Adolphe Pétérelle

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Adolphe Péterelle
Naissance
Décès
Nom de naissance
Adolphe-Jules Péterelle
Nationalité
Activité

Adolphe Péterelle est un peintre français né le à Genève et mort le à Paris [1].

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse et apprentissage de la peinture


Jusqu’à l’aube des années 20, la vie d’Adolphe Pétérelle est assez pauvrement documentée, si l’on excepte sa généalogie. Il n’a laissé que quelques courriers et très peu de trace. Les sources les mieux documentées sont deux tapuscrits. Le premier, intitulé « Adolphe Pétérelle, artiste peintre » est de Charles Lombard dit Chalgalo (1882-1968) peintre et ami de Pétérelle. Le texte, daté de 1948, n’a jamais été publié. Les deux hommes se sont connus en 1923 aussi ce document se base-t-il sur le souvenir des souvenirs de Pétérelle. Ces derniers ne sont pas toujours précis et sont surtout très lacunaires. Le second a été écrit par Marceline Pétérelle (1925), fille du peintre. Il reprend, pour les premières décennies, le récit de Charles Lombard mais apporte, à partir des années 20, un véritable éclairage sur la vie du peintre[2].

Pétérelle est né dans le hameau de la Terrassière, aux Eaux- Vives[1], dans le canton de Genève, en Suisse, le 26 juin 1874. Il est le premier et unique enfant de Martin Peterelli (1836–1898) et de Marcelline Antoinette Dubois (1852-1876). Natifs de Savognin, dans le canton des Grisons, le couple s’est installé à Paris vers 1870. Il y exploite un petit restaurant situé sur le boulevard Montmartre. L’aventure tourne court cependant, en mai 1871, lors de la semaine sanglante[2], leur commerce est dévasté ; en dépit de leurs efforts, ils ne parviendront jamais à redresser leur affaire. En 1873, Les Peterelli gagnent Genève où le frère de Martin, Balthazar, possède une entreprise de transport peu florissante, dans laquelle ils investissent leurs dernières économies. Nouvelle déconvenue, en trois ans, l’affaire périclite. Peu après, Marcelline décède laissant Martin seul avec son fils d’à peine deux ans. Il s’engage comme régisseur dans un domaine des environs de Genève et confierait le très jeune Adolphe à une voisine puis à une tante. Il est élevé, sans trop d’affection, dans un milieu strict et religieux. On retrouve le jeune homme inscrit à l’école des beaux-arts de Genève en septembre 1891. Le registre[3] nous apprend qu’il travaille comme peintre décorateur. Pétérelle réside chez un certain Charles Brot, 11 de la rue Versonnex aux Eaux-Vives. Il est inscrit en classe de céramique que dirige Elysée Mayor (1837-1914). La mention « Ecole des Arts industriels » laisse penser qu’il ait pu préalablement effectuer un cursus complet dans cet établissement ou partiel car, à la demande du monde professionnel, des cours ponctuels destinés aux ouvriers et artisans exerçant déjà une activité professionnelle étaient dispensés[4]. Cette deuxième hypothèse semble la plus probable car manifestement Pétérelle cherche à combler des lacunes alors que l’excellence des cours de l’école d’art industriel a déjà dépassé le cadre national.[5] On le retrouve ensuite inscrit aux cours de dessin de Barthélemy Menn (1815-1893) en septembre 1892[6] puis en novembre[7] aux cours d’Académie dispensés par Léon Gaud (1844-1908). Les deux hommes ont la particularité d’être fouriériste[8] ce qui a pu éveiller chez Pétérelle une conscience sociale qui se manifestera ultérieurement tant par le choix de ses sujets, que par sa participation au salon populiste, ses fréquentations ou encore par le soutien que lui accorderont des membres de la SFIO et du parti communiste.  


Un peintre-décorateur


Même s’il a alors probablement l’ambition de devenir peintre, c’est donc comme peintre décorateur qu’Adolphe Pétérelle assure sa subsistance. Il en sera de même à Paris où il arrive probablement en 1893. Au tournant du siècle, un nombre grandissant d’artistes et d’intellectuels suisses se rendent à Paris et s’y établissent plus ou moins durablement[9]. Il aurait été dans un premier temps hébergé chez un parente avant de vivre, on peut le supposer, de façon plus instable et précaire comme peintre décorateur. On ne peut toutefois que conjecturer sur cette période, il serait vain ici de convoquer les poncifs de la « bohême montmartroise » et son romantisme surannée pour imaginer la vie que mène alors Pétérelle. Nous n’avons aucun élément tangible sur lequel nous appuyer ! A-t-il reçu le soutien de compatriotes venus comme lui à Paris ? A-t-il bénéficier de recommandations ? On peut l’imaginer. C’est d’ailleurs très probablement par ce biais[10] qu’il entre en relation avec le peintre animalier Henri Deluermoz (1876 – 1943). Ce dernier l’invite à partager son atelier au 73 de la rue Caulaincourt (XVIIIème) dans le quartier de Montmartre, récemment quitter par Théophile Steinlein[11] (1859-1923). Nous savons par le témoignage[12] du sculpteur François Cogné (1876-1952) qu’à cette époque Pétérelle peignait « un grand tableau décoratif représentant une longue femme nue portant des lys blancs dans les bras »[13]. Il décrit Pétérelle comme une personne timide et renfermée, « cherchant un peu de hardiesse dans le sillage de Deluermoz »[14]. De fait, les premières réalisations que nous connaissons de Pétérelle datent de 1900. Il s’agit de modèles de frises et de panneaux décoratifs (fig. 14 et 15) publiés dans « Le document du décorateur » d’Armand Guérinet[15] ainsi que dans « Documents de décoration moderne : modèles inédits » édité par Renouard. Ses créations de style Art nouveau figurent notamment aux côtés de celles de William Brandt (1880-1960), Jules Auguste Habert-Dys (1850-1930) Edgar, Armand Ségaud (1875-1956) ou encore Henry de Waroquier (1881-1970). Ces publications attestent d’une certaine reconnaissance des qualités de Pétérelle, qui a pour l’occasion francisé son nom[16], dans le domaine des arts décoratifs. Le jeune peintre maîtrise pleinement son art. Vers 1900-1901, il s’installe au Bateau Lavoir où il se lie d’amitié avec le peintre catalan Joachim Sunyer y Miró (1874-1956). A l’époque le lieu est principalement occupé par des artistes italiens et espagnoles. Il est peu probable que Pétérelle ait pu y côtoyer Picasso, Braque, Gris ou Van Dongen car il n’y est pas demeuré jusqu’en 1908 comme l’indique sa fille Marceline dans son récit. Il devait être assez éloigné des débats et des discussions qui ont donné naissance à la modernité artistique.

