illa
(Chef de l'opposition)
Centre gauche
Social-démocratie, fédéralisme, catalanisme
23,0 % des voix
33 députés
Gauche républicaine de Catalogne
(ca) Esquerra Republicana de Catalunya
ERC Pere Aragonès
(Président de la Généralité)
Centre gauche à gauche
Indépendantisme, socialisme démocratique, nationalisme
21,3 % des voix
33 députés
Ensemble pour la Catalogne
(ca) Junts per Catalunya
Junts Carles Puigdemont Centre à centre droit
Catalanisme, indépendantisme, républicanisme
20,1 % des voix
32 députés
Vox Ignacio Garriga Droite radicale à extrême droite
Néo-franquisme, centralisme, ultranationalisme
7,7 % des voix
11 députés
Candidature d'unité populaire
(ca) Candidatura d'Unitat Popular
CUP Laia Estrada (ca) Gauche à extrême gauche
Indépendantisme, anticapitalisme, écologisme
6,7 % des voix
9 députés
Comuns Sumar
Les Communs Rassembler
Jéssica Albiach (ca) Gauche
Écosocialisme, altermondialisme, souverainisme
En coalition
6 députés
Ciutadans
Citoyens
Cs Carlos Carrizosa (ca) Centre droit à droite
Libéralisme, libéral-conservatisme, unionisme
5,6 % des voix
6 députés
Parti populaire
(ca) Partit Popular
PP Alejandro Fernández Centre droit à droite
Libéral-conservatisme, démocratie chrétienne, unionisme
3,9 % des voix
3 députés
Alliance catalane
(ca) Aliança Catalana
Aliança Sílvia Orriols (ca) Extrême droite
Indépendantisme, opposition à l'immigration
Nouveau

Sondages[modifier | modifier le code]

Intentions de vote depuis les dernières élections parlementaires du 14 février 2021

Journée électorale[modifier | modifier le code]

Bulletins de vote.

Au matin de la journée électorale, un vol de cables électriques dans le poste électrique de la gare de Montcada-Bifurcation provoque un grave incident de circulation sur le réseau des Rodalies de Catalunya. Les services des lignes R1, R2 nord et sud, R3 et R4 nord et sud sont limités, voire supprimés dans le cas de la R3, et aucun train n'est en mesure de desservir les gares de Barcelone[26]. Face à cette situation, la Gauche républicaine de Catalogne puis Ensemble pour la Catalogne demandent officiellement le report de la fermeture des bureaux de vote auprès des autorités électorales[27]. La commission électorale centrale, saisie par les commissions provinciales, souligne que c'est à celles-ci de décider, rappelant qu'un tel report peut être autorisé « de manière exceptionnelle ». Les quatre commissions provinciales rejettent ensuite les requêtes d'ERC et Junts[28].

À 13 h, la participation atteint 26,9 % des inscrits, soit une hausse de quatre points de pourcentage par rapport à 2021. Dans le détail, l'augmentation de l'affluence aux urnes se révèle plus importante dans les secteurs dominés par les partis non-indépendantistes. Ainsi, dans les bureaux où les formations opposées à l'indépendance ont devancé les indépendantistes de plus de 50 points en 2021, la participation progresse d'environ cinq points de pourcentage, alors que dans ceux où les indépendantistes ont réalisé la même performance, l'augmentation est de seulement un point. Pour ce qui est de la baisse de la participation, la majorité des bureaux concernée a été remportée par les partis indépendantistes en 2021[29].

Le taux de participation à 18 h atteint 45,8 % des inscrits, presque le même qu'en 2021 à la même heure. Plus précisément, l'affluence aux urnes continue d'augmenter dans les territoires ayant majoritairement voté pour les partis anti-indépendantistes lors du précédent scrutin. Ainsi, dans les communes où ces formations ont remporté entre 50 % et plus de 70 % des voix, la participation progresse de 2,1 à 4,3 points. Dans les villes où les partis indépendantistes avaient réalisé des performances similaires, elle est en repli de 3,8 à 9,3 points[30].

Résultats[modifier | modifier le code]

Participation[modifier | modifier le code]

Taux de participation[31]
Heure En 2021 En 2024 Différence
à 13 h 22,77 % 26,90 % en augmentation 4,13
à 18 h 45,61 % 45,80 % en augmentation 0,19
à 20 h 53,55 % 57,94 % en augmentation 4,39
Final[a] 51,29 %

Total régional[modifier | modifier le code]

