Bolet bai

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Imleria badia

Imleria badia, le Bolet bai, anciennement Xerocomus badius ou encore Boletus badius, est une espèce de champignons basidiomycètes de la famille des Boletaceae et du genre Imleria. Comestible et très commun, il contient de la théanine. Il est caractérisé par son chapeau brun bai, son pied brunâtre lisse, ses pores et tubes jaune verdâtre nettement bleuissants à la pression, sa chair non ou très faiblement bleuissante à la coupe et son habitat souvent sous conifères, parfois sous feuillus.

Taxonomie[modifier | modifier le code]

Le nom correct complet (avec auteur) de ce taxon est Imleria badia (Fr.) Vizzini, 2014[1].

Le basionyme de ce taxon est Boletus castaneus var. badius Fr., 1821[1].

Synonymes[modifier | modifier le code]

Imleria badia a pour synonymes[1] :

  • Boletus badius var. badius
  • Boletus castaneus var. badius (Fr.) Fr., 1828
  • Boletus castaneus var. badius Fr., 1821
  • Boletus glutinosus Krombh., 1836
  • Boletus messanensis Inzenga, 1869
  • Boletus paludosus Massee, 1892
  • Boletus stejskalii Bres., 1923
  • Imleria badia (Fr.) Vizzini, 2014
  • Ixocomus badius (Fr.) Quél., 1888
  • Rostkovites badia (Fr.) P.Karst., 1881
  • Suillus badius (Fr.) Kuntze, 1898
  • Viscipellis badia (Fr.) Quél., 1886
  • Viscipellis badia (Fr.) Quél., 1886
  • Xerocomus badius (Fr.) E.-J.Gilbert, 1931

Publication originale[modifier | modifier le code]

(en) A. Vizzini, « Nomenclatural novelties », Index Fungorum, vol. 147,‎ , p. 1 (ISSN 2049-2375, lire en ligne)

Phylogénie[modifier | modifier le code]

Décrit pour la première fois par Elias Fries en 1818, le Bolet bai a été reclassé sous le nom de Xerocomus badius en 1931. Il a ensuite été reclassé dans le genre Imleria en 2014.

Étymologie[modifier | modifier le code]

Le nom de genre Imleria a été nommé en l'honneur de Louis Imler, tandis que l'épithète spécifique badia fait réfèrence à la couleur baie du chapeau de cette espèce.

Nom vernaculaire[modifier | modifier le code]

Deux Bolets bais.

Imleria badia porte en français le nom vulgarisé et normalisé « Bolet bai », bai étant la couleur brun-rouge de son chapeau[2].

Le Bolet bai est parfois nommé à tort « Cèpe des pins », mais le Cèpe des pins est une tout autre espèce ; Boletus pinophilus.

Description du sporophore[modifier | modifier le code]

Les bolets sont des champignons dont l'hyménophore, constitué de tubes et terminés par des pores, se sépare facilement de la chair du chapeau. Ce chapeau d'abord rond, recouvert d'une cuticule, devient convexe à mesure qu’il vieillit. Ils ont un pied (stipe) central assez épais et une chair compacte. Les caractéristiques morphologiques de Imleria badia, le Bolet bai, sont les suivantes :

Son chapeau mesure de 5 à 15 cm, il est d'abord un peu visqueux puis sec, parfois même nettement feutré, velouté par temps sec et viscidule par temps humide, de couleur brun-bai ou brun châtain assez uniforme, parfois brun noirâtre[3]. Il est hémisphérique à l'état jeune puis s'aplatissant avec l'âge. Il devient progressivement pulviné et à l'état vieux la marge peut se récurver et lui donner une forme étalée.

L'hyménophore présente des tubes d'abord blanchâtres puis jaune olivâtre terne, nettement bleuissants. Les pores sont fins, très serrés, concolores aux tubes, nettement bleuissants[3] à la pression ou à la coupe.

Son stipe mesure 5 à 12 cm x 1 à 4 cm, il est cylindrique ou presque, grêle et allongé, lisse, brun ochracé à roussâtre[3], à l'aspect de vieux bois jaune brunâtre.

La chair est blanchâtre, très ferme puis mollissant avec l'âge, bleuissant parfois un peu[3], particulièrement au-dessus des tubes. Découpée, elle prend un aspect gris. Sa saveur est douce et son odeur est faible, de Cèpe. La sporée est brun olive.

Caractéristiques microscopiques[modifier | modifier le code]

Ses spores mesurent 12 à 15,5 µm x 4 à 5 µm, elles sont de forme allongée-fusoïde[3].

Galerie[modifier | modifier le code]

Variétés et formes[modifier | modifier le code]

Illustration de Boletus badius par Giacomo Bresadola

Selon MycoBank (28 janvier 2023)[1] :

  • Imleria badia f. vaccina (Fr.) Klofac, 2016
  • Imleria badia var. limatula (Frost) Blanco-Dios, 2018

Distribution et habitat[modifier | modifier le code]

On trouve le Bolet bai dans les sous-bois de feuillus ou de résineux, surtout sous les pins (Pinus), sur sol non calcaire[3], parfois en zones défrichées sous des fougères ou au près de souches déracinées.