Pétérelle doit, dès cette époque, probablement avoir une production personnelle, peindre et dessiner mais rien cependant ne nous est parvenu et il ne semble pas avoir exposé[17]. Charles Lombard évoque un Pétérelle allant peindre la nuit sur les quais de Seine et se faisant parfois portraitiste.[18] De 1900 à 1904, il travaille comme décorateur à la faïencerie Hyppolite Boulanger et Cie à Choisy-Le-Roi. Il rencontre alors le céramiste Emile Lenoble (1875 – 1940) avec lequel il restera lié. Evénement notable dans sa vie personnelle, Adolphe Pétérelle devient père. Sa compagne[19] Eugénie Puard (1870-1946) donne naissance à une petite Geneviève le 12 mars 1903. Deux autres enfants suivront, Simone le 13 novembre 1905[20] et Jean Pierre le 7 décembre 1908. Pétérelle ne reconnaîtra ses deux filles qu’en 1907 et son fils en 1914. Les différents actes nous renseignent quelque peu sur son existence. En 1905, il est employé au 64 rue de la Convention (XVème)[21] et a comme témoins deux personnes travaillant avec lui[22]. L’acte de naissance suivant s’avère plus intéressant, Pétérelle réside à l’hôtel de Cronstadt[23], un garni situé 2 rue Jacob (XVème). Il déclare exercer la profession d’artiste peintre et a pour témoin Jules Fontenez (1875-1918), artiste suisse, passé par l’école des arts industriels de Genève et Louis Sohek, dessinateur de mode et peintre, exposant au salon des Indépendants et au salon d’Automne. L’hypothèse du réseau de solidarité suisse semble devoir se confirmer comme son statut d’artiste s’affirmer. Il va ainsi se voir confier avec Augustin Carrera (1876-1952) la décoration du premier casino de Juan-les-Pins[24], aujourd’hui détruit, dont l’inauguration aura lieu en 1909. Adolphe Pétérelle précise dans un courrier à Georges Huisman qu’il a réalisé[25] les décorations intérieurs et extérieures de l’établissement[26]. Cette commande d’importance va probablement l’occuper de nombreux mois tant pour la conception que la réalisation et l’amènera, bien évidemment, à s’installer dans la cité balnéaire. Il y sera accompagné par Eugènie Puard et leurs enfants. Il participe, toujours avec Carrera, à la décoration d’un casino à Tunis[27] ainsi qu’à celui de Beaulieu-sur-Mer[28]avec un certain Verner.. Les plus anciens tableaux connus de Pétérelle portent le millésime de 1909. Ils s’agit de deux paysages localisés à Juan-les-Pins (fig. 16). Ces œuvres, comptant parmi les rares datées, sont à rapprocher d’un petit corpus d’une dizaine de tableaux, principalement des natures mortes et des paysages, s’inscrivant dans le courant postimpressionniste, où se mêle notamment le souvenir de Cézanne et d’un divisionnisme tempéré que relèvent par endroit des touches plus larges, grasses et nerveuses, que l’on retrouvera ultérieurement dans sa peinture.  

Une lente ascension

Vers 1911, Adolphe Pétérelle revient seul à Paris. Il s’installe au n°11 de la cité Falguière (XVème) où l’on trouve une trentaine d’ateliers pour artistes[29]. Pétérelle en fera son point d’ancrage, il ne la quittera qu’en 1946. Il y fréquente principalement le sculpteur Joseph Bernard (1866-1931) avec lequel il partage parfois le même modèle[30] et travaille comme lui sur le thème de la danse. Quelques grands tableaux mettant en scène baigneuses et danseuses nues dans des paysages (fig.17), repris ultérieurement, peuvent sensément être datés de cette période. Leur caractère décoratif plus marqué, une facture moins expressive, le souvenir (fig. 18) du grand peintre suisse Ferdinand Hodler (1853-1918) qui marqua l’art helvète de la fin du XIXe siècle et le début du suivant, nous amène à le penser. En 1913, Il séjourne et peint à Voulangis (Seine-et-Marne) où Bernard effectue sa convalescence suite à un malaise cardio-vasculaire dans son atelier[31]. Cependant, il ne semble toujours pas question pour lui de présenter sa peinture. On imagine que les artistes fréquentant la cité Falguière connaissent son travail et qu’il se nourrie des conversations qu’il peut avoir avec eux. Quoiqu’il en soit,  Adolphe Pétérelle continue d’assurer sa subsistance en qualité de peintre décorateur. Il bénéficie désormais d’un certain renom, comme il l’indique[32], intervient entre autres dans des hôtels particuliers à la demande d’architecte et de décorateurs. En 1911, Il collabore avec l’architecte et décorateur Pierre Selmersheim (1869-1941) en fournissant une frise en reps pour un ensemble présenté au salon de la société des artistes décorateurs. Ses modèles décoratifs continuent à être diffuser dans la presse comme en 1912 dans le Moniteur du dessin, de l’architecture et des Beaux-Arts. Comme pour des millions d’individus, la vie d’Adolphe Pétérelle va alors être bouleversée par l’irruption de la guerre. Il a quarante ans lorsqu’il décide de s’engager dans la légion étrangère[33]. Il est versé au 3eme régiment[34], connu sous la dénomination de régiment étranger du camp retranché de Paris. Le 11 décembre 1914[35], probablement suite à une intervention politique, il est naturalisé français. Il modifie alors son patronyme et le francise officiellement. La campagne de Pétérelle sera brève, Il est grièvement blessé en février 1915 à Frise, près de Péronne, dans la Somme. Il est enseveli avec de nombreux camarades par l’explosion d’une bombe et en ressort quasiment aveugle. Il est soigné durant plus d’un mois à l’hôpital auxiliaire de Saint-Brieuc mais ne recouvre que partiellement la vue, la guerre lui a pris un œil. Il est réformé le 20 avril 1915 et retrouve la cité Falguière puis peu à peu la peinture.