Résultats des élections au Parlement de Catalogne de 2024[32]
(sur 99,53 % des bureaux de vote dépouillés)
Représentation en hémicycle sur un axe gauche-droite du résultat.
Partis Voix % +/- Sièges +/-
Parti des socialistes de Catalogne (PSC) 872 959 27,96 en augmentation 4,93 42 en augmentation 9
Ensemble pour la Catalogne (Junts) 674 896 21,61 en augmentation 1,54 35 en augmentation 3
Gauche républicaine de Catalogne (ERC) 427 135 13,68 en diminution 7,62 20 en diminution 13
Parti populaire (PP) 342 584 10,97 en augmentation 7,12 15 en augmentation 12
Vox 248 554 7,96 en augmentation 0,29 11 en stagnation
Comuns Sumar 181 795 5,82 N/a 6 en stagnation
Candidature d'unité populaire (CUP) 127 850 4,09 en diminution 2,59 4 en diminution 5
Alliance catalane (Aliança) 118 302 3,78 Nv 2 en augmentation 2
Parti animaliste avec l'environnement (PACMA) 34 026 1,08 Nv 0 en stagnation
Ciutadans (Cs) 22 481 0,72 en diminution 4,86 0 en diminution 6
Alhora 13 759 0,44 Nv 0 en stagnation
Front ouvrier (FO) 9 976 0,31 Nv 0 en stagnation
Parti communiste des travailleurs de Catalogne (PCTC) 3 977 0,12 en diminution 0,04 0 en stagnation
Recortes Cero (RC) 3 126 0,10 en diminution 0,34 0 en stagnation
Autres listes[b] 4 761 0,15 0 en diminution 2[c]
Blanc 35 783 1,13 en augmentation 0,28
Votes valides 3 121 964 99,16
Votes nuls 26 414 0,83
Total 3 148 378 100 135 en stagnation
Abstentions 2 284 788 42,05
Inscrits / Participation 5 754 840 57,94

Par circonscription[modifier | modifier le code]

Circonscription Barcelone Gérone Lérida Tarragone
Sièges 85 en stagnation 17 en stagnation 15 en stagnation 18 en stagnation
Nombre % Nombre % Nombre % Nombre %
Inscrits 4 278 966 100 553 337 100 318 853 100 603 684 100
Abstentions 1 674 062 41,49 224 530 42,76 130 495 43,59 255 701 44,48
Votants 2 359 919 58,50 300 543 57,23 168 836 56,40 319 080 55,51
Nuls 17 343 0,73 3 167 1,05 2 205 1,30 3 699 1,15
Exprimés 2 342 576 99,26 297 376 98,94 166 631 98,69 315 381 98,84
Partis Voix % Sièges +/− Voix % Sièges +/− Voix % Sièges +/− Voix % Sièges +/−
PSC 700 463 29,90 28 en augmentation 5 58 036 19,51 4 en augmentation 1 34 250 20,55 4 en augmentation 1 80 210 25,43 6 en augmentation 2
Junts 453 407 19,35 18 en augmentation 2 103 752 34,88 7 en stagnation 50 615 30,37 5 en stagnation 67 122 21,28 5 en augmentation 1
ERC 313 451 13,38 12 en diminution 7 35 659 11,99 2 en diminution 2 27 257 16,35 3 en diminution 2 50 768 16,09 3 en diminution 2
PP 270 683 11,55 11 en augmentation 8 19 437 6,53 1 en augmentation 1 15 282 9,17 1 en augmentation 1 37 182 11,78 2 en augmentation 2
Vox 187 336 7,99 7 en stagnation 18 879 6,34 1 en stagnation 10 407 6,24 1 en stagnation 31 932 10,12 2 en stagnation
Comuns SMR 156 349 6,67 6 en augmentation 1 9 756 3,28 0 en stagnation 3 584 2,15 0 en stagnation 12 106 3,83 0 en diminution 1
CUP 93 256 3,98 3 en diminution 2 14 714 4,94 1 en diminution 1 7 081 4,24 0 en diminution 1 12 799 4,05 0 en diminution 1
Aliança 67 405 2,87 0 en stagnation 26 857 9,03 1 en augmentation 1 12 966 7,78 1 en augmentation 1 11 074 3,51 0 en stagnation
Cs 19 297 0,82 0 en diminution 5 961 0,32 0 en stagnation 542 0,32 0 en stagnation 1 681 0,53 0 en diminution 1
Autres 7 051 0,30 0 en diminution 2 5 793 1,95 0 en stagnation 1 924 1,15 0 en stagnation 6 749 2,14 0 en stagnation
Blanc 25 770 1,09 3 532 1,17 2 723 1,61 3 758 1,17

Analyse[modifier | modifier le code]

Parti vainqueur par province, avec intensité de son score et répartition des sièges.

Pour la première fois depuis 2012 et le virage sécessionniste des nationalistes de CiU, les partis indépendantistes perdent la majorité absolue au Parlement[33]. C'est même la première fois depuis 1980 qu'il n'y a pas de majorité pour les formations catalanistes[34].

