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Louis Pierquin

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Louis Eugène Donat Pierquin, né le à Charleville, mort le dans la même ville, est un contrôleur des douanes, puis négociant en vin, mais aussi un poète et un historien. Il fut l'un des proches amis d'Arthur Rimbaud, durant son adolescence, avec Ernest Delahaye et Ernest Millot. Après la mort d'Arthur Rimbaud, il a servi d'intermédiaire entre l'éditeur Léon Vanier et les ayants droit, notamment sa mère Vitalie Rimbaud et sa sœur Isabelle Rimbaud, pour permettre la publication des œuvres du poète. C'est également lui qui a appris à Paul Verlaine la mort d'Arthur Rimbaud.

Sa propriété dans la ville de Charleville est devenue un des parcs de Charleville-Mézières.

Biographie[modifier | modifier le code]

L'adolescence[modifier | modifier le code]

Son père meurt en 1862, lorsqu'il a 6 ans. Sa famille vit modestement. Il rencontre Arthur Rimbaud au collège, et devient l'un de ses meilleurs amis, adolescent, de 1868 à 1879. Arthur Rimbaud et Louis Pierquin sont un jour chassés de la Bibliothèque municipale pour leurs choix de lecture. Ils surnomment Jean Hubert, ce bibliothécaire un peu irascible, « saint HubertCul ». Le poème « Les Assis » écrit en novembre ou se moquerait de ce Jean Hubert, qui était par ailleurs professeur de rhétorique et historien[1].

Louis Pierquin est l'un des rares confidents d'Arthur Rimbaud, avec Ernest Delahaye et Ernest Millot, et l'un de ses compagnons dans ses pérégrinations dans les forêts ardennaises, telle la forêt de la Havetière à deux kilomètres de la cité, mais aussi dans les bars de Charleville et des environs. Arthur Rimbaud, Ernest Delahaye et Louis Pierquin aiment ainsi à se retrouver au café Duterme, rue du Petit-Bois[2].

Le douanier[modifier | modifier le code]

Bachelier es lettres en 1875, Louis Pierquin suit une courte formation en droit à Paris. Il assume ensuite la fonction de surveillant à Sedan et Soissons, tout en préparant des concours de l'administration. En 1876, il est reçu premier au concours de surnumérariat de l'administration des Douanes. Il gravit ensuite les échelons sans problème. Il est commis au , rédacteur en 1879[3]. Cette même année 1879, il retrouve pour la dernière fois Arthur Rimbaud, de passage rapide à Charleville, dans un café de la place Ducale.

Le , Louis Pierquin est nommé commis principal. Contrôleur adjoint au , il devient contrôleur en , quelques mois après son mariage avec Lucie Mercier, le , et peu avant la naissance de son fils[3]. Puis il devient chef des bureaux à la Direction des Douanes au . Par contre, il est nommé à Épinal et non pas à Charleville. Quelques mois plus tard, il démissionne et se lance dans le négoce de vins. Il fonde avec un associé la société Cochart-Pierquin, à Charleville.

La sauvegarde de l’œuvre d'Arthur Rimbaud[modifier | modifier le code]

En 1891, il est l'auteur d'un recueil de poèmes, Vieilles lunes (réédité en 1894 sous le titre Vieilles lunes et défroques)[4], mais surtout, c'est lui qui apprend à Paul Verlaine, qu'il connaît depuis vingt ans, la mort d Arthur Rimbaud.[5]. Il rédige également le premier article nécrologique sur Arthur Rimbaud, dans le Courrier des Ardennes daté du dimanche 29 et lundi (soit une vingtaine de jours après la mort de Rimbaud à Marseille)[4].

Dans les mois qui suivent, il reste en contact non seulement avec Paul Verlaine mais aussi avec la famille Rimbaud et en particulier avec la sœur du poète, Isabelle. Il éclaire Isabelle sur l'importance de l’œuvre de son frère, même si elle est offusquée par certains poèmes. Il sert d'intermédiaire efficace et discret entre ces ayants droit et l'éditeur parisien Léon Vanier, pour assurer la publication des œuvres de son ancien ami, malgré l'opposition initiale des proches. Il utilise ses propres relations avec la plupart des connaissances de Rimbaud en France pour rassembler le maximum d’œuvres, jouant ainsi un rôle important dans l'édition des Poésies Complètes parue chez Vanier en 1895. C'est encore Louis Pierquin qui doit initialement en écrire la préface. Mais il s'efface devant Verlaine, comprenant bien que le nom de ce dernier peut garantir un accueil plus attentif dans les milieux littéraires parisiens[6].