La raréfaction des commandes décoratives comme, on peut le supposer, son état de santé peu compatible avec ces dernières lui permettent de se consacrer plus pleinement qu’auparavant à son art, cet art qui l’habite et qui est définitivement sa grande aspiration. Néanmoins, il faut vivre ! Vraisemblablement appuyé et orienté dans sa démarche Adolphe Pétérelle sollicite auprès du sous-secrétariat aux Beaux-Arts[36] l’achat d’une œuvre. Le compte-rendu de visite[37]  d’un fonctionnaire du sous-secrétariat[38], que nous livrons ici, est particulièrement éclairant : « […] connaissant cet artiste intéressant et par son talent et par sa malheureuse situation Je me suis rendu à son atelier et parmi de nombreuses études qui se ressentent assurément du mauvais état de sa vue mais qui n’en sont pas moins intéressantes, j’ai choisi une étude de paysage assez poussée « En automne à Voulangis (Seine-et-Marne) »[39] dont j’ai l’honneur de proposé l’acquisition au prix de 500 francs. ». Pétérelle a donc peint plus que la maigre moisson d’œuvres connues de ses débuts ne le laissait supposer. Adolphe Pétérelle est donc bien alors identifié comme peintre et non uniquement comme peintre décorateur. Cette réputation s’est-elle établie dans un cercle restreint ? s’est-elle faite hors de toute monstration publique ? Nous n’avons retrouvé aucune mention d’exposition avant 1921.  Son processus créatif se dessine également, l’accumulation de nombreuses études plus ou moins avancées, un travail mené sur plusieurs fronts, dans la durée, des toiles reprises puis de nouveau abandonnées comme l’explicitera son ami, le peintre Charles Lombard : « […] car toutes ses toiles ébauchées, très avancés même, n’étaient jamais définitives. Un grand nombre d’entre elles ont été travaillées pendant plusieurs années. Le poids des couleurs qu’elles portent en est le témoignage. Certaines ébauches ont abouti à des créations absolument insoupçonnées au départ. » En 1933, Pétérelle, avec peut-être quelque outrance, déclare au journaliste Pierre Paulin[40] : « Je commence cent tableau pour en réaliser un. »  Un mode opératoire qui n’est pas sans rappeler, au-delà d’une certaine ressemblance formelle, ceux de Georges Rouault (1871-1958) et d’Eugène Leroy (1910-2000) chez qui aussi certaines toiles s’élaborent dans le temps. A cette époque, il fait la connaissance d’Agnès Champagnac (1889-1977), veuve de guerre, fille de rentiers, anciens commerçants. lls se marient le 25 novembre 1919. A noter que le peintre et illustrateur suisse Charles-Émile Egli dit Carlègle (1877-1937), lui aussi passé par l’école des arts industriels de Genève, est le témoin de Pétérelle. Le couple donne bientôt naissance à Bernard en 1920 puis à Marcelline en 1925.

S’il demeure absent de la scène artistique, où en est alors Pétérelle dans son art ? Un Nu couché daté de 1918 conservé au musée des Beaux-Arts de Dijon (fig.19) est l’unique point de repère pour en juger. La peinture de Pétérelle a notablement évolué. Cette transformation est-elle le fruit de l’expérience traumatique de la guerre et de la blessure reçue, d’une lente maturation nourrie de sa pratique de décorateurs comme des artistes rencontrés et des œuvres vues ? De tout cela assurément même si l’épreuve du feu et de la perte nous apparaissent prépondérantes, à tel point que nombre des visages de ses figures masculines comme féminines qu’il peindra ultérieurement auront une tache noire en guise d’œil gauche (fig 20). Pétérelle, le solitaire, entame son œuvre singulier. Ce premier nu synthétique, à la facture large et nerveuse, cerné de noir ou de rouge, qui tient quasiment de l’écorché, le rapproche de l’expressionisme d’outre-Rhin tout en demeurant plus retenu, une sorte « d’expressionisme par soustraction ». Cette formule de Bernard Dorival pour caractériser l’art de Georges Rouault s’applique parfaitement à Pétérelle. Les deux hommes ont en commun le goût des lignes forces élémentaires qui rythment et animent leurs œuvres comme ils partagent le goût du réel pour exprimer la réalité. L’art de Rouault (fig. 21) ne sera pas sans avoir une certaine influence sur celui de Pétérelle. Baigneuses, danseuses et nues représentent alors la majorité de sa production. En 1919, à 45 ans, Adolphe Pétérelle participe pour la première fois au Salon d’Automne[41], exposant trois peintures, deux paysages et un nu féminin. Il débutera aux Indépendants[42] en 1923 et enfin à celui des Tuileries[43] en 1928. La venue de leur premier enfant conduit le couple à s’installer rue du faubourg Saint-Martin (Xème), l’artiste conservant son atelier. La nécessité de faire vivre sa famille l’amène à démarcher, sans succès, quelques galeries parisiennes. C’est à la boutique de l’Encrier au 74 rue du Bac, lieu d’exposition et coopérative[44] d’artistes fondé par Robert Dévigne (1885-1965) en 1919 et que dirige Marie-Louise Smits, que Pétérelle expose pour la première fois seul à la fin de l’année 1921 (fig.22). Dévigne, journaliste et homme de lettres, lui consacre son premier article[45] : « Un artiste inconnu : Pétérelle » dans l’Ère nouvelle, journal de gauche engagé. Il établit une analogie pertinente dans le traitement du volume entre ses peintures et ses dessins et ceux exécutés par des sculpteurs. Il précise que pour Pétérelle les œuvres exposées sont des recherches, ce que confirme modestement ce dernier : « je n’ai pas assez travaillé. Je n’ai pas, encore, le droit d’achever une œuvre. Je ne suis qu’au début de mon labeur. Je cherche : et ce que j’ai fait peu, à la rigueur, intéresser les peintres. Mais le public, que va dire le public ? … Il va trouver cela bien ébauché, bien incomplet. Il va me trouver orgueilleux de le déranger pour lui montrer de simples recherches, des couleurs sur de la toile… » Paul Painlevé (1863-1933), alors député de la Seine intervient[46], sans résultat, auprès du ministre de l’instruction publique et des Beaux-Arts pour un achat de l’État. Si cette exposition ne lance pas la carrière de Pétérelle, elle l’installe au moins dans le paysage artistique parisien. Elle permet également d’approcher le réseau de sociabilité dans lequel il s’inscrit. Ses compagnons de l’Encrier sont comme lui marqué à gauche, ce sont des outsiders, encore à la marge du milieu artistique, peinant à vivre de leur art et ayant souvent recours à une activité alimentaire.  