Ce taxon se rencontre dans les pays suivants[4] : Allemagne, Andorre, Autriche, Belgique, Biélorussie, Canada, Croatie, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, France, Irlande, Italie, Lituanie, Luxembourg, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Roumanie, Royaume-Uni, Russie, Serbie, Slovaquie, Slovénie, Suisse, Suède, Tchéquie, États-Unis, Île de Man.

Comestibilité[modifier | modifier le code]

Récolte de Bolets bais dans un panier.

Le Bolet bai est un bon comestible, plus petit que les Cèpes mais considéré par certains cueilleurs comme équivalent, son parfum étant fort proche. C'est une espèce assez populaire, traditionnellement ramassée et appréciée. Il est parfois suggéré de privilégier les jeunes sujets plus fermes dont les tubes ne sont pas très développés et de retirer le pied, qui est légèrement plus coriace.

Comme la plupart des champignons, le Bolet bai peut accumuler les potentiels polluants présents dans le sol et dans l'air (tels que les métaux lourds), néanmoins, cette espèce présente ce caractère à un plus haut degré. La Société Mycologique Vaudoise le cite en tête de liste des espèces à risque après l'accident de Tchernobyl[5]. Il a, en particulier, une forte capacité de concentration du césium 137[6], plus que chez d'autres champignons. Si cette espèce est cueillie à des fins de consommation, il faut prendre soin à ne la ramasser que dans des environnements non pollués, mais cela est valable pour tous les champignons.

C'est, avec le thé, la seule source connue de théanine, un acide aminé au goût umami[7].

Confusions possibles[modifier | modifier le code]

Le Bolet bai peut se confondre avec quelques autres espèces de bolets, confusions sans gravité car ces espèces sont plus au moins comestibles au même titre. Il n'y a pas d'espèces toxiques lui ressemblant. On devra principalement faire la distinction entre le Bolet bai et les espèces ressemblantes suivantes, qui sont surtout d'autres Xerocomus au sens large :

Le Bolet subtomenteux (Xerocomus subtomentosus)
  • Le Bolet subtomenteux (Xerocomus subtomentosus), qui est souvent confondu avec le Bolet bai. Il est comestible au même titre, mais moins connu et moins populaire, ramassé pour sa part plus occasionnellement que traditionnellement par les cueilleurs, même si c'est aussi une espèce assez commune. Il a des pores (tubes) plus jaunes que verdâtres, non ou peu bleuissants à la pression et généralement un pied plus clair. Mais sa caractéristique d'identification et de distinction principale reste la couleur sa chair ; rosée dans sa moitié inférieure à la coupe.
  • Le Bolet ferrugineux (Xerocomus ferrugineus), très semblable au Bolet subtomenteux, sauf que sa chair est entièrement blanche à la coupe et que le mycélium basal au bout de son pied est de couleur jaune. Il est un peu plus rare.
  • Le Bolet pruineux (Xerocomellus pruinatus) peut aussi être facilement confondu avec le Bolet bai. Il a un pied la plupart du temps jaunâtre avec souvent du rougeâtre, un chapeau sombre typiquement recouvert de pruine et une chair habituellement un peu plus jaunâtre.
  • Le Bolet commun (Hortiboletus engelii) pourrait rapidement rappeler le Bolet bai, mais ses pores et son pied jaunâtre, sa chair piquetée de points orange au bout de son pied à la coupe et son habitat de prédilection dans les parcs, les jardins et les pelouses le distinguent assez facilement.
  • Le Bolet pulvérulent (Cyanoboletus pulverulentus) pourrait éventuellement rappeler extérieurement le Bolet bai, mais son bleuissement très intense et spectaculaire à la coupe ou à la moindre pression sur sa chair le distingue facilement.
  • La taille, la silhouette, l'absence de réseau sur le pied et les pores bleuissants du Bolet bai excluent très facilement toute confusion avec n'importe quelle espèce de Cèpe.

Liens externes[modifier | modifier le code]

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Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d V. Robert, G. Stegehuis and J. Stalpers. 2005. The MycoBank engine and related databases. https://www.mycobank.org/, consulté le 28 janvier 2023
  2. « Les noms français des champignons », sur Société Mycologique de France (consulté le )
  3. a b c d e et f Guillaume Eyssartier & Pierre Roux, Guide des champignons – France et Europe – 4ᵉ édition, Belin, 2017.
  4. UICN, consulté le 29 janvier 2023
  5. Société Mycologique Vaudoise, « Tchernobyl : 15 ans après... », sur www.myco-vaud.ch,
  6. CRIIRAD, « Radioactivité, contamination des champignons », sur www.criirad.org,
  7. (en) Mina Allameh et Valérie Orsat, « Optimization of extraction conditions for the maximum recovery of L-theanine from tea leaves: Comparison of black, green, and white tea », JSFA Reports, vol. 3, no 12,‎ , p. 655-662 (lire en ligne, consulté le ).