Éléonore Sioui

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Éléonore Sioui est née en et décédée le sur le territoire Wendat à Quarante-Arpents. Inspirée par la vente illégale de cette terre précieuse, Sioui a dédié son travail à la sensibilisation aux questions autochtones et à la promotion de celles-ci. Elle est la première Wendat à publier un recueil de poèmes au Québec.

Biographie[modifier | modifier le code]

Née en 1920[1] sur le territoire de Wendake, Sioui est la fille d’Emery Sioui, un trappeur wendat, et de Caroline Dumont, une artisane et guérisseuse[2]. Emery Sioui était le dernier chef héréditaire de la réserve des Quarante-Arpents, dont les terres ont été vendues illégalement en 1904 par le gouvernement fédéral[1].

En 1946, Éléonore Sioui épouse Georges-Albert Sioui. Ils ont sept enfants[1]. Ils habitent aux États-Unis avant de revenir s’installer sur le territoire wendant en 1948. Georges-Albert et Éléonore se séparent dans les années 1960[1].

Georges E. Sioui, l'un de ses fils, est un écrivain et chercheur reconnu. Un autre de ses fils, Régent[3], travaille aussi le domaine de l’activisme autochtone en partageant sa culture avec le monde. En 2020, Konrad est le Grand Chef de Wendake[4]. Hugues[5] est décédé le 12 janvier 2013. Les fils Sioui, membres de la Nation huron-wendat, ont suivi l’exemple de leur mère en se battant contre le gouvernement dans L'affaire Sioui[6].

Elle est décédée le 5 mars 2006 à St-Augustin (Québec, Canada).

Éducation[modifier | modifier le code]

Après avoir élevé ses enfants, Sioui décide de se concentrer sur ses études. À l'Université Laval, elle étudie les langues et l'éducation et reçoit un diplôme en coopération internationale à l'Université d'Ottawa. Elle fait ses études de troisième cycle à l'Université de Miami en s’intéressant au développement des ressources humaines et à la communication internationale[7]. Sioui croit que l'éducation fournit des leçons sur la contribution positive à la société. En raison de cette conviction, elle retourne à l'université pour obtenir son doctorat[8]. En 1988, Sioui est la première autochtone canadienne à obtenir un doctorat en philosophie et spiritualité amérindienne. Elle reçoit son diplôme de l'Union Institute & University de Cincinnati[1],[9],[10].

Ses parents lui ont transmis un important savoir durant son enfance. Son père, un trappeur wendat, est la source d’inspiration de ses œuvres[11]. Sa mère était guérisseuse. Avec l’aide de sa mère, Sioui a été initiée aux valeurs traditionnelles[7]. Dans les remerciements de son livre, Les Wendats, une civilisation méconnue, son fils, Georges E. Sioui explique que sa mère lui a enseigné que le meilleur médicament était la parole[10]. Dans Histoires de Kanatha, ce dernier écrit que sa mère défend la vérité dans l'histoire[12].

Implications[modifier | modifier le code]

Activiste autochtone, Éléonore Sioui fonde le Centre socio-culturel amérindien Kondiaronk en 1973, au Village-Huron[1].

Elle écrit dans plusieurs journaux (Le Soleil[13],[14],[15], Recherches amérindiennes du Québec[16]) afin de dénoncer les politiques d’assimilation du gouvernement et s’implique auprès du Conseil de bande de sa communauté. Sioui « porte un regard critique sur l’impossibilité pour les femmes de parler pour elles-mêmes, en plus du silence entourant les voix des Premiers Peuples[1]. »

Sa présence au Conseil de bande, ses questions insistantes et ses récriminations ont mené les membres du Conseil à mettre en doute la santé mentale de Sioui[1]. Dans son livre Eatenonha, son fils Georges E. Sioui revient sur cet épisode, commentant que sa mère craignait qu’un rendez-vous en psychiatrie lui aurait fait perdre la garde de ses enfants et l’aurait empêché de poursuivre sa vie comme elle le désirait[17].

Œuvres[modifier | modifier le code]

  • Andatha, Val-D'or, Hyperborée, , 76 p. (ISBN 2920402064)
  • Corps à cœur éperdu, Val-D'or, D'ici et d'ailleurs, , 146 p. (ISBN 2921055244)

Réception critique[modifier | modifier le code]

Éléonore Sioui dédie son travail à l'avancement et au développement des peuples autochtones. Ses œuvres activistes souhaitent sensibiliser les lecteurs et lectrices aux conditions réelles et actuelles des personnes autochtones. Son inspiration vient de ses ancêtres et de son père. Dans ses poèmes, Sioui utilise un langage précis. Elle écrit parfois avec un ton ironique. Ses poèmes peuvent porter des images de souffrance et de violence, mais aussi des images tranquilles. En particulier, elles illustrent sa communion spirituelle avec la nature. La poétique du territoire[18] et la spiritualité autochtone[19] sont au cœur de son écriture. Son travail est publié entre autres en anglais, en français et en espagnol[20].