En 1922, on lui confie la réalisation de deux panneaux décoratifs, La Forêt et La Récolte du riz pour le pavillon indochinois à l’exposition nationale coloniale, qui se déroule à Marseille. Nous pensons que c’est lors de ce séjour dans la cité phocéenne, plus que lors de son passage à Tunis, qu’il rapportera la matière pour ses scènes orientales (fig. 23), le Maroc y étant particulièrement mis à l’honneur. De retour à Paris, il participe à un accrochage d’œuvres au Petit Napolitain, café situé sur le boulevard Montparnasse, au côté notamment Guy Arnoux, Abel Faivre, Le Scouezec, Poulbot… Il ne semble pas encore exposer avec les Amis du Montparnasse qui organise sous la houlette d’Ortiz de Zarate leur première exposition au 127 boulevard Montparnasse. Ses premiers dessins sont publiés dans la revue de l’aquadémie, qui se veut l’organe de Montparnasse, fondée par un groupement de littérateurs venus du Dôme, de la Rotonde, du Petit napolitain, de la Closerie des lilas et soutenu par la commune libre de Montmartre. A bientôt cinquante ans la vie matérielle d’Adolphe Pétérelle demeure difficile et aléatoire, Paris est loin d’être une fête. Poursuit-il son travail alimentaire de décorateur ? Fort probablement[47]. En tous les cas, son savoir-faire dans ce domaine demeure reconnu. Aussi, se voit-il attribuer à l’occasion de l‘exposition Internationale des Arts décoratifs de 1925, la décoration plafond du vestibule de la cour des métiers, en collaboration avec André Herviault (1884-1969). Ce pavillon, dû à l’architecte Charles Plumet (1861-1928) était le véritable cœur de cette manifestation. Il est d’ailleurs fort probable que Pétérelle ait déjà eu l’occasion de travailler pour lui[48]. L’année suivante, à l’initiative d’Elizabeth Fuss-Amore (1879-1959), une exposition lui est consacré en janvier au Petit Napolitain. Le tout Montparnasse est présent le jour du vernissage, sauf notre peintre. Cette présentation rencontre un vif succès et un certain écho dans la presse lançant enfin la carrière de Pétérelle. Robert Rey (1888-1964), critique d’art et tout jeune conservateur adjoint du musée du Luxembourg[49] s’attache alors au peintre et lui consacre ses premières quelques lignes dans l’Europe nouvelle[50] : « […] encore un artiste très curieux, dont on peut voir, en outre, une série de toile au café du Petit Napolitain, 95, boulevard du Montparnasse, et dont les figures sombres, inlassablement reprises, ont une vie si profonde. Encore un dont on semble attendre qu’il soit mort pour découvrir le talent émouvant et singulier. »