En 1901, Louis Pierquin écrit un fascicule titré Le poète Arthur Rimbaud, l'un des premiers ouvrages sur ce poète. Il considère Rimbaud comme « victime d'une prédisposition à chercher toujours l'au-delà ». Avec Ernest Delahaye, il lance également une souscription pour la conception par Paterne Berrichon (Pierre Dufour de son vrai nom, mari d'Isabelle Rimbaud) d'un buste de Rimbaud au square de la gare[note 1]. En , il accueille à Charleville l'écrivain Paul Claudel, désireux de rencontrer l'ancien ami de Rimbaud.

L'historien[modifier | modifier le code]

La maison, ou chalet, Pierquin.

De 1901 à 1904, devenu assez riche grâce à l'entreprise de négoce qu'il a fondée, il fait construire un chalet au cœur de Charleville. Il y prend sa retraite en 1904, à l'âge de 48 ans. Il se consacre dès lors à sa passion pour sa région et pour l'histoire. Il écrit sur l'époque gallo-romaine dans les Ardennes, mais aussi sur Jean-Nicolas Pache, ministre de la guerre, puis maire de Paris, pendant la Révolution, mort à Thin-le-Moutier, dans les Ardennes[7],[8].

Il refuse la Légion d'honneur. Durant la guerre de 1914-1918, son chalet est pillé par les occupants allemands. Et sa correspondance avec Verlaine et les Rimbaud disparaît[3]. Il meurt à 72 ans en 1928[9].

En 1984, la ville de Charleville-Mézières fait l'acquisition de son chalet et de la propriété qui la jouxte. Elle l'aménage en un parc ouvert au public auquel elle donne son nom.

Principales publications[modifier | modifier le code]

  • Vieilles lunes, Imprimerie F. Devin, .
  • Vieilles lunes et défroques, Imprimerie F. Devin, A. Anciaux, (lire en ligne).
  • Mémoires sur Pache, ministre de la Guerre en 1792 et maire de Paris sous la Terreur. Sa retraite à Thin-le-Moutier, Éditions Édouard Jolly, . [1]
  • Étude archéologique sur la forêt des Pothées, Éditions Lenoir, .

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Ce square avait été évoqué avec ironie par Arthur Rimbaud dans le poème À la Musique : « Square où tout est correct, les arbres, les fleurs ».

Références[modifier | modifier le code]

  1. Rimbaud 1988, p. 875.
  2. Hureaux 2003, p. 51-52.
  3. a b et c Blondin et al. 2004, p. 4.
  4. a et b Baronian 2014.
  5. Carré 1928, p. 10.
  6. Carré 1928, p. 11.
  7. Blondin et al. 2004, p. 54.
  8. Jadart 1899, p. 828-829.
  9. Blondin et al. 2004, p. 5.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Classement par date de parution décroissante.

  • Jean-Baptiste Baronian (dir.), Dictionnaire Rimbaud, Éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », (lire en ligne), « Pierquin, Louis (1856-1928) ».
  • Danièle Blondin, Andrée Cochard, Andrée Cunin, André Cunin, Madeleine Larose, Jacqueline Le Mehaute, Nicolas Loche, Christiane Mehaut et Colette Rozoy, Histoire et botanique. Parcs et jardins publics. Charleville-Mézières, Sedan, Revin, Éditions Terres ardennaises, , 80 p., « Parc Pierquin », p. 3-12.
  • Yanny Hureaux (préf. André Velter), Un ardennais nommé Rimbaud, Éditions La Nuée bleue, , p. 51-52.
  • Arthur Rimbaud, Œuvres complètes, Éditions Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », , 43009e éd.. Page 875 : notes d'Antoine Adam sur le poème Les Assis.
  • Antoine Adam, « Études rimbaldiennes », Revue d'histoire littéraire de la France -,‎ , p. 323-324 (lire en ligne).
  • Jean-Marie Carré, Les deux Rimbaud, Éditions des cahiers libres, , « L’Ardennais », p. 9-36.
  • Jean-Marie Carré, « Les souvenirs d’un ami de Rimbaud », Le Mercure de France,‎ , p. 577-583 (lire en ligne).
  • Henri Jadart, « Louis Pierquin. Mémoires sur Pache », Revue de Champagne et de Brie,‎ , p. 828-829.

Webographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]