Le parti de l'ancien président Carles Puigdemont, Ensemble pour la Catalogne (Junts), qui a fait campagne depuis Argelès-sur-Mer en raison du mandat d'arrêt lancé à son encontre par la justice espagnole, devance clairement la Gauche républicaine de Catalogne (ERC), au pouvoir et critiquée pour sa gestion, comme l'épisode de sécheresse qui touche le territoire catalan. Si la campagne hyper-personnalisée de l'ex-président permet à Junts de bénéficier d'un « effet Puigdemont » pour prendre la première place des formations sécessionnistes, celui-ci ne profite pas de l'effondrement d'ERC[35]. Dans son ensemble, l'indépendantisme est victime de la démobilisation de son électorat, déçu de l'absence de concrétisation de l'indépendance de la Catalogne en . Ainsi, la participation augmente de seulement quatre points de pourcentage par rapport à 2021, quand les élections se tenaient dans le contexte de la pandémie de Covid-19[33]. Selon El País, ce résultat enterre le processus d'indépendance (« procés ») enclenché en 2012[35].

La victoire revient donc au Parti socialiste (PSC) de l'ancien ministre de la Santé Salvador Illa. Il semble ainsi profiter de la politique de dialogue et de main tendue du secrétaire général du PSOE et président du gouvernement Pedro Sánchez vis-à-vis des indépendantistes[33]. C'est la première fois de son histoire qu'il l'emporte en voix et en sièges[35]. Avec 42 députés, il reste cependant loin de la majorité absolue et devra donc trouver des alliances pour s'installer au pouvoir. Arithmétiquement, il existe une possibilité de rééditer l'alliance tripartite (« Tripartit ») entre le PS, ERC et la gauche radicale (Comuns-Sumar) qui avait gouverné entre 2003 et 2010, mais elle serait très difficile à mettre en œuvre compte tenu de la virulence de la Gauche républicaine vis-à-vis du Parti socialiste pendant la campagne[34].

À droite de l'échiquier politique, le Parti populaire (PP) absorbe l'ensemble de l'espace électoral de Ciutadans (Cs), qui disparaît ainsi du Parlement, et réalise ainsi une percée en progressant de sept points, grâce également à la récupération d'une partie de l'électorat du PSC. Si le vote en faveur de Vox reste stable, le parti politique indépendantiste Alliance catalane (Aliança) apparaît sur son crédo anti-immigration et dénonçant « l'islamisation » de la communauté autonome et fait son entrée au Parlement[33]. Dans leur ensemble, les partis de droite et d'extrême droite bénéficient de leur discours critiquant l'immigration illégale et l'associant à la délinquance[36].

S'il existe un risque de blocage pouvant conduire à de nouvelles élections, le directeur de l'Institut de sciences sociales et politiques de Barcelone Oriol Bartomeus, cité par Le Figaro, souligne que la Gauche républicaine n'y a pas intérêt car elles risqueraient de se transformer en une sorte de « second tour » entre le PSC et Junts, affaiblissant encore davantage ERC[34].

Conséquences[modifier | modifier le code]

Au lendemain du scrutin, le président de la Généralité Pere Aragonès annonce qu'il a l'intention de se mettre en retrait du premier plan de la vie politique. Il indique ne pas avoir l'intention de siéger comme député et qu'il continuera de gérer les affaires courantes afin de mener à bien la transition avec son futur successeur[37].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Taux incluant les électeurs votant à l'extérieur du territoire de la Catalogne.
  2. 4 partis, moins de 0,10 % chacun.
  3. 2 députés de Podem.

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Elections en Catalogne : l’indépendantisme se renforce », Libération,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  2. (ca) Marina Fernàndez Torné, « L'independentisme es fa amb cinc dels set llocs a la Mesa, la CUP s'hi estrena », El Nacional,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. « Catalogne : la Generalitat n’a pas élu son nouveau président », L'Indépendant,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. « Paralysie. Espagne : la Catalogne se cherche un président », Courrier international,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  5. (es) « ERC y Junts anuncian un preacuerdo para formar Govern », El País,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  6. (es) « Aragonès, investido president arropado por Junqueras y Torra », El Independiente,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  7. (es) « Aragonès cesa a Puigneró como 'vicepresident' tras la crisis en el Govern », El Confidencial,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  8. (es) « Pere Aragonès rechaza las exigencias de Junts per Catalunya y le pide que decida "con celeridad" si quiere seguir en el Govern », El Mundo,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  9. (es) « Aragonès rechaza la última propuesta de Junts, sin la restitución de Puigneró », El Nacional,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  10. (ca) « Junts decideix sortir del Govern », Ara,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  11. (ca) « Aragonès obre el nou Govern a exdirigents del PSC, CDC i Podem », Ara,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  12. (es) Júlia Regué, « El PSC se impone a ERC en Catalunya », El Periódico de Catalunya,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  13. (es) Quim Bertomeu et Carlota Camps, « El Govern y el PSC cierran un pacto de presupuestos a la espera de los Comuns », El Periódico de Catalunya,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  14. (es) Luis B. García et Àlex Tort, « Los comunes tumban los presupuestos del Govern y dejan la legislatura catalana en el aire », La Vanguardia,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  15. (es) Àlex Tort, « Aragonès convoca elecciones en Catalunya para el 12 de mayo », La Vanguardia,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  16. (es) « Aragonès firma el decreto de convocatoria de las elecciones catalanas del 12 de mayo », Radio y Televisión de Andalucía,‎ (lire en ligne, consulté le ).
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Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]