La plénitude d’un peintre

Les marchands prennent enfin le chemin de son atelier. Il faut convenir que Pétérelle bénéficie également de L'essor du marché de l'art parisien amorcé dès le début des années 1920 et qui connaît un vrai « boom » autour de 1926 aidé par la chute vertigineuse du franc. Le nombre de galeries augmente de façon importante[51] et il faut toujours plus d’œuvres et de nouveautés pour ce marché hautement spéculatif. En mai 1927, Adolphe Pétérelle expose à la galerie du marchand et expert Georges Terrisse (1885-1963). Les collectionneurs sont au rendez-vous et les ventes suivent. Les prix pratiqués, entre 4000 et 6000 francs pour un tableau, 1000 francs pour un dessin, se situent dans la fourchette haute du marché. Cependant, en raison d’un différend sur la nature du contrat[52], les deux hommes en reste là. Néanmoins, Pétérelle est lancé et il ne tarde pas à retrouver un nouveau marchand. C’est la toute jeune galerie d’art du Montparnasse[53], que co-dirige Jean Charron (1881- ?) qui lui propose un contrat de trois ans. Il y expose dès octobre dans une exposition collective[54] puis seul en novembre. L’exposition est accompagnée d’un petit fascicule avec un texte de Robert Rey. C’est un nouveau succès commercial et un relatif succès critique. Il faut convenir qu’hormis Rey, Fritz Vanderpyl (1876-1965)[55] et dans une moindre mesure André Warnod (1885-1960) peu de critiques renommés ont suivi et soutenu Pétérelle. L’atypicité de sa peinture semble plus propice à soulever l’enthousiasme des artistes, de faire de lui un peintre pour peintre. A cette occasion le sculpteur François Pompon (1855-1933), qui est également un ami, achète un portrait de femme[56].  Dans son cercle amical, on trouve également Robert Wlérick (1882-1944), Jean du Marboré (1896-1933), Elisée Cavaillon (1873-1954) ou encore Gaston Chopard (1883-1942). Dans l’intervalle, il a vécu un événement qui le conduira à aborder un nouveau thème, celui des foules (fig. 24). Interrompant son séjour à Grand-Bréau (Seine-et-Marne) où ses beaux-parents possède une maison, il s’est rendu à Paris pour participer à la marche de protestation[57] organisée conjointement par le parti communiste et les mouvances libertaires suite à l’exécution aux États-Unis des militants anarchistes d’origine italienne Nicola Sacco et Bartolomeo Vanzetti. Plus de 100 000 personnes envahissent les rues de Paris, des échauffourées avec la police font des centaines de blessés. De fait, les thèmes développés par Pétérelle proviennent très souvent de l’observation de son environnement parisien ou naissent lors de ses villégiatures et ses voyages. Ses lavandières, ses scènes de moissons et de retours des champs, certains paysages (fig. 25) viennent de ses séjours à Grand-Bréau ou dans l’Aveyron, des scènes de marchés de son passage en Auvergne (fig. 26) ou de ses promenades dans les rues de Paris, ses quelques marines de voyage dans la Manche et en Bretagne où semble naître également une partie de ses musiciens des rues (fig. 27). Ses proches sont aussi une source d’inspiration, ses enfants (fig.28 ), sa femme comme sa belle-sœur qui posent nues pour lui. Ainsi, dans ses rondes d’enfants aux Buttes-Chaumont (fig. 29), il est probable d’y retrouver Marceline ou Bernard qui le fréquentent chaque jeudi, leurs communions mais aussi ses souvenirs d’enfance lui inspirent ses scènes d’églises (fig.30). Amateur de littérature, au goût éclectique allant de l’Arioste à Céline, Pétérelle peut y trouver matière à peindre. Dante lui inspire ces barques dans la tempête qui évoquent Charron faisant traverser l’Achéron aux pêcheurs (fig. 31). Pétérelle expose de nouveau à la galerie d’art du Montparnasse en 1928 et 1929 et confirme les promesses de ses premiers succès. Si l’homme demeure discret et semble détacher des contingences terrestres, Il gagne de nouveaux adeptes dont de nombreux médecins, comme il se doit à l’époque, parmi lesquels Louis Babin (1889-1941), radiologue et militant communiste, Louis Cleisz (1885-1957), Fernand Vallon (1881- ?) ou encore Léon Elmelick (?-1959). Il entretient avec eux des relations amicales. Ainsi, durant de nombreuses années, Pétérelle déjeune chez Cleisz une fois par semaine et fréquente également la table de Vallon où il croise, entre autres,  Rouault, Moïse Kisling (1891-1953) et André Derain (1880-1954). Au terme de cette décennie, Adolphe Pétérelle est devenu artiste accompli et, somme toute, reconnu. Il peut vivre de sa peinture et s’y consacrer totalement. Sa fille, Marceline, nous décrit un peintre se levant tard, se rendant chaque jour à son atelier en fin d’après-midi puis regagnant son domicile par le dernier métro.

Le krach boursier de Wall street, en octobre 1929, va changer la donne. Les premiers effets de cette crise financières commencent à se faire ressentir en France en ce début des années 30. Le marché de l’art qui avait connu durant les Années folles une formidable expansion, devenant extrêmement spéculatif, se contracte peu à peu et rend la vie de la majorité des artistes plus précaire, conduisant même certain à abandonner toute pratique artistique.

Toujours peindre

Pétérelle, en dépit d’une côte solide et de collectionneurs fidèles, voit ses ventes notablement baisser. La galerie du Montparnasse ferme bientôt ses portes mais il est rapidement sollicité pour exposer dans la renommée galerie Georges Bernheim où il présente en décembre 1930 une cinquantaine d’œuvres.  La critique met toujours en avant son lyrisme, sa vigueur, sa sincérité mais aussi le caractère modeste et solitaire de l’artiste. Les années qui s’annoncent vont de nouveau le plonger dans une certaine précarité. Pétérelle, sans être prodigue, n’est pas un homme d’argent et même dans la difficulté, il n’hésite pas à secourir plus mal-lotis que lui. Il va alors être soutenu tant par la ville de Paris où il bénéficie de l’appui de Pierre Darras (1882-1975), directeur des beaux-arts et des musées que par l’Etat et l’entremise du fidèle Robert Rey à travers de nombreux achats d’œuvres[58]. Avec ces acquisitions et les commandes de décorations pour les bâtiments publics[59], ces institutions offraient aux artistes un filet de sécurité leur permettant d’atténuer les effets de la crise. Pétérelle profitera également à partir de 1932 du fonds spécial du chômage du département de la Seine[60]. Ses collectionneurs également se mobilise, toujours en 1932, le docteur Louis Cleisz lui confie la décoration de sa vaste salle à manger alors que le docteur Fernand Vallon lui consacre long article dans la revue Art et Médecine dans lequel, il loue notamment les lithographies que vient d’éditer Edmond Frapier (1878-1960)[61], exercice dans lequel Pétérelle, avec sa maîtrise du noir et du blanc, excelle (fig.32) . A défaut d’expositions personnelles, il participe plus volontiers et par nécessité à des expositions collectives notamment à la galerie Raspail 222 et à la galerie Rive Gauche. Il propose toujours des nus, des scènes de genre (marchés, cérémonies religieuses, musiciens des rues…), des têtes d’expression et des paysages (Grand Bréau mais également de Chaumont-le-Bois[62] en Côte d’Or). Si la matière est quelque peu moins présente tout comme ses œuvres, sont peut-être, plus « lisibles », (fig.33) ainsi que le remarque certains critiques[63] la peinture de Pétérelle demeure librement traitée, toujours puissante. Il apparaît[64], à bientôt soixante ans, comme le peintre « le plus attachant, le plus subjectif et comme le plus possédé. ». En 1936, la galerie Rive-Gauche lui consacre une exposition de peintures et de dessins placée sous le patronage de Pierre Darras qui ne rencontre guère d’écho. Ses talents de décorateur lui permettent encore d’être sollicité pour l’exposition Potiers et imagiers de France qui se déroule au musée des arts décoratifs de décembre 1937 à janvier 1938. Il s’agit de la première exposition organisée, sous la houlette de Georges Henri Rivière, par le tout nouveau Musée National des Arts et Traditions Populaires. Pétérelle y réalise un grand panneau décoratif dans lequel est mis en scène les diverses opérations du métier de potier. En cette année 1938, Il est aussi nommé Chevalier de la Légion d’Honneur sur proposition de Jean Zay (1904-1944) et expose 52 tableaux à la prestigieuse galerie Charpentier. Le vernissage a lieu le 18 novembre en présence Georges Huismans, directeur général des Beaux-Arts et de l’indéfectible Pierre Darras. Ces derniers événements attestent de sa reconnaissance officielle même si l’exposition ne suscite guère de commentaires dans la presse.

