Notitia de servitio monasteriorum
La Notitia de servitio monasteriorum est une liste de monastères de l'Empire carolingien. Elle est compilée sous le règne de Louis le Pieux, en 819, et a pour but de faire appliquer la réforme monastique de l'ordre bénédictin à l'intérieur de l'empire. Cette réforme est voulue et mise en place principalement par saint Benoît d'Aniane.
Historique[modifier | modifier le code]
Les quatrième et cinquième conciles d'Aix-la-Chapelle sont centrés sur la discipline ecclésiastique et le respect de la règle bénédictine. Depuis la création de la Règle par saint Benoît de Nursie, au VIe siècle, celle-ci s'était en effet considérablement assouplie[1].
Liste des monastères[modifier | modifier le code]
La liste nous est parvenue grâce à une reproduction faite en 1750 d'un manuscrit trouvé dans l'Abbaye Saint-Gilles (Gard) ; le contenu en est repris par Léon Ménard dans son Histoire civile, ecclésiastique et littéraire de la ville de Nismes[2].
Dona et militia[modifier | modifier le code]
Le premier groupe de monastères regroupe les monastères les plus riches, et qui devaient donc le service militaire et les dons annuels (« haec sunt quae dona et militiam facere debent »[3]). Ils sont subdivisés en trois groupes : monastères situés en deçà du Rhin (Neustrie et Bourgogne), au-delà (Austrasie), et en Bavière :
- En deçà du Rhin
- Saint-Benoît-sur-Loire (Monasterium sancti Benedicti)
- Ferrières (Monasterium Ferrarias)
- Nesle-la-Reposte (Monasterium Nigelli)
- La Croix-Saint-Leufroy (Monasterium sanctae Crucis)
- Corbie (Monasterium Corbeia)
- Notre-Dame de Soissons (Monasterium sanctae Mariae Suessionis)
- Stavelot (Monasterium Stabulaus)
- Prüm (incertain — Monasterium Prub... Mediolano)
- Saint-Jean-de-Réome (Monasterium sancti Johannis)
- Faverney (Monasterium Fariniacum)
- Saint-Claude (Monasterium sancti Eugendi)
- Novalaise (Monasterium Novalicium)
- Au-delà du Rhin (Ultra Rhenum)
- En Bavière (In Bawaria)
Dona sine militia[modifier | modifier le code]
Le second groupe correspond aux abbayes qui doivent faire des dons, mais sont exemptées de service militaire[3]. Elles sont subdivisées en quatre groupes : monastère situés en deçà du Rhin, au-delà, en « Allemagne » et en Bavière :
- En deçà du Rhin
- Saint-Mihiel (Monasterium sancti Michaelis Maresupium)
- Baume-les-Dames (Monasterium Balma)
- Saint-Seine (Monasterium sancti Sequani)
- Nantua (Monasterium Nantuadis)
- Au-delà du Rhin (Ultra Rhenum)
- Münsterschwarzach (Monasterium Suarizaha)
- Fulda (Monasterium sancti Bonifacii)
- Hersfeld (Monasterium sancti Wigberti)
- En « Allemagne » (In Alemannia)
- Ellwangen (Monasterium Clehenwanc)
- Feuchtwangen (de) (Monasterium Fruelinwanc)
- Hasenried (Monasterium Nazaruda)
- Kempten (Monasterium Campita)
- En Bavière (In Bawaria)
- Weltenbourg (Monasterium Altemburc)
- Niederaltaich (Monasterium Altahe)
- Kremsmünster (de) (Monasterium Creausa)
- Mattsee (de) (Monasterium Mathasco)
- Benediktbeuern (Monasterium Buria)
Orationes[modifier | modifier le code]
Le troisième groupe rassemble les monastères les plus modestes, qui ne sont obligés de contribuer à la vie du royaume que par des prières[3]. Ils sont répartis en sept groupes géographiques : Neustrie, Outre-Rhin, Bavière, Aquitaine, Septimanie, Toulouse et Gascogne :
- En deçà du Rhin
- Moutiers-en-Puisaye (Monasterium Melaredum)
- Saint-Maur (Monasterium Fossatus)
- Lure (Monasterium Ludra)
- Munster (Monasterium sancti Gregorii)
- Marmoutier (Monasterium Mauri)