Son poème Autochtonicité dépeint son identité. Ce poème est publié en 1990 dans un numéro spécial de la revue Sur le dos de la tortue, « Femme de l'île. »Puis en 2008, ce poème est publié dans le livre de Maurizio Gatti intitulé Littérature amérindienne du Québec : Écrits de langue française. Utilisant un ton ironique, Sioui démontre un conflit entre l'identité des autochtones et l'identité des non-autochtones. Ce poème a une forme semblable à une recette et un choix de vocabulaire péjoratif. Sioui y utilise des images qui montrent ses blessures causées par la colonisation. Elle évoque une identité perdue contaminée par les récits des Européens. Sioui décrit que les autochtones viennent d'une classe moyenne, comparé aux non-autochtones qui viennent d'une classe supérieure.

En 2008, elle est ajoutée à l’anthologie La Poésie québécoise, de Pierre Nepveu et Laurent Maillot, avec Anthony Phelps et Louky Bersjanik[21]. Elle a publié dans plusieurs revues, dont Liberté, Miami Quarterly, Sta, Éventail et Kanatha[22].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g et h Élise Couture‑Grondin et Marie-Hélène Jeannotte, « « Désormais, nous parlons et nous écrivons pour nous‑mêmes » : la prise de parole autochtone dans Kanatha (1974‑1977) », Mémoires du livre / Studies in Book Culture, vol. 12, no 2,‎ , p. 1–34 (ISSN 1920-602X, DOI 10.7202/1089041ar, lire en ligne, consulté le )
  2. « Généalogie Eleonore Sioui », sur www.nosorigines.qc.ca (consulté le )
  3. « ACCUEIL | dao8eoli », sur Tsonontwan (consulté le )
  4. « Nation Huronne-Wendat | Site officiel | Wendake », sur Nation Huronne-Wendat (consulté le )
  5. « Hugues Sioui - Nécrologie - Avis de décès, Québec - Rechercher », sur www.lepinecloutier.com (consulté le )
  6. « Affaire Sioui | l'Encyclopédie Canadienne », sur www.thecanadianencyclopedia.ca (consulté le )
  7. a et b « InterCulture - Matrilineal Workshop 2012:Workshop Theme », sur web5.uottawa.ca (consulté le )
  8. Office of the Secretary to the Governor General, « Mme. Éléonore Tecumseh Sioui », sur La gouverneure générale du Canada (consulté le )
  9. Éléonore Marie Andatha Sioui, A Huron-Wyandot woman's life story: The realization of an impossible dream, Cincinnati, Union Graduate School, (lire en ligne)
  10. a et b Georges E. Sioui, Les Wendats, une civilisation méconnue, Presses Université Laval, , 369 p. (ISBN 978-2-7637-7360-5, lire en ligne)
  11. « Éléonore Sioui », sur Kwahiatonhk! (consulté le )
  12. Georges Sioui, Histoires de Kanatha, vues et contées, essais et discours, Ottawa, Les Presses de l’Université d’Ottawa,
  13. Éléonore Sioui, « Un appel à M. Jean Chrétien », Le Soleil,‎
  14. Éléonore Sioui, « Point final », Le Soleil,‎
  15. Éléonore sioui, « Droit vs Loi », Le Soleil,‎
  16. Éléonore Sioui, « Éducation : Le droit d'être », Recherches amérindiennes du Québec, vol. 2, nos 4-5,‎
  17. George E. Sioui (trad. Geneviève Deschamps), Eatenonha: racines autochtones de la démocratie moderne, Québec, Presses de l'Université Laval, , 202 p. (ISBN 9782763749358), p. 80
  18. Éléonore Tecumseh Sioui, « Mon frère, le Warrior (par une mère de clan) », Liberté, vol. 33, nos 4-5,‎ , p. 109–111 (ISSN 0024-2020 et 1923-0915, lire en ligne, consulté le )
  19. Jean-François Létourneau, Le territoire dans les veines Étude de la poésie amérindienne francophone (1985-2014), Sherbrooke, Université de Sherbrooke,
  20. Maurizio Gatti, Littérature amérindienne du Québec, Quebec, Cahiers du Québec,
  21. Judy Quinn, « Un indispensable en poésie », Nuit blanche,‎ , p. 113
  22. Diane Boudreau, « L’écriture appropriée », Liberté, vol. 33, nos 4-5,‎

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]