Cette année étant décidément faste, suite à rapport du dévoué Robert Rey, que nous souhaitons partiellement retranscrire ici[65] : « Vous savez combien est original le talent de Pétérelle que l’on connaît surtout par les œuvres de tonalité assez foncée, où les figures présentent des contours très arrondis et comme fondus dans une atmosphère sombre et rougeoyante. Or, j’ai été très surpris de voir chez lui une très grande esquisse sur calque qu’il avait exécuté en vue d’une exposition en 1937, et représentant les diverses opérations du métier de potier ; et surtout une grande toile décorative en hauteur, représentant une immense église à clocher, d’où sort une procession. Ces œuvres, la dernière surtout, présentent un très grand caractère décoratif.  M. Pétérelle dit que presque tout ce qu’il a fait n’a été qu’une préparation plus ou moins consciente à de grands motifs auxquels il rêve sans cesse, capables d’animer une grande surface murale, dans une tonalité bien plus claire qu’il utilise pour les petites surfaces et pleins cependant du mystère qui sourd de toute son œuvre. » Il obtient le 25 avril un avis favorable pour la réalisation d’un décor mural. La commande lui est officiellement passé le 17 novembre 1939. Elle consiste en deux panneaux décoratifs d’une surface de 18m2 pour l’école des mines de Saint-Etienne et se monte à 15 000 francs. La France est désormais en guerre depuis plus de deux mois, ce qui ne facilite pas la tâche de Pétérelle. Cette dernière a surpris le peintre et sa famille à Grand Bréau, après un avoir rejoint Paris, ils gagnent Nantes où le siège de l’entreprise pour laquelle travaille son Fils a été transféré. Pétérelle y trouve d’ailleurs un emploi de concierge qui lui laisse cependant beaucoup de temps libre. Il ne reste que quelques mois dans la cité nantaise mais en rapporte néanmoins de nombreuses études qu’il traduira ensuite en peintures au climat mélancolique. Il aurait été également chargé par son ami et collectionneur Paul Besnard de la réalisation d’un décor pour une mairie en Bretagne. Nous ne savons si Pétérelle a pu mener cette commande à son terme mais il existe dans le fonds Marc Vaux[66] deux études (fig. 34) pour un pardon qui pourraient correspondre. Dans le courant de l’année 1940, il effectue un séjour d’environ un mois à Saint-Etienne. Il travaille principalement sur le site du Puits Couriot, descendant même au fonds d’un puit, mais également en ville. Il en rapporte, là encore, de nombreuses études, qu’il traduit ensuite, de façon assez poussée, à l’huile (fig. 35). Ce long travail de préparation, l’amène à concevoir ses deux vastes compositions, une première figurant des mineurs se croisant sur le carreau (fig. 36) et une seconde une rue de Saint-Etienne[67], bordée d’une voie de chemin de fer, sous la neige, sur laquelle passe un tombereau (fig. 37). En avril 1941, il écrit[68] à Louis Hautecoeur (1884-1973) qui a remplacé Georges Huisman, qu’il ne peut financièrement venir à bout de sa commande et demande pour ce faire l’achat d’une œuvre par l’Etat, ce qui est chose faite[69].Pétérelle reprend son labeur en vain ! Il est victime d’une hémiplégie partielle qui l’amène à peindre de la main gauche. Alors que les panneaux sont presque achevés, la commande est annulée en juillet 1944[70]. Il doit même donner un tableau à l’Etat en compensation des sommes perçues. Concomitamment à la mise en œuvre ardue et harassante de ce décor, Pétérelle par l’entremise de Charron, expose à la librairie Fleury en 1940 puis en 1942 à la toute jeune galerie de France qui propose en 38 tableaux un panorama de son œuvre. Pour cette ultime exposition personnelle, la réception critique est relativement abondante et plutôt favorable. On note cependant chez les plus jeunes journalistes une certaine réserve, signe que le temps historique de Pétérelle est sur le point de passer même si sa peinture n’a finalement jamais été actuelle, il n’a d’ailleurs jamais songé à cela. Ainsi Gaston Diehl (1912-1999) évoque un art[71] « informulé et fuligineux, comme embourbés déjà par le temps » ou Jean-Marc Campagne (1904-1985) d’écrire : « Il n’est ce qu’il est convenu d’appeler un inventeur de forme. Ne fait pas qui veut un pacte avec les ombres ». En juillet 1946, Pétérelle renonce à son atelier de la cité Falguière et cesse de peindre. En février 1947, son ami de toujours Robert Rey, afin de lui venir en aide et probablement d’adoucir l’épreuve que traverse le peintre mais aussi lui permettre d’accomplir son rêve, fait acheter les deux grands panneaux décoratifs pour Saint-Etienne. De haute lutte, Pétérelle en est venu à bout. Rey intervient de nouveau en juin pour faire entrer 7 tableaux dans les collections nationales pour la somme de 130 000 francs[72]. Adolphe Pétérelle s’éteint à son domicile du faubourg Saint-Martin le 27 octobre 1947.