- Saint-Alban devant Mayence (Monasterium Eborreheim)
- Klingenmünster (Monasterium Clinga)
- Savigny (Monasterium Saviniacum)
- Cruas (Monasterium Crudatis)
- Donzère (Monasterium Dusera)
- Lérins (incertain — Monasterium Lorwim)
- Au-delà du Rhin (Ultra Rhenum)
- Un monastère non identifié (Monasterium Scewanc)
- Schlüchtern (Monasterium Sculturbura)
- En Bavière (In Bawaria)
- Un monastère non identifié (Monasterium Berch)
- Metten (Monasterium Methema)
- Schönau (Monasterium Scovenawa)
- Un monastère non identifié (Monasterium Aloseburch)
- Un monastère non identifié (Monasterium Weizzenbrunninco)
- En Aquitaine (In Aquitania)
- Noirmoutier (Monasterium sancti Philiberti)
- Saint-Maixent (Monasterium sancti Maxentii)
- Charroux (Monasterium Caroffinii)
- Brantôme (Monasterium Brantosmurii)
- Saint-Savin-sur-Gartempe (Monasterium sancti Savini)
- Sainte-Croix de Poitiers (Monasterium sanctae Crucis puellarum)
- Sainte-Marie de la Règle (Monasterium sanctae Mariae in Lemovicas)
- Massay (Monasterium Mastracurii)
- Menat (Monasterium Menadinii)
- Manglieu (Monasterium Magnilocum)
- Conques (Monasterium Conquas)
- Saint-Antonin-Noble-Val (Monasterium sancti Antonii)
- Moissac (Monasterium Musciacum)
- En Septimanie (In Septimania)
- Saint-Gilles (Monasterium sancti Aegidii in valle Flaviana)
- Psalmodie (Monasterium Psalmodium)
- Aniane (Monasterium Anianum)
- Saint-Thibéry (Monasterium sancti Tiberii)
- Villemagne-l'Argentière (Monasterium Villa magna)
- Joncels (Monasterium sancti Petri in Lunate)
- Caunes-Minervois (Monasterium Caunas)
- Montolieu (Monasterium Castelli Malasci)
- Un monastère non identifié (Monasterium sanctae Mariae Capariensis)
- Lagrasse (Monasterium sanctae Mariae ad Orubionem)
- Saint-Chinian (Monasterium sancti Laurentii)
- Sainte-Eugénie (Monasterium sanctae Eugeniae...)
- Saint-Hilaire (Monasterium sancti Hilarii)
- Arles-sur-Tech (Monasterium Valle asperii)
- Dans le comté de Toulouse (In Tolosiana)
- Saint-Papoul (Monasterium sancti Papuli)
- Sorèze (Monasterium Suricinium)
- Le Mas-d'Azil (Monasterium Asilo)
- Venerque (Monasterium Venercha)
- En Gascogne (In Wasconia)
- Un monastère non identifié (Monasterium Cella-fraxilii)
- Simorre (Monasterium Cimorra)
- Pessan (Monasterium Piciano)
- Un monastère non identifié (Monasterium Altum fagitum)
- Saint-Savin-en-Lavedan (Monasterium sancti Savini)
Références[modifier | modifier le code]
- Émile Lesne, « Les ordonnances monastiques de Louis le Pieux et la Notitia de servitio monasteriorum », Revue d'histoire de l'Église de France, vol. 6, no 31, , p. 61-75 (ISSN 0398-4214, lire en ligne).
- (la + fr) Léon Ménard, Histoire civile, ecclésiastique et littéraire de la ville de Nismes : Suivie de dissertations sur ses antiquités & sur son histoire naturelle, Paris, Hugues-Daniel Chaubert, , 273 p. (lire en ligne), p. 114.
- Léon Levillain, Examen critique des chartes mérovingiennes et carolingiennes de l'abbaye de Corbie, Paris, A. Picard et fils, , 406 p. (OCLC 1883809, lire en ligne), p. 206-207.
Voir aussi[modifier | modifier le code]
Bibliographie[modifier | modifier le code]
- Abbé de Foy, Notice des Diplômes, des chartes et des actes relatifs à l'histoire de France, Imprimerie royale, Paris, 1765, tome 1, p. 318-320 (lire en ligne).
- Émile Lesne, « Les ordonnances monastiques de Louis le Pieux et la Notitia de servitio monasteriorum », Revue d'histoire de l'Église de France, t. 6, no 31, , p. 161-175 (lire en ligne), no 32, p. 321-338 (lire en ligne), no 33, p. 449-493 (lire en ligne)