[1] La commune des Eaux-Vives est intégrée à la ville de Genève en 1931

[2] La semaine sanglante, qui se déroule du 21 au 28 mai 1871, désigne la période la plus meurtrière de la guerre civile de 1871 et l'épisode final de la Commune de Paris.

[3] Cote CH AEG 1992 va 32.39, p 330-331, Archives d’Etat de Genève.

[4] Communication écrite de Chantal Renevey-Fry, archiviste départementale, République et canton de Genève.

[5] Gaël Bonzon, Jean Dunand (1877-1942) et l’école des arts industriels de Genève, article sur le site du Musée d’Art et d’Histoire de Genève.

[6] Cote CH AEG 1992 va 32.40, 12-13, Archives d’Etat de Genève.

[7] Cote CH AEG 1992 va 32.40, 44-45, Archives d’Etat de Genève.

[8] Charles Gaud comme Barthélemy Menne fréquentaient les frères Bovy qui avait dès 1840 crée dans leur château de Gruyère une sorte de phalanstère nommé « La Colonie ».

[9]

[10] Selon Marceline Pétérelle, il aurait bénéficier d’une lettre de recommandation d’une parente de Madame Lhuillier, voisine qui le pris en charge au décès de sa mère.

[11] Il est fort probable que Pétérelle ait fréquenté Steinlein, suisse comme lui et proche des milieux anarchistes, comme le laisse entendre une lettre du sculpteur François Cogné (1876-1952) à Alfred Lombard, photocopie, archives Jean Berra.

[12] Cogné, Ibid.

[13] Dans son manuscrit Charles Lombard évoque une commande pour Sarreguemines.

[14] Cogné, op. cit.

[15] Armand Guérinet (1852-1925), éditeur et libraire parisien, a publié entre 1880 et 1925 au moins 460 titres. Ses albums sont consacrés à valorisation de l’architecture et de l’art ancien mais également aux œuvres et à l’esthétique de la toute fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle. La séries Le document du décorateur reçoit un vrai succès commercial. Pétérelle collabore au moins à deux numéros.

[16] L’immigration italienne étant alors perçue comme une « invasion », on peut supposer qu’il était alors préférable de modifier ce nom à consonnance italienne.

[17] Nous n’avons trouvé aucune trace d’exposition avant 1919 et sa première participation au salon d’Automne.

[18] Cogné, Ibid.

[19] Eugénie Puard, native de l’Indre, ne sera jamais marié à Adolphe Pétérelle. Elle épousera à Antibes, le 29 juin 1914, Antonin Louis Bourdin, boucher de son état.

[20] Cote 15N178, Archives de la ville de Paris

[21] Nous n’avons pu retrouver le type d’établissement se trouvant à cette adresse.

[22] Louis Therme et Georges Guérin que nous n’avons pu identifier.

[23] Louise Michel (1830-1905) résida dans ce même hôtel de 1897 à 1904.

[24] Lettre d’Adolphe Pétérelle à Georges Huisman, directeur des Beaux-Arts, 1939, cote F/21/6991, Archives Nationales.

[25] Augustin Carrera réalise en 1910 le plafond du théâtre de Marseille.

[26] L’architecte parisien Albert Godon initiateur et architecte du casino est possiblement le commanditaire. Il a pu sur des chantiers parisiens éprouver le savoir-faire de Pétérelle.

[27] La ville de Tunis disposait de plusieurs Casino qui ont été créés approximativement entre 1900 et 1929.

[28] Inauguré en 1910.

[29] Amedeo Modigliani, Chaïm Soutine, Mateo Hernandez, Tsugouharu Foujita ou encore Jacques Lipchitz y auront un atelier.

[30] Marceline Pétérelle, Pétérelle, l’expressionnisme de la conscience, tapuscrit (copie, archives Jean Berra). Les deux hommes semblent avoir été très proche. On connaît un dessin de Mme Pétérelle avec son fils Bernard dans les bras réalisé par Joseph Bernard en 1921.

[31] Jean Bernard, Joseph Bernard, Souvenirs, Fondation de Coubertin et Jean Bernard, Paris, 1989.

[32] Huisman, ibid.

[33] « L'enrôlement des Suisses semble en plus avoir été très structuré. Il y avait un "comité des Suisses au service de la France" présidé par un certain Gauthey des Gouttes. Il y avait également un lieu de recrutement identifié : le café du Globe, boulevard de Strasbourg. » - communication écrite de M. Jean-François Arragain, historien


[34] Cote 9387x14, Archives Nationales. Le compte-rendu est daté du 9 décembre 1915.

[35] Ibid..

[36] Paul Painlevé (1863-1933), socialiste et figure du cartel des gauches, qui interviendra plus tard pour aider Pétérelle, est alors ministre de l’instruction publique est des Beaux-Arts alors qu’Albert Dalimier (1876-1936) , sous-secrétaire d’Etat aux Beaux-Arts est un membre influent du Parti Républicain, Radical et Radical Socialiste (PRRRS). On peut imaginer que cela ait facilité l’aboutissement de cette démarche, Pétérelle bénéficiant de soutien dans les milieux de gauche. Les députés Paul Aubriot (1873-1959), membre fondateur du parti socialiste et Auguste Reynaud (1891 – 1970), membre du parti communiste interviendront respectivement en 1920 et 1925 afin d’aider Pétérelle.

[37] Cote F/12/12179, Archives Nationales.

[38] Nous n’avons pu identifier la signature du fonctionnaire, auteur du rapport.

[39] Ce tableau déposé à la préfecture de la Loire à Saint-Etienne en 1918 a été perdu.

[40]

[41] Il y participera très irrégulièrement jusqu’en 1932. Une rétrospective lui sera consacrée en 1949.

[42] Pétérelle y sera un peu plus assidu y exposant quatre fois.

[43] Pétérelle y exposera à six reprises.

[44] Pétérelle y côtoie notamment Marcel Bach (1879-1950), Germain Delatousche (1898-1966), Maurice Loutreuil (1885-1925), Maurice Le Scouëzec (1881-1940). Il y fait également la connaissance d’Elizabeth Fuss-Amore (1879-1959), peintre, intellectuelle de gauche et militante féministe et de Manuel Ortiz de Zarate (1887-1946).

[45] L’Ère Nouvelle, organe de l’entente des gauches, n° 765, 26 janvier 1922.

[46] Cote F/21/6991, Archives Nationales.

[47] Pétérelle reçoit également une prime d’encouragement de la ville de Paris.

[48] Plumet fonda en 1896, avec notamment Tony Selmersheim (1871-1971), le Groupe des cinq qui contribua à l’élaboration de l’art nouveau en France. Il aménagea à Paris de nombreuses boutiques et hôtels particuliers. Enfin, en 1921, il est l’architecte de l’atelier de Joseph Bernard.

[49] Robert Rey a été nommé en 1925.

[50] L’Europe nouvelle, 20 février 1926, n° 418

[51] On dénombre plus de 200 galeries en 1930 contre environ 130 en 1911, selon le nombre total de marchands d'art répertoriés dans l'Annuaire de la curiosité, des BeauxArts et de la Bibliophilie.

[52] Selon Charles Lombard, Terrisse après une première proposition de contrat serait revenu sur sa décision et aurait proposé à Pétérelle l’achat du contenu de son atelier.

[53] Situé au n° 241 du boulevard Raspail, elle a ouvert ses portes en 1926.

[54] Avec René Sautin (1881-1968) et Jean Vassal (1902-1986).

[55] Pétérelle et Vanderpyl, critique d’art, poète, se sont connus à Montmartre vers 1900-1905.

[56] Plusieurs artistes achèteront des œuvres de Pétérelle, outre Bonnard, Charles Lombard et Pompon, nous pouvons citer les sculpteurs Leonardo Benatov (1899-1972), Raoul Pouillat (1902-1990), Charles Artus (1897-1978) ou le peintre Gérard Vouzoulan (1944-2020)

[57] Lettre à Charles Lombard du 30/08/1927, photocopie, archives Jean Berra.

[58] Durant cette décennie, il bénéficiera de 5 achats de la ville de Paris entre 1933 et 1938 et de 7 de l’Etat entre 1936 et 1939. Les Amis de l’art vivant lui achèteront deux œuvres en 1932 et 1934 qui seront données au Musée National d’Art Moderne.


[59] En 1935, à l’initiative de Georges Huisman, directeur général des Beaux-Arts, une vaste campagne de décoration de bâtiments publics est lancée. Elle a pour double objectif de soutenir les artistes dans cette période de crise et de rompre avec une conception quelque peu académique de la décoration murale qui perdure. Huisman favorise principalement les jeunes artistes indépendants.  Il confie ainsi des décorations pour des lycées ou des écoles à Brianchon (1899 – 1979), Antral (1895 – 1940), Planson (1898 -1981) ou encore Poncelet (1897 – 1978) …

[60] Cote 77AJ/94, Archives Nationales.

[61] Edmond Frapier édita notamment Maurice Denis, Bonnard, Maillol, Matisse, Rouault ou encore Vlaminck… Sa vie est entièrement dédiée à la promotion et à la publication de leurs œuvres, avec des tirages qui varient en qualité selon les prix. Entre 1924 et 1935, près de deux cents planches seront imprimées et diffusées, contribuant au rayonnement de l’art français en France mais aussi à l’étranger.

[62] Pétérelle y séjourne en famille à l’été 1930.

[63] Raymond Escholier (1882-1971), Le Journal, 24 mai 1935.

[64] Martin, Paris-Soir, 17 avril 1934.

[65] F1212179, Archives Nationales.

[66] Marc Vaux (1895-1971) est photographe français surnommé « le photographe des peintre ». Son fonds, conservé par le Musée Nationale d’Art Moderne, est composé en majorité de reproductions d'oeuvres de près de 5 000 artistes habitant à Paris de 1920 à 1970.

[67] Il pourrait s’agir de la rue Alfred de Musset.

[68] Cote 77AJ/94, Archives Nationales.

[69] Les Pêcheurs, huile sur toile, Centre Pompidou, MNAM – CCI, Paris, attribution en 1942, inv. n° AM 2342 P


[70] F1212179, Archives Nationales.

[71] Gaston Diehl, Aujourd’hui, « Les Arts – une même exaltation en face de l’univers », 25 novembre 1942.

[72] F1212179, Archives Nationales.

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Collections publiques[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (de) « Fiche », sur sikart.ch.
  2. Anaïs Albert, « Le genre du prêt sur gage : rapports de pouvoir au Mont-de-Piété de Paris (années 1850 – années 1920) », Genre & histoire, no 17,‎ (ISSN 2102-5886, DOI 10.4000/genrehistoire.2462, lire en ligne, consulté le )
  3. Joconde (catalogue), « PETERELLE Adolphe », sur culture.gouv.fr.

Liens externes[modifier | modifier le code]